Élection présidentielle : les grands écarts

Nicolas Sarkozy et François Hollande semblent contraints à de grands écarts pour s’attirer les faveurs d’un électorat dispersé. Mais dans cette élection atypique, le choix porte davantage sur la personnalité des candidats que sur leurs orientations politiques

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Élection présidentielle : les grands écarts

Publié le 25 avril 2012
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Nicolas Sarkozy et François Hollande semblent contraints à de grands écarts pour s’attirer les faveurs d’un électorat dispersé. Mais dans cette élection atypique, le choix porte davantage sur la personnalité des candidats que sur leurs orientations politiques. Aussi, tous les jeux ne sont pas faits.

Par Gilles Dryancour.

Le premier tour de l’élection présidentielle est riche de nombreux enseignements politiques que les grands médias ne semblent pas vouloir tirer. Le plus frappant est que le vote des Français a, en une seule journée, invalidé six mois de sondages et de doctes analyses. Aucune des tendances fortes annoncées n’a été confirmée.

Ainsi, on nous a dit que les Français trouvaient cette campagne ennuyeuse. Que l’abstention serait au rendez-vous. Le taux de participation du premier tour a été de 80%.

Depuis des semaines, on nous martèle que Jean-Luc Mélenchon faisait la meilleure campagne, qu’il serait le troisième homme. Il a péniblement rassemblé 11% des électeurs en siphonnant tout l’électorat de l’extrême gauche, réduite à néant.

De même, depuis deux mois, on nous a annoncé le décrochage régulier de Marine Le Pen dans les intentions de vote. Elle a obtenu plus de six millions de voix. Un résultat sans précédent pour le Front National.

Certes, pour les deux candidats qualifiés, pour le second tour, les projections ont été un peu meilleures. Cependant, Nicolas Sarkozy n’est pas aussi clairement distancé par François Hollande que ne l’espéraient nombre de commentateurs. Quant au candidat socialiste, il n’a que 1,5 point d’avance sur le président sortant. Soit environ 500.000 voix. En outre, il ne dispose pratiquement d’aucune réserve en dehors des voix qui se sont portées sur Mélenchon.

Toutes les fausses projections dont l’on nous a abreuvés, au cours de ces dernières semaines, ont comme un arrière-goût de manipulation. C’est comme si les grands médias ne retenaient que les projections qui confortent leurs a priori idéologiques. De facto, n’accordera-t-on que peu de crédit aux sondages qui sont diffusés depuis le début de la semaine et encore moins aux commentaires qui les accompagnent.

Ainsi, depuis l’annonce des résultats du premier tour, nombre d’analystes prophétisent la défaite de Nicolas Sarkozy au prétexte qu’il ne pourra pas réaliser le grand écart entre l’électorat de François Bayrou et celui de Marine Le Pen. Bizarrement, l’idée ne semble venir à personne que l’écart pour François Hollande est encore plus grand, obligé, pour sa part, de rassembler les électorats de Mélenchon, Bayrou et Le Pen.

Si l’on était dans un scénario de simple arithmétique politique, Nicolas Sarkozy l’emporterait facilement au second tour. Car la grande vérité cachée de ce scrutin, c’est que la droite, toutes tendances confondues, est largement majoritaire en France. À ce jour, elle représente presque 55% de l’électorat – à condition de considérer le MODEM comme l’héritier de la droite orléaniste.

Si Nicolas Sarkozy n’était pas réélu, cela ne serait pas pour des raisons idéologiques. Cela serait principalement à cause de sa personnalité. Et, dans une moindre mesure, à cause de son bilan. À l’opposé, si François Hollande l’emportait, cela ne serait pas pour son programme. Cela serait pour l’image radical-socialiste qu’il a réussi à donner de lui-même. Comme y était parvenu Jacques Chirac, en son temps.

Dans cette élection atypique, le choix porte davantage sur la personnalité des candidats que sur leurs orientations politiques. Aussi, tous les jeux ne sont pas faits. C’est ce qu’ont bien compris Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ce n’est donc pas un hasard si l’un propose plusieurs débats, pour améliorer son image, et si l’autre les fuit voulant éviter de dégrader la sienne.

Si, malgré tout, François Hollande était élu, il le serait sur la base d’un grave malentendu. La gauche de son électorat sera très rapidement déçue de voir que, prisonnier de la dette publique, du déficit budgétaire et des taux d’intérêts obligataires, il sera dans l’incapacité de distribuer les rentes publiques auxquelles elle s’attend. Tandis que l’électorat centriste verra que la situation financière de la France s’aggrave encore, alors que la croissance ne sera pas au rendez-vous des promesses électorales. Au mieux le pays perdra cinq ans en attendant le prochain train des réformes. Au pire, il entrera dans une phase de fortes turbulences.

En cas de victoire de Hollande, un scénario à la grecque n’est pas à exclure. Après un bref moment d’euphorie, la France connaîtra une longue et profonde cure d’austérité qui secouera le malade. Au point qu’il voudra rapidement changer de médecin. Peut-être même d’hôpital en exigeant une sixième république ou en voulant quitter la zone euro.

Très certainement, les lendemains du grand soir du 6 mai 2012 ne chanteront pas, du moins pas très longtemps.

 

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  • Je pense aussi cela mai je croi surtout que les français pense beaucoup plus à leur acqui et avantage alor que la crise est bien présent , la seul façon de l’arrêter est le travail et les concessions se chaque français .

  • les sondages se sont beaucoup moins plantés que vous ne dites, à part pour Mélenchon: les derniers sondage donnaient Hollande et Sarkozy comme il sont arrivés, Marine Le Pen 3ème (au moins 3 des derniers sondages la mettaient à 17%, elle fait 18), JLM 4ème (certes surestimé, mais c’est un nouveau candidat, donc plus dur à cerner, il récupère à la fois des Bayrou et des Besancenot 2007), Bayrou 5ème (à peine surestimé, et la dynamique était correcte), Joly à 2%, Poutou, Arthaud et Cheminade fermant le ban. Donc les sondages se sont plutôt bien comportés, si on accepte de les pendre pour ce qu’ils sont.

    ENsuite sur Hollande qui ferait un plus grand écart que Sarko, c’est de la mauvaise foi: avec le discours qu’il a déjà tenu, les électeurs de Mélenchon et une partie de ceux du MLP voteront pour lui, il n’a pas besoin d’en faire plus. Sarkozy, au contraire, a un retard à rattraper et est donc bien en position de faiblesse, devant convaincre plus de monde à la fois à sa gauche et à sa droite

    • A Adrien,

      Au hasard, je prendrais un sondage parmi d’autres. Celui paru dans le Nouvel Obs le 1er avril. Je cite (vous pouvez vérifier):

      « Mélenchon qui, gagnant quatre points à 15%, prend la troisième place, selon un sondage LH2 pour Yahoo! publié dimanche 1er avril.
      Au second tour, le candidat socialiste l’emporterait avec 54%, malgré un effritement d’un point, face au président sortant (46%).
      Au premier tour, Marine Le Pen obtiendrait 13,5%, en baisse d’un point par rapport au précédent sondage LH2 publié le 18 mars et François Bayrou 12% (-0,5) ».

      Faites une recherche sur mots-clefs et vous trouverez multitudes de références comparables pour d’autres instituts et d’autres dates. Bien entendu, dans la masse vous trouverez quelques sondages qui s’approchaient du résultat du premier tour. Le moins que l’on puisse dire, ce n’est pas ceux qui étaient exploités par les grands médias atteints de mélenchonophilie aiguë.
      Si je n’ai pas rêvé, le soir du 22 avril plusieurs journalistes ont reconnu publiquement que les instituts de sondage s’étaient trompés… ce qui les avaient induit en erreur…
      Pourquoi cet aveu contrit ? Si tout était aussi rose ?

      Quant à Hollande avec un report des voix à 100% de Cheminade, Arthaud, Poutou, Joly et Mélenchon, il n’arrive qu’à 44% des suffrages exprimés au premier tour.
      Il lui faut au moins 65% des voix qui se sont portées sur Bayrou pour se dispenser des voix de Marine Le Pen, ce qu’il n’aura pas.
      Faites les calculs, sans une fraction – plus ou moins grande – des voix de Marine Le Pen, Hollande ne pas être élu. C’est mathématique
      Au besoin utilisez ce simulateur qui me parait de toute aussi bonne foi :

      http://elections.lefigaro.fr/presidentielle-2012/2012/04/23/01039-20120423ARTFIG00813-trouvez-les-reports-de-voix-qui-feront-gagner-votre-favori.php

      que les positions défendues dans cet article.

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