Peut-on s’affranchir du pétrole ?

Le discours anti pétrole a tellement diabolisé cette ressource qu’on a pratiquement mis en veilleuse les nombreux avantages conférés par son utilisation.

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Peut-on s’affranchir du pétrole ?

Publié le 12 septembre 2013
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Le discours anti pétrole a tellement diabolisé cette ressource qu’on a pratiquement mis en veilleuse les nombreux avantages conférés par son utilisation.

Par Michel Kelly-Gagnon et Jean-François Minardi, depuis Montréal, Québec.

Les discussions entourant les besoins en pétrole sont généralement cristallisées autour de l’usage de l’automobile. Pourtant, 43% du pétrole sert de carburant pour nos voitures. Qu’en est-il du reste ? Pouvons-nous sérieusement envisager de nous « affranchir du pétrole » ?

Une personne qui veut cesser de consommer du pétrole devra dire adieu aux téléphones intelligents, aux stylos à bille, aux chandelles, aux vêtements en fibres synthétiques comme le polar, aux lunettes, au dentifrice, aux pneus (incluant ceux du BIXI) et à des milliers d’autres produits fabriqués à partir de plastique, un dérivé du pétrole.

Il s’agit là d’un programme pour le moins ambitieux.

Le discours anti pétrole a tellement diabolisé cette ressource qu’on a pratiquement mis en veilleuse les nombreux avantages conférés par son utilisation. Le pétrole et ses dérivés ont permis d’améliorer les conditions de vie dans les sociétés industrialisées, comme le démontre assez clairement la précédente énumération, mais aussi partout dans le monde. En Afrique entre autres, on a remplacé les jarres en terre cuite servant au transport de l’eau par des jarres en plastique, beaucoup plus légères et qui facilitent cette tâche réservée aux femmes.

En fait, les dérivés des hydrocarbures façonnent notre vie quotidienne. Certains de ces produits sont conçus ici même, à Montréal. C’est le cas des bouteilles d’eau Eska ou encore des contenants de mayonnaise Kraft. Il s’est en effet développé autour des raffineries de Montréal un secteur de haute technologie qui fournit des emplois de qualité à 3600 travailleurs.

Un des éléments de cette industrie est unique en Amérique du Nord : il s’agit de la chaîne du polyester. Celle-ci regroupe la raffinerie Suncor et trois entreprises qui, à tour de rôle, transforment les hydrocarbures en différents composés chimiques pour produire un plastique de type polyester, employé notamment dans la fabrication de bouteilles de plastique recyclable, d’emballages alimentaires et de tapis. Dans cet écosystème, les produits et même les résidus de l’un deviennent la matière première de l’autre.

Très dynamique, ce secteur est aussi très concurrentiel. Nous avons assisté ces dernières années à la fermeture de plusieurs raffineries et entreprises pétrochimiques. Ce secteur doit se mesurer aux super-raffineries dont celle de Jamnagar en Inde qui possède une capacité de raffinage de trois fois supérieure à celles des raffineries québécoises combinées. Suncor et Valero à Lévis (anciennement Ultramar) sont donc de petits joueurs à l’échelle mondiale.

La vitalité du secteur pétrochimique dépend pour beaucoup d’un approvisionnement stable en hydrocarbures bon marché. C’est exactement ce que sont en mesure d’offrir les provinces de l’Ouest.

La question n’est donc pas de savoir si le pétrole de l’Ouest sera acheminé au Québec, mais bien comment il le sera.

Les discussions concernant le développement du réseau de pipelines stagnent depuis plusieurs années déjà. Naturellement, les raffineries cherchent des solutions ailleurs. L’alternative aux pipelines, ce n’est pas « s’affranchir du pétrole », mais plutôt s’approvisionner par train, une option plus dommageable pour l’environnement et plus à risque d’accidents graves. La Presse nous apprenait d’ailleurs en juillet que Suncor et Valero ont des plans à court terme en ce sens.

Le pétrole comble 39% des besoins énergétiques du Québec. Il est à la base des produits essentiels à notre vie quotidienne. Les discussions entourant la politique énergétique devraient porter davantage sur les façons les plus sécuritaires de transporter le pétrole, à la fois par oléoducs et par trains, que sur le mirage d’un affranchissement du pétrole.


Sur le web.

Lire aussi : Une défense morale des pétroles

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  • Bien sûr que l’on peut s’en affranchir, et depuis longtemps : mais trop compliqué et trop pénalisant pour les économies de la planète.

  • Décider de ne pas toucher du tout à des réserves de pétrole est une ânerie.

    Optimiser leur utilisation en gardant dans un coin de la tête que si on en est réduit à devoir choisir entre caraméliser des cailloux, éponger les goudrons du vénézuela ou liquéfier du charbon pour alimenter notre industrie, ça va mal se passer, voilà l’enjeu.

  • bien sur que le pétrole a des avantages, c’est pour cela qu’on devrais en laisser pour les gens qui vont nous succéder. le principal inconvénient du pétrole et qu’il se renouvelle que très faiblement (500000 barils par an..de mémoire)

    Etre responsable vis a vis du pétrole consisterais a ne puiser que 1% des réserves connues par an. je suis sur qu’on l’utiliserais bien mieux !!

    • On peut aussi ne faire des enfants qu’en proportion des ressources qu’on leur lègue, comme s’ils étaient trop bêtes pour se débrouiller pour en trouver de nouvelles.
      Mais je préférerais qu’on éduque nos enfants à innover suffisamment pour justement se débrouiller. C’est ce qu’on fait les générations précédentes, pourquoi changer ?

      • Il y a des limites à la capacité des hommes à innover. L’histoire est là pour nous le rappeler.

        Innover, implique prendre des risques. Prendre des risques, par définition, c’est s’exposer à des pertes. Ce n’est pas un problème tant qu’on à les moyens de supporter ces pertes sans trop morfler. Tout ce que moi et michelO appelons de nos voeux, c’est de garder de la marge. A mon avis, vous sous estimez gravement la marge nécessaire pour se donner plusieurs tentatives de changer de système d’approvisionnement énergétique et d’infrastructures. Pour « corriger » (je n’aime pas ce terme, mais c’est l’idée), je vous renvoie aux travaux de vaclav smil. Smil n’est pas ce qu’on appelle généralement un « peakiste » et encore moins une pastèque. C’est une référence scientifique plus que solide.

        • « Il y a des limites à la capacité des hommes à innover. L’histoire est là pour nous le rappeler. » Intéressante affirmation. Des arguments pour l’étayer ?

          • Par exemple, nous sommes toujours mortels, en dépit des efforts gigantesques menés pour trouver des solutions à ce léger … hum … « problème ». Malgré des progrès certains, on reste sur le même ordre de grandeur (au sens littéral, scientifique) que l’espérance de vie préhistorique.

            Remarquez, comme vous croyez à la vie éternelle, cet exemple ne doit pas vous parler beaucoup.

          • FabriceM : « Malgré des progrès certains, on reste sur le même ordre de grandeur (au sens littéral, scientifique) que l’espérance de vie préhistorique. »
            ——————
            Oui, oui, notre espérance de vie actuelle est « du même ordre de grandeur » que la pendant la préhistoire. N’oublie pas tes médicament, Fabrice !

        • L’innovation est inhérente au genre humain. C’est même ce qui nous distingue des animaux. Chaque nouvelle génération bénéficie des innovations de la précédente, au lieu de repartir de zéro comme les lions ou les tortues et même les singes.
          Vous pouvez lire et connaître les réflexions, les idées, les expériences de Confucius, d’Aristote, d’Archimède, de Descartes, de Newton, etc… sans devoir tout réinventer. L’homme construit des ponts à travers le temps et c’est pour cela qu’il a pu se multiplier, prospérer et s’améliorer depuis la « nuit des temps » jusqu’à aujourd’hui.
          Au vu de l’Histoire, nous pouvons même observer une accélération dans l’innovation depuis le XIXe siècle. Plus les sciences « exactes » progressent, plus notre capacité à prédire les résultats de nos entreprises augmentent. Exemple : envoyer une mission (sonde) sur Mars, prévoir une trajectoire complexe, un environnement hostile, un matériel fonctionnel, etc… qui soit une réussite.
          Le plus grand risque est l’immobilisme. Comme disait Audiard : « une brute qui marche va plus loin qu’un intellectuel assis ».

    • cyrille : « bien sur que le pétrole a des avantages, c’est pour cela qu’on devrais en laisser pour les gens qui vont nous succéder. »
      ———————
      c’est très intelligent comme idée, surtout quand on sait qu’on est en train de leur laisser une montage de dettes et de charbon…que personne ne veut.
      Au cas où ça vous a échappé, on n’a PAS de pétrole. On ne peut pas laisser à ce qui suivent ce qu’on n’a pas.

      En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées… alakon.

  • oui on peut s’affranchir du pétrole, comme on peut s’affranchir de respirer d’ailleurs. Quelle curieuse question.

  • téléphones intelligents => ordiphones

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