Le méchant racisme des bâtiments

Faut-il supprimer les frontispices soupçonnés de méchant racisme ?

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Caricature René Le Honzec/Contrepoints

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Le méchant racisme des bâtiments

Publié le 23 septembre 2011
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Le méchant racisme des bâtiments

Avec les fessées déculottées que les bourses se prennent en rafale actuellement, c’est vraiment la crise. Et que va-t-on faire pour s’en sortir ? Mais, c’est facile ! On va nettoyer nos bâtiments de toutes traces de passé colonial, pardi ! … Comment ça, aucun lien ?

Oh oui bon, je sais, la bourse vient de terminer l’une de ses plus mauvaises semaines dans son histoire (et encore, la semaine, au moment où vous lirez ce billet, n’est pas finie). Mais si on se focalise trop sur ces petites excitations passagères, on loupe le vrai sens de la vie.

Heureusement, il y a Rue89 qui rassemble sous un même site internet toute une bande de joyeux drilles gauchistes dans un paquet joliment packagé très facile à manipuler. Et lorsque notre bande se lâche, cela donne des articles rigolos, hauts en contrastes avec du gris foncé et du gris clair et de la couleur dans des tons pastels.

Dès le titre, le sujet est posé : « À Paris, faut-il retirer les fresques du temps des colonies ? »

Et il est vrai que c’est un débat qui devait être ouvert, comme doit être ouvert celui des voies de bus (« À Paris, faut-il retirer les voies de bus du temps de la colonisation bobo-écolo ? ») et, dans une plus large mesure, l’éternelle question « Peut-on rire de tout avec tout le monde ? »

Le Nègre joyeuxL’idée générale est la suivante : dans la Capitale française (mais, soyez-en sûr, on trouve ça ailleurs) des enseignes datant du XVIIIème siècle dépeignent des scènes faisant directement référence au passé colonial du pays.

Et tout ceci, mon bon monsieur, est terriblement choquant. Pensez donc : on trouve même, écrit en police sérifiée taille 80, doré à la feuille, le mot « nègre ».

Pire, il est même, selon l’enseigne, « joyeux » ce qui sous-entend qu’il est heureux de sa condition, pauvre être au cerveau lavé par les insurmontables tragédies que sa condition lui fait endurer.

Pour l’auteur de l’article, relayé par la frétillante rédaction de Rue89 en partie grâce aux subventions dans lesquelles elle s’ébroue joyeusement, ces enseignes, ces peintures et ces frontispices décorés font polémique, et, hardiment, il nous interpelle :

Une question se pose : ces enseignes, dans lesquelles esclaves noirs et maîtres blancs sont exhibés en pleine rue, ont-elles encore leur place ?

C’est vrai quoi $¤#* ! Des enseignes qui datent du 18ème ont-elles encore leur place ? Ne devrait-on pas recouvrir toutes ces cochoncetés mal pensantes d’un bon gros coup de pinceau noirde couleur ?

Poser la question, c’est, finalement, déjà y répondre, surtout lorsqu’on va immédiatement tendre son gros micro mou à une association totalement au hasard, par exemple le CRAN, pour connaître son avis forcément éclairé, citoyen, responsable et pas super festif sur ce genre de question. Sa patronne, Claudine Tisserand, nous livre ainsi la bonne réponse :

« Personnellement, je suis pour les enlever toutes. Mais la société civile doit dire ce qu’elle en pense. Il faut qu’il y ait un débat contradictoire sur la question. »

Voilà. Il faut qu’il y ait un débat, mais à la fin, bien sûr, on devra enlever tout ça, car c’est très moche.

Et d’ailleurs, même s’il existe des associations de défense du patrimoine, ce qu’elles peuvent bien dire est enrobé des précautions d’usage : si le président de l’association déclare « Vraiment, il y a plus grave en matière de défense de patrimoine. Cette polémique n’a aucun sens. Réécrit-on l’histoire ? Laissons donc nos enseignes dans les pierres. », ce n’est qu’une « remarque rapide », parce qu’il est « lassé par ce genre de questions ». Quelle honte !

C’est pourtant absolument évident qu’il s’agit à la fois de mauvais goût, d’incitation à la haine raciale, d’exhiber aux générations présentes un passé scandaleux et que tout ceci mériterait de retourner bien vite dans les oubliettes d’une Histoire dont les aspérités finissent par lasser un peu tout le monde, hein, scrogneugneu.

Banania ya-bonAlors, puisqu’à force de récriminer et en expliquant bien à tout le monde l’abomination que pouvait représenter le passé, on a réussi à obtenir l’éradication complète et sereine de toute publicité dont le caractère raciste est absolument évident, puisqu’on est parvenu, rappelez-vous, à faire rentrer Banania dans le rang, on doit pouvoir ripoliner rapidement les façades injurieuses. Zou ! En avant les enfants, ne laissons pas faire cela !

Bon, il y a un petit souci : ces imbéciles de bâtiments racistes sont classés Monuments Historiques. Et quand on connaît la souplesse légendaire des architectes des Bâtiments de France, on comprend que les associations de Protection Des Bisounours Anonymes se heurtent à des murs méchants vilains d’incompréhension pas du tout vivrensemble.

On peut se demander, exactement, ce qui est le plus consternant dans tout ceci.

Est-ce le fait que des associations se sentent ainsi le droit de venir rouspéter contre le passé ? Rien qu’écrire cette phrase fait, logiquement, fondre un ou deux klaxibules chez tout homme normalement constitué : comment une association (qui, de surcroît, reçoit un monceau de pognon du contribuable) peut-elle s’arroger le droit de tempêter contre le passé ? Le ridicule de cette situation ne doit pas vous échapper. Ce serait comme si je fondais une association pour lutter contre les bunkers de Brest parce qu’ils démontrent par leur imposante nullité que la France a été envahie et colonisée par de méchants Teutons. Ou si une association franco-tchèque (ou franco-russe) demandait aussi vocalement que possible qu’on retire toute mention d’Austerlitz dans la capitale parce que le souvenir délicat de leur branlée napoléonienne leur retourne l’intérieur.

N’est-il pas aussi consternant qu’une rédaction d’un média se fende d’un article pour « ouvrir un débat » alors qu’on ne lui a rien demandé, d’une part, et d’autre part, que le projet de société véhiculé par ce genre de demande ne vise rien moins qu’à effacer une partie de notre histoire, moche ou héroïque ? Est-ce le rôle de Rue89 (ou de n’importe quel autre journal payé avec nos impôts, du reste) de se lancer dans une campagne de réflexion sur ce que devrait être … notre passé ?

On peut y voir, à bon droit, une prolongation logique et décontractée des lois mémorielles insupportables, ce musellement progressif (et parfaitement totalitaire, n’en déplaisent aux Beaux Penseurs) de la liberté d’expression au motif que certaines opinions sont dans le camp du Bien et peuvent être exprimées, et que d’autres, forcément dans le camp du Mal, choqueront les oreilles chastes et devront être tues. On veut bien de la liberté d’expression, on désire ardemment du journaliste engagé qui ne ménage pas sa plume pour étriller du Sarko, on veut une liberté de s’exprimer de la même façon que les autres, dans le spectre étroit des pensées pures et officiellement permises.

Mais voilà : non, il y a des gens que ce passé ne choque pas. Oui, certains ancêtres firent de bien tristes commerces. Oui, il y a eu des traîtres et des méchants dans nos passés et oui, nous devrons vivre en sachant que cela fût. Mieux : nous devrons vivre avec pour nous rappeler les errements de certains et ne pas les reproduire.

Et non, biffer le passé, ripoliner des murs esclavagistes, ce n’est pas œuvrer pour diminuer le racisme ou la xénophobie. C’est simplement tout faire pour monter d’un cran le degré de bêtise et d’assoupissement de la société, baisser d’un celui de la liberté d’expression, et de deux celui de la vérité historique.


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  • Enlever toutes les traces infâmantes, c’est « Du passéééé faisons table râââse !» afin de faire place nette aux lendemains qui chantent. Laver les cerveaux pour mieux y déverser la propagande. Et au bout, se faire élire sur un bon fromage bien gras, pas vrai, Monsieur Harlem Désir ?

  • Les gauchistes sont incohérents.
    Ils nous bassinent à longueur de journée sur le « devoir de mémoire », or dans ce cas présent ils sont mécontents qu’une fresque nous permettent de ne pas oublier « les heures les plus sombres de notre histoire ».

    La crise, avec le tarissement possible des subventions, nous permettra peut-être de se débarasser de tous ces parasites totalitaires.

  • Tiens, mais pour une fois, l’Etat serait protecteur, via ses lois de protection du patrimoine ? Diantre, mon libéralisme en prend un coup, là.

  • @ Pri
    Ne pas savoir que le droit de propriété est fondamental chez les libéraux, montre à quel point vous êtes ignorant du libéralisme !
    Les propriétaires des magasins qui arborent ces fameuses enseignes contraires au politiquement correct, n’ont pas de compte à rendre à tous ces gauchistes subventionnés.

  • Rue89 en rêve, Zapatero l’a fait !
    En Espagne le gouvernement Zapatero a fait déboulonner les statues de Franco et au passage à « rebaptisé » des rues et des places Largo Caballero, Santiago Carrillo, etc.

  • Tiens, ça m’étonne que ces enseignes du XVIIIème siècle n’aient pas encore été vandalisées ou recouvertes de tags… mais tant mieux.

  • @librexavier

    Ignorant si vous voulez, mais ce n’est pas le propos : en l’espèce, les lois de préservation du patrimoine viennent opportunément au secours de ces propriétaires, et au-delà de ceux-ci, de l’intérêt public (y-compris en limitant leurs droits).

    Je souligne simplement que certaines lois ont aujourd’hui des effets qu’on n’aurait pas soupçonnés au moment de leur vote : imaginez un instant qu’au lieu d’un nègre joyeux on trouve une impudique cariathide, vendez l’immeuble à un Qatari soucieux de son image, et laissez-le tranquillement disposer de ses « droits de propriété »… sur quelle base légale vont s’appuyer les associations (subventionnées) de défense du patrimoine parisien, à votre libéral avis ?

    • PS : et les gauchistes ne sont pas « incohérents », ils sont constructivistes. Ils ne sont pas pour le devoir de mémoire per se, ils sont pour tout ce qui peut permettre de « faire prendre conscience de », « changer la vision de », etc etc. Changer une plaque de rue ou une enseigne est non seulement totalement consistant avec leur philosophie, mais ancré dans une longue tradition « républicaine », qui comptent même d’illustres promoteurs (je pense à Courbet pour la Colonne Vendôme)

      « La Commune de Paris, considérant que la colonne impériale de la place Vendôme est un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la République française, la fraternité, décrète : article unique – La colonne Vendôme sera démolie. » (wikipédia)

      Nihil novi sub sole.

    • Et si, et si… Avec des si, on refait le monde.

      Les critiques du libéralisme utilisent souvent ce genre de conditionnels concernant des cas marginaux imaginaires.
      Cela, finalement, ne fait que démontrer leur manque d’arguments : ils ne sont pas capable de critiquer le réel, alors ils critiquent le supposé, l’imaginaire.

      Maintenant, il faut déjà qu’un Qatari achète un tel immeuble.

  • A ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de le lire, je conseille le livre publié par Bouquins en 1994 « Histoire du vandalisme : les monuments détruits de l’art français » . Environ 25% du livre est consacré au vandalisme jacobin …
    le jacobinisme n’est pas mort !

    • En fait ce livre (oeuvre de l’historien de l’art Louis Réau) date de 1960, la version de 1994 est augmentée, justement pour mettre en évidence la fantastique accélération du vandalisme privé et public (jacobin ou pas).

  • A propos de la bataille d’Austerlitz, cela va plus loin que vous croyez. Sous la présidence de Chirac, à l’occasion du bicentenaire de la bataille, ils avaient fait une grosse reconstitutions, une cérémonie. Les tchèques l’ont eu mauvaise, a chaque fois que je vais a Prague on m’en parle.
    http://euromed.forumsmaroc.com/t85-commemoration-discrete-du-bicentenaire-d-austerlitz

    • Oups, petit bug, je voulais dire que ni Chirac ni Villepin n’ont daigné répondre aux invitations.

    • Entre nous, le reste du monde « l’a mauvaise » contre la France, dès qu’une occasion se présente… Je me suis même fait engueuler par un Grec à cause de « l’inaction » française lors du massacre de Smyrne en 1922…..

  • J’habite a coté de cette fameuse enseigne, place de la contrescarpe à Paris 5°.
    En effet elle est menacée par:
    – non par les commerçants du lieu qui sont locataires, mais plutôt les propriétaires du lieux , une famille divisée dont certains voudraient vendre
    – les extremistes de certaines associations « protectrices des minorités » , qui n’hésitent pas à jeter des bouteilles d’acide sur cette façade lors des festivités du 14 juillet.
    -Le « politiquement correct » de tous les visiteurs ( beaucoup de touristes) qui ne sauraient réagir face à une provocation. On est tous conditionnés à penser « c’est mal, le temps n’excuse rien »…
    Et on fera détruire le pittoresque d’un lieu, comme au stupide temps de l’inquisition on détruisait les sexes des statues antiques.
    Mais alors il faudrait détruire aussi bien des tableaux du Louvre (la prise de la smala d’Abdel Kader, la jeune fille à la pivoine, etc…) et accessoirement rebaptiser l’ancien musée des colonies en Panthéon des colonisés.
    Onvrons plutôt une souscription entre nous pour racheter ce joli immeuble de la place contrescarpe bien maltraité malgré son classement historique (superette maghrebine à l’angle, pizzeria hallal à côté, des appartements dégradés au dessus) pour en refaire ce qu’il était autrefois: l’équivalent de la Tour d’Argent, sur la « montagne Ste Geneviève »!

  • « les heures les plus sombres de notre histoire »

    Pads mal la touche d’humour, l’air de rien…

  • Il conviendrait également d’informer le « CRAN » et autres officines défenderesses du bien vivre ensemble, que je possède, comme bon nombre d’ignobles français, une copieuse bibliothèque composée de livres imprimés avant 1970 dans lesquels généralement les blacks sont appelés nègres, les asiatiques niacouais, les maghrébins bougnoules et les juifs youpins….
    Et le plus triste dans tout cela, c’est qu’avec la crise, mes pauvres enfants et petits enfants n’ont pas eut les moyens de lire les nouvelles versions expurgées…. et qu’ils se sont gavés malgré eux de ces horreurs fort mal imprimées…
    Et moi, pauvre hère, depuis les chocs pétroliers de 1974, je m’en veux de ne pas avoir les moyens de m’acheter les quelques litres d’essence nécessaire à la réalisation de l’autodafé que le monde exige…
    Mais rassurez-vous, je suis vieux et bientôt mort, et mes enfants et petits enfants se sont engagés, soit à se suicider, soit à accepter une trépanation pour oublier les ignominies de leur éducation…
    mea culpa, mea culpa, mea culpa, mea culpa….

  • Une fois n’est pas coutume je suis à 100% d’accord avec ce texte. J’aimerais seulement qu’on trouve aussi ridicules ceux qui veulent débaptiser les rues Robespierre et équivalent.

  • Le XVIème arrondissement de Paris non seulement manque scandaleusement de mixité sociale et enfreint la loi SRU, mais présente encore sur son territoire un de ces endroits nauséabonds rappelant les heures les plus sombres :

    Le Jardin d’Acclimatation.

    Déjà le nom. De plus, on y exhibait des Sauvages et des Vénus Hottentotes dans la section ethnologique.
    Je propose qu’on le rebaptise de toute urgence Jardin Salvador Allende.

  • Je suis choqué de voir qu’il n’y a aucun Asiatique bridé dans l’équipe de France de rugby. C’est de la discrimination !

  • Au rugby, ils peuvent être all blacks, mais pas jaunes. C’est le quota qui veut ça.

  • Les commentaires sont fermés.

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