Végéphobie, bisouphobie : l’explosion des phobes

La végéphobie ferait son apparition en France. Vite, pleurnichons en cœur !

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Végéphobie, bisouphobie : l’explosion des phobes

Publié le 16 mai 2013
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Samedi prochain, pendant que vous serez, comme moi, en train de vous vautrer dans vos activités insupportablement banales, des gens agiront pour le monde, pour corriger les torts des uns et les méchancetés des autres, pour qu’enfin soient reconnus et respectés les droits de cette minorité trop facilement oppressée : les végétariens. Et les végétaliens. Oh là, j’allais les oublier. C’est important, les végétaliens.

Car oui, ce samedi sera organisée la première Veggie Pride Internationale à Genève qui est un peu comme la biennale des Collectionneurs de Bougies Parfumées de Morteaux-Coulibœuf, toutes proportions gardées bien sûr (on parle tout de même de LA biennale des Collectionneurs de Bougies Parfumées de Morteaux-Coulibœuf, hein) : cette nouvelle Veggie Pride Internationale de Genève sera l’événement immanquable pour tous les collectionneurs de légumes. Heu. Pardon non je veux dire pour tous les gens qui militent contre le mangeage d’animaux.

Attention ici, je ne veux pas laisser croire à mes lecteurs habituels que j’aurais un quelconque grief contre les végétariens, végétaliens et autres insectivores, tenants du pescétarisme ou joyeux troubadours du lacto-végétarisme, non. Il y a bien quelque chose d’aimable dans le combat que ces gens mènent lorsqu’ils réclament la fin des mauvais traitements faits aux animaux : qui peut, décemment, supporter que les vaches, cochons, moutons et autres sauterelles soient maltraités avant d’être mangés  De ce point de vue, et j’expliquais mon positionnement dans un précédent billet, il me paraît essentiel de rappeler que l’on ne peut aspirer à former des humains meilleurs, plus sujets à l’empathie envers leurs semblables s’ils ne sont pas même capables de ressentir des émotions basiques pour des êtres basiques.

Et puis après tout, si certains ont une conviction chevillée au corps, et même si ce dernier s’amenuise à cause de cette conviction, peu importe là aussi : chacun a le droit, unilatéral et non négociable de trier dans son assiette, de choisir d’évincer certains types d’aliments comme les betteraves (c’est dégueulasse, la betterave), les bettes filandreuses ou même l’entrecôte, pourquoi pas. Puisqu’il est indéniable que notre corps nous appartient, on peut sans mal admettre que la nourriture qu’on y insère au niveau de la bouche fait immédiatement partie de notre corps et qu’on a donc tous les droits dès lors qu’elle parvient là. Par convention sociale pratique, on admettra que ce droit s’étend au-delà des lèvres, au-delà même de la fourchette pour aller, en gros, jusqu’à l’assiette. Dès lors, l’individu qui choisit le végétarisme, le végétalisme ou le pizzisme (qui consiste à ne se nourrir que de pizzas) n’a pas à être entravé dans son choix.

Cependant, il faut aussi rappeler qu’au-delà de ce charmant message d’empathie des humains vers les petites bestioles qui participent à notre bol alimentaire, nos amis entendent aussi donner des droits aux animaux, et, de fil en aiguille, imposer petit-à-petit que l’humanité se passe complètement de chair animale (puis de lait, puis d’œufs, je suppose) au motif que les manger enfreint leurs nouveaux droits, et — pire — que cela impacte fort négativement l’environnement. Eh oui : regardez sur cette diapo, ici et là, vous pouvez voir un groupe de castors qui mange des arbres et sur la diapo suivante, les castors ont été mangés et les arbres sont encore là. Conclusions : sauvez un arbre, bouffez un castor. Je… Je m’égare.

Sauve un arbre : mange un castor

Bref. Le végétarisme à titre individuel, ça me va, le militantisme végétarien, je dis : attention !

Et je dis d’autant plus attention qu’à la faveur de cette Veggie Pride Internationale du tonnerre de Dieu, on a pu voir fleurir sur le web et ailleurs quelques articles assez éclairants sur la mentalité qui accompagne bien malheureusement ces joyeux mouvements de viandophobes plus ou moins déclarés. Je passe, bien sûr, sur les billets un tantinet consternants visant à savoir si les végétariens sont plus sexy que les autres, question qui ne m’était pas venue à l’esprit mais qui tarabuste quelques uns (à commencer par les végétariens eux-mêmes, semble-t-il) ; c’est un peu comme savoir si les mangeurs de bulots ou les croqueurs de carottes sont plus sexy que les autres, on voit mal comment cela peut mobiliser les foules. Mais baste.

Plus symptomatique est alors le « débat » soulevé par l’une de ces vibrantes pages du webzine crypto-socialiste Rue89 qui cherche à comprendre pourquoi les gens méchants (qui mangent de tout, viande y compris) discriminent les gens gentils (les végétariens, bien sûr). Et, afin que le message porte bien comme il faut, le terme de « végéphobie » est alors employé dès les premières lignes, pour camper le glauque décor d’une situation qu’on devine insoutenable.

En quelques lignes, l’univers feutré du lecteur, habité à la fine balance éditoriale et la rhétorique chaleureuse qui ont fait la réputation de Rue89, bascule dans l’indicible avec le cas, abominable, de Ophélie (horreur, le prénom n’a même pas été changé) :

Lorsqu’elle était enfant, ses parents, opposés à la souffrance animale dans les abattoirs, ont décidé d’adopter un régime sans viande à la maison. Quand Ophélie a eu 14 ans, ils sont redevenus omnivores, la laissant dans la confusion la plus totale. Elle leur en veut toujours : « On remettait en cause ce que j’étais, alors j’avais du mal à l’assumer socialement avec mes amis. »

Insoutenable. Elle était habituée par ses parents à ne pas manger de viande, puis ses parents changent d’avis, pas elle, et la voilà dans la confusion la plus totale. Évidemment, l’abominable ne s’arrête pas là puisque les gens (qui sont aussi méchants qu’omnivores pour la plupart) font des « blagues à deux balles » qui, finissent par agacer. Et surtout, « ça cache un véritable malaise dans la société française. » Au niveau du vécu. Rapport au végétarisme. Tout ça. Surtout que lorsqu’on compile les exactions menées contre les végétariens, on aboutit à une somme considérable de méchancetés toutes plus méchantes les unes que les autres : des papas qui obtiennent la garde des enfants parce que les mamans sont végétariennes (discrimination !), un commercial qui n’assume pas son végétarisme et se force à manger de la bavette bien saignante en repas d’affaire (discrimination !), une famille sous la pression de la justice parce que ses enfants sont végétaliens (discrimination !). Parce que, comprenez-vous, si les « dérives » existent (oups, des bébés morts), ça ne doit pas servir à guider les gens dans leurs comportements, ni les décisions de justice. N’est-ce-pas.

Et je passe rapidement sur les blagounettes insupportables, horribles, ignobles mêmes, de certains sur twitter tant leur lecture peut soulever le cœur :

https://twitter.com/SkyZeLimit/statuses/272300406829350913

Où va le monde ? Où va-t-il si l’on laisse les gens faire des blagues sur les végétariens comme jadis sur les juifs ou les nains, les blondes ? Il faut, à l’évidence, agir très vite, et l’organisation des végétariens en associations dont les principes de fonctionnement et de médiatisation se rapprochent furieusement des homosexuels ne doit rien au hasard. Après tout, ces derniers ont réussi à pénaliser la blague homosexuelle, les végétariens, avec un peu de lobbying, devraient parvenir à bannir le mot steak du langage courant.

eat meat !

La semaine prochaine, nous étudierons une nouvelle phobie : celle qui s’empare des gens méchants qui ont une dent contre, de façon aussi irrationnelle que compulsive, tous les bisounours qui les entourent et veulent, de façon assez appuyée, les secouer à coup de pied au derche.

La bisounoursophobie, un mal profond de la société française ?

Egalité, Taxes, Bisous : République du Bisounoursland
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Sur le web

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  • Je suis végétarien et ne m’associe pas du tout à ces mouvements. C’est une démarche personnelle (qui n’a d’ailleurs pas été motivée pour ma part par les droits des animaux) qui ne doit pas s’imposer aux autres. Je peux tout à fait manger à côté d’un carnivore sans avoir des nausées ou l’accuser d’être sans coeur. Certes je vous raconte ma vie, mais je souhaite montrer qu’on peut être végétarien sans être un de ces militants (qui d’ailleurs cherchent plus les subventions qu’un véritable débat libre, comme toutes les autres associations soi-disant « représentantes »)

    • Ben évidemment ! Ne vous inquiétez pas, h16 et les libéraux en ont parfaitement conscience !
      Et je vous rassure : manger à côté d’un végétarien ne me dégoûte absolument pas non plus !

    • et manger a coté de quelqu’un qui mange un steack qui provient d’une bète qui a été egorgée dans un tonneau en acier en direction de la mecque et qui a agonisé pendant un quart-d’heure ( cas de 70% des bètes qui proviennent des elevages francais, car il y a 10% de musulmans en france ) , ca vous degoute ?

      • Personnellement je n’approuve pas et c’est pourquoi je n’en mangerai pas. Mais je ne me sentirai pas responsable du choix de mon voisin. À la limite s’il n’est pas au courant de la qualité et de la provenance de son repas mon devoir est de l’informer, mais certainement pas de faire son choix à sa place ou lui faire la morale.

  • Il en est du végératisme/ végétalisme comme il en est de TOUS les interdits alimentaires « collectifs » ( je ne parle pas de la liberté des goûts, strictement individuelle et respectable ne serait-ce qu’à ce titre), quelles qu’en soient les raisons invoquées: ces interdits sont de l’ordre du tabou (également respectable à condition qu’il rentre dans la cadre de l’individuel).

    Dès lors, l’existence de zélateurs fanatiques ( pléonasme) n’est que l’expression d’un sentiment de « masse » ( le tabou alimentaire de base n’ayant d’autre cause que les tendances naturelles cannibaliques refoulées)

    A ce titre, les revendications végétaro/végétalo n’ont rien de spécifique par rapport à toutes celles se référant à des interdits alimentaires

  • Les végétariens et les végétaliens tels que ceux décrits par Romain Metivet ont bien sûr le droit de manger ce qu’ils veulent.
    Les problèmes surviennent lorsque certains activistes s’emparent de l’argent du contribuable pour faire de l’agitation et du lobbying anti-viande.
    Le problème est ancien. Souvenons nous des manichéens au temps de l’empire romain ou des cathares (manipulés par les Parfaits) au moyen-âge. Les gouvernants de l’époque ont compris le danger de ces groupes prosélytes qui voulaient façonner la société et créer l’homme nouveau et pris les mesures nécessaires pour se livrer de ces bandes nuisibles qui voulaient détruire le progrès social. Malheureusement, aujourd’hui l’Etat les arrose d’argent du contribuable…

  • Murray Rothbard déclarait à propos des droits des animaux :

     » le jour où les animaux réclameront des droits, il sera temps de s’y intéresser »….

    • Super idée Stéphane, je propose qu’on applique la même logique aux nourrissons et aux handicapés mentaux.

      De mon point de vue, il ne s’agit pas tant de donner des droits aux animaux que des devoirs supplémentaires à ceux qui en ont la charge. Un être doté de sens et capable de souffrir ne peut pas être considéré comme une simple possession au sens général (usus, fructus et surtout abusus), mais doit être protégé par la loi de toute forme de souffrance excessive et non nécessaire.

      Pour cette raison, je suis végétarien et en faveur d’un activisme politique visant à renforcer la protection animale, notamment en terme de conditions d’élevage. Je ne pense pas que cela fasse de moi un antilibéral.

      Pour ce qui est de la végéphobie, cet étrange concept qui est le sujet de l’article, je ne sais pas d’où ça sort : personnellement on ne m’a encore jamais traité de sale végétarien, ni forcé à manger du steak. Ceux qui cherchent à se victimiser de cette manière ne font que perdre leur temps.

      • les gens qui ont la charges des animaux, j’en fait partis, n’on pas besoin de vos conseils.
        les abrutis de votre espèces ( et je pese mes mots ) qui pretendent que la terre se rechauffe, que les loups n’attaque pas l’homme, que l’agriculture biologique est productive … on obligés ( lalonde ministre de l’ecologie ) les eleveurs, a mettre leurs batiments au normes environnementales, soit disant parcequ’ils polluaient les nappes phreatiques ( encore un mensonge ). resultat: tous les eleveurs a l’herbe on arrèté, seul les  » industriells ( qui laissent les animaux dans des cases a longueur d’année , et les gave de rations mais-soja ) continuent l’elevage.
        bel exemple de loi stupide , ruineuse, et contreproductive pour la société.
        foutez donc le camp sur la banquise avec les ours blancs, qui j’espère, pour le coup, ne seront pas vegetarien !!!

      • Les nourrissons et les handicapés sont des êtres humains, issus d’êtres humains et pour lesquels, par la naissance même, des droits existent. Mieux : ils ont tous eu et ont encore des tuteurs qui sont les garants de ces droits.

        Les animaux n’ont pas de droits, leur descendance non plus, et n’ont aucun tuteur. Question close.

        • Question ouverte, au contraire. Puisque l’on peu décider arbitrairement d’accorder des droits ou du moins une certaine protection à des populations (enfants, handicapés mentaux) qui ne sont pas capables de réclamer ces droits pour eux-même, et ce pour la simple raison que l’on ressent de l’empathie pour eux, et qu’on est capable de comprendre leur douleur et leur détresse, on peut très bien faire la même chose pour les animaux, c’est une affaire de choix. Cela n’a rien à voir avec un droit naturel basé sur la naissance ou une prétendue solidarité naturelle entre les membres d’une même espèce.

          Tout comme à une certaine époque certains membres de l’espèce humaine ont pu juger justifié de considérer d’autres membres de l’espèce humaine comme de simples articles de propriété sur des critères de race ou de naissance, avant que le principe des droits de l’homme ne soit progressivement étendu à l’ensemble de l’humanité dans les nations civilisées, il n’est pas impossible que le même genre de considérations finisse par traverser la barrière de l’espèce, pour s’étendre à toute créature capable de souffrance. Il suffirait pour cela que notre conception morale s’oriente peu à peu vers une vision moins humano-centrée.

          La conception du droit que vous défendez, basée uniquement sur les intérêts des êtres humains, seuls détenteurs du droit à décider qui dispose de droits et donc tout puissants, autorise grosso modo sans limite toute forme de torture sur un animal pour le simple motif que les animaux sont sans défense. Et c’est précisément pour éviter ce type d’injustice que des gens font le choix de s’engager pour eux.

          En ce qui me concerne, mon choix est fait. La douleur des animaux d’élevage est réelle, ils ont un cerveau et un système nerveux qui leur permettent de ressentir la douleur, cela me suffit. L’animal dans la nature a beau ne pas jouir d’une existence très sûre ni très intéressante, il est au moins libre de ses mouvements et capable de jouir de son corps. Il n’a pas à subir l’enfermement et les mutilations barbares qui lui sont imposées par l’élevage industriel pour le simple motif que sa viande est délicieuse et se vend bien. Je suis pour des réglementations strictes sur l’élevage, sans vouloir forcer qui que ce soit à être végétarien, mais dans le refus d’un droit à la torture qui ne défendrait que l’intérêt de l’éleveur et du consommateur contre celui de l’animal, qui est de toute évidence, quand bien même il n’est pas capable de l’exprimer ou de le revendiquer, de ne pas se voir infliger des souffrances extrêmes.

          La question est ouverte, et elle le restera longtemps car elle est une question morale essentielle, qui renvoie à la condition humaine et à l’idée que nous nous faisons de notre place en tant qu’hommes, parmi l’ensemble des êtres vivants et sensibles qui peuplent cette planète.

  • Est-ce que l’excès de verdure fait ruminer ?

  • Hitler était végétarien.

  • waouh ! la bonne viande bien rouge, bien dégoulinante de sang bien frais, cela ne vous fait pas envie ?
    A mon avis, vous n’assumez pas votre héritage de plusieurs milliers d’années de vos ancetres carnivores (peut-etre même cannibales).
    Quelques années de psychanalyse vous ferait le plus grand bien.
    Si vous vous débrouillez bien , c’est même remboursé par la sécurité sociale. Heureusement, ce n’est quand même pas votre faute si vos ancetres étaient si rustres.

  • Cet article est un exemple parfait de tous les propos végéphobes, beau condensé !
    À savoir que manger des animaux et manger des betteraves n’implique pas la même souffrance. La végéphobie n’est pas simplement le fait de discriminer les végétariens, c’est surtout nier les raisons ETHIQUES et morales qui sont les leurs. Non, tuer des individus qui veulent vivre ne relève pas d’un choix personnel, pas plus que de battre sa femme.
    Enfin, « les enfants morts » comme argument ultime… : combien d’enfants omnivores morts ces dernières années ?

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