Quel troisième plan de rigueur ?

Comment relancer la prospérité française en redessinant le périmètre de l’État-providence issu de l’après-guerre

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Quel troisième plan de rigueur ?

Publié le 19 novembre 2011
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Comment relancer la prospérité française en redessinant le périmètre de l’État-providence issu de l’après-guerre.

Un article de Marc Crapez, publié originellement dans Les Echos

Parmi les quatorze triples A, la France est un OVNI. Déjà dégradée par l’agence de notation chinoise, elle n’emprunte plus à des taux de triple A. Comment conserver ce miraculeux triple A ? En réduisant les dépenses plutôt qu’en augmentant les impôts. Une entreprise dont les marges baissent ne répercute pas son manque à gagner sur ses produits, au risque de perdre ses clients.

En 1958, constatant un déficit « menaçant », de Gaulle résolut de « supprimer maintes subventions ». De sacrifier certaines pièces, comme au jeu d’échecs, afin de reprendre la main. L’heure est venue de relancer la prospérité française en redessinant le périmètre de l’État-providence issu de l’après-guerre. Ce qui s’apparente à la lutte contre l’obésité. Pour le troisième plan de rigueur, il faudra revoir le train de vie de l’État et ses subventions en cascade.

Dans tous les pays qui ont courageusement entrepris des réformes pour faire face à la crise économique, Espagne, Irlande, Italie, Portugal, Royaume-Uni, les ministres, députés ou hauts fonctionnaires se sont amputés de 5, 10 ou 15% de leur traitement. En 2008, la Lettonie a même divisé par deux le salaire de ses « profs de fac ».

Régime sec

Inutile de sous-estimer les gens en hurlant au populisme ou à l’antiparlementarisme. Chacun comprend que ces mesures de restriction ne sont pas des recettes miracles. Mais même si elles ne sont que des gouttes d’eau dans un océan de désendettement, elles sont les bienvenues. En matière de rigueur, la moindre des choses est de commencer par se l’appliquer à soi-même. Il est normal que les élites dirigeantes soient mises à contribution. Pas question que les serviteurs de l’État se montrent partisans du moindre effort. Ils doivent être les premiers à consentir des sacrifices pour donner l’exemple.

Les plus réticents sont la Grèce et la France. La Grèce est sortie de sa torpeur grâce au combat de la députée de gauche modérée Hara Kefalidou, dans les colonnes du journal de droite Kathimerini. Quelques timides mesures ont fini par être prises pour limiter avantages indus et privilèges de toute sorte. Mais la députée iconoclaste le souligne : « Se débarrasser de cette mentalité va demander beaucoup de travail ». En France, le deuxième plan de rigueur prévoit un gel du salaire des ministres. Mais le 14 novembre, l’amendement du député UMP Lionnel Luca, préconisant 10% de baisse dans le salaire des députés a été repoussé à la quasi-unanimité.

Au pays de l’abolition des privilèges, les abus pullulent. Le nouveau Sénat de gauche a enterré la réforme du conseiller territorial qui tentait de diminuer des effectifs pléthoriques. Alors qu’il faudrait remédier aux chevauchements entre échelons (régions, départements, communautés de commune, d’agglomération ou urbaines). L’informatisation aurait dû réduire le nombre de fonctionnaires. Ils ont au contraire flambé, notamment dans la Fonction publique territoriale à coups de doublons entre régions et départements. Au pays des 600.000 élus, il faudrait sabrer un quart des effectifs des parlementaires et des portefeuilles ministériels. Mettre à contribution les « joyaux de la couronne » ou « trésors de guerre », comme celui dont dispose le Sénat. Supprimer la plupart des niches fiscales, surtout celles qui sont truffées de chiens féroces et autres lobbys qui effraient. Couper les crédits à bon nombre d’associations, dont certaines font du chantage. Supprimer la formation professionnelle qui n’insère pas.

En 2007, du haut de son Observatoire français des conjonctures économiques, le keynésien Jean-Paul Fitoussi estimait la dette française « tout à fait soutenable » et s’indignait du fait que « la dette occupe ce statut privilégié dans les débats ». Ainsi, les instances chargées de débloquer la société française sont elles-mêmes devenues productrices d’inertie. Une manœuvre dilatoire consiste à créer une commission. L’État est pris de commissionnite aigüe : agence, autorité, bureau, conférence, conseil, institut, observatoire ou office… Dissolvons tous ces comités Théodule. Sauf si certains membres veulent perdurer à titre gracieux et honorifique. Instaurons à la place un Observatoire des politiques publiques, pour étudier ce qui fonctionne, à l’instar du Conseil de la mondialisation instauré au Danemark.

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