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Qu’est-ce qu’un économiste ? En France, c’est n’importe qui ayant une opinion sur l’économie en général.

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Publié le 23 mai 2013
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Qu’est-ce qu’un économiste ? En France, c’est n’importe qui ayant une opinion sur l’économie en général.

Par Guy Sorman.

En contrepoint de l’article de Vladimir Vodarevski : L’économie, qu’est-ce que c’est ?

Malcolm McLean

Qu’est-ce qu’un économiste ? En France, c’est n’importe qui ayant une opinion sur l’économie en général. Par exemple, un fonctionnaire du ministère des Finances conseillant le chef de l’État passe pour un économiste alors qu’il ne l’a jamais étudiée ni publié aucune recherche. Un intellectuel public dissertant sur l’euro ou le gaz de schiste passe aussi pour un économiste, surtout s’il est anti Allemand ou anti Américain.

Ailleurs, la science économique se répartit entre plusieurs disciplines, en particulier la micro et la macro-économie. La micro-économie qui se prête mieux à l’expérimentation et à la modélisation est la plus rigoureuse : elle décrit, avec une certaine précision, les comportements des agents économiques, employeurs, employés, consommateurs… Comme elle se prête moins à l’opinion, on n’entend pas les micro-économistes en France. S’ils avaient accès à la parole publique, on saurait mieux que le chômage courant est moins la conséquence d’une « crise » qui nous échappe, que la conséquence du Droit du travail et du coût du travail : en clair, nul ne recrute car le licenciement est impossible.

La vulgarité du débat économique en France a des conséquences : elle accable les faibles et renforce les puissants, élève les singes savants et exile les chercheurs. Enfin, les économistes véritables connaissent les limites de leur savoir : ils étudient l’économie mais ils ne le la font pas.

Considérons, par exemple, le phénomène économique saillant de notre temps : la mondialisation des échanges. Les économistes en analysent les effets globalement positifs (sans elle, à quel prix achèterions-nous un téléphone portable ?) ; les hommes politiques se vantent d’en être les auteurs ou les adversaires. Mais l’homme qui a sans doute déterminé la mondialisation des échanges n’était ni un économiste ni un politicien : Malcom McLean, inventeur du conteneur maritime et du porte-conteneurs en 1956, a plus fait pour la mondialisation que quiconque. Ce nouveau mode de transport a divisé par dix le coût des produits en transit.

Le moteur de l’économie, c’est toujours l’innovation ; le reste souvent n’est que littérature.


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  • « Le moteur de l’économie, c’est toujours l’innovation ; le reste souvent n’est que littérature »

    Totalement approuvé
    les phéniciens, grecs, romains, chinois ….antiques le savaient déjà

  • L’agriculteur auvergnat qui sait qu’il doit mettre en réserve du fourrage pour l’hiver, des graines pour le printemps, vendre quelques bêtes bien grasses à l’automne, et faire de la place pour les mises bas du printemps, est évidemment un « vrai économiste » à côté des bavards subventionnés qui croient, de leur chaire à Nanterre 214 ou dans quelques salons, avoir découvert la pierre philosophale en ayant lu quelques extrait de Keynes oiu de Krugman.

    Mais l’agriculteur auvergnat, on ne lui propose jamais l’antenne …

    • Tout à fait d’accord.
      J’ai récemment « mouché » un « gestionnaire de patrimoine(!!)  » en lui demandant la chose suivante:
      « ok , vous voulez un rendez vous? Dans ce cas, proposez moi des placements de maquignon auvergnat » ….je n’ai jamais eu de relance

  • article étonnant de quelqu’un ayant une opinion sur l’économie en général. D’où les raccourcis simplificateurs (pour ne pas dire simplistes)

  • Les commentaires sont fermés.

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