Khmers rouges et communisme

Les khmers rouges ont exterminé en moins de quatre ans un quart de la population du Cambodge mais bénéficient pourtant d’un traitement de faveur médiatique en France.

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Khmers rouges et communisme

Publié le 16 février 2012
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Les khmers rouges ont exterminé en moins de quatre ans un quart de la population du Cambodge. Le procès de la dictature communiste a pourtant bénéficié d’un traitement médiatique particulièrement discret en France, où fut formé Pol Pot.

Par Yann Henry.

Roshane Saidnattar, rescapée des camps des Khmers rouges, était à la médiathèque de Sainte-Savine (Aube) pour présenter son documentaire, L’important c’est de rester vivant. Ce film est un témoignage sur des événements historiques et d’actualité. Historiques puisque le régime communiste fut responsable de l’extermination de deux millions de Cambodgiens (le quart de la population) entre avril 1975 et janvier 1979.

D’actualité puisque le procès des quatre plus hauts dignitaires survivants du régime s’est ouvert le 27 juin dernier. Et la couverture médiatique fut minimale pour un génocide d’une telle ampleur. Ce procès qui aurait pu être un Nüremberg du communisme s’est donc déroulé dans un relatif anonymat.

L’article laisse d’ailleurs un goût d’inachevé puisque pas une seule fois le journaliste n’utilise le terme de communiste. Cela fait partie du processus de respectabilisation mis en lumière par Jean-François Revel dans La grande parade, qui consiste en un traitement médiatique inégal entre les crimes selon que ceux-ci soient commis par des nazis ou des communistes (les exactions de ces derniers étant pourtant beaucoup plus nombreuses).

On observe la même mansuétude dans le journal Libération après le dernier verdict condamnant Douch à la perpétuité. Ce dernier avait été condamné à 30 ans en première instance.

 

Petit rappel historique

Les Khmers rouges menés par Pol Pot et soutenus par la Chine sont en guerre contre les forces gouvernementales qui bénéficient du soutien du Viêt Nam du Sud et des États-Unis.

Le désengagement de ces derniers en 1973 est fatal au régime brutal et corrompu de Lon Nol. L’armée n’est capable que de défendre la capitale, Phnom Penh, surpeuplée de réfugiés fuyant les bombardements américains ou les mesures drastiques imposées dans les zones rurales par les Khmers rouges. Ceux-ci finissent par prendre la capitale le 17 avril 1975 pour mettre en place un régime autoritaire maoïste.

Le rôle essentiel du communisme parisien dans la formation du monstre avait été présenté au tribunal par Raoul-Marc Jennar lors du procès de Douch en 2009. Ce sinistre personnage a dirigé la sinistre prison S-21, de laquelle seulement sept survivants sur 20 000 détenus sont sortis. Saloth Sar, qui prendra le pseudonyme de Pol Pot, avait en effet étudié à la Sorbonne. S’il n’obtint aucun diplôme, il se forma à l’idéologie marxiste en compagnie de Yeng Sary et Khieu Samphan, qui seront plus tard ses fidèles lieutenants dans le génocide. Tous lisaient quotidiennement L’Humanité, qui fêtera leur arrivée au pouvoir.

Le 24 avril 1975, le responsable de la rubrique Asie du journal communiste, Jean-Émile Vidal exultait :

« La fête du peuple. Et déjà, le gouvernement royal d’Union nationale et le Front uni national ont pris des mesures pour que les plus déshérités, ceux qui ont souffert dans les villes sous contrôle de l’ennemi tandis qu’une poignée de gens faisaient fortune, aient part aux réjouissances. Les stocks de vivres détenus par les spéculateurs ont été réquisitionnés. Des campagnes arrivent le riz et la viande. Les prix du riz, du porc et du bÅ“uf ont été réduits en quelques jours dans des proportions considérables. »

Pancarte déposée par un anonyme prise en photo dans un temple à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Phnom Penh. Neuf mille crânes de victimes du régime communiste y sont entreposés.

 

Pol-Pot, secrétaire général du Parti communiste kampuchéen, fera ainsi régner la terreur pendant quatre années. Les citadins et les intellectuels assimilés à la bourgeoisie et au capitalisme sont forcés d’aller travailler dans des champs ou envoyés dans des prisons d’État instituées dans tout le pays. La monnaie, la famille, la religion et la propriété privée sont abolies. Deux millions d’êtres humains perdront la vie suite aux famines, maladies et sévices.

Le 25 décembre 1978, redoutant le chaos s’installant chez son voisin, le Viêt Nam envahit le Cambodge. Le régime des Khmers rouges s’effondre rapidement et Pol-Pot s’enfuit dans la jungle où il tentera de reconstruire une guérilla pour revenir aux  affaires. Condamné à mort par contumace, il trouvera une retraite dorée en Thaïlande où il sera finalement retrouvé mais s’éteindra en 1998, à 73 ans, avant d’avoir pu être jugé pour ses crimes.


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