Vincent Peillon, la référence éducation

Vincent Peillon a réussi le pari, par une réforme complètement bâclée, de se mettre a dos un corps social qui lui était pourtant tout acquis…

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Vincent Peillon, la référence éducation

Publié le 11 octobre 2013
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Vincent, Ah, Vincent… Tu permettras que je t’appelle Vincent, après tout, c’est ton prénom et ça sera plus sympathique que répéter « Peillon, peillon » dans tout le billet, parce que payer, nous n’arrêtons pas de le faire actuellement et que ça commence à bien faire. Vincent, mon brave Vincent, je ne pensais pas qu’en prenant ce poste de ministre à l’Éducation Nationale, tu parviendrais, en quelques mois seulement, à mettre un bordel aussi mémorable dans une institution aussi ancienne. Vincent, mon brave Vincent, tu t’es surpassé.

On savait, avant que tu récupères l’épineux maroquin, que tu étais un dangereux laïcard prêt à toutes les bassesses pour assurer que ta philosophie passerait. Du reste, tu n’avais pris personne en traitre : tout le monde un minimum informé savait que tu utiliserais l’école pour former de bon petits citoyens, républicains, de préférence aussi laïcards que toi, délicieusement imbibés de l’importance indiscutable de l’État, qui partiraient à l’assaut de toutes les religions, boutures vindicatives d’Homme Nouveau que ne renieraient pas les plus grands communistes.

Vincent Peillon : citation sur l'école, édifiante

Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’en plus d’être un philosophe aux idées délétères, tu étais aussi parfaitement incompétent et que te donner les clefs d’un ministère aussi important revenait à filer les clés de l’Aston Martin à un Mr Bean passablement alcoolisé (si tant est qu’après tant d’années d’incurie et de gestion calamiteuse, l’Éducation Nationale puisse se rapprocher encore d’une voiture d’exception, et non d’une vieille 4L à la tôle cabossée et mangée par la rouille).

Ah, Vincent, en mettant tes petites lunettes rondes et tes petits doigts de socialiste républicain compulsif dans les rouages scolaires, quelle bêtise ton patron t’a-t-il laissé faire ! D’ailleurs, même toi tu t’en mordrais bien les doigts maintenant s’ils n’étaient pas déjà tout mâchouillés par le monstre hideux que tu viens de réveiller, benêt, à force de shooter dedans avec tes petits mocassins ferrés.

Eh oui : vouloir à tout prix modifier le calendrier et le rythme de travail scolaire, c’était s’attaquer, de toute façon, à un morceau bien trop gros pour être fait dans la précipitation, et sans le soutien minimum de la base, ces enseignants, ces éducateurs et cette myriade de personnels effervescents qui forment la cheville ouvrière de l’EdNat, toujours prompte à la grogne et à la grève. D’ailleurs, ça n’a pas loupé : tu voulais absolument revenir sur les méchantes idées de ton prédécesseur, un certain Luc Chatel. On te comprend : il avait fait pipi autour du territoire, pour le marquer, il te fallait absolument en faire autant pour couvrir cet affront. Et comme sa rapide miction avait consisté en une refonte des rythmes scolaires (oui, ministres de l’EdNat et originalité ne font pas bon ménage), tu as choisi la même piste glissante pour relâcher tes propres sphincters.

Tellement glissante que ça n’a pas loupé : tu as glissé et te voilà, les quatre fers en l’air, à copieusement t’arroser pendant que tout le monde grogne. Oh, bien sûr, on trouvera bien cette commode association de parents d’élèves, la FCPE, si gentiment acquise à ta cause, et qui, par le truchement d’un « sondage » ad hoc, aboutit à la conclusion évidente que finalement, cette réforme est supayr et engendre des volées de bisous bien appliqués ; la propagande qui accompagne d’ailleurs ce vivier de parents crypto-socialistes amoureux de tes bidouilles est absolument hilarante puisque même le journaliste est obligé de rappeler que l’opération de communication provient d’une association lourdement favorable à cette réforme.

Mais réinsérons gentiment ce sondage au milieu de la pile qui sert à caler l’armoire dont il n’aurait jamais dû sortir, et regardons les quelques autres articles de presse qui nous relatent, eux, les expériences de terrain en rapport avec cette réforme.

C’est pas joli joli, mon Vincent. C’est même un tantinet abrasif.

Je passe rapidement sur les analyses psycho-sociologiques de la débâcle : apparemment, non content de bouleverser les rythmes scolaires, la réforme que tu as introduite a pas mal modifié la façon dont les infrastructures sont utilisées, avec des classes qui servent tantôt à apprendre ce qu’on fait de nos jours passer pour de la lecture et de l’écriture, et tantôt pour des ateliers de poterie-macramé pardon atelier slam (avec « droit de dire des insultes »), ou des ateliers pro-gender tenus par les dames de la cantine sur des horaires variables. Bilan : les élèves ont du mal à s’adapter à un cadre de plus en plus liquide voire gazeux, comme un peu tout ce que fait ce gouvernement depuis un an (à l’exception des taxes et impôts, qui sont, elles, clairement dans le solide, genre semelle de béton).

Et si l’on s’attarde sur les témoignages des enseignants, des parents (pas de la FCPE, les autres, non syndiqués/encartés), des élèves et des personnels gravitant autour de l’école, le constat est sans grande ambiguïté : ta réforme, Vincent, est catastrophique. Le fait que Paris soit la seule grande ville à l’appliquer dès cette rentrée 2013 explique sans doute pourquoi les autres villes ne connaissent qu’une mobilisation modérée ; mais partout où cette réforme est tentée, les frictions se font sentir.

Soit, je l’admets : le corps enseignant est souvent en proie à des soubresauts, des spasmes et des sanglots. L’absence maintenant chronique de formation décente est d’ailleurs un marronnier tant de la presse qui choie alors son lectorat que de mes colonnes qui s’en payent une bonne tranche. Mais justement : le récent changement de situation politique, aussi pastel fut-il, permet d’affirmer que, cette fois-ci, c’est différent. Pendant ces longues années noires où la droite régnait presque sans partage, dépeçant l’EdNat et distribuant les punitions au corps enseignant, il ne s’écoulait guère une année sans qu’une réforme soit immédiatement suivie d’une guirlande de grèves ou de couinements lacrymogènes dans la presse. Cependant, l’arrivée salvatrice de la gauche (sonnez hautbois, résonnez musettes), avec une confortable présence à tous les niveaux électoraux français, assurait un retour au calme dans le bastion socialiste de l’Edulcoration Nationale.

À l’évidence, ça couine encore plus fort actuellement, ce qui veut dire que non seulement, ta réforme, Vincent, est mauvaise, mais qu’elle est suffisamment catastrophique pour parvenir à retourner contre toi des gens qui t’avaient pourtant à la bonne. On peut le dire, Vincent, c’est un gros gros FAIL.

peillon facepalm

Et il n’est qu’à lire les expériences « alternatives » des uns et des autres dans les classes concernées sabotées par ta magic touch pour comprendre que ce ne sont pas des gênes passagères, et que quelques petits ajustements de dernière minute ne suffiront pas à remettre l’institution sur ses rails (quels qu’ils fussent et où qu’ils amènent) ; si l’on y ajoute la présence obstinée du bourrage de crâne égalitariste et sexuel, on a un tableau assez croquignolet :

À l’atelier judicieusement rebaptisé « les mots de la danse », on parle danse, certes, mais on n’en fait pas. Victor, qui se rêvait en Gene Kelly, a hérité de l’atelier modelage mais est verni comparé à Laura, larguée dans un mystérieux atelier égalité filles/garçons qui n’a pourtant été annoncé nulle part. À tout prendre, la cour, après tout… Mais non, ça y est, votre fille est prise une fois par semaine au « théâtre », elle qui n’en voulait pas, et sa copine échappe de justesse à l’égalité des sexes, finalement réservée aux CP/CE1.

Alors vois-tu, mon brave Vincent, il serait temps de t’arrêter, là.

Un type normalement constitué, qui cherche à travailler au bien commun ou, plus humblement, à minimiser ses boulettes, devrait prendre un peu de recul et se dire : bon, là, j’ai merdé grave, je m’arrête, je prends du recul, je réfléchis.

Mais non. Toi, Vincent, tu es investi d’une mission, quasi-biblique ou d’ordre religieux en tout cas, qui consiste d’une part à assurer qu’on se souviendra de ton nom (là, c’est gagné) et d’autre part que des millions de gamins seront durablement lobotomisés abêtis par la destruction minutieuse de tous les cadres et références qui furent construits sur les millénaires précédents en termes d’instruction. Alors, tout naturellement, tu continues avec tes idées, bille en tête, et te voilà maintenant lancé, après la violente dégradation des rythmes scolaires, sur l’altération à l’acide fluorhydrique des programmes scolaires (dans lesquels tu ne couleras pas de gros barils de politique, oui, oui, on te croit).

Bien sûr, on pourrait imaginer le meilleur : tu t’es rendu compte que les conneries pédagogos, ça allait cinq minutes pardon 20 ans, mais il était temps de revenir au solide, aux bases. Et on peut regarder ton historique et imaginer sans mal que ça va se terminer, une fois encore, en gros FAIL des familles, des élèves et des profs.

C’est pourquoi, je te le dis gentiment, mon brave Vincent : surtout arrête ton bordel, Vincent, c’est la cata. Arrête tout. Lâche le guidon. Prends des vacances. Tu es gentil, allez : laisse-nous.

Epic Fail
—-
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  • Comme il n’y a jamais une vue au long terme (au cas ou ils sont jetés au prochaines élections), tout est fait en vitesse pour l’implémenter au plus vite sans être réfléchi ou testé. Fail garantie!

  • tout ce que vous avez magniquement écrit est malheureusement vrai. Je ne veux pas de cette réforme pour mon enfant qui est en CP. Pour toutes ces raisons. Je ne suis ni syndiquée, et n’adhère à aucun parti politique. Mais aujourdh’ui je suis prêtre à manifester s’il le faut pour que tout simplement il renonce à sa réforme. Je lui souhaite tout le meilleur pour les elections Europeennes, qu’il s’y concentre et qu’il oublie ses idées d’écoles.

  • Une autre fédération de parents d’élèves, la Peep, fait un premier bilan tiré des témoignages directs de parents d’élèves :

    http://www.peep.asso.fr/imageNewsletter/doc/Rythmes_scolaires.pdf

  • Cette réforme est totalement débile. Comment peut-on pondre une usine à gaz de ce calibre ? Peillon est dangereux. Ce qui est savoureux c’est qu’au départ, il apparaissait comme le ministre le plus préparé tellement il avait travaillé depuis longtemps son sujet. Totalement véridique. Finalement, nous pouvons être contents que les autres ministres ne se soient pas plus préparés. Imaginez le bordel s’ils avaient tous eu le niveau de préparation de Peillon !!!

  • Il faut lutter à la maison:) c’est ce que je fais. Apprendre aux enfants que liberté est plus important que égalité. C’est notre devoir de parents, pas celui de l’Etat.
    Mais je trouve que Mars Attacks est très valable aujourd’hui aussi: nous venons en paix, ne fuyez pas. Nous sommes vos amis. Et paf une taxe dans la tronche, et paf une dans le fion, et paf je ferme les frontière et j’invente des tracfin à la con. Je regroupe csa/hadopi, et puis finalement, on s’en fou du piratage, c’est juste pour savoir ce que fait le Français dans sa maison. Et enfin, on s’occupe du bambin. Quoi de plus beau et de plus noble que de formater un petit cerveau tout frais et innocent. Avec la dose de connerie socialiste, je dois avouer que moi même, j’ai été contaminé. Un temps….avant de découvrir la liberté…ce qui m’a amené au libéralisme et à contrepoints. On peut tous changer. …..et mefiance de : je suis votre amis, ne fuyez pas, je veux juste votre épargne….pfuiizzzzzz (laser) et laver votre cervelle !

  • la FCPE est autant une association de parent d’élève que le MEDEF une association de salariés (ben oui, quoi, les patrons sont aussi des salariés, n’est-ce pas ?) …
    C’est une association de Profs et Enseignants. Qui relait bien consciencieusement les mots d’ordre du SNES

    C’était hilarant ce matin : la FCPE expliquait que la fatigue des élèves c’est la faute … aux parents ! Peut-être objectivement vrai (?), mais de toute façon aussi surréaliste que la CGT qui expliquerait la fermeture d’Aulnay par la fainéantise des ouvriers…

    • Il est important de lire les communiqués de la FCPE. Quand elle demande une réforme (suppression des notes, activités diverses, changements de rythmes etc.), c’est que cette dernière est déjà dans les tubes.

  • L’UMP a pour objectif , au cas où les electeurs lui voterait a confiance en 2017, de mettre fin très rapidement à la réforme Peillon qui est inacceptable.
    Les 35 H ont plombé les entreprises
    la réforme Peillon pénalise un nombre considérable de Français.
    Les enfants, les parents et aussi les associations et les villes qui sont complètement prises au dépourvues pour organiser correctement les activités péri-scolaires..

    • Ok, combien de temps, de lois et d’argent avez vous encore besoin ? Depuis 40 ans on commence à en avoir ras le bol de vos valses à 2 balles. Il serait mieux de supprimer l’Etat qui est l’origine de tous les problèmes. Mais le mouvement POPULAIRE aime le socialisme comme les autres.

    • Maaaaiiiiiis bieeeeeeeen sûuuuuuur…
      Un peu comme au cours des nombreuses années où vous avez été au pouvoir avant l’arrivée du dessert lacté, période ou vous avez vaillamment supprimé l’ISF, rendu totalement libre le temps de travail (c’est bien d’être allé plus loin que la simple suppression des 35h), donné au gens le choix de leurs assurances « sociales » (maladie, chômage, retraite), permettant non seulement de cotiser auprès des entreprises/régimes de leur choix, mais même de ne pas cotiser et à défaut d’instaurer une totale liberté éducative vous avez mis en place le chèque scolaire et éliminé tout ce qui pouvait nuire à la concurrence entre établissements.
      « Demain on rase gratis »
      Et vous croyez que cette fois on va vous croire ? Pour qu’on envisage de voter (pour vous ?) il faudrait plus que des mots. Au moins des engagements concrets, avec des dates, des budgets (excédentaires)…

  • L’école est LE moyen de décerveler N°1 des socialistes en occident depuis la fin XIXème, c’est à que leur vision démente des choses s’exprime avec la plus parfaite clarté.

    • La réforme des rythmes scolaires de Peillon est dictée par une volonté du SNES et de la FCPE de « démolir » les asssociations indépendantes qui organisent des activités péri-scolaires et sportives payantes.
      Sous pretexte d’egalitarisme républicain, ils veulent empêcher les familles, qui sont prêtes à payer, de choisir librement d’y inscrire leurs enfants auprès d’associations sportives ou d’activités culturelles.
      C’est par jalousie que les gauchistes ne supportent plus de voir des familles qui ont les moyens de payent cher, pour inscrire leurs enfants le mercredi dans des clubs d’aviron, de tennis ou de golf.
      Ils veulent mettre fin à ça , de la même manière qu’ls veulent asphyxier financièrement les écoles privées.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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