L’Asie s’urbanise à une vitesse folle : ses mégalopoles absorbent chaque année des millions de nouveaux habitants. Mais l’architecture de ces villes-champignons reflète moins la culture locale que les conditions politiques. Un bon exemple est Manille, peut-être la ville la plus chaotique d’Asie, qui enfle chaque jour, bidonville après bidonville. Le centre ancien de style espagnol a dégénéré en bidonville, parce que les Philippins n’ont connu que des gouvernements faibles et corrompus. Aucun élu ne se préoccupe de sauver un quartier historique ou de construire des infrastructures adéquates. À Manille, c’est chacun pour soi – cela est vrai pour les politiciens comme pour l’élite aisée, qui s’est réfugiée dans le quartier protégé de Makati, plus près de l‘aéroport international que du vieux Manille.
On retrouve des preuves évidentes de l’influence de la politique sur les nouvelles mégalopoles en comparant Séoul, capitale de la Corée du Sud, et les grandes villes de Chine. À première vue, les cultures coréenne et chinoise sont similaires. Toutes deux sont fondées sur la hiérarchie confucianiste ; toutes deux ont été influencées par le bouddhisme. Mais Séoul est démocratique, et les débats politiques d’une société libre ont façonné son développement. Les villes de Chine, à l’inverse, reflètent le caractère autocratique et corrompu du Parti Communiste.
Prenons Shanghai, la plus grande ville de Chine, 19 millions d’habitants. Construite à l’origine par des Européens pour des Européens, Shanghai a conservé quelques rues de son passé cosmopolite, fière de son atmosphère animée, presque tropicale, qui attire les visiteurs étrangers. Mais le gouvernement chinois a, de manière très visible, tenté de transformer la ville en une vitrine rutilante du pouvoir croissant de la Chine. Avec l’espoir, avant tout, d’attirer les banques étrangères et les investisseurs loin de Hong Kong. Shanghai reste loin du compte : Hong Kong demeure plus attractif, non par ses immeubles imposants (Shanghai peut rivaliser en hauteur, sinon en qualité architecturale) mais parce qu’il y règne toujours un état de droit, sans confusion entre le pouvoir politique et la loi.
Shanghai est « une vitrine coûteuse à entretenir », m’avoue Yan Hansheng, adjoint aux finances du maire. Les premières ressources financières de la ville résident toujours dans ses usines traditionnelles, la plupart propriétés du gouvernement, qui continuent de produire de l’acier, des voitures et des textiles. Ces industries, à l’ouest du centre-ville, restent cachées derrière la vitrine ; peu d’étrangers s’y aventurent. Pour préserver l’aspect rutilant de Shanghai, le gouvernement surveille la population : les dirigeants considèrent les paysans migrants qui exécutent à Shanghai les travaux subalternes comme une tâche sur la ville. Ils les empêchent d’y habiter ou d’y envoyer leurs enfants à l’école. Pour vivre de façon permanente à Shanghai, il faut y être né. (La citoyenneté se transmet par la mère – un système en vigueur dans toute la Chine). Il y a des exceptions, fondées sur le mérite – avoir un diplôme universitaire ne nuit pas – ou l’on peut se procurer une fausse carte d’identité. Tous les autres migrants qui travaillent à Shanghai doivent, le soir venu, regagner leur bidonville ou leur misérable dortoir ouvrier à la périphérie de la ville, loin du centre cosmopolite.
Le régime communiste façonne également la capitale chinoise. En visitant Pékin, il ne faut pas s’attendre à trouver beaucoup de vestiges de l’ancienne capitale impériale : sa destruction fut engagée immédiatement après la révolution communiste. En octobre 1949, depuis Tiananmen, la porte monumentale menant vers le palais impérial, Mao Zedong a proclamé la « libération » de la Chine et exigé que les cheminées d’usines remplacent les pagodes et les temples. Environ mille édifices religieux, beaucoup d’entre eux anciens de plusieurs siècles, furent vite abattus ou transformés en usines crachant de la fumée. Au début des années 1960, Pékin ressemblait plus à Birmingham au milieu du XIXe qu’à la capitale impériale que les voyageurs européens avaient surnommée « La Ville Sacrée ». Indifférent à l’appel de quelques érudits, Mao détruisit aussi la muraille d’enceinte qui datait du XVIIe siècle. La raison invoquée était le désengorgement du trafic, mais à l’époque, la ville comptait peu de voitures.
En 1979, le régime communiste a inauguré une nouvelle ère de réformes pour faire entrer la Chine dans l’économie mondiale. Pour Deng Xiaoping et sa clique, les usines de Pékin ne paraissaient pas assez modernes : le régime les a fermées ou transférées aux abords de la ville. Ces réformateurs poursuivirent la destruction du vieux Pékin initiée par Mao. La vieille ville était un labyrinthe de quartiers fait de maisons à un étage organisées autour de cours carrées et séparées par d’étroites allées, ou hutongs. Ces quartiers traditionnels auraient pu être sauvés ou modernisés, mais les réformateurs les firent raser sous prétexte d’hygiène (le motif officiel) et de spéculation immobilière (le vrai motif) : d’immenses tours de bureaux ont été érigées à leur place. Les habitants des hutongs ont été déplacés vers des boîtes à chaussures délabrées, appartenant à la ville, à la périphérie de Pékin : les loyers sont bas mais le confort moderne, comme les ascenseurs ou un chauffage qui fonctionne, souvent absents. Ironie, le gouvernement reconstitue aujourd’hui quelques hutongs d’origine, cherchant à plaire aux touristes en quête du Pékin authentique.
Les tours de bureaux qui donnent à Pékin son aspect contemporain ont rendu les propriétaires fonciers – le Parti et l’élite militaire – riches. Ils ont aussi rendu la ville laide, car bâtie à la hâte sans souci esthétique. Faible concession à l’histoire, quelques-uns des nouveaux bâtiments exhibent une note du passé – un toit traditionnel à étages, par exemple, ou des avant-toits recourbés – mais ces mélanges tendent à l’incohérence. Là encore, ce n’est qu’une façade. Et un tiers de ces bâtiments de bureaux restent vides car la spéculation a dépassé les besoins du marché.
Espérant améliorer son paysage urbain inélégant avant les jeux Olympiques de 2008, les dirigeants de Pékin ont fait appel à des grands noms de l’architecture internationale. Le Néerlandais Rem Koolhaas a dessiné un nouveau siège (magnifique) pour la télévision centrale chinoise ; la firme suisse Herzog et de Meuron a construit un stade olympique (surnommé le Nid d’oiseau) ; le Français Paul Andreu a créé un opéra, le Grand Théâtre National. Ces monuments, quoi que l’on pense de leur esthétique, pourraient se trouver n’importe où dans le monde : ils n’ont aucun lien avec la culture ou les traditions chinoises (Andreu avait déclaré que si les Chinois ne voulaient pas de son opéra en forme d’œuf en titane, il le vendrait aux Canadiens). Comme les tours de bureaux, ces trophées sont sous-utilisés jusqu’à l’absurde. L’opéra de Pékin n’a pour l’instant pas de programmation – la ville est un vide culturel – et le stade olympique fonctionne au ralenti depuis la fin des Jeux.
Là où se dressait la muraille de Pékin, des autoroutes encerclent la ville. Une route périphérique a été tracée, puis une autre, à mesure que la population augmentait, puis d’autres encore. Aujourd’hui, sept autoroutes concentriques entourent la ville de 10 millions d’habitants. Demandez à un habitant de Pékin où il vit, et vous l’entendrez répondre : « Quelque part entre le sixième et le septième périphérique ». « Pékin est plus moderne que Paris », m’avait dit, il y a quelques années, le maire de Pékin. « Vous n’avez qu’un périphérique. Nous en avons sept ! ». Ces routes sont congelées par d’épouvantables embouteillages (les voitures ne sont plus rares à Pékin) sous un brouillard de pollution.
Pékin n’est pas une ville accueillante. Elle offre peu de lieux de promenade, presque aucun parc. La ville comble chacun de ses espaces vides par des colonnes de béton les plus hautes possible. Les boutiques isolées sont rares, car elle prennent trop de place ; elles ont presque toutes été remplacées par des centres commerciaux. Mais la police est peu visible : les Chinois savent que toute infraction sera terriblement punie, ce qui rend les banlieues sûres.
Comme à Shanghai, et avec le même raisonnement, les autorités interdisent aux migrants l’accès aux meilleurs quartiers de Pékin. En avril dernier, les autorités municipales ont ajouté une mesure de contrôle supplémentaire pour empêcher les migrants de passer trop de temps dans la ville : dans seize quartiers des banlieues sud de Pékin, où la plupart des habitants sont des migrants, des portes de fer se ferment chaque soir et maintiennent la population à l’intérieur, sauf pour ceux qui ont un permis spécial pour travailler la nuit. Les autorités locales du Parti communiste affirment, et l’on est en droit d’en douter, que « 80% des habitants approuvent cette pratique, qui augmente la sécurité. » Les forts préjugés des nouvelles élites envers les pauvres ont aussi rendu populaires les quartiers privés pour riches, à l’américaine. Ces « communautés fermées » sont toujours proches de l’aéroport et des terrains de golf.
Passé vingt heures, Pékin est une ville morte, à l’exception de quelques rues réservées aux boîtes de nuit de la jeunesse dorée – les fils et filles de l’élite dirigeante. Les jeunes nantis ne se donnent pas la peine de masquer leur richesse. Le centre de Pékin est maintenant colonisé par des boutiques de luxe et des concessionnaires de voitures italiennes : les clients sont principalement ces jeunes Chinois de vingt ans et quelque, que le peuple surnomme « les jeunes princes ».
Ce qui reste du vieux Pékin est le Palais impérial, connu sous le nom de Cité Interdite. À la fin des années 60, lorsque j’ai eu le privilège de la visiter, la Cité Interdite dominait Pékin. Aujourd’hui, de hauts immeubles de bureaux l’assiègent ; le Palais semble s’enfoncer dans la ville moderne. Il est vrai que la Cité Interdite n’était pas en parfait état, mais les travaux de restauration ont été maladroits – des poutres de béton enduites d’un rouge criard ont remplacé le bois. Les touristes pourront apprécier – ou non – d’y trouver un Starbucks.
À deux heures d’avion de Pékin, Séoul aussi fut une cité impériale avant d’être conquise par le Japon en 1910. Il ne reste pas grand-chose du vieux Séoul : il a été détruit par la guerre de Corée et non par la révolution. La ville a changé de mains trois fois entre 1950 et 1953. L’ancien palais des rois et ses extraordinaires jardins ont survécu, tout comme la mairie et la gare centrale, construites dans le style japonais « impérial » des années vingt. Peu d’autres choses sont restées intactes.
Le vieux Séoul était situé au nord de la rivière Han ; la ville moderne s’est étendue sur la rive sud. Même si les montagnes qui entourent Séoul limitent l’expansion, elles n’ont pas empêché un vaste afflux de population. Depuis la fin de la guerre, des millions de Coréens sont passés de la campagne vers la ville. Les gouvernements autoritaires des années 60 et 70, obsédés par la croissance, ont accueilli volontiers l’exode de ces paysans à la recherche d’un emploi : ils sont devenus la main-d’œuvre corvéable, mais aujourd’hui bien traitée, des grands conglomérats privés – les chaebols – qui ont conduit le pays au succès économique.
Après trente ans d’une croissance spectaculaire – environs 10% par an – sous l’égide d’un régime militaire, les Sud-Coréens ont aspiré à une vie meilleure, plus libre. En 1987, des manifestations ont fait tomber le pouvoir militaire. Aujourd’hui, les Séoulites élisent leur maire, les membres du conseil municipal, et vingt-cinq maires de quartiers. Comme dans toute véritable démocratie, on y pratique la cohabitation des contraires : depuis les élections de juin 2010, un conservateur, Oh Se Hoon, est à la tête de la mairie, tandis que la gauche domine le conseil municipal.
La démocratisation a permis de transformer Séoul en une ville plus agréable en un temps exceptionnellement court. Avant la démocratie, les autorités recherchaient la croissance à n’importe quel prix, ou presque : les opérateurs immobiliers privés agissaient sans restrictions, le nombre de voitures particulières avait rapidement dépassé la capacité des rues, les transports en commun étaient délabrés et les espaces publics presque inexistants. Mais le maire de Séoul des années 2000, Lee Myung Bak – ancien PDG de la société de construction Hyundai – a compris que les Séoulites voulaient un centre-ville, des places, des jardins, des lieux où faire du shopping et flâner : il a radicalement transformé la ville, en préservant ce qui restait du passé et en réinventant la ville moderne. Son surnom de « Bulldozer » est mérité : les rives de l’Han, jusque-là dédiées à des parkings et des autoroutes, sont devenues accessibles aux piétons ; un ancien cours d’eau, le Cheonggyecheon, qui traversait jadis le centre de Séoul avant d’être enterré par une autoroute, a été redécouvert, permettant d’aérer le centre-ville. Des zones industrielles à l’abandon ont été transformées en banlieues cossues, version coréenne du Meatpacking District de New York. Ces changements populaires ont propulsé Lee Myung Back à la présidence de la Corée du Sud en décembre 2007.
Presque tous les jeunes Coréens veulent habiter la capitale, à la recherche d’un meilleur emploi, de meilleures écoles et de plus de distractions. De nouveaux trains rapides reliant les provinces à la capitale ont accéléré l’urbanisation : de jeunes couples peuvent déménager à Séoul tout en continuant de rendre visite à leur famille traditionnelle, en province le week-end. D’après le maire Oh, si l’on compte la population de villes voisines comme Incheon, où se trouve l’aéroport international, l’agglomération de Séoul héberge en fait 25 millions d’habitants, soit la moitié de la population totale du pays. Il en attend au moins dix millions de plus dans les dix prochaines années. Nous ne sommes pas en Chine : les Sud-Coréens vivent où bon leur semble, achètent et louent librement.
Avec autant de jeunes, la vie nocturne de Séoul est en plein essor : cafés, théâtres et centres culturels envahissent tous les quartiers de la ville. Le centre-ville est particulièrement populaire, avec ses rues étroites, ses maisons basses et son labyrinthe de restaurants et de galeries d’arts. Les femmes coréennes, moins clinquantes que les riches chinoises, ont adopté le style classique des Parisiennes ou des interprétations contemporaines des robes et tissus coréens traditionnels.
Parmi les villes d’Asie, Séoul se distingue par sa vitalité artistique, ses orchestres pop exportés à travers le continent (sitcoms et groupes de rock rallient des millions de fans chinois et japonais), une création contemporaine sophistiquée. Les artistes, réalisateurs, cuisiniers et designers de Séoul sont connus pour leur capacité à allier culture traditionnelle et techniques d’avant-garde. Le célèbre artiste vidéaste Nam June Paik s’était rendu célèbre dès les années 1970, pour ses installations inspirées des mandalas Bouddhistes mais édifiées avec des vieux postes de télévision Samsung. À Séoul, comme à New York et Berlin, on ressent l’énergie d’une société démocratique : c’est aussi une sorte de message national, adressé avec fierté au Japon, ancien colonisateur de la Corée, et à la Chine, le géant si proche.
Cette ébullition culturelle se tient dans l’ombre de la Corée du Nord, à seulement 70 km de Séoul. Mais la Corée du Nord ne hante pas la vie quotidienne des Séoulites. Je me souviens que l’état d’esprit était différent il y a vingt ou trente ans. La Corée du Nord semblait à l’époque plus menaçante ; beaucoup d’étudiants rebelles de Séoul militaient en faveur du Nord contre le pouvoir militaire du Sud ; de nombreux Séoulites avaient de la famille au Nord mais avec le temps, les liens se sont estompés. Aujourd’hui, de rares intellectuels de gauche à Séoul évoquent encore Pyongyang avec nostalgie. Pour la plupart des Sud-Coréens, la Corée du Nord semble aussi distante que la lune : c’est un endroit que l’on voit à la télévision, un voisin embarrassant, voire dangereux mais un cousin très lointain.
Les touristes étrangers visitent toujours la frontière, connue sous le nom de zone démilitarisée, ou DMZ ; sur cette ligne de démarcation, dans le village de Panmujon, ils regardent l’armée nord-coréenne défiler, à quelques mètres des soldats américains et sud-coréens. Les Séoulites se rendent parfois en voiture jusqu’à la DMZ, mais pour pique-niquer : le lieu est devenu, par accident historique, un refuge pour les oiseaux.
Si le régime nord-coréen venait à s’effondrer, les Séoulites ne s’attendent à rien de comparable à la vague de réfugiés qui a afflué à l’Ouest après la chute du Mur de Berlin. Bien qu’ils hésitent à le dire, la plupart préféreraient que, dans cette éventualité, les Nord-Coréens restent au Nord, du moins jusqu’à ce que les économies des deux pays soient plus en harmonie. Ils imaginent une solution proche de l’annexion de Hong Kong par la Chine, une ville qui maintient sa différence derrière une frontière fermée.
Avec l’expansion de la population de Séoul et les limites de la ville restreintes par la géographie, où caser tout le monde ? Le maire Oh a une solution : des gratte-ciel. Aujourd’hui dans le monde, les hauts immeubles sont partout – le plus grand de tous, le Burj Khalifa à Dubai, qui culmine à 818 mètres. Mais ce que Oh envisage pour Séoul est sans précédent : plusieurs tours immenses qui seraient en fait des villes verticales. Trois de ces projets de tours sont en cours de réalisation, dont un, « Séoul Lite », en construction. Séoul Lite sera haut de 600 mètres, avec 133 étages ; la tour abritera des appartements, un hôtel de luxe, des bureaux, des centres commerciaux, des salles de concert, des écoles, des services de santé, tout cela dans un seul bâtiment. Environ 20 000 personnes devraient y vivre de façon permanente, et quelque 50 000 durant la journée. Les Séoulites sont-ils prêts à vivre au 100e étage d’une tour ? Apparemment oui : ces tours ne sont pas le rêve utopique du maire mais l’œuvre d’entreprises privées, succursales des chaebols. Séoul Lite est un projet Daewoo ; une autre tour, au sud de la rivière Han, a été proposée par Lotte. Samsung veut construire un ensemble de tours, avec l’Américain Daniel Libeskind comme architecte en chef.
Les promoteurs de Séoul Lite affirment que ces appartements se vendent bien, à des prix plus élevés que dans le reste de la ville. D’après le maire, le bâtiment sera « un emblème », la première tour que l’on verra en arrivant en ville depuis l’aéroport. Séoul Lite sera à la mode écologique : son centre creux facilitera la circulation de l’air, réduisant les dépenses d’énergie. (Bien que Séoul ne souffre pas de forte pollution, les Sud-Coréens sont des adeptes du développement durable, l’envisageant comme un business prometteur). Séoul Lite pourrait désengorger le trafic dans la ville : « Ses habitants auront tendance à ne pas trop se déplacer, car tous les services seront disponibles là où ils vivent » , dit Oh. La ville projette de construire un train aérien pour relier les tours entre elles, avec le centre de la ville et l’aéroport d’Incheon.
Tours et trains suspendus verront-ils jamais le jour ? L’opposition municipale de gauche n’est guère enthousiasmée par les projets des chaebols. Mais on n’est pas en Chine ni en Corée du Nord, ce qui implique, comme le note Oh, qu’ « au final, le marché décidera. » Si Séoul adopte ses gratte-ciel, pense-t-il, la ville pourra devenir un modèle pour les mégalopoles en expansion des pays émergents. Les entreprises derrière les projets de tours pour Séoul aimeraient reproduire leur rêve dans le monde entier : les habitants de Sao Paulo ou Jakarta, au volant de Hyundai, équipées de tablettes Samsung et de retour chez eux dans des cités verticales construites par Lotte, telle est l’ambition illimitée des entreprises coréennes.
Article passionant, merci