Schäuble veut interdire le trading automatique à haute fréquence

Les divers messages que le marché nous envoyait autrefois sont désormais lourdement distordus à mesure que les machines prennent de plus en plus de place dans le processus.

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Schäuble veut interdire le trading automatique à haute fréquence

Publié le 8 septembre 2012
- A +

Les divers messages que le marché nous envoyait autrefois sont désormais lourdement distordus à mesure que les machines prennent de plus en plus de place dans le processus.

Par Richard North, depuis Bradford, Royaume Uni.

En m’écartant un peu des nouvelles européennes habituelles, je note que Schäuble, le ministre allemand des Finances, espère soumettre ce mois-ci un projet de loi pour réguler le trading à haute fréquences.

À moins que vous me contredisiez, c’est sûrement la première fois qu’une telle tentative est faite – même si lUE avance aussi sur cette question – et reflète la gravité que ce problème a atteint. Cette analyse publiée par la School of Accountancy de Singapour met à plat ces problèmes, sous le titre « Le côté sombre du trading ». On peut en trouver un résumé plus succinct ici, dans le Time Magazine du mois dernier.

Il y a vraiment peu d’articles à en faire état dans la presse britannique cependant, et il faut remonter à avril 2010 pour découvrir dans le Failygraph que cette pratique fut placée sous l’œil vigilant du Comité européen des régulateurs de marché de valeurs mobilières (CESR).

Cependant, avec jusqu’à 70% des activités de trading accomplies automatiquement par ordinateur sur certains marchés, cette pratique a un énorme effet de distorsion sur la façon dont fonctionnent les marchés et les signaux que ceux-ci envoient.

Malgré cela, dans les analyses de marché, on peut toujours lire quotidiennement des commentateurs évoquer dans le même respect certains indices de valeurs et la signification de leurs mouvements.

Mais le commentateur moyen est cependant conscient que, dans l’ensemble, ces valeurs retracent seulement l’activité d’algorithmes informatiques, dont le seul but est de gagner de l’argent, d’une façon très différente des opérations de marché traditionnelles.

Attribuer alors la moindre « intelligence » à ce processus, tout comme tirer des conclusions politiques à partir des « sentiments » des marchés, me semble plus qu’un peu erroné. Les divers messages que le marché nous envoyait autrefois sont désormais lourdement distordus à mesure que les machines prennent de plus en plus de place dans le processus, laissant les être humains à la marge.

Thatcher, comme d’autres, aurait pu dire que vous ne pouvez pas aller contre les marchés, mais les marchés d’aujourd’hui sont très différents. Les modèles de trading d’aujourd’hui ont leurs dangers, et l’utilisation de données en tant qu’outils économiques – et politiques – n’est pas fiable.

—-
Sur le web.
Traduction : YB pour Contrepoints.

Voir les commentaires (13)

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  • Un peu faiblard cet article. Pour ne pas dire inepte.

    Il faudrait remonter à 2010 pour trouver un article qui critique le trading haute fréquence ? On en voit des dizaines chaque semaine.

    Le trading automatique a un « énorme effet » de distortion sur les marchés ? Lequel ?

    « ces valeurs retracent seulement l’activité d’algorithmes informatiques, dont le seul but est de gagner de l’argent, d’une façon très différente des opérations de marché traditionnelles. » De quelle façon ?

    « Attribuer alors la moindre « intelligence » à ce processus, tout comme tirer des conclusions politiques à partir des « sentiments » des marchés, me semble plus qu’un peu erroné. » M. Richard North serait capable mentalement de traiter les teraoctets de données pris en compte tous les jours par les algorithmes pour parvenir à des décisions rationnelles « intelligentes »?

    Un article sur les dangers incroyables qu’encourent les marchés à cause du trading algorithmique de Knight Capital : http://www.chrisstucchio.com/blog/2012/flash_crash_flash_in_the_pan.html

  • Bof ! Les algorithmes ne font que ce que les humains leur ont dit de faire. Les humains ne sont pas « à la marge » mais toujours au centre du processus décisionnel.

    « Les divers messages que le marché nous envoyait autrefois sont désormais lourdement distordus » : à MT ou LT, rien ne prouve que les cours ne traduisent plus les anticipations économiques « moyennes » des intervenants humains. Le THF rend plus difficile le trading de TCT (daytrading ou swingtrading) tandis que les investissements de LT, jusqu’à preuve du contraire, supportent un risque inchangé.

    S’il y a ponctuellement un risque de voir des variations violentes et inexpliquées à TCT, c’est essentiellement lié à une certaine « naïveté » des premiers algorithmes utilisés. Cela va se corriger avec le temps car personne ne veut perdre d’argent à cause d’un algorithme mal conçu.

    Ce débat sur le THF fait penser à l’éternelle résistance des anciens contre les modernes. Ici, les anciens, ce sont les zinzins qui ont perdu leur monopole sur le carnet d’ordre à cause du THF et de la concurrence entre places boursières. Comme ils faisaient leur beurre grâce à la maîtrise du carnet d’ordre, pas étonnant qu’ils cherchent à combattre le THF. Schäuble n’est que le porte-parole du vieux lobby des zinzins dépassés par la nouvelle donne sur les marchés.

    Une dernière citation qui laisse pantois : « l’activité d’algorithmes informatiques, dont le seul but est de gagner de l’argent ». Etonnant, non ?

    • Les algorithmes sont surement améliorables, cependant, ceux-ci ne perçoivent pas la valeur et leurs anticipation ne reposent pas sur le jugement, mais une analyse automatisée des cours, des probabilités, des articles.

      Un problème, AMHA, est le risque plus élevé de cygnes noirs, avec de plus fortes conséquences et que par leur manque de jugement, il y ait une interprétation non intelligente de l’info, faisant qu’à chaque déclaration politique, il y a un risque que les machines s’y engouffrent.

      Maintenant, si cela provoque réellement des problèmes, il me semble logique qu’on les abandonne naturellement.

      • S’il s’agit d’abandonner « naturellement » le THF, c’est-à-dire que les intervenants cessent volontairement de l’utiliser, pourquoi pas ? Mais il est proprement scandaleux de prétendre interdire le THF.

  • @bubulle

    De la part d’un ignorant et bien d’autres qualificatifs peu flatteurs* :

    Même devant une évidence, un libéral ne peut pas reconnaître le moindre défaut au système financier actuel autre que les réglementations qu’il doit suivre.
    Vous faites preuve, une fois de plus, d’une grande non liberté d’analyse et de critique, qui ne vous honore pas et dessert la cause libérale.

    * C’est pour anticiper la déferlante d’insultes habituelles

    • Exposez donc cette fameuse « évidence » qui à vos yeux semble clore le débat ! A moins que ce soit le fait de débattre qui vous pose problème, compte tenu de la faiblesse de vos arguments ?

      • @Bubulle,
        Juste l’évidence que « ce » petit monde de la finance a une part de responsabilité dans la crise, ce que les libéraux jusquauboutistes ne reconnaissent toujours pas.

        Et je n’argumenterais pas non plus sur le fait que 1+1 font 2.

        PS : Célestin +1

    • On est pas des gauchistes, on ne se bat pas pour un système « parfait » ou « sans défaut ». Le système actuel me déplait autant qu’à vous, sinon plus, mais ce qui me déplait plus encore, c’est qu’on aille vers toujours moins de liberté, et que cela soit dut à l’action d’individus dans votre genre.

      Fort heureusement, je ne pense pas que vous et vos semblables nous empêcherez encore bien longtemps d’inverser la tendance, et de libéraliser. Vous tomberez fatalement, et commencez déjà à tomber, à cours de l’argent des autres.

  • Tant qu’à faire, ne pourrait-on pas instaurer la cotation des actions une seule fois par jour ? A ce moment-là, l’offre rencontre réellement la demande, et les manipulations des cours, en tous genres, deviennent beaucoup plus difficiles. S’il n’y a qu’une seule cotation par jour, les informations peuvent aussi être diffusées après la séance de cotation et plus seulement après la clôture de la bourse. Au fond, qui a vraiment besoin de la cotation continue ?

    • C’est l’erreur à éviter, un retour à une époque heureusement révolue.

      La cotation à la journée laisse tout le temps aux tricheurs institutionnels de manipuler le carnet d’ordres, notamment aux dépens des intervenants mineurs ou des petits porteurs, tandis qu’une cotation perpétuellement fluctuante élimine du jeu les magouilleurs qui doivent affronter un haut niveau d’incertitude.

      La cotation en continu non seulement favorise les échanges, mais contribue également à libérer le marché de nombreuses manipulations. Alors, bien sûr, il y aura toujours des gros doigts qui peuvent influencer les cours. Mais cela reste forcément temporaire : il faut apprendre à les repérer et laisser passer l’orage. On peut même s’amuser à jouer contre eux.

      La cotation à la journée ne se justifie que pour les titres les moins liquides pour lesquels il est très difficile de trouver une contrepartie. Autrement dit, elle ne se justifie qu’à la marge.

      Concernant le THF, on peut éventuellement discuter de la question des faux ordres destinés à être retirés rapidement sans aboutir, mais c’est un phénomène marginal qui ne porte jamais que sur quelques centièmes de cotation, quelques points de valeur. Au final, ce type de magouille est rendu inopérant par la multiplicité des intervenants et la concurrence entre les algorithmes.

      L’offre et la demande ne se rencontrent vraiment qu’avec une cotation en continu et tout le monde y a fortement intérêt.

      • @Bubulle : merci pour cette réponse mais je reste un peu dubitatif. Si je puis comprendre qu’une cotation en continu peux éliminer des manipulations, je me dit cependant qu’une manipulation sur une action du CAC 40 cotée une seule fois par jour serait encore plus difficile à réaliser. Mais auriez-vous éventuellement un lien sur cette problématique ?

  • Les commentaires sont fermés.

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