Les artistes ont toujours aimé l’argent

La journaliste du Point, Judith Benhamou-Huet, spécialiste du marché de l’art, livre une véritable enquête sur le rapport à l’argent des artistes dans l’histoire

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Rubens - Chisea Nueva - copie.

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Les artistes ont toujours aimé l’argent

Publié le 13 mai 2012
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La journaliste du Point, Judith Benhamou-Huet, spécialiste du marché de l’art, livre une véritable enquête sur le rapport à l’argent des artistes dans l’histoire.

Un article de l’Institut des Libertés.

Henri Miller écrivait que « La meilleure façon de tuer un artiste est sûrement de lui donner tout ce dont il a besoin ». C’est effectivement à cause de telles citations que l’on imagine trop souvent les grands artistes du passé comme des êtres moribonds, vivant pour leur art, sans trêve, sans repos , sans sommeil. Certains, auraient ainsi trahi leur caste  en se vendant de façon éhontée au grand capital ; on pense à Jeff Koons, Damien Hirst et Haruki Murakami.

La journaliste du Point, Judith Benhamou-Huet, spécialiste du marché de l’art, livre une véritable enquête sur le rapport à l’argent des artistes dans l’histoire : Les artistes ont toujours aimé l’argent, de Judith Benhamou-Huet (Grasset, 250 p., 14 euros, sorti en librairie le 2 mai). L’auteur y  bouscule avec brio toutes les idées reçues sur les milieux artistiques et l’art.

Dans le désordre, on y croise une galerie de portraits d’artistes qui aimaient l’argent :

– Albrecht Dürer, le célèbre peintre de la Renaissance allemande, fut un champion de l’autopromotion, et ses gravures représentèrent une vraie manne financière.

– Rubens a laissé une abondante correspondance qui amène à penser que sa nature profonde n’était pas si désinvolte que cela. Ainsi en 1606, il écrivait à son protecteur Romain :

J’avoue en toute franchise à votre seigneurie que j’ai cédé à la nécessité, ne pouvant plus tenir mon rang à Rome, avoir une maison et deux domestiques depuis un an, avec les 140 écus que j’ai reçus, en tout et pour tout, de Mantoue depuis mon départ.

Rubens - Chiesa Nuova.

En 1607, il réalise à Rome un tableau destiné au maître-autel de la Chiesa Nuova. Mais la toile, une fois placée, ne rend pas l’effet escompté. Il doit en réaliser une copie dans une technique différente qui jouera plus habilement de la lumière. C’est pourquoi il tente de vendre la version initiale au duc de Mantoue et déploie des trésors de persuasion qui n’ont d’égal que son toupet :

C’est de loin la meilleure toile que j’aie jamais faite et je ne me déciderai pas volontiers à faire, de nouveau, un aussi considérable effort. D’ailleurs, si j’y consentais, il est bien douteux que ses résultats fussent aussi heureux.

– Le Titien était un redoutable opportuniste et savait faire flatter à loisirs, portraits à l’appui.

– Quant à Canaletto, il fut un « stratège de l’export ». Soutenu par un mécène et homme d’affaires britannique, il inonda l’Angleterre de ses spectaculaires vues de Venise. La Venise de Canaletto sera dorénavant celle des ciels immenses, des fêtes somptueuses, du Grand Canal toujours plus grand et des édifices reproduits avec une précision chère aux scientifiques. Il utilise la « chambre optique » ou « camera obscura » pour copier le réel plus rapidement et joue avec grande habileté sur les effets de perspective. Des vues architecturales, des vues inventées, à la rigueur rêvées, mais des paysages, toujours des paysages, rien que des paysages. Canaletto est connu pour cela, et il ne s’aventurera jamais, tout au long de sa carrière, sur des terrains incertains qui pourraient risquer de ne pas produire d’argent.

– René Magritte, le peintre de la pipe se transforma en copiste de ses œuvres à succès.

Preuve en est que les artistes, aussi, sont des hommes comme les autres.

 

 

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