Laurent Wauquiez, grand malade ou visionnaire?

« Être payé quand on est malade, ce n’est pas responsabilisant » a déclaré hier Laurent Wauquiez, propos qui ont déclenché une hystérie sur Twitter

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Laurent Wauquiez, grand malade ou visionnaire?

Publié le 17 novembre 2011
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« Être payé quand on est malade, ce n’est pas responsabilisant » a déclaré hier le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Laurent Wauquiez. Des propos qui ont déclenché une véritable hystérie sur Twitter.

Par Aurélien Véron

Laurent Wauquiez est-il suicidaire, ou bien suit-il une stratégie (très) audacieuse ? Ce jeune loup de la politique s’était déjà démarqué du discours bisounours habituel du monde politique en dénonçant le « cancer de l’assistanat ». La formule n’était pas heureuse, elle avait néanmoins eu le mérite de rouvrir ce débat qu’on cherche tant à ignorer à droite comme à gauche. Autrement formulée, la politique d’aide sociale tue les défenses immunitaires des plus fragiles face aux difficultés de la vie. Le débat introduit par cette provocation n’était pas si stérile que ça. C’est même l’une des causes essentielles du délitement de notre société de défiance et du déclin de notre modèle social.

Hier, ce même Wauquiez a déclaré sur ce ton faussement candide qui fait sa marque de fabrique : « être payé quand on est malade, ce n’est pas responsabilisant ». La formule a déclenché une véritable hystérie sur Twitter. Là encore, Wauquiez a le courage de toucher à un tabou. La mesure concerne les courts arrêts maladie, rhume, grippe ou torticolis. Beaucoup de salariés, dans le public comme dans le privé, se demandent pourquoi aller au bureau lorsqu’on se sent un peu faiblard et « qu’on y a droit ». L’ennui, c’est que ces arrêts courts coûtent cher (une partie des 9 milliards d’euros annuels que représentent les arrêts maladie) non pas à Laurent Wauquiez, mais à l’ensemble des actifs qui cotisent cher pour leur assurance maladie. Très cher, même. Un salarié est obligé de verser 25 % (en plus) de son salaire net en assurance maladie, à laquelle il ajoute, lorsqu’il le peut, une mutuelle (surtaxée) pour, au final, bénéficier d’une couverture médiocre et d’un accès aux soins qui se dégrade. La piste consistant à distinguer les petits soins des thérapies lourdes constitue l’une des principales voies de réformes de la santé partout dans le monde. Sa proposition n’est donc pas absurde, loin de là. C’est même l’avenir d’une sécu moderne.

Petit à petit, chacun devrait être amené à garder à sa charge les soins légers et les arrêts maladie courts, quitte à cotiser à une mutuelle pour cette couverture optionnelle. C’est ce genre d’évolutions qui évite, comme l’a très bien dit Wauquiez, que « Du coup, on a un peu l’impression que la sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans qu’il y ait un impact ». Quant à l’assurance obligatoire pour tous, elle ne garde alors à sa charge que les problèmes lourds et coûteux : urgences, hospitalisations, thérapies lourdes, etc. Bref, la formule n’est pas un exemple de marketing réussi malgré les efforts de communication du gouvernement, elle ne pouvait que s’attirer les foudres des meutes à la pensée planquée dans le slip. Ce n’est pas très grave, l’idée restera.

Le gouvernement n’a hélas pas profité du scandale pour régler une bonne fois pour toutes une injustice flagrante : aligner le nombre de jours de carence (non pris en charge par la sécu) du secteur public sur celui du secteur privé. Si les fonctionnaires du secteur public vont enfin pouvoir découvrir ce principe du jour de carence, ce sera à l’unité tandis que les salariés du secteur privé en auront 4. La convergence nécessaire des statuts du secteur privé et public passe pourtant par ce type de mesures d’équité. Dommage.

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  • j espere que lorsque sa femme aurat un cancer qu elle ne profitera pas de cet heureux evenement pour profiter de laSS de façon abusive et qu il aura le courage de piquer sa mère en fin de vie pour que celle çi ne greve pas les comptes de laSS

  • L’auteur de cet article s’étonne qu’on ne règle pas ce qu’il appelle « une injustice flagrante »: l’alignement des employés du public sur ceux du privé.
    Evidemment, dans sa logique droitiste, il ne conçoit pas que cette injustice puisse être réglée dans le sens positif: l’alignement des employés du privé sur ceux du public.
    Pensée unique? Défaut de fonctionnement des capacités de raisonnement?

    • L’injustice, c’est que les tire-au-flancs du public (sur la plus haute marche, les DOM-TOM, talonnés par la fonction publique territoriale) ne paient pas un délai de carence proportionnel à leur absentéisme. L’injustice, c’est ce droit de retrait qui permet à la SNCF et RATP de tirer au flanc sans retrait de salaire dès qu’un seul d’entre eux se fait regarder de travers par un usager.
      Et en se glorifiant d’être « serviteur de l’Etat », intouchable de ce fait, alors qu’ils ne font qu’un job, comme tout un chacun. Voilà l’injustice !

    • Aligner pour dépenser encore plus, voilà une idée qu’elle est bonne face à un déficit de près de 100 milliards €

      • Lorsqu’un citoyen travaille, il cotise pour l’assurance maladie et pour le chômage. Lorsqu’il se retrouve malade ou au chômage, il a des indemnités! Il ne vole personne de toutes façons!

        « Quand on les compare avec leurs voisins européens, les salariés Français ne sont pas plus enclins qu’ailleurs aux arrêts de travail.
        Une longue étude menée en 2010 par deux chercheurs du CNRS montrait qu’entre 1994 et 2001, le taux d’absence globale (pour raisons de santé ou non) oscillait, en France, entre 10 % et 11 %, contre 20 % et 28 % au Danemark, 15 % au Royaume-Uni ou 16 % et 18 % aux Pays-Bas. »
        Le Monde.

        La fraude sociale est évaluée grosso modo à 20 milliards d’euros par an, très largement imputable aux employeurs qui ne paient pas leurs cotisations, selon le rapport du député UMP Dominique Tian. C’est pas un gauchiste qui le dit!

        la fraude aux prélèvements (cotisations patronales et salariales non versées en raison du travail au noir) s’élève quant à elle entre 8 et 15,8 milliards d’euros.

        • Effectivement vous faites bien de le dire, le citoyen ne vole personne. C’est ce système esclavagiste que sont la sécu et la retraite par répartition qui d’année en année vole le citoyen. Si il y à du « travail au noir » (terme on ne peut plus novlanguesque) c’est comme qui dirait « bien fait! ».

        • « Lorsqu’un citoyen travaille, il cotise pour l’assurance maladie et pour le chômage. Lorsqu’il se retrouve malade ou au chômage, il a des indemnités! Il ne vole personne de toutes façons! »

          Faux, s’il perçoit plus d’indemnités qu’il ne cotise!
          Comme c’est un système ou tout le monde a l’illusion de la gratuité, donc un système déresponsabilisant, il ne faut pas s’étonner que globalement il y ait plus d’indemnités versées que de cotisations reçues, bref que le système soit en permanence en déficit!

    • « Il ne conçoit pas que cette injustice puisse être réglée dans le sens positif: l’alignement des employés du privé sur ceux du public. »

      L’injustice, aux dépens de ceux qui travaillent dur, serait que certains puissent continuer à abuser des arrêts en l’absence de carence, comme c’est le cas dans le public avec ses nombreux « spécialistes » de l’arrêt à répétition. Aligner le privé sur le public serait particulièrement injuste, en dehors du débat public / privé.

      On rappellera utilement que le surcoût direct de l’absentéisme dans le public, par rapport à ce qui se passe dans le privé, est évalué à 12 milliards par an, ceci sans compter le coût indirect des embauches effectuées uniquement pour compenser les absences injustifiées.

  • Encore une injustice car ceux qui pourront se payer une bonne complémentaire ne seront pas touchés ! A votre avis, un ouvrier peut-il se payer ce luxe ?

    • Parce que la justice pour vous consisterait à ponctionner (que dis-je, voler!) ceux qui gagnent plus? Pourquoi, s’ils ont gagné comme l’ouvrier leur argent honnêtement? Je serais tenter de dire : que l’ouvrier en fasse autant (qui l’en empêche?)! il pourra ainsi se payer une bonne complémentaire, lui aussi!

    • J’ajouterais : un paysan chinois peut-il se payer ce qu’un ouvrier français peut se payer?

  • Il ferait mieux de tourner 7 fois la langue dans sa bouche avant de parler.
    Parfois on se demande dans quel monde il vit.
    Il n’a sans doute eu dans son entourage aucun malade.
    C’est un « IDIOT INSTRUIT »

  • le cancer de l’assistanat .c’est beau,c’est merveilleux dans la bouche d’un ministre,ex député et ump en plus.il sait de quoi il parle!

  • Le nombre de cas de cancer augmentant d’année en année (+350000 entre 2010 et 2011), et ce n’est pas fini, et quand on connait le prix d’une chimio, il y a de grandes chances que les comptes de la SS seront à jamais plombés.

  • Ah ! il n’a jamais eu de problème le Wauquiez , le fils de son père avec la fortune du chantier naval de bateaux de luxe Wauquiez , il s’est donné la peine de naître le pauvre chéri ,et on se permet de mépriser le petit peuple ,attention la colère gronde ,gronde .Sera-t-il notre nouvelle Marie Antoinette ?. On n’est plus très loin de 1788 ,continuez comme cela et vous aurez bientôt les 99% de la population à vos trousses .20 000 euros garantis sur les comptes et on rase au dessus ! Sus aux voleurs des paradis fiscaux, l’argent de la dette il est là-bas , de 11 000 à 60 000 milliards dorment bien au chaud ce sont eux les assistés sociaux ,avec l’argent des pauvres . Suivons Merkel (qui n’est pas une gauchiste) qui a proposé en 2008 de supprimer les licences des banques qui trafiquent avec les paradis , avec une nationalisation sèche en cas de corruption avérée et saisie des biens privés des trafiquants,comme en 1945 , Ah ! ça va filer droit dans les banques ,frileux comme sont tous les financiers l’argent reviendra dans le droit chemin .

  • Je vous conseille de regarder la série américaine « Breaking Bad ».
    En plus d’être passionnante elle donne un excellente méthode pour payer ses soins médicaux.

  • Contrepoints à plein de troll, preuve vivante qu’ils a percé le marché de l’information, bravo bonne continuation !

  • Ce type est intelligent, mais sa mauvaise foi est évidente ; elle vient d’exploser avec son silence à l’occasion du jour de carence supplémentaire, du plafonnement des indemnités journalières maladie ou de la nouvelle taxe sur les mutuelles…. toutes choses qui atteignent essentiellement le pouvoir d’achat des classes moyennes.

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