La chasse à l’Éric Zemmour est ouverte !

La question de la pertinence de la thèse zemourrienne, pas plus d’ailleurs que les sous-entendus qui la portent, ne m’intéressent ici. C’est la propension répétée de quelques-uns à vouloir restreindre le champs de la liberté d’expression qui me préoccupe.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Zemmour (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La chasse à l’Éric Zemmour est ouverte !

Publié le 8 juin 2012
- A +

La question de la pertinence de la thèse d’Éric Zemmour, pas plus d’ailleurs que les sous-entendus qui la portent, ne m’intéressent ici. C’est la propension répétée de quelques-uns à vouloir restreindre le champs de la liberté d’expression qui me préoccupe.

Par Éric Eymard.

Contrairement à l’anaconda qui reste discrètement tapi dans un marécage avant de surgir subrepticement de sa cache pour foudroyer sa proie, le Zemmour chasse la donzelle harcelée et le jeune voyou basané à découvert. Ce qui, il faut en convenir, offre à l’adversaire l’opportunité de la riposte. Les ondes de RTL, les colonnes du Figaro et les cathodes de quelques chaînes télévisées offrent au Zemmour une tribune régulière pour déblatérer. Ses contradicteurs ont donc largement le temps de fourbir les armes de leurs critiques acerbes et de leurs commentaires dépités pour se débarrasser de ce prédateur volubile. Las, ces piètres braconniers ont pour l’esprit dialectique si cher aux philosophes de l’Antiquité une sainte horreur. Le mot Vérité ne prend pas de s. La Vérité est unique, à l’instar de la pensée (au singulier aussi) qui flotte, comme en apesanteur, dans le cerveau liberticide de ces intégristes de la bonne parole et de l’âme pure. À défaut de pouvoir manier la contre-argumentation autrement qu’avec la verve d’un Guy Lux commentant en son temps la stratégie conquérante de l’équipe de Ploubalay dans l’émission Intervilles, ces courageux défenseurs de la Taubira en détresse prônent la censure et en appellent à la justice pour contraindre au silence le vigoureux mâle blanc. Il est évidemment plus facile de dénoncer une « chronique haineuse, raciste et misogyne » en portant plainte que de répondre sur le fond aux assertions du Zemmour.

La question de la pertinence de la thèse zemourrienne, pas plus d’ailleurs que les sous-entendus qui la portent, ne m’intéressent pas ici. C’est la propension répétée de quelques-uns à vouloir restreindre le champ de la liberté d’expression qui me préoccupe.

Outre son manque de panache et bien qu’elle révèle l’impéritie de la meute, cette chasse à l’homme médiatique ne me paraît pas non plus productive.

Je partage rarement les vues de ce chroniqueur neurasthénique qui justifie l’inaction et l’incurie des Hommes face aux grands enjeux de la planète par une sorte de fatalisme de l’Histoire (je schématise, il me pardonnera !).

Je crois malgré tout utile et même nécessaire de lui permettre d’exprimer son opinion.

Même si ses déclarations nous dérangent, nous ennuient, nous offusquent, il faut laisser à la pensée du Zemmour le cheminement labial qui lui sied. La constipation mentale peut ainsi être évitée. Sans insister outre mesure sur l’analogie scatologique, le phénomène s’avère douloureux pour qui en est l’objet. Comment prédire alors les réactions d’un individu que l’on prive de ce droit légitime à la défécation buccale ? S’il mordait faute de pouvoir médire ? Pire : ne risque-t-on pas de légitimer sa pensée, puisqu’on ne la réfute pas ? Et comment le convaincre qu’il se trompe s’il ne peut pérorer ?

En fait je crois utile et même nécessaire de laisser à chacun la faculté de dire ou d’écrire ce qu’il pense et de partager sa vision de la société, fut-elle le fruit d’une consommation abusive de substances illicites. Je suis de ceux qui vomissent les arrières-pensées nauséabondes du Front national mais sont favorables à sa présence sur la scène politique. Je suis de ceux qui pensent que l’équilibre du monde repose sur l’affrontement de forces qui s’opposent. Les déclarations d’un Zemmour, comme celles d’une Marine Le Pen, appellent les courroux indignés, les contre-argumentations affutées, les satires de plumes inspirées. Certainement pas cette « violente censure », dont Voltaire disait qu’elle accréditait les opinions fustigées. Alors, peut-être, tous les Zemmour de l’Hexagone seront un jour, sinon en voie de disparition, en tout cas proche de l’extinction. De voix.

Voir les commentaires (47)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (47)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par P.-E. Ford. Un article de l'Iref-Europe

 

Consternation parmi les partisans de la censure sur internet.

À l’occasion de deux décisions conjointes rendues le 18 mai, la Cour suprême refuse de considérer que les réseaux sociaux sont assimilables à des journaux ou des maisons d’édition. La liberté d’expression qui permet à pratiquement tous les points de vue d’être publiés en ligne, sans le filtre devenu hyper-partisan des rédacteurs et éditeurs de la presse traditionnelle, s’en trouve renforcée. En tout cas pour ... Poursuivre la lecture

Le 21 mars 2023, Valérie M. 56 ans, originaire du Pas-de-Calais, et militante Gilet jaune, a posté un message sur Facebook dans lequel elle traite « d’ordure » le chef de l’État la veille d'une intervention télévisée. Elle a été placée 9 heures en garde à vue dès le lendemain.

Elle est citée à comparaître au tribunal de Saint-Omer le 20 juin 2023. Elle ne risque pas la prison, mais est passible d'une amende pouvant s'élever à 12 000 euros pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et injure au président de la République... Poursuivre la lecture

En France, pays de la liberté et des droits de l’Homme, on peut tout dire à condition de chuchoter ce qui pourrait agacer, et seulement à des oreilles qui l’acceptent. Sinon, on s’attire de gros problèmes : la liberté et les droits de l’Homme, c’est très bien tout ça, mais faut pas pousser.

C’est ainsi qu’apostropher le chef de l’État en lui reprochant plus ou moins vertement sa politique et la façon dont son gouvernement gère les affaires courantes, ce n’est pas très bien vu et cela peut même vous mener au tribunal. Rien ne crie plus ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles