Marché de l’or : les cinq raisons qui font de la Chine un poids lourd

En cinq points, le tour des raisons qui donnent à la Chine un poids de plus en plus important sur le marché de l’or.

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Marché de l’or : les cinq raisons qui font de la Chine un poids lourd

Publié le 9 juin 2013
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En cinq points, le tour des raisons qui donnent à la Chine un poids de plus en plus important sur le marché de l’or.

Par Charles Sannat.

Premier producteur d’or dans le monde et candidat sérieux pour prendre la place des États-Unis au premier rang mondial des pays détenteurs d’or, la Chine est devenue incontournable du marché de l’or. Pourtant, Beijing ne communique plus sur le montant exact de ses réserves d’or. Les centaines de tonnes d’or produites chaque année ne sont pas exportées, tandis que la Chine continue à importer en masse.

En cinq points, le tour des raisons qui donnent à la Chine un poids de plus en plus important sur le marché de l’or. Mais aussi sur le marché de l’économie mondiale : la Chine veut adosser sa monnaie à l’or, pour en faire une monnaie de change internationale, à l’égal du dollar, du yen ou de l’euro.

La Chine est premier producteur d’or au monde

Depuis une dizaine d’années, la Chine semble s’être lancée dans une course à la production aurifère. La tendance est encore plus marquée depuis quelques années. En 2002, la Chine était le quatrième producteur d’or dans le monde. Aujourd’hui, elle caracole à la première place, devant l’Australie, les États-Unis et l’Afrique du Sud.

Selon des études publiées par Le Figaro.fr en février 2013, le géant d’Asie est désormais le premier producteur d’or au monde, avec 380 tonnes produites en 2011. Soit une centaine de tonnes de plus que l’Australie.

En 2012, cette tendance s’est confirmée. Selon le site China.org, la production d’or en Chine entre janvier et octobre 2012 était de 323 tonnes. Soit une hausse de 12 % entre 2011 et 2012, l’extraction aurifère a encore connu une courbe haussière de 12 %. Pourtant, ces milliers de tonnes d’or chinois ne verront jamais le marché international : la Chine ne vend pas et n’exporte pas son or.

La Chine importe beaucoup d’or

Acteur incontournable de l’extraction aurifère, la Chine prend aussi beaucoup de poids sur le marché de l’importation. Pour encourager la demande de ses habitants sans pour autant toucher aux réserves du pays, la Chine se tourne aussi beaucoup vers l’importation, comme son voisin indien.

En 2011, les importations de la Chine dépassaient les 800 tonnes sur l’année. L’importation est, après la production aurifère, le deuxième moyen pour un pays d’augmenter ses réserves d’or. Beijing utilise donc les deux, pour consolider ses réserves sans exporter sa production, tout en répondant aux demandes des particuliers.

La Chine encourage ses habitants à acheter de l’or

Traditions culturelles aidant, la demande en or est plus forte avant le Nouvel An chinois, la Journée du travail ou lors de la fête du printemps. Tout récemment, à la fin du mois d’avril 2013 et pendant quelques semaines, la Chine comme d’autres pays asiatiques a d’ailleurs enregistré un fort pic de ventes. A l’occasion de la fête du printemps certes, mais pas uniquement. La course à l’or a eu plusieurs raisons : la fête où, traditionnellement, de l’or est acheté et offert, mais aussi la forte baisse du prix de l’or.

Cette ruée des ménagères chinoises sur l’or physique aurait ainsi contribué à soutenir le cours de l’or, et pour cause. En quelques semaines, elles auraient dépensé 16 milliards de dollars pour acheter 300 tonnes d’or. C’est donc une vraie bataille de l’or qui a opposé Wall Street et les ménagères chinoises…

Pour les Chinois, le meilleur placement semble donc être l’or. Et c’était donc plus vrai que les possibilités d’investissements ne sont pas aussi variées qu’en Occident. Le marché de l’or apparaît à la fois comme une valeur sûre… et une possibilité accessible à tous. Cela n’a pas toujours été le cas : pendant longtemps, le gouvernement chinois a refusé à ses habitants la possibilité de détenir de l’or.

La Chine ne communique pas sur son stock d’or

D’après les estimations, la Chine disposerait d’un stock d’or de 4000 tonnes. Pourquoi des estimations ? Parce que depuis quelques années, le géant asiatique ne communique plus sur les résultats de son extraction aurifère, ni sur le pourcentage de production destiné au marché interne.

Avec une production d’or en hausse depuis quelques années, Beijing laisse désormais planer le doute sur le montant des réserves du pays. En 2001, la Banque centrale de Chine signalait une augmentation de ses réserves officielles, en passant de 394 à 500 tonnes. En 2003, elles étaient de 600 tonnes. Depuis, des milliers de tonnes ont été extraites. Pourtant, seule une augmentation à 650 tonnes aurait été annoncée…

Sans exportation et même avec une partie de cet or sur le marché interne chinois, les réserves d’or de Beijing sont donc estimées par plusieurs spécialistes à 4000 tonnes. Et c’est encore sans compter l’or des particuliers, alors que les banques d’État proposent aux Chinois de conserver leur trésorerie en yuans, en argent… ou en or.

La Chine veut adosser le yuan à un stock d’or solide

La hausse continuelle des stocks d’or chinois et le voile jeté sur leur volume exact a des raisons. Selon l’économiste américain Stephen Leebs, la Chine prévoit d’adosser son yuan à l’or. Cela permettrait au yuan de devenir une monnaie reconnue sur le plan international, un étalon-or adossé à une valeur tangible.

Si la Chine prend la deuxième place mondiale des plus grands détenteurs d’or, elle sera encore derrière les États-Unis, dont le dollar est toujours la devise la plus reconnue dans le monde. Et la Chine dispose aussi de réserves de devises beaucoup plus importantes que celles de pays européens ou même que les États-Unis. Pour adosser le yuan à l’or, le géant chinois va devoir continuer à accumuler l’or en réserve, avant de pouvoir utiliser sa monnaie en position de force dans le commerce mondial.

Beijing prend en tout cas déjà de l’avance : la Chine a signé des accords avec la Russie, le Japon ou encore l’Indonésie et le Brésil pour facturer leurs échanges commerciaux dans leur propre monnaie, et non en dollars.

Enfin, contrairement à l’Allemagne, à la Suisse, à la France ou même plus récemment à des États américains, la Chine n’a pas besoin de rapatrier son stock d’or pour rassurer son économie nationale. Elle n’en a pas besoin puisqu’elle ne l’exporte pas : le yuan prend donc de plus en plus ses aises en haut d’une montagne d’or, dont on ne connaît pas la hauteur.

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  • J’arrivais à la même conclusion (adossement du Yuan à l’or) dans un précédent billet (ici : http://www.contrepoints.org/2013/01/20/112018-ce-que-lislande-et-la-chine-pourraient-nous-apprendre ) . Comme quoi, la tendance devient évidente.

  • L’habilité idéale en la matière (précieuse) est de se positionner en leader sans communiquer sur le poids précis du magot. En produisant le 1/5 de l’or, la Chine se positionne en oncle PICSOU, ce qui est très malin. Le véritable poids du trésor n’importe pas (avec ou sans jeu de mot). Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. Le vieil adage médiéval vaut son pesant de sagesse orientale.

  • Oui mais nous, si nous suivons M. Zoolande, nous allons avoir des eurobonds ! Ils vont pâlir, les chinois 🙂

  • Monsieur Sannat,

    J’aurais souhaité pouvoir vous écrire directement sur votre blog « le contrarien » mais, sauf erreur de ma part, cela n’est pas possible.
    Dans votre édition de ce jour, mardi 25 juin, sous le titre « La Grèce a cessé d’être un pays normal », vous relayez une l’intervention du « professeur en philosophie politique » Stathis Kouvelakis invité de Mediapart et Reporters Sans Frontières.

    http://www.lecontrarien.com/la-grece-a-cesse-detre-un-pays-normal-25-06-2013-grece

    Dans votre article, vous affirmez que ce « chercheur » « s’est livré à une critique véritable de ce qui se passe en Grèce » et vous qualifiez sa vidéo d' »exceptionnelle ».

    Question: Avez-vous réellement écouté ce qui est dit dans cette vidéo et adhérez-vous pleinement à ces propos?

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