De l’invariance d’échelle dans les systèmes d’information

Une approche cybernétique des sociétés humaines : toutes les sociétés sont des systèmes qui naissent par organisation spontanée.

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De l’invariance d’échelle dans les systèmes d’information

Publié le 26 avril 2013
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Une approche cybernétique des sociétés humaines : toutes les sociétés sont des systèmes qui naissent par organisation spontanée.

Par Emmanuel Brunet Bommert.

Avant d’aller au sujet, il est nécessaire de revenir sur certaines définitions : Qu’est-ce que la cybernétique ? Qu’est-ce qu’un système cybernétique ? Qu’est-ce qu’un organisme cybernétique ?

Un système peut être défini comme une combinaison d’éléments organisés fonctionnant de concert. Un système politique, par exemple, est un ensemble de concepts interdépendants permettant la mise en place d’un état de fait précis. La cybernétique est la science qui étudie la manière dont sont distribuées les acteurs au sein d’un système donné ; leurs rapports entre eux et leurs manières d’échanger les données.

Tout système est un regroupement plus ou moins complexe de données. La cybernétique est donc précisément la science qui est en charge de l’étude de l’information dans un dispositif, de la façon dont elle s’échange et s’organise, que ce soit en dehors ou au sein d’une structure donné.

De par sa nature même, la cybernétique est le point de convergence de toutes les sciences sociales et, à terme, de toutes les sciences fondamentales, puisque son objet lui permet d’amener une méthode de travail applicable à toutes les échelles de la réalité.

Un système cybernétique est donc un genre de lapalissade, puisque la cybernétique est la science qui s’occupe de l’étude des systèmes en tant que tels : tous les systèmes sont obligatoirement cybernétiques. La cybernétique inclue donc la systémique, la théorie du chaos et la « théorie constructale » ; qui ne sont pas des branches à part entière de la science, mais bel et bien celles de la cybernétique seule.

L’univers est Fractal

Chaque chose que nous voyons, que nous touchons, que nous entendons, ce que nous sentons, ressentons, comme ce que nous croyons, tout cela n’est que pure données. Il n’y a rien dans l’univers qui ne soit pas une information. Elles sont les briques fondamentales de chaque chose, c’est en interprétant les données qu’il reçoit que notre cerveau donne naissance au monde que nous voyons, simple reflet imparfait du monde réel.

Les informations ont un poids, que l’on désigne aussi sous le terme « valeur ». Certaines sont plus importantes que d’autres, plus grandes que d’autres, peut-être sans intérêts pour nous, mais indispensable au reste de l’univers. D’aucunes sont vitales pour nous, mais sans valeurs pour le reste du monde connu. Une donnée peut être une particule élémentaire de l’esprit comme de la matière. Mais, malgré tout, ce ne sont pas des particules individuelles qui fonctionnent indépendamment, éternellement séparées les unes des autres : elles s’assemblent et c’est là leur principale caractéristique.

Lorsque deux informations s’assemblent, on peut dire qu’elles forment alors un système d’information, qui n’est pas uniquement la simple accumulation de deux données. Il devient quelque chose de distinct de ses propres constituants, qui a sa propre valeur intrinsèque et sa propre structure. Il est devenu une particule indépendante, en lui-même, bien qu’il soit composé de données élémentaires.

Il existe des millions de systèmes : un atome d’hydrogène et un atome d’oxygène assemblés en molécule forment un ensemble clairement distinct de ses constituants. Il s’agit d’un système d’informations, où l’oxygène et l’hydrogène sont les particules. Deux cellules d’un organisme multicellulaire, fonctionnant de concert pour effectuer certaines tâches, en forment aussi un. Il en va de même pour deux humains, travaillant ensemble à creuser un trou.

Il existe autant, sinon plus, de systèmes que de particules dans l’univers. Il arrive alors un moment où toutes ces combinaisons se rencontrent. Se repoussant souvent, mais parfois fonctionnant de concert dans une harmonie plus ou moins complète. Les systèmes forment alors ce qu’on appelle un réseau.

Chacun reste indépendant, mais n’est plus isolé ; fonctionnant séparément, le système s’inscrit pourtant désormais dans une structure de répartition distincte. Des ponts se forment entre les divers agents, qui commencent à se répartir les tâches, à communiquer et à traiter conjointement des informations fragmentaires, particulières ou des ensembles complexes.

Ces réseaux existent à toutes les échelles, que ce soit dans la complexe molécule d’ADN, au sein du foie d’un lapin nain de Californie ou au travers de l’immense réseau mondial de transport de marchandises. Ils peuvent prendre toutes les formes : hiérarchiques, distributives, collaboratives, etc. Un réseau est aussi un système, composé d’une multitude d’autres.

Lorsque de multiples réseaux entrent en contact et commencent à fonctionner eux mêmes en accord, on dit alors qu’ils forment un organisme. Un organisme est également un système formé lui-même de multiples dispositifs distincts et indépendants. Chaque réseau en devient un organe, dont la tâche est maintenant spécialisée. Puisque tout système est d’abord un moyen de répartir les tâches dans le traitement de l’information.

Notre corps est donc cet organisme formé de multiples articulations nommés organes ; eux-mêmes formés de multiples combinaisons qui portent le nom de cellules ; elles-mêmes formées de multiples composants dites molécules ; elles-mêmes formées de multiples systèmes nommés atomes, etc.

Ce processus porte le nom de complexification, à mesure que l’information se réunie, elle atteint une échelle supérieure. Cette nouvelle échelle ayant alors tendance à donner naissance à une nouvelle valeur, qui donne naissance à une autre et ainsi de suite. Que ce soit sous la forme d’un réseau ou d’un organisme, le système est toujours l’assemblage d’éléments travaillant de concert en répartissant leurs activités ; que ce soit dans l’optique de résoudre quelque chose ou d’optimiser l’efficacité de chaque constituant.

Toutes les lois, restées simples depuis la plus infime particule, s’appliquent alors avec de plus en plus de force à mesure que des strates supérieures se tissent, puisque l’information est de plus en plus abondante proportionnellement à l’expansion qui a lieu. L’univers est, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, un univers Fractal. C’est à dire composé d’une infinie et quasi-éternelle complexification du même motif original, tel un assemblage de milliards de pixels.

La cybernétique touche toutes les échelles de l’univers, puisque son objet est présent en chacune. Ainsi, elle n’est pas seulement une science fractale ; elle est le principe d’invariance d’échelle personnifié.

Nos Sociétés sont des Organismes

De tous les organismes celui qui nous est le plus proche reste, en dehors de notre propre corps, la société humaine issue de lui. Nous sommes tous, en tant qu’humains, les particules indépendantes de l’humanité. Nous formons la base des informations qui se déplacent et agissent.

Ainsi, plusieurs humains peuvent se réunir pour des raisons variables. Ces rassemblements peuvent prendre des formes infinies comme par exemple des entreprises, des associations, des villages, des clubs, des milices et bien d’autres. Tous sont des systèmes distincts dont l’organisation peut varier ; ils peuvent être hiérarchiques, distributifs, tout ce qu’il est possible de supposer.

De temps à autre, certains de ces systèmes s’accordent entre eux dans un échange d’informations, de cet accord nait un réseau social. La société est la réunion de multiples réseaux sociaux qui collaborent les uns avec les autres dans un organisme en relative harmonie. Tous les organismes naissent d’un accord librement consenti entre toutes les parties, qu’elles soient motivées par l’intérêt ou par la curiosité ; nées d’un fait conscient ou d’une nécessité. Cette harmonie se met en place d’elle-même, lorsque plusieurs réseaux collaborent ; elle est une condition préalable à toutes les organisations.

Ce n’est pas le gouvernement, qui est à la base d’une société : il en fait partie, il n’est que l’un des réseaux d’une société spécifique. Il prend souvent deux formes : celle du système immunitaire, chargé de la sécurité au sein d’un organisme ou celui d’organisateur, qui espère intégrer les autres réseaux à l’intérieur de lui-même, tentant ainsi de devenir un organisme.

Pourquoi le gouvernement, dès lors, n’est-il que l’un des systèmes et non pas le résultat de la combinaison des systèmes ? Uniquement parce que son fonctionnement ne le permet pas : tous les éléments du système sont aptes à s’organiser et se défendre, quoi que puisse faire le gouvernement considéré.  Néanmoins, là n’est pas leur principale priorité ; ils ont tendance à déléguer leur défense et la résolution des conflits à une organisation tierce, afin de se spécialiser entièrement dans leur tâche où ils peuvent ainsi exceller, laissant à cette dernière le soin de se rendre experte dans sa fonction. Le pouvoir, dans une société humaine, nait lui aussi de la simple répartition naturelle des activités.

Le gouvernement, maintenant réseau spécialisé, devient un agent régulateur par le consentement des parties à réguler (ou par défaut), parce que la nécessité oblige les autres réseaux à se spécialiser, les contraignant ainsi à renoncer à leur propre défense pour gagner en efficacité. Mais il n’est, en aucun cas, nécessaire à l’harmonie initiale du système. Il pourrait l’être, il n’en est cependant pas une condition.

Il existe des organismes où tous les éléments du système sont individuellement aptes à assurer leur défense propre. Pour n’en citer qu’un exemple, les super-colonies de fourmis, où chaque fourmilière est généraliste (et se défend donc seule), mais s’intègrent pourtant à un organisme. Les abeilles, qui sont toutes capables de se protéger seules tout en vivant en colonies, sont un second exemple approprié.

Tous les systèmes naissent par Organisation Spontanée

Ce que les libéraux nomment le « marché », n’est qu’une autre manière de dire « société », puisque le marché est dans le libéralisme la société personnifiée. Le marché est l’ensemble de toutes les décisions prises au sein de l’organisme que l’on nomme la société humaine.

Il a pris le nom de marché par simple analogie avec le lieu-dit en question parce que, la chose à laquelle on assiste sur un marché n’est qu’une maquette de ce à quoi l’on assiste dans toute la société humaine. Elle est dans un état permanent d’échange d’informations, de computations de données et de modulations de celles-ci. Chaque jour est un cycle complet où la société s’est auto-modifiée.

Le but de cette modification varie selon les cas et les jours. Ce qui sort de cette computation est la mise en place d’un équilibrage et d’une harmonisation en vue d’optimiser les opérations de chacun des constituants. La société ne peut être créée depuis zéro, elle naît spontanément pour répondre à un besoin de plusieurs réseaux distincts. Si ces réseaux sont mis ensemble de force, pour obliger leur collaboration, une société nouvelle naîtra pour qu’ils puissent se séparer les uns des autres.

Tout réseau comme tout système naît par organisation spontanée pour répondre à une ou plusieurs nécessités. Qu’elle soit une contrainte extérieure ou une obligation préalable à l’accomplissement d’un résultat plus lointain. De ce fait, l’humanité n’a pas qu’une société, mais plusieurs et celles-ci ne sont pas les nations telles que nous les connaissons ; qui ne sont rien, sauf échafaudage entre les différents gouvernements qui, actuellement, agissent dans le monde et leurs réseaux alliés ou protégés.

La véritable société est d’ores et déjà extérieure à toutes ces articulations et frontières, elle n’est pas limitée aux accords, obligations ou interactions que nous avons envers notre réseau de gouvernements. Certaines de ces sociétés n’ont pas de noms, puisque par aveuglement et à force de considérer nos gouvernements comme des sociétés à part entière, nous avons cessé de les voir.

Clairement, d’autres en ont, par exemple l’Islam qui est une société en lui-même, il est la combinaison de tous les systèmes ayant une valeur commune au monde musulman ; le Judaïsme en est une autre ; le monde asiatique en est une aussi ; le monde anglo-saxon encore un ; le monde francophone bien sûr et ainsi de suite…

Les sociétés humaines sont toutes structurées sur une base culturelle et traditionnelle commune : c’est précisément cela qui en fait une société. Elles sont les combinaisons de systèmes en harmonie, c’est à dire accordés dans une symphonie de permutations et computations.

En quelques siècles à peine des sociétés entières peuvent mourir et se trouver absorbées par d’autres ou en former de nouvelles spontanément, elles mutent. Chaque jour qui passe, elles se transforment jusqu’à devenir en quelques années à peine, complètement méconnaissables. La mutation du monde asiatique, du début du 20ème siècle jusqu’au début du 21ème, en est l’actuel exemple le plus marquant.

En effet, tout comme nous, nos sociétés sont des organismes vivants, reflets de ce que nous sommes et de ce en quoi nous croyons. Des organismes certes primitifs, puisque simples et linéaires, mais dont la structure est pourtant exactement semblable à tout autre.

 

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  • Tres bel article. Merci beaucoup d’avoir mis des mots simple sur un concept complexe.

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