Pourquoi tant de catholiques contemporains répugnent-ils au libéralisme ? Telle est la question à laquelle répond Daniel Villey dans un article de 1954, téléchargeable grâce à l’Institut Coppet.
Par Damien Theillier
Article publié en collaboration avec l’Institut Coppet
Daniel Villey peut être considéré comme le dernier représentant d’une tradition libérale proprement française, celle des libéraux de l’époque de la Révolution, puis de la Restauration, pour qui la liberté était, en toutes choses, le bien suprême.
Frère de Michel Villey, le philosophe et historien du droit, professeur d’économie à l’université, auteur d’une thèse sur Dupont-White, membre de la Société du Mont Pélerin, Daniel Villey était aussi catholique.
À l’heure où certains au Vatican dénoncent « l’idôlatrie du marché » dans un texte confus qui appelle à la création d’une « banque centrale mondiale », il faut lire cet article de Daniel Villey, salué en 1960 par Murray Rothbard comme « un article important écrit par un économiste catholique français pro-libre-marché ». En 1960, Rothbard a en effet longuement commenté cet article dans un texte intitulé « Readings on Ethics and Capitalism, Part I: Catholicism. » (voir à la fin)
« L’économie de marché devant la pensée catholique » a été publié originellement en français dans la Revue d’économie politique de novembre-décembre 1954. En 1959, la revue américaine Modern Age, éditée par Russell Kirk, publiait une traduction de cet article sous le titre : « Catholics and the market economy ». Cette version en anglais était disponible sur le web (partie I et partie II) alors que la version française était introuvable jusqu’à ce jour. L’Institut Coppet est donc heureux d’offrir enfin au lecteur français la version originale dans un format numérique.
Télécharger la version pdf – epub – mobi
(merci à l’Institut Coppet pour la diffusion de cet article)
Pourquoi tant de catholiques contemporains répugnent-ils au libéralisme ? Telle est la question à laquelle répond Villey dans son article.
Historiquement, dans la pensée moderne, la liberté procède du scepticisme et du relativisme. Mais selon Villey cette même liberté peut être pensée et fondée à partir de la transcendance divine. Il ne s’agit pas, dit-il, de faire du libéralisme la doctrine économique du catholicisme, ni de tirer le marché de la Bible. Il n’y a pas de d’économie chrétienne. La science économique se découvre dans l’expérience, dans l’histoire humaine et dans la raison. Mais il s’agit, sans méconnaître l’abime qui les sépare, de montrer que non seulement la science n’est pas opposée à la foi mais qu’il y a entre elles des résonances, des convergences : c’est ce qu’on appelle l’intelligence de la foi. Parmi les raisons de ce mépris par les catholiques, Villey souligne notamment l’ignorance des mécanismes du marché et le moralisme.
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Sur le web
Ce qui gène certains catholiques français, c’est :
Que les Templiers (banis), les Lombards (étrangers) et les Protestants (adversaires de la Couronnes) ont été les fondateurs de l’économie de marché à une époque où les revenus de la Terre étaient les seuls nobles et que la Couronne avait honte d’avoir besoin des Juifs …
Que des mauvais arguments, qu’il faut enfin dépasser et admettre que l’économie de marché est fondamentalement chrétienne.
passionant
Parler d’ignorance des mécanismes de marché dans la doctrine sociale de l’Église est tout simplement erronée.
Dans le compendium de la doctrine sociale de l’Église, on retrouve des références à la théorique (le consommateur et l’équilibre général).
L’Église reconnait les avantages du marché concurrentiel mais elle explique bien que c’est un moyen pour réaliser le bien commun et non une fin.
La quête du profit ne doit pas passer avant le bien de tous.
L’Église catholique n’est pas opposée au libéralisme économique, elle cherche à moraliser la pratique capitaliste et les échanges au sein du système de marché tel qu’ils se font actuellement.
L’Église encourage aussi la générosité et le don à travers ce qu’elle appelle “les corps intermédiaires” qui regroupent les institutions caritatives.
l’église connais peut être les mécanismes du marché mais elle fait alors l’impasse totale sur les motivation des acteurs de celui ci :
– Pour qui donc le marché est une fin en soit? Ou sont les “oncles Picsou” dont le seul objectif dans la vie serait de se baigner dans des piscines de dollars? tout cela relève du fantasmes pur et simple. les gens font des affaires pour améliorer leur existences et obtenir des satisfactions tout ce qu’il y a de plus réelles point barre.
– Le “bien commun” est un myth, une religion en soit, une invention bien pratique pour nos dirigeant qui la sorte de leur chapeau pour justifier leur oppression. Que l’église catholique nous serve ce plat réchauffé démontre là encore une méconnaissance fondamentale de la société. ou bien serait un relent de volonté de domination?
– c’est la quête du profits qui a engendré la formidable évolution de la société humain. Opposé quête du profits au bien commun est là encore une erreur fondamentale.
– la pratique capitalistique n’a pas à être moralisé, Son fondement même fait appel à une moralité indépassable, celle du droit naturel : le respect de la liberté et de la propriété de chacun.
On pourrait peut etre leur faire lire Wilhelm Ropke…Je crois qu’il etait protestant mais ses arguments convaincront des cathos je pense…