Tea Party : les forces du mal

L’existence d’un mouvement spontané et populaire contre les taxes a déstabilisé le Pouvoir

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Tea Party : les forces du mal

Publié le 25 septembre 2011
- A +

Quoi de pire que le parti Nazi ? Le Tea Party ! Voilà à peu près l’idée que se font les sympathisants de gauche de ce mouvement spontané et populaire contre les taxes.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni

Chris Huhne, ministre de l'énergie et du changement climatique du gouvernement de David Cameron

Quand Chris Huhne a pris à partie la tendance mêlant les conservateurs et le Tea-Party, je pensais qu’il parlait de moi. Je suis, du moins pour ce que j’en sais, le seul élu du parti conservateur à avoir organisé un mouvement de type « Tea-Party » – ce rassemblement contre les taxes (voir ici). Cela paraît peu probable que le ministre de l’environnement partage notre point de vue. Plutôt que d’employer le terme de « Tea Partiers » comme le font habituellement la plupart des sympathisants de gauche, sous-entendus « vilains personnages », le ministre chargé de l’environnement qualifie habituellement ses opposants de « Nazis ». Cette fois-ci, pourtant, il n’y est pas allé de mainmorte, en comparant ces partisans situés dans l’aile droite du parti conservateur à… à… Sarah Palin !

Le Tea-Party, peut-être plus que n’importe quel autre mouvement contemporain, relance la tendance du « Oui, mais ce qu’ils disent vraiment…  » Le « TEA » se traduit par « Taxed Enough Already » (« nous sommes déjà assez taxés ») mais si vous ne comptez que sur la BBC et The Guardian pour vous informer, il se peut que vous ne le sachiez pas. Beaucoup de partisans de la gauche prétendent – ou se sont peut-être eux-mêmes convaincus – que le Tea-Party était clandestinement en train de protester contre l’immigration, contre l’avortement ou encore contre le fait d’avoir un président métis. Et encore contre d’autres multiples choses… sauf le fait que le mouvement se déclare contre l’omniprésence du gouvernement. L’existence d’un mouvement spontané et populaire contre les taxes a déstabilisé le Pouvoir. Ils préféraient davantage une droite autoritaire et stupide qu’un mouvement libertarien. C’est pour cette raison que la délirante affirmation selon laquelle les membres auraient des préoccupations secrètes continue de courir (souvenez-vous de cet article du Guardian involontairement hilarant…)

Bien qu’on leur ait dit ce qu’il fallait penser dans des termes dépourvus d’ambiguïté, les Américains, têtus qu’ils sont, gardent le point de vue que les idées centrales du Tea Party sont modérées. Les politiques taxent, dépensent et empruntent trop. Le gouvernement fédéral est 30% plus important que ce qu’il n’était avant la crise. Aussi récemment que pendant l’élection présidentielle de 2008, tous les partis américains auraient considéré les niveaux de dépenses actuels comme étant inacceptables. Vous pouvez, en d’autres termes, avoir voté pour le Parti démocrate en 2008 (ou bien, pour l’exemple, pour le parti travailliste en 2005) et penser que les engagements de dépenses devaient légèrement augmenter et être, aujourd’hui, horrifié par ce qu’il s’est passé.

Mon mouvement de Tea-Party était auparavant prisonnier dans la circonscription électorale qui est sans doute la plus à gauche de tout le pays : Brighton Pavillon. Il s’en est désormais extirpé. Vous n’avez pas besoin d’être de droite pour penser que le niveau de la dette actuel est incroyablement haut, vous avez simplement besoin de comprendre ces quelques graphiques.

De plusieurs façons, notre situation est pire que celle des Américains. Notre niveau général de taxation est de loin le plus élevé, et à l’inverse de nos cousins, nous pouvons légitimement reprendre le slogan original des contestataires de Boston en 1773 : « Pas de taxation sans représentation. » Alors que les taxes sont aujourd’hui prélevées aux États-Unis par des représentants élus, les nôtres qui ne cessent d’augmenter, proviennent de Bruxelles.

Pourquoi, alors, le mouvement du Tea-Party n’a-t-il pas traversé l’Océan Atlantique ? Pour une raison évidente bien qu’ennuyeuse : nous n’avons pas de primaires ouvertes. Le Tea-Party se concentre sur les candidats qui partagent ses valeurs – un but qui s’est révélé être un succès, alors que peu de commentateurs le croyaient possible. Cependant, en Grande-Bretagne, comme dans la plupart des démocraties, les électeurs sont représentés par des candidats issus des principaux partis.

Il serait faux de prétendre qu’il y a un enthousiasme pour les taxes en l’absence de protestation contre celles-ci. Cela serait confondre le fatalisme avec le consentement, la tolérance avec l’accord. Mais Huhne doit comprendre que les sondages tels que « Seriez-vous satisfait de payer davantage de taxes et d’impôts, si en contrepartie, vous pouviez bénéficier d’un service public de meilleure qualité ? » et sur lesquels il se base, sont compris, dans le climat actuel des choses, de la manière suivante par les sondés : « Êtes-vous un être humain décent ou un sale égoïste ? » La seule question qui refléterait réellement l’opinion serait celle qui demande : « Pensez-vous que les taxes et les impôts que vous payez actuellement sont trop faibles, juste ce qu’il faut ou bien trop élevés ? »

Si vous répondez « il est vrai que le taux d’imposition est trop élevé », vous n’avez personne pour qui voter en ce moment. C’est seulement quand il y aura une vraie alternative que nous serons capables de découvrir ce que le pays entend comme étant « extrême ».

—-
Sur le web
Traduction : Florian H. pour Contrepoints.

Voir les commentaires (7)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (7)
  • « Alors que les taxes sont aujourd’hui prélevées aux États-Unis par des représentants élus, les nôtres qui ne cessent d’augmenter, proviennent de Bruxelles. »

    Profonde erreur stratégique de Mr Hannan. Il ne pourra pas fonder une proposition politique libérale crédible sur des mensonges. La réalité des taxes européennes est ici : http://ec.europa.eu/budget/figures/2011/2011_fr.cfm. On notera en particulier la « remise » dont profite la GB, à la charge de la France, de l’Italie et de l’Espagne (sans compter les manipulations monétaires auxquelles se livre la BoE, ce qui n’a rien de très libéral).

    • Votre lien, Bubulle :
      Une cotisation « sucre » me plonge dans des abîmes de perplexité : ne me dites pas que tous ces milliards viennent de la taxe coca-cola ?
      Par ailleurs, les frais de fonctionnement de 6% (nommés « administration ») me semblent excessivement vertueux. Ils doivent sortir toutes les primes et indemnités des 38000 fonctionnaires européens et les affecter à d’autres postes budgétaires comme développement rural si un député ou un fonctionnaire participe à une commission sur le développement rural, ou cohésion et compétitivité s’ils participent à un groupe de réflexion ayant pour thème cohésion et compétitivité.

      • Pas tout à fait vrai, Hugues: les fonctionnaires européens ne bénéficient d’aucune prime, ni d’aucune indemnité autre que celle de dépaysement (16%) et encore: uniquement si le fonctionnaire a été recruté hors de Belgique. Leur salaire est versé que 12 mois (ni 13è, ni 14è moi, aucun pécule-vacances).

        Bubulle a raison l’article de M. Hannan n’est pas très sérieux.

  • L’orthographe et la grammaire de la traduction sont aussi mauvaises que celle du Figaro :

    …il se peut que vous ne le saviez/sachiez pas…
    …un président métisse/métis…
    …des préoccupations sécrètes/secrètes…
    …si, en contrepartie, vous pourriez/pouviez bénéficier…
    J’en oublie sûrement et passe sur quelques lourdeurs de style.

    Il n’y a pas que l’économie qui soit en déliquescence…

    • Malgré la relecture attentive que j’entreprends à la fin de chaque traduction, des erreurs peuvent se glisser. Néanmoins, il est très difficile de combiner une retranscription fidèle de l’argumentation de l’auteur à un style complètement fluide, certaines des tournures utilisées étant typiques de la langue.

  • bubulle : « Profonde erreur stratégique de Mr Hannan. Il ne pourra pas fonder une proposition politique libérale crédible sur des mensonges. La réalité des taxes européennes est ici : http://ec.europa.eu/budget/figures/2011/2011_fr.cfm »
    ————————
    Il n’y a aucun mensonge, selon votre lien même, on constate que les prélèvements par l’Europe sont en hausse. En 2007, les Britanniques ont payé 11 Mrd € à l’Europe. En 2011, c’est passé à 13 Mrd €, soit une hausse de presque 20% en 4 ans !

  • Sans maîtriser « l’exégèse » des taxes qui alimentent le budget de l’UE, on constate simplement leur niveau ridiculement faible relativement aux taxes de chaque pays, y compris celles de la GB. J’en conclus que Mr Hannan est dans l’emphase symbolique, ce qui réduit singulièrement l’intérêt de ses propos. Les principaux spoliateurs sont indubitablement les fonctionnaires de chaque pays européen, français, anglais ou autres, non les fonctionnaires européens.

    Les 2 milliards supplémentaires à destination de l’Europe depuis 2007 sont négligeables comparés aux 51% du PIB dépensés par les fonctionnaires de la GB (soit environ 1000 milliards de £ en 2010, en hausse de plus de 200 milliards depuis 2007).

    On peut en penser ce qu’on veut, mais les chiffres sont sans ambiguïté. Mr Hannan ne peut pas manquer de les connaître : il ment effrontément.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Article disponible en podcast ici.

Jadis, seuls les criminels se retrouvaient sur écoute. La traque du citoyen par les bureaucrates était une exception. Les surveillances de masse étaient réservées aux régimes totalitaires, impensables dans nos démocraties.

Or depuis le 11 septembre, nos gouvernements nous considèrent tous comme des potentiels criminels qu’il faut espionner constamment. Et toute comparaison aux régimes totalitaires fera glousser nos fonctionnaires devant une telle allusion.

J’ai déjà longuement commenté... Poursuivre la lecture

Par Philbert Carbon.

Les Jeunes agriculteurs s’amusent à mettre à l’envers les panneaux de signalisation partout en France pour signifier que la politique agricole « marche sur la tête ». Ils dénoncent, entre autres, des normes trop nombreuses, une surcharge administrative et des rémunérations de misère.

Ils auraient pu aussi s’en prendre à la fiscalité. Une étude de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), que nous avons déjà évoquée au moment de sa sortie, rappelle que l’imposition des terres agricoles, très é... Poursuivre la lecture

Le Parlement examinera le budget de l’Etat jusqu’à Noël. Comme chaque année, à défaut de faire l’inventaire des impôts français et de débattre de leur opportunité, il ajoute, supprime ou modifie de nouvelles niches fiscales, exonérations ou encore exceptions à l’exonération. Ces débats techniques occupent toutes les pensées des parlementaires durant trois mois pendant lesquels il n’est jamais question de débattre de l’essentiel : les conditions du consentement à l’impôt sont-elles réunies ?

 

La France, championne de la pressi... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles