Combien de temps l’Espagne peut-elle encore tenir ?

Les nouvelles en provenance d’Espagne sont de plus en plus inquiétantes. La question est désormais de savoir combien de temps le gouvernement central et les régions autonomes pourront se financer à des taux d’emprunt qui atteignent des niveaux stratosphériques.

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Combien de temps l’Espagne peut-elle encore tenir ?

Publié le 26 juillet 2012
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Les nouvelles en provenance d’Espagne sont de plus en plus inquiétantes. La question est désormais de savoir combien de temps le gouvernement central et les régions autonomes pourront se financer à des taux d’emprunt qui atteignent des niveaux stratosphériques.

Un article d’Open Europe.

Une fois de plus, la crise est de retour depuis le week-end dernier, avec une très mauvaise enchère sur les obligations du trésor espagnol. Des rumeurs, selon lesquelles des régions autonomes espagnoles vont avoir besoin de l’aide du gouvernement central (comme nous l’avions prévu ici), propulsent les coûts d’emprunt à 10 ans pour l’État espagnol à des taux stratosphériques record de 7,55%.

La problématique tourne dorénavant autour de combien de temps le gouvernement central et les régions autonomes pourront se financer à ces taux.

Tout compte fait l’Espagne a bien travaillé pour « préfinancer » une large part de sa dette cette année (cela signifie que l’État espagnol a déjà emprunté la quasi-totalité de l’argent dont il a besoin pour 2012), pendant que les taux d’intérêt étaient relativement faibles (autour de 4%). De plus, la maturité moyenne de sa dette était autour de six ans et demis – ce qui n’est pas un profil de dette si mauvais tout bien considéré. Toutefois, il va y avoir bientôt 10% de dette en plus par rapport au PIB tandis que le coût de renflouement des régions espagnoles ne va faire qu’augmenter. Pendant ce temps, l’économie continue de décrocher – la Banque d’Espagne a annoncé ce matin que l’économie espagnole s’était contractée de 0,4% lors du second trimestre de cette année, à ajouter au 0,3% de baisse au cours du premier trimestre.

Ceux d’entre vous qui ont lu notre récent rapport sur les renflouements des banques espagnoles savent que nous avons déjà abordé cette question en détail, mais, au cas où, vous trouverez un petit rappel dans ce document, dont voici les points clefs :

En regardant les besoins de financement de l’État espagnol sur les prochaines années, surtout en prenant en compte les recapitalisations des banques, il devra faire face à un énorme niveau de refinancement de la dette. Jusqu’à mi-2015, l’État espagnol devra refinancer 547,5 milliards d’Euros, plus de la moitié de son PIB et la grande majorité de sa dette.

Maturité de la dette espagnole

Le gouvernement central espagnol aura besoin de refinancer 209 milliards d’euros en obligations et 75 milliards d’euros en bons du trésor, l’équivalent de presque 30% du PIB et pratiquement la moitié de sa dette officielle. Cela va devenir de plus en plus compliqué si les coûts d’emprunt demeurent à des niveaux aussi élevés.

Déficit espagnol

De mi-2012 à mi-2015, l’Espagne aura à financer un déficit équivalent à 179 milliards d’euros – et encore, si l’Espagne réussit à suivre les prévisions du FMI et son plan de réduction des déficits.

Factures impayées

L’Espagne affronte également un stock important de factures impayées à toutes les strates de l’État, pour un total d’environ 105 milliards d’euros. Cela devrait tirer à sa fin d’ici 2013, bien que ce stock ait été à un niveau très élevé ces temps derniers. En fin de compte, ces fonds sont principalement dus à des créanciers espagnols, ce qui revient à dire que ne pas les payer serait contreproductif pour l’économie du pays. (En écoutant les rumeurs du week-end dernier, il est intéressant de signaler que l’explosion récente des arriérés venait quasiment exclusivement des gouvernements régionaux).

Les sommes à refinancer dans les deux prochaines années sont particulièrement élevées… Cela va encore augmenter la pression sur les banques pour charger un peu plus la dette souveraine espagnole, avec des conséquences potentielles énormes si le système venait à exploser. Si les problèmes du secteur bancaire ne sont pas résolus, leur capacité à financer l’État serait soumise à une trop forte pression. Si cela devait tomber en morceaux, l’Espagne se trouverait peut-être sans créanciers volontaires.

—-
Sur le web.
Traduction Nicolas B. pour Contrepoints.

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  • Ou comment faire croire en la parité fixe alors que le système TARGET 2 institue de fait un change flottant entre les pays de la zone euro, mais ça personne n’en parle, surtout pas la secte des européistes… Ça va très mal se terminer cette histoire! La Grèce, ça passait encore, parce qu’elle n’a pas de véritable industrie, « seulement » 10 millions d’habitants, relativement peu d’échanges avec l’extérieur et donc une tension faible sur T2, alors que l’Espagne, elle, c’est 47 millions d’habitants, une pression banco-immobilière monstrueuse, une industrie récente (années 80, où tous les constructeurs automobiles sont allés s’installer là-bas, comme PSA, Opel, Nissan…) et développée… Tout en sachant que le MES et le FESF sont suspendus à une décision des juges constitutionnels allemands (normalement le 12 septembre) qui ne serait pas favorable, il est encore impossible, quoi qu’en dise Hollande et ses « incantations », de refinancer l’Espagne à l’heure actuelle d’où une flambée du taux de la dette souveraine à 10 ans car les décisions du 19e sommet de « la dernière chance » ne peuvent ni juridiquement ni techniquement s’appliquer immédiatement pour la raison invoquée plus haut… Bref, si l’Espagne pèse trop, la BCE va « éjecter » l’Espagne du système TARGET 2, ce pays devra alors recréer dans l’urgence une nouvelle monnaie et toute une architecture financière nationale afin de solder elle-même ses problèmes de dette!

    • @ kenji :
      Target 2 étant un système déchange technique en europe qui traite essentiellement de l’euro (je rappelle que l’eur oespagnol c’est la même chose que l’eur oallemand, pour l’instant du moins), comment ce système peut-il instituer du change flottant entre pays utilisant la même monnaie ??? explications svp …

      • Techniquement, l’euro n’est pas une monnaie unique mais on ne s’en aperçoit qu’en scrutant un peu les détails. Pour autant il n’y a pas réellement de change flottant entre les différents euros, vu que le but de TARGET2 est justement de compenser chaque échange de monnaie intra-eurozone en neutralisant chaque échange à l’aide d’un échange inverse qui prend la forme d’un simili-prêt (qui se rapproche plus d’un IOU à l’américaine) entre banques centrales.

        Page wikipedia concernant TARGET & TARGET2 (en franchais)

        http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_transferts_express_automatis%C3%A9s_transeurop%C3%A9ens_%C3%A0_r%C3%A8glement_brut_en_temps_r%C3%A9el

        Post très intéressant (en angliche) que tous ceux qui ont des craintes concernant TARGET2 devraient lire :

        http://blogs.reuters.com/felix-salmon/2012/06/14/dont-worry-about-target2/

        • Je viens de lire le blog, oui, le système s’équilibre car il s’effectue à fonds presque constants… mais! Car il y a un « mais »: il faut aussi penser qu’il peut y avoir la dévaluation de l’euro par rapport aux autres monnaies! Et là je ne crois pas que l’Allemagne et toutes ses réserves accumulées dans T2 aie envie d’un dollar à 5, 10, 100 ou 500 euros!

      • Explication simple: dans TARGET 2, la contribution des différents États adhérents fluctue car les actifs et passifs des banques centrales adhérentes fluctue aussi, il faut voir T2 comme la banque de chaque pays de la zone euro, et chaque participant à un compte à hauteur de ses réserves monétaires: ainsi, la contribution de l’Allemagne à T2 est passée de 5 milliards d’euros en 2006 à… 323 milliards d’euros en 2011 et ce au détriment de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, de la France et d’autres, leurs déficits cumulés de participation au système étant passé dans cette période à… 365 milliards! Ce système est la fondation même de l’euro. Si les différences de participation sont trop grandes, en gros si le découvert des pays participant à T2 est trop grand, il y a une distorsion telle qu’un pays aurait (en ne participant pas à T2) une monnaie dont la valeur approche zéro ou pire à valeur négative (ce qui peut arriver virtuellement avec T2, virtuellement car la valeur négative serait aberrante et sera « absorbée » par la mutualisation des autres comptes, absorbée dans la limite des dévaluations possibles de l’euro), il y a un risque de phénomène « trou noir monétaire »… Le seul choix de la BCE serait alors d’éjecter le ou les pays en cause de la zone euro sans autre forme de procès…

      • Peut-être devriez-vous lire ceci et les commentaires qui vont avec :

        http://blog.turgot.org/index.php?post/Gilles-Euro3

  • Apparemment la source des chiffres sur les échéances et répartition des dettes est la Banque d’Espagne, mais je n’arrive pas à les retrouver sur leur site. SI quelqu’un sait où ils sont, je suis preneur.

  • Les commentaires sont fermés.

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