Fermeture de la frontière algéro-marocaine

À quand la fin du gâchis de cette anomalie de l’histoire

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Fermeture de la frontière algéro-marocaine

Publié le 29 décembre 2010
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Voilà seize années que la frontière entre l’Algérie et le Maroc est fermée. Une fermeture contraire aux aspirations et au combat commun des deux peuples pour la liberté, dans lequel beaucoup ont payé de leur vie. Si cette fermeture semble passer à côté des préoccupations des décideurs politiques des deux pays voisins, n’est-il pas urgent de mettre fin à cette anomalie de l’histoire ?

Sans revenir sur le pourquoi de la fermeture, ni sur la désignation de « coupables », il faut bien comprendre que cette décision représente un gâchis économique, qui n’est pas, comme tout gâchis, sans coûts pour les deux peuples. Il faut donc mettre en avant les raisons pour lesquelles cette situation irrationnelle doit cesser.

Malgré le potentiel économique du royaume chérifien et de l’Algérie, les fruits d’un échange libre restent en deçà des résultats possibles. En 2008, les échanges entre l’Algérie et le Maroc ne représentaient qu’environ 570 millions de dollars selon le délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines. À titre de comparaison le niveau des échanges entre l’Algérie et la France en 2008 avait atteint 10 milliards d’euros. Quant aux échanges commerciaux franco-marocains, ils représentaient environ une masse de 6 milliards d’euros en 2009. On imagine donc le potentiel d’un commerce entre les deux pays. Un tel constat ne manque pas de souligner l’urgence de mettre fin à ce blocage dû à la fermeture de la frontière. La situation de ces pays (Algérie Maroc) ne leur permet pas de se payer le luxe d’un tel gâchis économique.

Les acteurs économiques marocains et algériens perdent tout simplement les opportunités de commerce et d’investissement annihilées par la fermeture de la frontière. Les deux pays comptabilisent plus de 65 millions d’habitants, autant de consommateurs potentiels pour les entreprises algériennes et marocaines. On sait pourtant depuis au moins Adam Smith qu’un plus grand marché permet davantage d’opportunités d’échange et de spécialisation, et donc davantage de gains de productivité et de croissance.

Autre fait paradoxal, l’axe Alger-Rabat est au centre de l’union pour le Maghreb Arabe. Plus qu’une simple union politique, les objectifs de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) sont la libre circulation des biens et des personnes ainsi que l’harmonisation des règlements douaniers afin d’instaurer une zone de libre-échange. On ne s’étonnera pas que cette UMA fasse du surplace depuis 20 ans, du fait de cette frontière fermée. Il en résulte donc que les échanges entre l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ne représentent qu’une fraction minime des échanges totaux de chaque pays. Ils sont estimés à moins de 3% et restent bien en deçà de leur potentiel. Le manque à gagner de cette faible intégration est évalué de 2 à 3% du PIB annuel total des pays maghrébins.

À l’heure où la stratégie des blocs régionaux est devenue l’outil de prédilection des pays pour faire face aux défis que la mondialisation implique, la fermeture de cette frontière apparait comme une position irrationnelle de la part des dirigeants marocains et algériens. Comment des pays pourraient-ils mettre en commun leurs forces en pratiquant une intégration économique pour profiter, ici, de leur proximité géographique, avec une frontière terrestre fermée ?

Malgré les clivages politiques et les froids diplomatiques, il est urgent que les dirigeants des deux pays libèrent les deux populations de cet emprisonnement forcé en ouvrant la frontière terrestre.

Le secteur privé (actuellement faible) et la société civile en général peuvent être une pièce maîtresse dans le développement de la coopération et des échanges entre l’Algérie et le Maroc. En effet les acteurs du secteur privé et de la société civile, cherchant à satisfaire leurs besoins mutuels, seront par définition prédisposés à jouer ce rôle en sachant que leurs intérêts dépassent les simples clivages communautaristes. Ce développement du secteur privé, qui se place ainsi au-delà des considérations nationales étroites dans lesquelles se sont enfermés les pouvoirs politiques, permettrait de dynamiser la coopération et de renforcer les liens entre ces deux peuples.

Cette coopération fondée sur la réciprocité et sur des échanges gagnant/gagnant, et qui passe par une liberté de circulation, peut être un facteur pacificateur, créateur d’ordre et de prospérité. L’échange et la paix, comme le rappelait avec force Montesquieu, se renforcent mutuellement. Si une telle coopération se met en place, elle est capable de perdurer, de prospérer et de s’auto renforcer. L’entraver (pour une raison x ou y) est synonyme de lourdes pertes en termes économiques mais aussi de préservation de la paix.

Rappelons au passage que les deux peuples algériens et marocains ont plus de points de convergence que de divergence. Depuis des lustres, les Algériens et les Marocains se sont mélangés pour donner naissance à plusieurs familles mixtes. Ces familles sont aujourd’hui séparées du fait de cette frontière fermée. L’urgence n’est donc pas seulement économique, mais aussi humaine.

Il parait clair qu’à tous points de vue, la fermeture de la frontière terrestre algéro-marocaine est une réalité scandaleuse, un gâchis économique et une atteinte à la liberté des deux peuples. Il faut y mettre rapidement fin.

Article paru originellement sur www.UnMondeLibre.org.

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