L’opération militaire menée de façon isolée par la France au Mali va-t-elle finir par se transformer en opération européenne ?
Un article d’Open Europe.
Le dessinateur du Monde a donné une image claire [1] : le Président français François Hollande se précipitant dans le désert Malien tandis que le reste de l’UE se contente d’être assis derrière tout en saluant l’initiative.
La France a un historique d’interventions en Afrique francophone, principalement d’ordre régional. Cependant la France semble poursuivre un objectif plus ambitieux cette fois-ci en s’attaquant à la plus grande concentration de fondamentalistes islamistes en Afrique de l’Ouest. La France devrait-elle donc en porter toute la responsabilité, ou devrait-elle s’attendre à une aide de l’UE (l’OTAN sera toujours un second choix pour la France) ? Bien entendu les médias français ont le sentiment que les autres pays de l’Union ne prennent pas leurs responsabilités.
Les pays de l’UE ont une tradition de sous-investissement dans leur propre sécurité et d’absence de soutien dans les actions multi-latérales. En Afghanistan, les alliés des États-Unis leur ont invariablement laissé le gros du travail, et en Libye, dans l’arrière-cour de l’Europe, de grands États tels que l’Allemagne et la Pologne ont décidé de ne pas participer.
Mais les Français commencent à penser que le Mali devrait être différent. The Economist cite le chef de l’opposition de droite, Jean-François Copé, disant que « pour l’instant notre pays est seul au front ». Et sur Channel 4 News, Bernard Kouchner, l’ancien ministre français des affaires étrangères a déclaré :
Le peuple britannique, pour une telle mission, est notre allié le plus proche. Nous avons besoin d’eux. Pour l’instant nous sommes seuls. Je vous en prie, ne laissez pas les Français tout seuls. C’est une mission commune, une menace commune, nous combattons tous l’extrémisme.
Un plaidoyer légitime, bien qu’il ait en quelque sorte ruiné ses efforts en ajoutant que pour lui l’attitude réservée de la Grande-Bretagne « s’expliquait en partie » par l’euro-scepticisme des Conservateurs, alors qu’en réalité la défense franco-anglaise et la collaboration en matière de politique étrangère sont précisément le type de sujet et d’approche en réseau qui devraient être – selon les milieux conservateurs – au cœur de la coopération européenne. En outre, le fait qu’un ancien ministre français des affaires étrangères implore l’assistance du Royaume-Uni ne sert qu’à souligner l’importance du poids politique et militaire du pays dans la crédibilité géopolitique de l’UE. C’est également révélateur de la peur perpétuelle, dans certains milieux, d’un Royaume-Uni « isolé» en Europe…
Impossible de dire combien de temps la France va mettre à terminer ses opérations au Mali, mais si elles s’éternisent, l’aide promise par le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique et le Danemark en termes de logistique et de formation pourrait ne pas suffire. Cela va-t-il se transformer en opération européenne ? Une chose est claire : comme toujours quand il s’agit de défense et de sécurité, la coopération et la volonté politique sont bien plus importantes que les grands desseins des hommes politiques pour la construction d’un « État » européen.
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Sur le web. Traduction : Boris Navio pour Contrepoints.
Note :
- René Le Honzec, le dessinateur de Contrepoints a eu une inspiration similaire avec son dessin du week-end, reproduit ci-dessus. ↩
L’Europe n’existe pas.
Tant qu’on aura pas des institutions type américaines, il n’y aura pas d’Europe, il faut arrêter 2 minutes….
Il n’y a que la fédéralisation politique et économique qui force à l’unité, sinon les Etats réfléchirons toujours en terme national et pas fédéral-unitaire.
Je ne dis pas que je suis pour,
je dis que c’est un état de fait indiscutable….