La chasse à l’Éric Zemmour est ouverte !

La question de la pertinence de la thèse zemourrienne, pas plus d’ailleurs que les sous-entendus qui la portent, ne m’intéressent ici. C’est la propension répétée de quelques-uns à vouloir restreindre le champs de la liberté d’expression qui me préoccupe.

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Zemmour (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

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La chasse à l’Éric Zemmour est ouverte !

Publié le 8 juin 2012
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La question de la pertinence de la thèse d’Éric Zemmour, pas plus d’ailleurs que les sous-entendus qui la portent, ne m’intéressent ici. C’est la propension répétée de quelques-uns à vouloir restreindre le champs de la liberté d’expression qui me préoccupe.

Par Éric Eymard.

Contrairement à l’anaconda qui reste discrètement tapi dans un marécage avant de surgir subrepticement de sa cache pour foudroyer sa proie, le Zemmour chasse la donzelle harcelée et le jeune voyou basané à découvert. Ce qui, il faut en convenir, offre à l’adversaire l’opportunité de la riposte. Les ondes de RTL, les colonnes du Figaro et les cathodes de quelques chaînes télévisées offrent au Zemmour une tribune régulière pour déblatérer. Ses contradicteurs ont donc largement le temps de fourbir les armes de leurs critiques acerbes et de leurs commentaires dépités pour se débarrasser de ce prédateur volubile. Las, ces piètres braconniers ont pour l’esprit dialectique si cher aux philosophes de l’Antiquité une sainte horreur. Le mot Vérité ne prend pas de s. La Vérité est unique, à l’instar de la pensée (au singulier aussi) qui flotte, comme en apesanteur, dans le cerveau liberticide de ces intégristes de la bonne parole et de l’âme pure. À défaut de pouvoir manier la contre-argumentation autrement qu’avec la verve d’un Guy Lux commentant en son temps la stratégie conquérante de l’équipe de Ploubalay dans l’émission Intervilles, ces courageux défenseurs de la Taubira en détresse prônent la censure et en appellent à la justice pour contraindre au silence le vigoureux mâle blanc. Il est évidemment plus facile de dénoncer une « chronique haineuse, raciste et misogyne » en portant plainte que de répondre sur le fond aux assertions du Zemmour.

La question de la pertinence de la thèse zemourrienne, pas plus d’ailleurs que les sous-entendus qui la portent, ne m’intéressent pas ici. C’est la propension répétée de quelques-uns à vouloir restreindre le champ de la liberté d’expression qui me préoccupe.

Outre son manque de panache et bien qu’elle révèle l’impéritie de la meute, cette chasse à l’homme médiatique ne me paraît pas non plus productive.

Je partage rarement les vues de ce chroniqueur neurasthénique qui justifie l’inaction et l’incurie des Hommes face aux grands enjeux de la planète par une sorte de fatalisme de l’Histoire (je schématise, il me pardonnera !).

Je crois malgré tout utile et même nécessaire de lui permettre d’exprimer son opinion.

Même si ses déclarations nous dérangent, nous ennuient, nous offusquent, il faut laisser à la pensée du Zemmour le cheminement labial qui lui sied. La constipation mentale peut ainsi être évitée. Sans insister outre mesure sur l’analogie scatologique, le phénomène s’avère douloureux pour qui en est l’objet. Comment prédire alors les réactions d’un individu que l’on prive de ce droit légitime à la défécation buccale ? S’il mordait faute de pouvoir médire ? Pire : ne risque-t-on pas de légitimer sa pensée, puisqu’on ne la réfute pas ? Et comment le convaincre qu’il se trompe s’il ne peut pérorer ?

En fait je crois utile et même nécessaire de laisser à chacun la faculté de dire ou d’écrire ce qu’il pense et de partager sa vision de la société, fut-elle le fruit d’une consommation abusive de substances illicites. Je suis de ceux qui vomissent les arrières-pensées nauséabondes du Front national mais sont favorables à sa présence sur la scène politique. Je suis de ceux qui pensent que l’équilibre du monde repose sur l’affrontement de forces qui s’opposent. Les déclarations d’un Zemmour, comme celles d’une Marine Le Pen, appellent les courroux indignés, les contre-argumentations affutées, les satires de plumes inspirées. Certainement pas cette « violente censure », dont Voltaire disait qu’elle accréditait les opinions fustigées. Alors, peut-être, tous les Zemmour de l’Hexagone seront un jour, sinon en voie de disparition, en tout cas proche de l’extinction. De voix.

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