Peine de mort, une vision libertarienne

La mise à mort d’un malfrat, terroriste ou dictateur, n’est pas du ressort de la justice. Il y a 40 ans, la France abolissait la peine de mort.

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Peine de mort, une vision libertarienne

Publié le 17 septembre 2021
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Par François-René Rideau.

En contrepoint à l’article de Stéphane Montabert « Troy Davis devait mourir »

Dans le droit libéral, l’absence de peine, et a fortiori de peine capitale, ne signifie pas que les malfaiteurs aient un « droit à la vie » ni même un droit de vivre. Simplement, la mise à mort d’un malfrat, terroriste ou dictateur, n’est pas du ressort de la justice.

La question de la peine de mort divise les libéraux. Voici ma réponse à un lecteur du Quebécois Libre qui s’enquiert de la position libérale sur le sujet, au titre de mes réflexions approfondies sur le droit libéral.

 

La justice réparatrice

La seule véritable justice pour un libéral est la justice réparatrice, par laquelle le causeur de tort fait amende honorable en réparant les torts causés. Ceux-ci créent des dettes, qui sont des relations interpersonnelles entre le coupable et la victime – je recommande vivement les textes de Christian Michel sur ce sujet.

Toute notion de justice pénale est ainsi caduque de ce point de vue : infliger une peine ne répare rien, cependant que le coût d’une réparation (dommages, intérêts, etc.) est amplement suffisant pour punir et décourager les personnes susceptibles de l’être. Le concept de peine capitale ou non n’est pas de l’ordre de la relation interindividuelle, mais d’une douteuse relation du coupable à une collectivité désincarnée, en pratique usurpée par les tenants du pouvoir.

Dans le droit libéral, l’absence de peine, et a fortiori de peine capitale, ne signifie pas que les malfaiteurs aient un droit à la vie ni même un droit de vivre. Simplement, la mise à mort d’un malfrat, terroriste ou dictateur, n’est pas du ressort de la justice. Elle est du ressort de la police, et/ou de la guerre – notions malheureusement négligées par Christian Michel.

Chaque cour de justice est une négociation de paix entre parties conscientes de leur intérêt à vivre en bonne société. Cependant, cet intérêt n’est parfois pas partagé. Un tueur ou violeur en série, un dictateur, un racketteur, un braqueur, etc., ne cherchent pas à vivre en paix avec autrui. Tant qu’ils ne se sont pas rendus, tant qu’ils ne sont pas soumis de force, tant qu’ils restent des hors la loi, tant qu’ils nient les droits d’autrui, ils renoncent réciproquement à leurs propres droits. Ils sont alors fair game : gibier de potence ou de balle dans la tête ; la chasse à ces ennemis publics est ouverte en permanence.

 

Dédommager les victimes

Dans une société policée, de tels malfaiteurs sont heureusement des cas rares et isolés qui ne peuvent survivre qu’en se cachant. Aussitôt identifiés, ils sont vite maîtrisés. Peut-on alors les mettre à mort ? Question qui n’a pas à recevoir de réponse a priori, centralisée, collective. À partir du moment où une personne est reconnue comme un criminel forcené, comme un ennemi de la société, ladite personne perd ses droits, et n’est qu’un animal sauvage à traiter comme tel.

Quelle est la solution libérale au traitement des animaux sauvages ? Qu’en l’absence d’autre revendication, ils appartiennent à ceux qui les attrapent. Mais aussi qu’ils appartiennent généralement à ceux qui, ayant un droit antérieur sur eux, revendiquent leur propriété et en assument la responsabilité par le dédommagement des victimes passées et la garantie offerte aux éventuelles victimes futures.

Les propriétaires d’un animal sauvage, tuteurs anciens ou vainqueurs récents, ont tout droit sur lui, y compris de vie ou de mort. Mais gare qu’en revendiquant et en exerçant ce droit, ils portent la responsabilité de leur choix. Tuent-ils un innocent par erreur ? Les voilà homicides, causeurs d’un tort immense qui aura un prix conséquent. Tuent-ils un innocent en connaissance de cause ? Les voilà criminels et proscrits à leur tour. Laissent-ils au contraire vivre un forcené ? Les voilà responsables de tout dégât futur causé par le forcené s’il s’évade ou est relâché.

Ce qui importe énormément est le fait que les propriétaires ne pourront pas se cacher derrière un titre, un grade, une fonction officielle, ou un mandat public pour échapper aux conséquences de leurs décisions. Tout au plus, un groupe d’individus pourra-t-il d’un commun accord mutualiser les coûts et profits de décisions consensuelles, sans pouvoir aucunement engager de tiers.

Ou encore, ils pourront transmettre leur propriété à un acquéreur plus à même de traiter le cas. Ainsi, en établissant la responsabilité de chaque acteur vis-à-vis de ses choix libres, et en laissant chacun ajuster son activité à ce qu’il fait de mieux, le droit de propriété permet à un tel système de s’équilibrer dynamiquement.

Les associations de bien-pensants libérant trop vite des criminels dangereux seront vite mises à l’amende et dissoutes faute de pouvoir réparer les torts causés. À l’opposé, les véritables associations de bienfaisance qui arriveraient à réhabiliter certains condamnés pourraient faire des profits et avoir ainsi une action durable, en facturant leurs services à ceux qui en profitent : les assureurs, les condamnés et leurs familles, les usagers de la police, etc., tous ceux qui porteraient sinon les coûts de la prison. Ces profits seraient justement grevés des torts causés par des relapses retombant dans une vie de crime. Et leur responsabilité civile mènerait ainsi les garants à exercer une surveillance appropriée.

 

Police libérale vs. justice pénale

Alors que dans un système de justice pénale, les juges sont des fonctionnaires irresponsables, dans un système de police libérale, chaque acteur est responsable de ses actes. Le juge fonctionnaire peut envoyer au bagne ou à l’échafaud un innocent, ou relâcher un coupable, il ne risque rien à commettre une erreur, pas même sa retraite.

À l’opposé, le justicier dans un régime libéral est responsable de chacun de ses choix, de ses succès comme de ses erreurs. Les fournisseurs de sécurité exigeront nécessairement de leurs usagers des honoraires qui reflèteront le coût de leurs erreurs. Et les usagers seront naturellement portés à diriger leur choix vers les organisations qui seront capables d’accomplir leur tâche au moindre coût, c’est-à-dire en faisant le moins d’erreurs, en étant les plus justes.

Tant qu’il y a volonté de vivre ensemble, il y a justice, c’est-à-dire négociation de termes mutuellement acceptables et acceptés pour restaurer la paix entre les parties et leurs alliés. Et cette justice ne fonctionne bien que si elle est basée sur la réparation des torts causés par les coupables à leurs victimes. Quand cette volonté fait défaut à l’une ou l’autre partie, alors la paix est rompue.

Si l’une des parties convainc une majorité écrasante de son bon droit, à l’issue d’un procès public, alors le coupable unanimement reconnu se voit forcé d’accepter les sanctions imposées par ses juges, ou d’encourir une guerre perdue d’avance face à des forces écrasantes.

Si aucun consensus n’apparaît, alors le statu quo demeure, chaque partie campant sur ses positions jusqu’à ce qu’un élément nouveau – ou la perte d’intérêt – fasse changer cette situation. Parfois, c’est à ses propres frais qu’une alliance devra protéger l’accusé des représailles de ses victimes proclamées – prison, escorte, etc.

Pour résumer, c’est toujours la propriété qui, en combinant conjointement liberté et responsabilité, est la seule solution possible pour créer une dynamique de progrès, en matière de justice comme ailleurs – là où les infralibéraux cherchent vainement le salut dans une entité extrahumaine supérieure confiscatoire des libertés et échappant à toute responsabilité, l’État.

PS : les initiés noteront que l’approche libérale concilie un droit objectif universel dit naturel et un processus juridique (inter)subjectif décentralisé. Les principes de Constant et l’équilibre des forces de Faguet.

Article paru dans Le Québécois Libre n° 199 du 29 octobre 2006, reproduit avec l’aimable autorisation du Québécois Libre.

Lire aussi :
La Liberté et le droit
Le mythe du Far West sauvage

 

Publié initialement le 26 septembre 2011.

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  • commentaire qui n’a rien à voir: j’adore l’expression « infra-libéraux »

  • La conception libertarienne présentée ci-dessus souffre de quelques carences. Rapidement:

    1. Le problème de la « justice réparatrice » laisse en suspens la question des bénéficiaires de ces réparations et de la répartition de celles-ci. M. Schmid se fait descendre par un malfrat, qui est en mesure de réclamer des indemnités? Sa femme? Ses enfants? Ses parents? Son employeur? Son garagiste? Sympathiques débats en perspective sur le montant et la clef de répartition.

    2. Corollaire: a-t-on le droit de tuer clochards et autres orphelins, sachant qu’ils n’ont pas d’ayant-droits? Allez-y c’est moins cher!

    3. Corollaire 2: Je suis plein aux as, je peux m’offrir la tête de qui je veux?

    La justice libertarienne décrite ci-dessus (ainsi que les rapports historiques sur l’ouest sauvage) font la part belle aux relations humaines et non à l’éthique. Si on est connu et aimé, on sera couvert et défendu; si on est pauvre ou détesté, on pourrait tout aussi bien être mort..

    • 1- L’Etat ne résout pas magiquement cette question. C’est un problème intrinsèque, celui de la succession. Mais c’est aussi un problème secondaire qui n’affecte pas directement la question de ce que doit faire l’homicide pour réparer son crime: payer le prix du sang.

      2a- Effectivement, c’est moins cher de tuer un parasite social qu’un travailleur productif support de famille voire un capitaine d’industrie dont le talent nourrit des centaines de travailleurs. Voire, on peut clamer une prime à tuer un hors-la-loi alors qu’on doit payer le prix du sang à tuer une personne honnête. Faut vraiment être une crapule égalitariste pour proclamer l’égalité morale entre l’une ou l’autre des victimes d’un homicide.

      3a- Quant à commettre un meurtre prémédité et sans remors, cela ne fait pas de vous un simple homicide, mais un meurtrier, et à ce titre, un hors-la-loi, animal sauvage et fair game. Le plus riche vous êtes, le plus de gens seront ravis de vous courir après, de vous abattre, et de décorer leur salon avec votre tête empayée… et le plus vous aurez à perdre à vous conduire d’une telle façon anti-sociale. (D’ailleurs, sans État duquel tirer des prébendes, je ne vois pas comment un être aux pulsions anti-sociales psychopathiques pourrait accumuler une grande richesse.)

      3b- Cela dit, si vous proclamez que tuer des clochards est pour vous un petit plaisir auquel seule l’absence de pouvoir politique et/ou économique vous empêche de vous adonner… je crois que cela en dit plus long sur vous que sur d’aucun anarchiste.

      4- Je ne vois pas en quoi le charisme est davantage un passe-droit face là où règne la concurrence des justices que dans un monopole. Avec le monopole, vous n’avez que les tenants du pouvoir à séduire. Avec la concurrence, vous devrez séduire tout le monde, y compris notamment vos victimes…

      • « 3b- Cela dit, si vous proclamez que tuer des clochards est pour vous un petit plaisir auquel seule l’absence de pouvoir politique et/ou économique vous empêche de vous adonner… je crois que cela en dit plus long sur vous que sur d’aucun anarchiste. »

        J’attendais mieux de votre part.

        • Mais pourtant, les psychopathes criminels sont effectivement une infime minorité, que non seulement le monopole de la force n’empêche pas de s’exprimer, mais qui ont tôt fait de partir à la conquête de ce monopole.

          J’espère ne pas te compter parmi ces psychopathes, et je doute sincèrement de la santé mentale de ceux qui prendrait cet argument sérieusement plutôt que comme d’un superficiel réflexe acquis de baratin étatiste.

          • @Faré votre agressivité gratuite démontre à elle seule la pauvreté de vos arguments . SdM soulevait le problème tres important de la défense des plus démunis, et dans la réalité ce sont eux (vieux, pauvres, enfants etc) qui subissent le plus

      • Simple remarque en guise de précision : un meurtre prémédité est un assassinat, le remords éventuel ne changeant rien à la gravité du crime.

    • Cela me rappelle la loi chez les Vikings. Si un homme était tué par un autre, alors tout autre personne ami de la victime pouvait se présenter à la justice et alors se venger pour avoir réparation. Cela consistait à tuer le meurtrier ou lui extorquer de l’argent. Inutile de dire que ne pas avoir d’amis était une situation dangereuse…
      Plus proche de nous, certains pays donnent le droit à la famille de pardonner le meurtrier. C’est souvent contre un dessous de table, et cela concerne bien souvent les victimes pauvres et meurtriers riches…

      • @titi tres juste le tout assorti de contrats donc les clauses sont secrètes, pratique quand on est riche , pas vrai dsk ? pas vrai Polanski ?

  • A partir de quand puis-je tirer sur un criminel ? A partir de sa seconde cigarette fumée dans un lieux public ?

    Un homme, quelques soient ses actes, ne perd jamais le droit de se défendre ou d’être défendu. Or, ce n’ai jamais le rôle de la police de faire justice. A partir de quand devient-on du gibier ?

    Qui est, en tout temps, parfaitement honnête et respectueux des autres ? Où est la frontière. Sans justice pour le décréter c’est la porte ouverte à l’arbitraire.

    Et cela, même si la justice, œuvre humaine, est imparfaite par nature.

    • L’idée qu’un individu coupable d’un crime puisse être contraint de bonne grâce (l’oxymore est délibéré) à travailler pour réparer les dommages subits est juste le signe de la plus grande naïveté sur la nature humaine. Autant que de penser que tant que les coupables que les victimes pourraient souscrire à des « assurances-meurtre et dommages divers. » Je n’ose imaginer le niveau de sécurité d’une société où une telle assurance deviendrait judicieuse pour le péquin moyen – ce qui rendrait par ailleurs ses cotisations hors de prix et ses remboursements minables eu égard à la valeur estimée d’une vie humaine.

      La concurrence entre le shériff A et le shériff B pour celui qui offre le meilleur rapport qualité-prix de justice est tout aussi grotesque. La concurrence en question se finira en duel au soleil dans la rue centrale, le dernier debout raflant la mise. La violence légale doit nécéssairement avoir monopole dans un espace donné – c’est la définition de base d’un Etat minimal. Pas forcément juste, pas forcément sympa, mais minimal. Appelez-le chef tribal si ça vous chante. Dans des sociétés plus évoluées et plus complexes, cette violence légale peut être déléguée à des sociétés privées (mandat de service) ou ponctuellement (légitime défense) mais ne peut pas être officiellement divisée en plusieurs entités concurrentes. Disons, elle peut, mais ce genre de division conduit invariablement à la guerre civile*, c’est ce que les anarcaps ont du mal à comprendre.

      (*lorsqu’un plaignant M. X, à qui le Système A a donné gain de cause, vient chercher sa compensation chez M. Y, qui suit le Système B selon lequel il est innocent.)

      La catallaxie se conjugue on ne peut plus mal avec les aspects les plus sombre de la nature humaine – la violence, la contrainte, l’absence de scrupules, l’irresponsabilité, et même le compromis et l’imperfection qui sont des marques de fabrique très humaines du système judiciaire. C’est peut-être la raison pour laquelle si des proto-anarcapies ont peut-être pu exister historiquement, elle n’ont jamais survécu en milieu ouvert.

      Personnellement, j’adorerais tomber sur une théorie libérale de la violence légale qui tienne la route – j’adorerais vraiment – mais pour l’instant ce n’est franchement pas cuit. Et ce genre de construction tient si peu la route que je crois que ça dessert vraiment la crédibilité de la cause libérale, malgré tout le respect intellectuel que je peux éprouver pour les auteurs.

      • Tu sors des « invariablement » de ta poche là où justement l’affaire est loin d’être entendue à ta faveur.

        Et tu sembles confondre victoire unilatérale des tenants d’un monopole avec absence de guerre, de conflit. Alors que c’est l’inverse! Oui, la concurrence des justices met cartes sur table les conflits existants et même là où elle n’obtient qu’un équilibre des forces, du moins prévient la continuation des agressions et/ou en internalise les coûts — et c’est précisément ainsi qu’elle empêche ces conflits de gonfler et de s’étendre indéfiniment. Le monopole, lui, n’est qu’un conflit, ouvert et surtout fermé, où l’on dénit continuellement la justice à des millions de victimes, où l’on monte continuellement les citoyens les uns contre les autres dans de nouvelles agressions, où les coupables jouissent du fruit de leurs prébendes cependant que tous les coûts retombent sur des tiers innocents.

        Loin que le monopole soit la solution aux failles de la nature humaine, il n’en est que l’exacerbation!

    • Drôle de contresens: tu confonds concurrence des justices avec absence de justice. Pourtant, c’est bien le monopole qui réduit l’offre de justice.

      Quant à la nécessité d’agir imparfaitement, je vois mal par quel argument magique tu prétendrais que le monopole résolve ce problème.

      • La concurrence de justice est par essence une justice relative au système choisi, c’est-à-dire une justice relative, ce qui est une contradiction irréconciliable.

        On retrouve ce mélange instable par exemple au travers du communautarisme, où chaque tribu a sa loi. Ca ne marche pas super bien lorsque ces « justices » différentes se mélangent, et on n’est loin de voir une « meilleure justice » s’imposer sportivement grâce à ses mérites face aux autres…

        J’aimerai un exemple de « concurrence de justice » qui vive en bonne intelligence, sans risquer de virer à la guerre civile. La justice de l’Etat mexicain contre la loi des gangs? La justice de l’Etat français contre la charia qui s’installe petit à petit dans les banlieues? Partout, ça ne vire pas (encore) aux Hutus contre Tutsis mais de là à dire que tout va bien ou même que tout est en train de s’arranger…

        La charia (ou des proto-justices criminelles) ne fleurissent que dans des zones que les autorités française qualifient elles-mêmes de zones de non-droit, et où les policiers ne s’aventurent plus sous risque de bavure. On ne pourrait trouver meilleure illustration de l’incapacité de coexistence de systèmes judiciaires parallèles.

        Je sais, l’auteur habile défaussera ces exemples comme « non libéraux » – que ce soit les justices en question ou la société qui les abrite – ce qui s’avère bien pratique parce qu’il n’y a pas un seul endroit sur terre où il existe une justice « libérale » dans une société du même. Autant dire qu’on n’est pas prêt d’en voir deux en concurrence. Mais c’est une piètre excuse: une justice libérale (à supposer que cette chimère existe) devrait être capable de survivre voire de s’imposer naturellement, puisque supérieure, dans un mélange hétérogène. Ok, attendons…

        Le monopole ne réduit pas l’offre de justice, *il la rend possible*. La justice s’impose par essence aux parties, c’est une forme de violence compromise. La violence contre le plaignant, qui se verra forcément bridé dans ses revendications; la violence contre le coupable, qui se verra pénalisé par diverses restrictions de sa liberté. Je ne dis pas, oh que non, qu’une justice monopolistique est idéale, loin de là. Je dis juste que pour qu’elle puisse exister, se développer, se réformer, il faut une forme de stabilité.

        Ultimement, plusieurs justices peuvent s’affronter, tant qu’elles le font sur des territoires différents; et chacun pourra éventuellement trouver le système qui lui convient le mieux au travers de l’immigration.

        La théorie anarcap de la justice livrée plus haut, entre autre défauts, permet également au plaignant de faire justice lui-même. Il n’a qu’à décider à l’occasion de fonder une start-up judiciaire et de dégommer lui-même les gens qui manquent de respect à son intitulé de mission. Justice personnelle (ou de groupe) qui viendra forcément « empiéter » sur les plante-bandes d’un système judiciaire concurrent à un moment à un autre… Et hop, fusillade et retour au point de départ.

        • « La théorie anarcap de la justice livrée plus haut, entre autre défauts »

          Théorie très bizarre effectivement mais votre commentaire est très pertinent.

        • Tu as tout à fait raison de t’interroger sur les processus de résolution des conflits entre normes juridiques en situation de concurrence, mais tu fais totalement du deux poids deux mesure en dédouanant le principe de monopole territorial de cette analyse.

          Le monopole territorial, c’est non seulement tes gangs de criminels méxicains sans foi ni loi qui existent « en dépit de » (i.e. directement À CAUSE DE) l’État monopoleur de la force, mais c’est le plus grand de tous ces gangs à la tête du Méxique. C’est aussi des guerres répétées entre le Méxique et l’Espagne, la France ou les USA, voire entre factions méxicaines, pour savoir qui se partagera le pactole. Quels que soient les morts que tu inscris dans la case « anarchie », n’oublie pas les millions de victimes de la case « État ». En France, comptes-en pour deux guerres mondiales de morts, plus un grand nombre de guerres coloniales.

          En l’absence de monopole, ou plutôt en présence d’un assentiment quasi-universel à l’exécution de quiconque prétendrait au monopole de droit, la résolution de conflits est simple. Reprenons ton exemple le plus tranché, celui du conflit ouvert, avec des bandes criminelles armées s’en prenant à des citoyens honnêtes. Prétends-tu que libre de se défendre, plutôt que devant s’adresser à un monopole comme actuellement, les citoyens honnêtes ne pourraient pas s’organiser? Or, les citoyens honnêtes sont nécessairement une vaste majorité (la preuve étant qu’il y a une civilisation même), et possèdent une capacité de créer que ne possèdent pas ceux qui n’ont pour seul moyen que détruire; le fait même que les gangsters comptent pour vivre sur les ressources dont ils s’emparent sur le dos des citoyens honnêtes prouve que ces citoyens sont capables de produire toutes les ressources dont pourront jamais disposer les gangsters, et davantage. Le déséquilibre économique en faveur des citoyens honnêtes est d’autant plus prononcé que la situation est clairement définie, et en l’absence de monopole, ils ne gagneront que plus vite. Seul le monopole de la police, en désarmant systématiquement les citoyens honnêtes, leur interdisant de s’organiser, et donnant le pouvoir à des bureaucrates faibles et corrompus ou forts et tyranniques, crée les conditions de survie durable d’une classe criminelle.

          Le cas est plus intéressant quand le conflit n’est pas tranché entre prédateurs et proies, mais entre différences sincères d’opinion parmi des personnes toutes honnêtes. Et là encore, le monopole loin d’aider est la source du mal. Dans un régime de liberté, tant que personne ne se plaint, personne ne se plaint. Donc si d’aucuns musulmans acceptent mutuellement d’appliquer la charia entre eux, qui es-tu pour t’y opposer? Par contre, si effectivement, d’aucuns (et surtout d’aucunes) veulent y échapper — tu es libre de leur offrir asile, de les défendre, etc., contre les menaces de mort pour apostasie ou déshonneur. On verra bien qui croîtra ou décroîtra, de la bande d’assassins barbares ou de ceux qui accueillent à bras ouverts ET DÉFENDENT leurs victimes désignées. Là encore, plus sont barbares les barbares, le plus vite la cause est entendue; sans ressources, les barbares sont vite réduits, et les civilisés s’étendent. Dans les cas moins clairs, il faut à la fois plus de temps et moins de violence pour voir de quel côté la justice balance: d’année en année, ceux qui suivent des règles sages prospèrent et ceux qui suivent des règles stupides régressent et perdent parmi leurs rangs ceux qui se rallient à la prospérité. La concurrence entre systèmes de justice, en internalisant les coûts de choix des acteurs, permet à la fois de punir ceux qui font des mauvais choix et de récompenser ceux qui font les bons, mais aussi de comparer les résultats de ces choix pour informer les nouveaux venus, sans que ces résultats soient obscurcis par la vente liée d’une multitude d’options imposée à grande échelle. Double principe progressif de la liberté-responsabilité (autrement dit, propriété).

          Le monopole détruit cette visibilité, et fait de tous ces conflits des « problèmes de société » impossible de résoudre pacifiquement par la raison, mais seulement par conflit entre opinions que ne peuvent jamais corroborer les faits, seulement l’imagination. Pire, la conquête de ce monopole devient l’objet de tous les efforts des systèmes rivaux; celui qui a le dessus opprime ceux qui ont le dessous, et quand le système change soudainement, un grand bain de sang accompagne cette révolution juridique. Même quand il n’y a pas révolution, le monopole, en régime permanent, ne se défend que lui-même et n’a que faire de défendre les victimes de ces contre-systèmes conflictuels qui préexistent indépendamment de sa volonté. Il ne se soucie que de se maintenir en place, et d’empêcher aucun autre système de le remplacer, sauf à embrasser ce système (si par exemple, une démocratie « libérale » se trouve pacifiquement une majorité communiste ou islamiste). Favoriser un certain niveau de crime contre les gens honnêtes est d’ailleurs une stratégie stable pour tous les monopoles de la force: les honnêtes gens se jettent dans les bras des monopoleurs pour être (parfois) défendus. Les régimes soviétiques avaient leurs « socialement proches », nous avons notre anarcho-tyrannie et nos dhimmis d’État.

          Sinon, voir mon essai (certes incomplet) sur la libre défense: « Du droit de porter les armes à la liberté individuelle d’organiser sa propre défense » http://fare.tunes.org/liberalisme/libre_defense.html

          • « tes gangs de criminels méxicains sans foi ni loi qui existent « en dépit de » (i.e. directement À CAUSE DE) l’État »

            Les bandes existent dans tout les systèmes état ou pas et la justice individuelle n’a strictement jamais rien donné de bon. La théorisation et l’utopie à outrance font perdre de vue que tous n’est pas horrible dans les démocratie occidentale. La France est devenue un horrible machin collectiviste oligarchique qui va se casser la figure mais la Suisse juste à coté est dans les dix première place de presque tout les classements de tout les pays du monde sans appliquer une once de vos théories. Les extrêmes ont toujours tort et les utopies finissent mal en général.

          • Je n’ai jamais vu une telle apologie du communautarisme, voire du tribalisme. Il me semble que ça crève les yeux que ça ne marche pas dans le monde réel.

            « D’année en année, ceux qui suivent des règles sages prospèrent et ceux qui suivent des règles stupides régressent et perdent parmi leurs rangs ceux qui se rallient à la prospérité. »

            Dans quel monde vivez-vous? La prédation est une méthode de prédation très efficace, d’autant plus qu’elle est rendue légale – que ce soit la dictature de la majorité sur la minorité ou le devoir religieux de dominer les infidèles.

            Si les règles stupides menant à la destruction stérile et au sous-développement suffisaient à déterminer l’épuisement d’un système légal je ne crois pas que la charia serait aussi florissante dans les banlieues françaises.

          • Duh, je voulais écrire « La prédation est une solution économique à court terme très efficace »

          • Désolé de faire un petit déterrage mais le sujet et passionnant et l’erreur énorme:
            « sans ressources, les barbares sont vite réduits, et les civilisés s’étendent. »
            1) Je n’ai pas bien compris pourquoi les barbares et autres infra-libéraux devraient être pauvres ou sans ressources. L’économie allemande se portait plutôt bien en 1939.
            2) Encore moins pardonnable est l’erreur d’assimiler puissance économique et militaire. Apporte 500€ en liquide, j’apporte 10€ en batte de baseball et on cause de rapports de force économique quand tu veux 🙂 . Autre exemple: elle te semble si évidente que ça l’issue d’une guerre entre les deux Corées? Tu prends les libéraux, je prends les barbares…

            Pardon pour la caricature mais cette erreur est fatigante.

        • Ces cours de justices étaient les bras d’un régime légal unique. Autant prétendre que porter porter une affaire au civil et/ou au pénal est une « concurrence de justice. »

          Du reste, ces tribunaux avaient chacun la chasse gardée de leur domaine de compétence, ou une hiérarchie entre eux (garantie par la couronne).

  • « Cependant que le coût d’une réparation (dommages, intérêts, etc.) est amplement suffisant pour punir et décourager les personnes susceptible de l’être. »

    C’est une question empirique et cela n’a rien d’evident si la probabilite d’etre attrape est faible.

    • « Susceptibles de l’être ». Effectivement, tous les criminels ne sont pas susceptibles d’être découragés par un système de justice quel qu’il soit.

      Empiriquement, il y a des criminels dans notre système de « justice » pénale. Empiriquement, il y en avait (même si relativement peu) dans des systèmes de justice concurrentielle (cf. l’Islande médiévale). Empiriquement, des fanatiques religieux à la Ben Laden ou secte Aoum tueront quel que soit le régime politique ambient. Mais au moins, dans un système de libre concurrence de la justice, ils n’auront pas le pouvoir politique d’imposer leurs idées meurtrières à tous.

      • Il y a des criminels qui ne sont pas fanatiques mais simplement calculateurs. S’ils ont 30% de chance de se faire pincer, que le butin potentiel est de $1M et que les reparations s’eleveraient a $1.5M, le vol reste tres profitable. Ces criminels pourraient etre dissuades avec une sentence plus lourde.

        • S’ils sont criminels plutôt que simplement causeurs involontaires de torts, alors ils sont la cible légitime de la guerre, et donc la « sentence » s’ils persistent est la mort. On ne peut pas faire plus lourd. Ensuite, pour faire la différence entre ceux qui persistent en faisant semblant de rentrer dans le rang, et ceux qui rentrent effectivement dans le rang… les coûts pour faire la différence (ou ne pas la faire) retombent sur les parties concernées.

  • Ce n’est pas du « droit pénal qui cache son nom », mais un remplacement du droit pénal de monopole par le droit international classique de la guerre, décentralisé jusqu’à être individualisé.

    Il n’y a pas besoin d’arbitrer sur la culpabilité ou l’innocence de quiconque. Trouver LA réponse quant à l’innocence ou la culpabilité de quelqu’un est une nécessité artificielle crée par le monopole lui-même pour déterminer quelle conduite tenir.

    Dans un régime de concurrence juridique, chacun peut décider pour lui-même. S’il n’y a pas de consensus, l’accusé pourra toujours se réfugier chez qui le croit innocent. Le territoire permis à un récidiviste qui refuse toute réparation se verra réduire comme peau de chagrin jusqu’à ce qu’il soit en prison virtuelle volontaire sur ce qui en reste, ou tombe dans les mains des ennemis qu’il s’est créé. Un accusé à tort qui ne commet jamais d’autre crime pourra aller librement sur de vastes territoires, défendus par tous ceux qui croient en son innocence.

    Il y aura donc des divisions territoriales de facto; mais pas de jure; et sur chaque parcelle de territoire, les décisions imposées par l’équilibre local des forces a posteriori n’aura aucune raison de suivre la « cohérence » d’un monopole territorial a priori. Il pourra y avoir des territoires avec juifs et sans gays, des territoires avec gays et sans juifs, avec les deux ou sans aucun des deux, etc., idem pour tous critères personnels ou universels que quiconque voudra défendre (communisme ou capitalisme, etc.), sans que sur aucun territoire il n’y ait de monopole, mais plutôt sur chaque territoire un équilibre des forces différent entre acteurs globaux aussi bien que locaux.

    • « Trouver LA réponse quant à l’innocence ou la culpabilité de quelqu’un est une nécessité artificielle crée par le monopole lui-même pour déterminer quelle conduite tenir. »

      On vous tabasse presque à mort et trouver une réponse à l’encontre de votre bourreau est une « nécessité artificielle crée par le monopole lui-même » ?!?

      « Un accusé à tort qui ne commet jamais d’autre crime pourra aller librement sur de vastes territoires, défendus par tous ceux qui croient en son innocence. »

      Votre tourmenteur n’aura qu’a aller sur une juridiction vierge et fera des raids sur le votre certain d’avoir l’impunité chez lui. Pourquoi pas l’émergence de territoires ou le pardon judiciaire s’achète ? Une marchandise comme une autre, très utilisée au moyen-âge d’ailleurs.

      « sans que sur aucun territoire il n’y ait de monopole, mais plutôt sur chaque territoire un équilibre des forces différent entre acteurs globaux aussi bien que locaux. »

      Pourquoi tout les problèmes inhérent à toute société s’évanouiraient miraculeusement dans votre système ?

      « Il pourra y avoir des territoires avec juifs et sans gays, des territoires avec gays et sans juifs »

      Les juifs capitaliste qui auront un enfant gay communiste qui ce fait tabasser par un homophobe déclaré totalement innocent dans sa propre région vont adorer votre monde.

      • 1- Pas la peine de mettre tout le monde d’accord pour poursuivre un criminel. Il suffit que la victime, ses amis, sa compagnie d’assurance, etc., soient d’accord. Ensuite, le criminel trouvera-t-il assez de gens convaincus de son innocence pour le défendre — on verra.

        2- Il y a une différence entre donner asile à un homme accusé d’un crime passé, et lui offrir une base pour des crimes actuels et futurs. Dans le premier cas, il n’y a pas agression (et donc pas casus belli), mais dans le second cas, si. Les polices des victimes auront tout mandat pour envahir le territoire voisin (mais pas pour faire des « pertes collatérales ») et obtenir justice. Notons que la même chose s’applique en droit international. Le libéralisme en fin de compte ne consiste qu’à prendre chaque individu pour souverain et appliquer le droit international.

        3- Les problèmes inhérents au monopole s’évanouissent par définition avec le monopole: concentration d’externalités, irresponsabilité des représentants de « l’ordre », avec son lot d’abus de pouvoir, surproduction de sécurité en faveur de privilégiés, et sousproduction au détriment des autres, impossibilité de comparer et donc d’améliorer incrémentalement, destruction des ressources dans la recherche de rente, etc.

        4- Il existe déjà une variété de juridictions en présence de monopoles territoriaux. Je déconseille aux enfants communistes gays d’un capitaliste juif d’aller passer des vacances en Iran.

        • Vos règles promettent des heures de jeux à régler tout les emm… induits qui sont déjà résolu dans nos systèmes. Mais réinventer la roue en pire pourquoi pas !?

          « Il existe déjà une variété de juridictions en présence de monopoles territoriaux. Je déconseille aux enfants communistes gays d’un capitaliste juif d’aller passer des vacances en Iran. »

          Un juif gay capitaliste peut quand même habiter la presque totalité du monde, vous voulez le morceler encore plus en entités bizarre entre fascisme communautaire, justice clientéliste et usine à gaz féodale.

          « Ensuite, le criminel trouvera-t-il assez de gens convaincus de son innocence pour le défendre — on verra. »

          Quand vous aurez finalisé –en pratique– tout les détails revenez nous voir, parce que faire décoller l’avion pour décider en vol si il faut des ailes ou pas c’est léger.

    • Je ne suis pas convaincu que le droit et les gens gagnent quelque chose au remplacement du droit pénal par le droit de la guerre, lequel reste fondamentalement le « droit » du plus fort. Traiter les sujets comme des ennemis sans droits est justement le principal reproche qu’on peut faire à l’état.

      En fait, l’essentiel de la civilisation consiste probablement à remplacer le droit de la guerre, la « loi » du plus fort, par le droit pénal.

      • Ça c’est la meilleure! Poser le « droit du plus fort » comme épouvantail contre la concurrence juridique, et proposer comme solution… le monopole d’état, i.e. le droit absolu, arbitraire et totalitaire de l’infiniment plus fort contre des « citoyens » désarmés, interdits d’organisation, et sans défense aucune.

        La certitude du pire possible imaginable proposé comme remède au risque du mal (et surtout du bien).

        • Par définition, il n’y a jamais de droit que du plus fort.

          La seule question est de savoir comment ce plus fort est déterminé:

          A- reconnaître comme vainqueur a priori indépendamment de ses choix futurs un monopole qui décidera qui lui paiera combien pour ses « services » même s’ils n’en veulent pas, ou

          B- laisser chacun libre et responsable de choisir quelles causes supporter à quel prix et observer a posteriori l’équilibre des forces ainsi établies sur chacune des questions contestées.

          Il suffit d’en éclairer la nature pour révéler l’imbécillité de la première clause.

        • C’est ton alternative qui est « imbécile ». je ne suis pas d’accord avec ton idée que « il n’y a jamais de droit que du plus fort », j’en tiens plutôt pous la citation en exergue « De l’exercice d’un droit, le pouvoir peut me priver. De ce droit lui même, jamais. » ; mais partons de là quand même pour raisonner.

          Alors la notion de monopole légal n’a pas de sens non plus : le monopole n’est légal que dans la mesure où il est et reste le plus fort, et c’est aussi la condition pour qu’il reste un « monopole ». Alors soit on observe un monopole, et ça ne sert à rien de pester et d’imaginer que ça pourrait ne pas être un monopole et y’a plus de problème, la solution s’impose qu’elle nous plaise ou pas : dans ce cas A = B (parce que quand tu as fait l’examen tu n’a plus constaté que tuas plus à perdre qu’à gagner à te rebeller conrte le monopole) … soit on n’en observe pas et y’a pas de problème non plus.

          Je peux le redire autrement : Même si toi tu te rebelle et que tu examines « quelles causes supporter à quel prix et observer a posteriori l’équilibre des forces ainsi établies sur chacune des questions contestées. », tu ne pourra que constater que pour une question x la balance penche du côté de l’autorité préalable qui détient actuellement le monopole, et A = B pour tout x. Donc A = B et tu n’as plus fermer ta gueule. Dommage, mais c’est ta propre définition « droit = force » qui donne ce résultat.

          La seule solution, c’est d’essayer de mettre en place le moins mauvais A possible (sachant qu’en la matière il n’y a pas de « bonne » solution, seulement des plus ou moins mauvaises). Une association contractuelle la plus large possible, ou une alliance si tu préfère la métaphore militaire, de gens qui se sont mis d’accord sur des grands principes de droit, des exemples canoniques de sanctions et réparations, et qui s’engagent à les défendre et les faire appliquer, et qui en ont les moyens (donc qui sont armés matériellement et moralement, ce qui implique notamment le respect de sa propre parole) est ce qu’on peut faire de mieux. En tout cas ça me semble mieux qu’un système où chacun ne s’engage à rien et choisit au jour le jour et en fonction de ses humeurs et priorités du moment « quelles causes supporter à quel prix « .

  • @Stéphane:
    ce n’est pas du communautarisme, au contraire puisqu’est reconnu pour chaque individu le droit de choisir le droit qu’il suit et défend, plutôt que de se le voir imposer selon sa race, sa religion, le territoire sur lequel il est né, l’État qui prétend avoir monopole de la juridiction sur lui. C’est l’étatisme qui est une forme très claire de communautarisme, géographique, dont la forme « démocratique » est d’ailleurs incapable de se préserver sans tyrannie à la pression de l’immigration.

    Rendre la prédation légale, c’est par définition nier le droit individuel des victimes de choisir leur droit, et c’est bien l’essence de l’étatisme. Je vois qu’au fond nous sommes d’accord.

    Enfin, note que mon argument progressif repose crucialement sur la liberté-responsabilité (i.e. propriété) des choix juridiques individuels. En l’absence de reconnaissance de cette propriété, il n’y a pas de rétroaction positive en faveur des bonnes normes de droit et en défaveur des mauvaises, puisque certains prédateurs peuvent s’organiser et pas leurs victimes (les prédateurs légaux, et les prédateurs illégaux qu’ils permettent d’exister plutôt que d’autres par leur emploi sélectif de la force — cf. anarcho-tyrannie). Au lieu qu’il y ait autant de boucles de rétroaction courte qu’il y a d’individus choisissant, il n’y a qu’une boucle de rétroaction super longue par État monopoleur, totalement ineffective puisque pour reprendre Keynes « sur le long terme nous sommes tous morts ».

    • Je me demande si toi-même tu as une idée claire de ce que tu raconte ? Pour moi c’est un alignement de phrases creuses qui n’ont aucun échos dans le monde réel. Tout et sont contraire, rien n’est dans tout et inversement.

      Je rappelle que toute théorie élaborée sous l’emprise de substance illicite est à jeter. L’impression d’être génial après absorption de la fumée qui fait rire n’est que ça : une impression !

  • Pour ma part, j’aime bien le concept développé par Heinlein dans sa nouvelle « la réserve ».

    « la réserve » nouvelle issu du tome III d' »Histoire du futur  » de Robert Heinlein

     » -« le pacte n’est pas une superstition, mais un simple contrat temporel conclus par ces révolutionnaires dont vous parliez, pour des raisons purement pragmatiques, ils désiraient garantir un maximum de libertés à chacun. DE cette liberté vous avez vous-même bénéficié. Aucun acte imaginable, aucun mode de conduite ne vous était interdit tant qu’il ne portait pas atteinte, ou ne risquait visiblement de le faire, à un autre individu. Même une action interdite par la loi ne pouvait être retenue contre vous s’il en allait autrement.

    Et même dans le cas où un individu cause volontairement un dommage à autrui… comme vous l’avez fait… l’Etat ne vous juge pas sur le plan moral et ne tente pas de vous punir. Nous n’en avons pas la sagesse et la chaine d’injustices qui suit toujours une telle coercition morale met en danger la liberté de tous. Au lieu de cela le condamné est libre de choisir entre un rajustement psychologique destiné à corriger ses tendances à nuire à autrui et la Réserve.

    […] vos tests psychométriques ont révélé que vous vous croyez capable de porter des jugements moraux sur vos concitoyens, ue vous estimez avoir le droit de corriger et de punir leurs écarts. Vous êtes David MacKinnon un individu dangereux pour nous tous, car nous ne pouvons prédire le mal que vous pourriez commettre par la suite. Du point de vue de la société, vous êtes un déséquilibré, aussi fou que le lièvre de Mars. [bouquin de science fiction se projetant dans le futur, les planètes sont explorées]

    Vous refusez de vous faire soigner. par conséquent, nous vous rejetons, nous ne vous connaissons plus. D’où votre exil à la Réserve. »

    « Les révolutionnaires désiraient établir un maximum de liberté personnelle. Comment garantir cela avec un haut degré de probabilité ?

    Ils commencèrent par rejeter le concept de « justice ». Sous l’angle de la sémantique, la « justice » ne signifie rien – il n’existe dans le continuum espace-temps-matière aucun phénomène qu’on puisse désigner de ce nom. La science ne s’intéresse qu’à l’observable, au mesurable. La justice n’entre pas dans cette catégorie, il n’y a pas deux personnes qui lui accordent la même signification, donc. Tous les « bruits » à propos ne peuvent qu’accroître la confusion.

    Mais le tort, physique ou économique, peut s’observer, se mesurer. Le pacte interdisait aux hommes de causer du tort à autrui. Par contre, tout acte ne causant aucun tort physique ou économique à une autre personne était déclaré légal.
    Sans « justice », pas de châtiment. Les procédures pénales prirent place aux côtés de la lycanthropie et de la magie noire. Pourtant, comme on ne pouvait permettre à une source de danger de demeurer dans la communauté, on examinait les délinquants et tout récidiviste en puissance devait choisir entre la réorientation psychologique et le retrait de la société – la Réserve.

    Les premières versions du pacte postulaient que tout individu asocial serait automatiquement hospitalisé et réorienté. Mais à moins de vouloir réinstaurer une tyrannie pire que jamais, on ne doit plus permettre au gouvernement d’intervenir dans le psychisme d’un citoyen sans son consentement.
    Tout homme doit être libre d’accepter ou de rejeter le Pacte, même si nous le croyons fou.

  • C’ est la première fois que je lis une réflexion sur le sujet qui va aussi loin, c’ est dérangeant et séduisant en même temps.
    Mais on parle d’ aval. Si en amont ( l’ école, la maison) on apprend dès son plus jeune âge à respecter la vie d’ autrui et ce qu’ il possède, si l’ on apprend à aimer sa propre vie et tout ce qu’ elle promet, il n’ y a aucune raison d’ aller chaparder chez le voisin ou de le flinguer pour un clope.

    • @Stéphane et comme vous ne maîtrisez pas l l’éducation des enfants car la première liberté est celle d eduquer ses propres enfants…. eh bien … eh bien votre post ne résoud rien. Sauf à tomber dans les régimes anti libéraux qui retiraient les enfants de leur famille.

  • Votre société a déjà existé! c’était dans le Sud des Etats Unis jusque vers 1863 : les hommes libres étaient des mâles blancs .Ah la belle époque où l’on pouvait acheter de la main d’oeuvre en pleine propriété et où les fugitifs étaient aussitôt pendus par une action solidaire et spontanée des voisins . Vous devriez aller au cinéma pour voir l’excellent film « 12 years slave » vous pourriez y voir votre belle société en fonctionnement.
    Il y a en effet un hic grave dans vos petits raisonnements de mâle dominant : » les droits de l’homme » que nous avons du élargir aux femmes et même aux enfants improductifs (une aberration pour vous j’en conviens) Et que disent ces droits de l’homme ? ils disent que toute vie se vaut ! catastrophe pour vous qui voudriez mettre un prix sur nos vies . Je sais bien que vous vous attribuez de facto un prix supérieur aux autres parce que c’est vous qui pensez pouvoir nous imposer vos règles! Pauvre petit mâle qui se croit dominant ! Non mon gars la vie ne se réduit pas à l’économie , et le moindre clochard a pour moi plus de valeur que toi ! Les assistés sociaux ne sont pas ceux que tu crois : pour un homme d’affaire avec un bon capital on peut chiffrer sa dépendance personnelle : il dépend d’une multitude de travail gratuit ou très peu payé : sa femme, sa ou ses bonnes, ses employés qui travaillent pour lui. Si l’on regarde alors le vrai travail social que produit cet homme on s’aperçoit qu’il est inférieur à celui de sa femme (gratuit) et de ses bonnes très peu payées . L’homme d’affaire dominant que vous révérez est en fait l’animal le plus assisté sur terre qui serait bien en peine de vivre sans toute son assistance innombrable. Pauvre petite pensée de mâle qui se croit dominant ….. Un jour viendra où l’on mesurera le vrai travail social ,ce qu’apporte vraiment une personne à la société et l’échelle de valeur du petit mâle dominant sera revue . …..Cela s’appelle la philosophie du care , une horreur pour vous ,pensez une philosophie qui vient des femmes ……. Mon pauvre ,pense donc à tout ce qui dans ta vie n’est pas vénal , mais si cherche ,tu trouveras bien quelque chose , rappelles toi un jour tu as eu un ami que tu ne payais pas, mais si, mais si , sinon, une vie purement vénale cela porte un nom c’est une vie d’esclave ou de sous homme dirait Nietzsche…… va voir « 12 years slave » pour 12 voir le cauchemar de tes idées en pratique ….

  • Vous faites quoi de la présomption d’innocence ? Pour exécuter un criminel il faut qui il ait été condamné par un tribunal ou sinon vous risquez de voir des innocents tués. Ce que vous pronez n’est pas la justice qui se doit de garantir un procès équitable. Cela implique donner des droits a la défense. La justice ne peut pas être uniquement réparatrice c’est complètement utopique, elle doit aussi assurer l’ordre publique. Cet article ne parle pas de justice liberal mais de justice libertarienne ce n’est pas la même chose. En tant Que libéral je n’aime pas être confondu avec les libertariens qui sont des utopistes ce qui illustre à merveille cet article plein de naïveté

    • Je me base sur cet extrait de l’article :

      « À partir du moment où une personne est reconnue comme un criminel forcené, comme un ennemi de la société, ladite personne perd ses droits, et n’est qu’un animal sauvage à traiter comme tel. »

      Mon opinion : si l’auteur des faits est reconnu coupable sans équivoque à l’issue d’un procès équitable, sur des faits indiscutables et sans aucune marge d’interpretation possible (et pas comme dans 12 hommes en colere), dans ce cas peu m’importe ce qui lui arrive et par qui. On peut le laisser entre les mains de victimes, je m’en fous. Un crime commis en plein jour devant témoins doit être puni de manière exemplaire. La peur de la sentence individuelle serait à mon avis dissuasive

      En revanche tant que subsiste le moindre doute mieux vaut s’abstenir de franchir cette ligne. La justice est faillible, et un innocent condamné à une lourde peine est déjà largement perdant

  • Article intéressant pour aiguillonner la réflexion, mais plutôt hors sol. Quelques exemples concrets seraient bien venus, parce que là, j’ai un peu de mal à saisir ce que ça donnerait dans la réalité. C’est tout de même une forme de justice – laquelle ? – qui serait en charge d’établir la culpabilité ? Pas très bien compris non plus le parallèle avec « l’animal sauvage » : sauvage dans le sens où il n’appartient à personne, ou dans le sens de féroce / dangereux ? Ni comment le seul fait de capturer un criminel nous en rend « propriétaire », quelle est exactement l’étendue de ce droit de propriété (apparemment jusqu’à la mise à mort) et par qui est-il attribué ? (si on a le droit d’arrêter un criminel en fuite mais que si on le blesse ou on le tue, on devient redevable des réparations attendues par les victimes, il ne va pas y avoir grand monde pour s’y risquer). Pas compris non plus exactement qui est le « justicier dans un régime libéral » (opposé dans l’article au juge fonctionnaire de justice pénale). L’auteur parle juste après de « fournisseurs de sécurité » ? Bref, pas très clair tout ça…

    • @libertango dans la réalité c est le far ouest , c est Haiti , les Talibans , la Sicile, individus prisonniers de leur tribu , bref tout sauf libéral….

  • « La seule véritable justice pour un libéral est la justice réparatrice, par laquelle le causeur de tort fait amende honorable en réparant les torts causés. »
    Comment un assassin peut-il ressusciter la malheureux innocent qu’il a trucidé ? La véritable justice est celle qui empêche un assassin de récidiver.

    • Raison pour laquelle s’en tenir à la seule réparation du préjudice, par ailleurs nécessaire, est irréaliste.
      La justice, c’est aussi préparer l’avenir :
      – écarter un temps le criminel de la collectivité
      – l’amener à réfléchir sur son acte
      – si possible le réhabiliter
      – décourager autrui de faire pareil.
      La justice proposée ici ne fait que se pencher sur le passé. Elle méconnaît le présent et ignore l’avenir. Elle est bien incomplète…

      • La justice c est surtout faire ressortir la vérité des faits et ce de manière la plus impartiale possible. C est ce volet pour moi le plus important que l auteur éclipse totalement.

  • Séduisant sur le papier. Mais…
    Pour ma part ce qui me chagrine, c’est :
    1. la détermination du coût de la réparation
    2. la réhabilitation de fait de la peine de mort
    3. l’irruption dans le procès d’un genre de dictature de la majorité, pourtant ennemie des libéraux.

    1. Le coût de la réparation sera infiniment plus lourd pour un incendiaire qui aurait détruit une forêt et des habitations que pour un violeur… Pour un fabricant d’amiante que pour un dealer de crack… Pour un conducteur bourré provoquant un accident mortel que pour un assassin au crime inachevé… Pour une raison simple, c’est que la perte d’une vie humaine représente le coût le plus élevé… Si tant est qu’on puisse jamais définir le coût précis d’un préjudice (quid des externalités, de l’intentionnalité, etc)… Et de fait, quoiqu’on fasse, on aboutira, par l’élaboration d’un nécessaire barème, à la création d’une échelle de valeur sur les différents crimes et délits qui aura quand même une drôle d’allure. De plus, on aboutit à une situation paradoxale où alors que le respect de la vie humaine et l’intégrité de la personne est la valeur suprême, certains délits pourraient valoir à leur auteur un effort de réparation plus important qu’un crime !

    2. Inutile de developper

    3. Je cite l’auteur : « Si l’une des parties convainc une majorité écrasante de son bon droit, à l’issue d’un procès public, alors le coupable unanimement reconnu… »

    Bref, un bel exercice de pensée qui ne réussit à prouver que l’infaisabilité du propos.
    On notera que cela n’a jamais été mis en place dans aucune société humaine…

  • Que les amis de Badinter ne se leurrent pas, le Français est POUR la peine de mort. Je suis contre uniquement parce-que le mort peut être l’auteur d’autres assassinats qui resteront non élucidés …..

    • LE Français n’est pas pour la peine de mort…
      1. C’est faux
      2. Ça ne veut rien dire
      3. Vous prenez votre cas pour une généralité
      Au choix, et cumulable…
      Il y a environ 1 Français sur 2 qui serait pour son rétablissement.

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