Le Bisounours n’aime vraiment pas les notes

Avec l’évaluation des élèves en CM2, on observe encore une fois la riposte ridicule de certains syndicats tant du côté des enseignants que des parents…

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Le Bisounours n’aime vraiment pas les notes

Publié le 18 janvier 2011
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C’est reparti pour un tour ! Cela faisait … oh, bien deux mois ! que nous n’avions pas eu droit au chœur des pleureuses officielles de l’Éducation Nationale : la dernière fois, on s’en souvient, certains envisageaient sérieusement de rendre l’école moins rugueuse et d’y supprimer complètement les notes : l’armée des Bisounours et autres Calinours est en marche et, devant une volonté d’évaluer les élèves, ils se battront jusqu’au dernier !

En effet, et malgré les protestations véhémentes des syndicats, l’actuel ministère de l’Éducation, un certain Luc Chatel selon mes sources, compte bel et bien faire passer des tests à tous les élèves en cours de CM2.

Mais voilà, évaluer des élèves, c’est, dans l’échelle assez particulière de certains syndicats, à mi-chemin entre la pédopornographie et la profanation de la tombe de Jaurès par une nuit sans lune. Prenant cependant le parti de ne pas hurler trop fort, ils expliquent donc calmement que, je cite Christian Chevalier, secrétaire général de l’UNSA :

“Il n’est pas illégitime que le ministère de l’éducation souhaite réaliser une photographie du système à un moment donné (…) Mais il n’est pas indispensable (…) de soumettre l’ensemble des élèves de CM2 à des évaluations. Il suffirait de charger la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) d’effectuer localement des sondages à partir d’échantillons représentatifs d’élèves.”

Aaaaaaaaaaah, la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance ! Quel nom fraisi-choupinet ! On sent immédiatement le parfum de guimauve et de pâte-à-modeler Playdoh, qui masque efficacement l’odeur entêtante de formol, rien qu’à l’évocation de cette délicieuse entité dont on sent intuitivement le bien fondé, la qualité de service et la pertinence pour évaluer des gamins de 8 à 10 ans.

Et effectivement : avec une telle administration et le bon échantillon bien “représentatif”, on aura tout de suite un résultat fiable et surtout prévisible. Alors qu’échantillonner tout le monde, c’est prendre le risque de ne pas disposer d’élèves “représentatifs”…

De surcroît, nous explique le syndicaliste enseignant sur échantillon seulement, les questions posées dans l’évaluation portent sur le “nouveau programme”, celui dont “personne” ne veut depuis 2008. Il serait fort dommageable que des résultats excellents pour certaines classes, qui ont lâchement suivi le changement de programme, viennent contraster des résultats disons plus mitigés pour d’autres classes ayant courageusement refusé la précédente réforme.

Et côté parents ?

Eh bien côté parents, la presse s’est empressée de relayer leur mobilisation. Pardon, la mobilisation de certains d’entre eux, de la FCPE essentiellement, craignant que le ministère diffuse à terme un classement des écoles primaires. Ce serait terrible : on verrait apparaître des inégalités entre les primaires, ce qui serait un coup abominable porté à la société des Bisounours où, je le rappelle, tous sont égaux dans l’amour et le savoir !

République du Bisounoursland

Cependant, le plus intéressant est tout de même de lire qu’il y a, comble du comble, des petites chamailleries au sein des syndicats de parents puisque certains (le PEEP par exemple) font savoir qu’ils ont toujours soutenu le principe d’évaluation.

Petit à petit, on constate donc que le panorama offert par l’Édulcoration Nationale évolue : le Bisounours s’y fait plus tendu, plus stressé, et réclame de moins en moins fort qu’on lui laisse faire à sa guise le lavage de cerveau l’éducation de notre progéniture. Même la presse, traditionnellement critique vis-à-vis du ministère, est obligée de constater que, je cite :

Si tout le monde s’accorde donc à voir un intérêt aux évaluations des écoliers, c’est bien le timing et la finalité de celles-ci qui divisent.

Eh oui : il y a quelques années, tous renâclaient à l’idée même qu’on puisse, finalement, demander des comptes au système, et qu’on puisse vouloir s’assurer d’un certain niveau des élèves avant de les lâcher au Collège. Maintenant, si chaque évaluation (PISA en est un exemple assez cocasse) est une foire d’empoigne, au moins quelques voix s’élèvent pour expliquer qu’il va bien falloir, tout de même, essayer, un jour ou l’autre, de retrouver un vague niveau général de savoir, savoir qui a depuis un peu trop longtemps déguerpi du système scolaire français.

On en vient même à s’interroger sur la valeur du système de Collège unique, comme en témoigne cet intéressant article de Jean-Paul Brighelli, dont l’auteur, bien que toujours coincé dans son analyse résolument anti-libérale, et complètement à côté de la plaque sur cet aspect, n’en pose pas moins de bonnes questions et propose quelques pistes de solution qui valent la lecture.

Il est, en tout cas, trop tôt pour affirmer que la majorité des Français a pris conscience de l’état lamentable dans lequel est tombé son système scolaire, mais ces quelques signes montrent en revanche que des lumières s’allument, au bout du tunnel.

Certes, c’est peut-être le train d’un avenir désagréable qui nous arrive en face. Mais, soyons fou, pour une fois : c’est peut-être aussi le début d’une réflexion enfin cohérente.
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