Combien de temps encore avant son arrivée ? Telle est la question qu’on doit se poser sur l’inflation quand on voit la création monétaire actuelle.
Par Georges Kaplan.

Entre août 2008 et août 2012, la BCE a injecté 849,8 milliards d’euros dans l’économie (essentiellement via les deux LTROs à 36 mois) ; soit un quasi-doublement de la base monétaire. Pourtant, contrairement à ce que prédit la théorie quantitative de la monnaie, nous n’observons pas d’accélération sensible de la hausse des prix.
La raison – exactement comme aux États-Unis – est extrêmement simple : cet argent est, dans son immense majorité, resté sur les comptes des banques auprès de la BCE (i.e. leurs comptes courants et/ou leurs comptes rémunérés). Fin-août 2012, ces réserves excédentaires (augmentées du solde des comptes rémunérés) atteignaient 746,3 milliards d’euros – 88% de l’injection monétaire des 4 dernières années.
Le 11 juillet, la BCE a eu beau cesser de rémunérer les dépôts des banques, rien n’y a fait ; elles se sont contenté d’arbitrer entre leurs comptes et l’argent est resté à la BCE. Toute la question tient en quatre mots :
Combien de temps encore ?
Ils nous disent que c’est la faute aux réglementations bancaires et assurancielles. Vous ne les croyez pas ?
Ils (l’entité maléfique je suppose) disent surtout que c’est la seule solution pour sortir de la crise de la dette.
En gros on pourra être content quand on aura enfin une inflation délirante…
“Entre août 2008 et août 2012, la BCE a injecté 849,8 milliards d’euros dans l’économie (essentiellement via les deux LTROs à 36 mois) ; soit un quasi-doublement de la base monétaire. Pourtant, contrairement à ce que prédit la théorie quantitative de la monnaie, nous n’observons pas d’accélération sensible de la hausse des prix.
La raison – exactement comme aux États-Unis – est extrêmement simple : cet argent est, dans son immense majorité, resté sur les comptes des banques auprès de la BCE”
Il est parfaitement normal que la monnaie injectée par la BCE ne crée pas d’inflation. La BCE a été obligée d’injectée de la monnaie dans le système a cause de la déflation de la masse de “quasi monnaie” en circulation. La quasi monnaie, ce sont toutes les créances bancaires liquides normalement utilisées pour faire de la compensation des échanges à l’intérieur du système bancaire. Comme la qualité des actifs bancaires est de plus en plus sujette à caution du fait des bulles de mauvais investissements qui ont eu lieu, forcément ils ont du mal à circuler. La BCE prend sur elle les créances considérées par le marché comme douteuses, et injecte de la monnaie centrale pour permettre la compensation des échanges par le biais des LTRO, ce qui relance le système pour quelques temps.
De ce que j’ai compris, le problème plus fondamental, c’est que les actifs devenus douteux sont des créances venant de pays de la zone euro en difficulté sur des pays “sains” comme l’Allemagne. Ca se voit très bien par l’évolution des soldes target 2 après les LTRO. Les pays en excédent commercial prêtent au pays faibles, ce qui leur permet d’écouler leur production. Avec le LTRO, on a évité une faillite chez les italiens et espagnols, et une crise de surproduction en Allemagne/Pays bas. Les LTRO ont permis de relancé la machine économique européenne pour un cycle, mais il est inévitable qu’elle cale à nouveau, car aucun redressement significatif des balances commerciales n’a eu lieu, donc aucun ajustement de consommation ou de compétitivité. Pourtant, ces ajustements devront avoir lieu, c’est inévitable. Le pari de Draghi et autres sinistres de l’UE, c’est que grâce au temps “monnayé” par la BCE, les politiques pourront provoquer ces ajustement avec une relative douceur par rapport à ce qu’induirait un défaut de paiement généralisé. Mais ce pari ils ne peuvent pas le gagner, et ils le savent. Donc en fait, c’est du bluff. Dans ce contexte, c’est tout simplement criminel.
Cette monnaie crée donc très peu d’inflation. Elle “inflate” le système du montant du bénéfice fictif réalisé sur les créances pourries en pension à la BCE. Ce faisant, elle enrichit et récompense les mauvais investisseurs, et leur permet de continuer à détruire l’économie. A priori, la musique va continuer à bercer tout le monde jusqu’à ce que la destruction du système soit telle qu’on en arrive à une situation de pénurie.
Et là .. c’est le grand saut dans l’inconnu.