Mes préoccupations à Cuba

La célèbre blogueuse cubaine livre ses inquiétudes sur la vie à Cuba sous l’un des derniers régimes communistes au monde.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Scène de la misère quotidienne à Cuba

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Mes préoccupations à Cuba

Publié le 27 novembre 2012
- A +

La célèbre blogueuse cubaine livre ses inquiétudes sur la vie à Cuba sous l’un des derniers régimes communistes au monde.

Par Yoani Sanchez, depuis La Havane, Cuba.

Scène de la misère quotidienne à Cuba

Je suis préoccupée par ce petit vieux qui après avoir travaillé toute sa vie, vend maintenant des cigares à l’unité au coin de la rue. Et aussi par la jeune fille qui se regarde dans le miroir pour monnayer son corps sur le « marché  du sexe », où elle pourra rencontrer un étranger qui la sortira d’ici. Je suis préoccupée par le noir à la peau tannée qui, bien qu’il se lève très tôt, ne pourra jamais accéder à un poste de responsabilité à cause de ce racisme –visible et invisible- qui le condamne à un emploi mineur. Par la quarantenaire aux rides profondes qui paie par automatisme sa cotisation syndicale, bien qu’elle se doute qu’à la prochaine réunion, on lui annoncera qu’elle n’a plus de travail. Par l’adolescent de province qui rêve de s’échapper à La Havane parce que dans son village il n’a pour perspective que la rareté matérielle, un emploi mal rémunéré et l’alcool.

Je suis préoccupée par les amies à côté de qui j’ai grandi et qui maintenant, au fil des décennies, ont moins et souffrent plus. Le chauffeur de taxi qui doit avoir une machette cachée sous son siège parce que la délinquance s’accroît même si les journaux refusent d’en parler. Je suis préoccupée par la voisine qui vient au milieu du mois me demander de lui prêter un peu de riz, bien qu’elle sache qu’elle ne pourra jamais le rendre. Ces gens qui se précipitent aux abords des boucheries pour voir si le poulet est arrivé sur le marché rationné car s’ils ne l’achètent pas le jour même leur famille ne le leur pardonnera pas. Je suis préoccupée par l’universitaire qui se tait pour que ne pleuvent pas sur lui suspicions et insultes idéologiques. Par l’homme mûr qui a cru et ne croit plus et qui a pourtant peur de penser seulement à un possible changement. Par l’enfant qui a mis dans ses rêves de partir dans un autre pays vers une réalité qu’il ne connait même pas, vers une culture qu’il ne comprend même pas.

Je suis préoccupée par les gens qui ne peuvent regarder que la télévision officielle, lire seulement les livres publiés par les éditeurs officiels. Par le paysan qui cache au fond de sa mallette le fromage qu’il vendra en ville pour que les contrôles de police ne le trouvent pas. La vieille femme qui dit : « Ca c’est du café » quand sa fille émigrée lui envoie un paquet avec un peu de nourriture et un peu d’argent. Je suis préoccupée par les personnes qui sont chaque jour dans un état de plus grand détresse économique et sociale, qui dorment dans les portes cochères de La Havane, qui cherchent à manger dans les boîtes à ordure. Et je suis préoccupée par la misère de leur vie parce qu’elles sont chaque jour un peu plus en marge des discours et des politiques. J’ai peur et je suis très préoccupée de ce que le nombre des défavorisés va en augmentant et qu’il n’existe même pas de pistes pour reconnaître et résoudre cette situation.

Sur le web – Traduction Jean-Claude Marrouby

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Moins que le communisme, le problème est peut-être l’isolement et les embargos non ?

    • Bien sûr. Ca doit être ça. Le communisme, c’est si bien que ça ne peut pas produire la misère et la mort.
      Cela dit, quel embargo ? Il n’y a pas d’embargo. Les américains limitent certes les échanges entre ce pays et le leur, mais c’est tout. Le reste du monde est 100% ouvert à Cuba.

      J’ai une question, cependant : Vous avez réfléchi combien de temps avant de poser la vôtre ?

    • L’embargo serait nuisible ?
      je croyais, en écoutant Montebourg, que le protectionnisme était positif ..

  • Je vais faire mon chieur mais je pense que c’est pas en envoyant chier les non-libéraux comme Neoxys que ça permettra à nos idées de se développer.

    Il faut bien savoir que beaucoup de monde n’ont lu aucun livre libéral, et qu’ils croient notamment à toutes les informations officielles. La question posée peut paraitre naïves pour les libéraux, mais pas du tout pour des gens souhaitant avoir notre avis et débattre calmement.

    Alors s’il vout plait, montrons l’exemple si l’on veut se faire connaitre. Et la première chose serait de respecter ceux qui posent des questions, notamment si ces derniers n’ont formulé aucune critiques du genre « mais c’est à chier cet article ».
    Laissons la violence verbale aux socialistes.

    Cordialement

    • Vous noterez que je ne l’ai pas envoyé chier. A vrai dire, je tenais moi-même hier les mêmes propos que vous.
      Cela dit, j’ai répondu assez clairement à la question posée.
      Quant à la la mienne, elle me paraît légitime. On a ici un article touchant, criant de vérité, rédigé à grands risques, puis traduit pour nos yeux. Le minimum qu’un lecteur peut faire, c’est de réchéchir un tout petit peu avant de suggérer que les américains sont responsables de l’état actuel de Cuba.

  • JE SUIS PREOCCUPEE par cette « blogueuse » qui d’article en article prend le monde entier pour des imbéciles en répendant sa prose larmoyante sur un  » CUBA » qu’elle phantasme pour mieux remplir son rôle de déstabilisation!
    7 voyages à Cuba m’ont permis d’analyser, de voir, de comprendre comment ce pays fonctionne et évolue et, je l’atteste, il n’a rien à voir avec ce que raconte cette femme .
    Certes tout n’est pas parfait à Cuba ,mais il est indéniable que ce n’est largement pas l’enfer que nous décrit cette »blogeuse » trés trés bien payée pour ce qu’elle distille.
    Je vous invite à d’autres lectures (oui ,elles existent) qui parlent de Cuba autrement et surtout impartialement!

    • Oui, oui, c’est ça !
      Moi aussi je me suis rendu 7 fois au Club Med d’Agadir, c’est vous dire si je peux disserter longuement sur les conditions socio-économiques de toutes le provinces du Maroc.

      • Je vis dans un département français d’outre mer, un île a grand spectacle « LA REUNION » et moi aussi j’ai voyagé un peu, j’ai VU ce qui se passe ailleurs mais j’éviterais de porter un jugement ou commentaire sur un pays comme Cuba qui a réussi a sortir de l’aire Baptista, dommage que des esprits chagrins portent ce type de réflexion sur un régime quel qu’il soit en ne regardant pas ce qui se passe dans leur propre pays, que ce soit la droite ou la gauche en France ils se valent, la Réunion est pire que Cuba et pourtant!!!! Mais moi je regarde ce qui se passe autour de moi avant de porter un jugement sur ce qui se passe ailleurs 60 à 70% de chômeurs, vous savez ce qui qui va se passer moi je le ressent au fond de moi et je me bat à côté de ces gens qui fouillent aussi dans les poubelles, ces filles qui se regardent dans un miroir pour plaire et aussi ces travelos qui font de même dans mon île 974, île intense, quand je lis vis com je vois que vous n’avez jamais comme moi connu l’extrême pauvreté, côtoyé ces gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en France.
        « L’ennemi numéro 1 de tout État est l’homme qui est capable de penser par lui-même sans considération de la pensée unique. Presque inévitablement il parviendra alors à la conclusion que l’État sous lequel il vit est malhonnête, insensé et insupportable, ainsi, si cet homme est idéaliste il voudra le changer. S’il ne l’est pas, il témoignera suffisamment de sa découverte pour générer la révolte des idéalistes contre l’État. »

    • Je me suis rendu en Chine et je n’ai vu aucun enfant travaillant dans une usine, ni même d’usine tout court d’ailleurs… Je n’ai pas non plus vu d’activiste politique déporté ou de tibétain maltraité (et pourtant j’étais à Shanghaï… c’est dire !). Quant à la corruption, je n’ai corrompu personne et personne n’a cherché à me corrompre (un scandale quand on y pense).
      J’en déduis que tout ce qu’on nous raconte sur la Chine c’est du n’importe quoi.

    • Le gars qui est dailleurs une dame honorable a passé l’équivalent d’une année dans les familles cubaines avec sa propre famille!
      Quand je visite un pays,même si j’y apprécie les paysages, je m’attache surtout à connaitre ses habitants, sa culture et son histoire.
      Je ne suis pas le genre de touriste qui prétend connaitre un pays aprés avoir passé une semaine dans un hotel a bronzer idiot , comme à Varadero par exemple…
      Je me permet donc ,il est vrai, de porter à la connaissance de ceux qui n’aurait pas eu ma chance,des vérités constatées ,débarassées de tout à priori et de tout jugement.
      Ainsi j’apprécie que l’on respecte ma parole qui vaut autant que la votre.
      Pour votre info, je rappellerais enfin que Joanny Sanchez a vécu en Suisse et en Allemagne avant de rentrer à Cuba créer son blog…..

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Juan Diego Rodríguez et Olea Gallardo. Un article de 14ymedio

 

Il y a quelques années, à l'occasion d'une de ces divertissantes conférences TED qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Barry Schwartz a popularisé l'expression "le paradoxe du choix" qui peut se résumer ainsi : choisir entre trop d'options produit de la paralysie et de l'insatisfaction, ce qui peut provoquer une sorte de stress très négatif dans les sociétés industrielles modernes.

Rien de tout cela n'arrivera aux clie... Poursuivre la lecture

Fidel Castro
1
Sauvegarder cet article

L’époque soviétique est le couteau suisse de Vladimir Poutine. D’un coté, elle lui permet d’idolâtrer l’impérialisme russe à travers la victoire sur le nazisme ; de l’autre, l’idéologie communiste lui sert de repoussoir : il se présente comme l’homme qui ne la laissera jamais reprendre le pouvoir au Kremlin. Enfin, elle lui lègue en sous-main toutes sortes de techniques de gouvernement, de manipulation, de corruption, dont il a besoin pour structurer sa tyrannie. Si bien que selon les moments il utilise le passé soviétique soit comme un totem... Poursuivre la lecture

Nous pensons souvent que le consensus est gage de certitude. On évoque le consensus des experts sur tel ou tel sujet pour avancer avec confiance dans une direction donnée. C’est oublier les leçons de l’histoire qui a régulièrement démenti, parfois brutalement, cette croyance un peu naïve. Un bon exemple est celui de la crise des missiles de Cuba. C’était il y a soixante ans, mais les mêmes mécanismes jouent encore aujourd’hui.

Le 16 octobre 1962, l’Amérique découvrait stupéfaite que les Soviétiques étaient en train d’installer secrètem... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles