Le programme pas vraiment nouveau de Nicolas Sarkozy

L’incohérence doctrinale de Nicolas Sarkozy n’est qu’une version subtile d’immobilisme.

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Nicolas Sarkozy lors du lancement du Conseil National du Numérique (Crédit rsepulveda, licence Creative Commons)

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Le programme pas vraiment nouveau de Nicolas Sarkozy

Publié le 23 octobre 2015
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Par Jacques Garello.

Nicolas Sarkozy lors du lancement du Conseil National du Numérique (Crédit rsepulveda, licence Creative Commons)
Nicolas Sarkozy lors du lancement du Conseil National du Numérique (Crédit rsepulveda, licence Creative Commons)

Dans Les Échos, Nicolas Sarkozy a affirmé sa décision de « refonder notre modèle social ». Il précise même : social et économique, pour rappeler sans doute qu’en 2008 il avait analysé la crise comme celle du capitalisme… Entre temps, il a découvert que « l’entreprise c’est l’emploi ». Au début de son interview on se prend à espérer : « Tout est proposé d’en haut » : cette méthode de gouvernement lui est en effet peu familière et le voici sans doute acquis au principe de subsidiarité.

Espoir déçu : comme d’habitude, Sarkozy se défend d’adhérer à tout principe, à toute doctrine. Quand on lui demande quelles sont ses idées de réforme de la fiscalité, il met les choses au point : « L’objectif est d’être efficace, pas de verser dans l’idéologie. La question n’est pas d’être libéral, socialiste ou keynésien ». Alors, quelles réformes, inspirées par quel dessein ? Il faut être compétitif en Europe, rejoindre la moyenne de nos concurrents. Certes, mais libéraux, socialistes et keynésiens sont sans doute d’accord sur ce point. Donc, surtout pas de référence dogmatique. À la question : peut-on être élu si on est libéral ? la réponse est claire : « Ces étiquettes n’ont plus de sens. Il faut mettre le travail, la confiance, la liberté au cœur de notre projet ». C’est assez précis pour faire l’unanimité de la droite et de la gauche.

Venons-en au détail des réformes, puisque le président candidat, en empiriste avéré, se défend de toute vision globale.

retour sarkozy Le HonzecIl faut d’abord réformer le droit du travail. Faisant référence au débat actuel sur le meilleur niveau de négociation collective, il prend position pour l’accord d’entreprise, prééminent  sur tout le reste. Mais l’État veille : il y aura « quelques exceptions » notamment pour l’artisanat, le commerce, les cafés-restaurants. Les syndicats ne sont plus à même d’imposer leurs vues au nom des salariés : des referendums peuvent être organisés dans l’entreprise et la majorité simple arbitrera le débat, avec le contrôle d’un juge si nécessaire. Sarkozy pense que la démocratie est la loi de la majorité ; les libéraux pensent que c’est la protection de la minorité, et à leurs yeux c’est le contrat individuel qui est souverain. Sans doute Sarkozy se prononce-t-il contre le monopole de présentation des syndicats. Sans doute veut-il supprimer le seuil de 10 salariés, mais pourquoi maintenir les autres, même si c’est en fondant les organes représentatifs du personnel ? Quant à la durée légale du travail, elle disparaît mais dans un cadre réglementaire : 35 heures ne peuvent être changées pour 39 heures sans rémunération supplémentaire, comme l’ont souhaité les salariés de Smart. En revanche, les cotisations sociales seraient supprimées entre 35 et 39 heures.

Sur la protection sociale, les réformes évoquées ici sont peu révolutionnaires, si ce n’est le recul de l’âge de la retraite à 63 ans et la gestion de l’UNEDIC retirée aux syndicats pour être confiée à l’État. Les allocations chômage sont amenées à baisser au-delà de 12 mois, elles devraient être dégressives.

Sur le chapitre de la fiscalité, en dehors de l’objectif de rejoindre la moyenne européenne et en particulier de combler l’écart avec les Allemands, il n’y a guère de précisions, sauf la suppression de l’ISF, qui fait fuir les contribuables à l’étranger. Les dépenses publiques doivent diminuer sur une période de cinq ans, ce qui implique 100 milliards d’économies en cinq ans. Ce n’est pas très violent, on en conviendra. Quelles économies ? Une allusion est faite à la fonction publique, dont certains privilèges devraient être revus, comme le calcul des retraites. On n’en sait guère plus sur les économies, il n’est pas fait allusion au dogme libéral du recul de l’État. Sarkozy a toujours été et demeure étatiste.

Aux yeux du président candidat, la priorité revient à la lutte contre le chômage. Outre la révision des allocations, il faut aller plus loin pour inciter les entreprises à embaucher. Ainsi avance-t-il l’idée d’un SMIC « sans aucune charge pour l’employeur », et d’un allègement des charges pour les emplois familiaux (les emplois non déclarés sont, dit-il « un gisement essentiel d’emplois »). Entend-il taxer ceux qui ne le sont pas aujourd’hui (il cite les gardes d’enfants ou les aides aux personnes âgées) ?

Bref, dépouillées volontairement de toute cohésion doctrinale, ces propositions « tous azimuts » ressemblent davantage à un discours électoral qu’à un projet de société. On est bien dans le mode politique habituel en France.

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  • Sans projet global, permettant de fixer un objectif, chaque mini changement sera combattu, pour aboutir à des micro ajustements. Et 5 ans plus tard, on en sera toujours au même point. Autrement dit, Sarkozy applique la méthode Hollande, et obtiendra les mêmes résultats. Pour réformer la France il faut d’abord réformer sa classe politique, pour réussir à y trouver un Cameron.

    • Partout ailleurs qu’en France, « la droite », quand elle est au pouvoir, redresse les finances publiques, en « remettant de l’ordre »; et quand c’est « la gauche », elle tente d’ouvrir les robinets de la « redistribution ».

      Vous avez connu l’inverse: N.Sarkozy n’a fait que des annonces d’économie, Fr.Hollande, lui a nettement aggravé la ponction fiscale.

      Les deux ont augmenté les « sans salaire », les « sans logement », les sans domicile fixe et les citoyens situés sous le seuil de pauvreté.

      Ses propositions (dans l’article) n’apporte aucune solution: c’est le train de vie de l’état (le mille-feuille et les annexes diverse) qui est la mauvaise graisse qui demande d’urgence une liposuccion sévère.

      Il n’a aucun autre pragmatisme que son esbroufe, comme d’habitude, grotesque: Si jamais ce voyou est réélu, je limiterai tout déplacement en France et tout contact avec des Français (sauf mes rares amis) au maximum. Voter pour un perdant, un loser, avec ce tas de casseroles dont il sortira blanchi par un procureur très quelconque? C’est un pays trop dangereux! Voulez-vous un indice. Le voici!

      http://arretsurinfo.ch/le-ministre-de-linterieur-bloque-lenquete-sur-les-attentats-hyper-cacher-charlie-hebdo/

  • Sarkozy est un candidat, pas un homme d’etat. il dit ce que veut entendre son auditoire. il promet ce que veulent bien croire les électeurs.
    Et après, il explique que c’est la faute des autres, de pas de chance, ou détourne l’attention.

    J’ai décidé de ne plus voter « contre » , mais de voter « pour »… et en ce moment, c’est blanc.

  • c est un petit nabot complexe qui aime les grandes femmes d occasions …!!

  • sans vouloir le défendre, lui au moins, a ,en pleine crise, poursuivi sa politique de dégraissage du mammouth avec non remplacement du départ en retraite de certains fonctionnaires.

    Il est vrai qu’au final les collectivités territoriales de gauche ont réussi à saboter son projet de baisse globale du nombre de fonctionnaires en embauchant à tout va !

    • Si il en avait vraiment eu la volonté, il y aurait eu un dégraissage.

      Il n’en avait simplement pas réellement la volonté, donc forcément ça a capoté.

      • d’autant que la méthode est mauvaise. Aucun dégraissage n’est possible si on ne se repose pas la question sur le périmètre des actions de l’état, l’ajustement des effectifs n’en est que la conséquence. Sarkozy est un bonimenteur talentueux mais pas en aucun cas un homme d’état à la vision claire.

        • Absolument rien ne vous dit qu’il fera mieux, cette fois-ci: il ne parviendra d’abord à franchir la primaire qu’en trichant; de plus si les « Français » lui ont donné son congé, c’est bien qu’ils ne le croyaient plus! Il a menti, triché, et peut-être volé: 11 possibilités de procès, ça vous classe un homme!

          De plus, voter pour un perdant alors que beaucoup ont voté pour qu’il s’en aille? Non, ce n’est pas sérieux!!!

          • « 11 possibilités… », argument malhonnête, vous ne seriez pas socialiste ?

            • Pourquoi seuls les socialistes ont des arguments malhonnêtes ? le libéral n’est pas un homme faillible ? L’état de libéral obère t’il la malhonnêteté ?

            • Oui, je sais: la présomption d’innocence! Mais ses 2 sociétés à Luxembourg pour la campagne d’E.Balladur sont un indice de plus!

              Pour le reste vous pouvez ne pas aimer mon argument mais l’expression en est prudente.

              Et non, je ne suis ni Français, ni socialiste et sans doute plus libéral que N.Sarkozy.

    • Avant nous étions gouvernés par des incapables corrompus, soit ! Tout le monde était au courant. Depuis le nabot, on peut ajouter le qualificatif de « traitre »… Allez hop : au placard le gnome !

    • « Sarkozy a toujours été et demeure étatiste. »

      C’est le fond du problème. Ce qu’il dit ne me choque pas (politique oblige). Ce qu’il a montré quand il était au pouvoir me laisse douter.

      Même les socialistes ou le FN se retrouveront confrontés aux réalités catastrophiques une fois élus. Qui aura le courage et les moyens d’y faire face, sachant que l’état est plus un obstacle qu’une solution dans le problème actuel et que Hollande nous enfonce chaque jour un peu plus dans ce non-sens. (avec l’aide entre autres du Pape et même Contrepoint qui bénissent les taxes carbone).

      • >Qui aura le courage et les moyens d’y faire face

        Personne, vous le savez bien. Et j’ajoute même que si nous avions ce « fameux sauveur qui n’arrivera jamais », vous croyez franchement que l’establishement lui laissera carte blanche. Il y a trop de gens en France qui vivent de ce système complétement pourri et qui ne sont certainement pas prêts à disparaitre.

        « Le socialisme, c’est 50% de gens qui en vivent et 50% qui en crèvent. » (Pas de moi)

      • Vous êtes sûr que c’est l’écologie qu vous menace le plus?

        Alors lisez plutôt le lien ci-dessous: je ne m’en porte pas garant mais si il y a quelque chose de vrai, c’est bien plus inquiétant que le pape, l’Église ou les curés ou Contrepoints!

        http://arretsurinfo.ch/le-ministre-de-linterieur-bloque-lenquete-sur-les-attentats-hyper-cacher-charlie-hebdo/

    • lui au moins, a ,en pleine crise, poursuivi sa politique de dégraissage du mammouth avec non remplacement du départ en retraite de certains fonctionnaires.

      Dégraissage en trompe-l’oeil puisque les départs ont été compensés par des heures sup ou des contractuels, donc aucune économie au total. Cette manière de procéder sans remettre en cause ni les missions ni les organisations était vouée à l’échec. C’est le degré zéro de la gestion des ressources humaines.

  • le ‘président’ propose mais les syndicats disposent d’un tel pouvoir de nuisance qu’il n’en restera pas grand chose alors autant y aller molo molo .

    • Même si la France reste une championne de la grève (même les pilotes d’Air France: des hypergâés, vis-à-vis de l’étranger!), vos syndicats ne représentent guère d’adhérents en règle de cotisation et ne survivraient pas sans la manne publique! Ils ne sont là que pour assurer une certaine paix sociale, un semblant de dialogue social, en fait, pas grand chose. (Ah! Si! Ils gèrent la fortune des C.E!)

      Personne ne s’est jamais demandé si il ne fallait pas faire confiance au dialogue social entre patrons (de toutes les tailles d’entreprises) et des syndicats préférant le dialogue à la « Lutte des Classes », comme dans les autres pays européens où ça fonctionne pourtant mieux?

  • Sarkozy, le père noel du riche

  • Sarkozy? un faible, grande gueule, il aboie quand la caravane passe, mais rappelez vous:
    – Il s’est fait élire grâce a une campagne intelligente, il a su parler aux français qui l’ont entendu et élu.
    – Il est parti, une fois élu, bille en tête pour tout faire, prenant quelques bonnes initiatives, mais brouillon et instable, faisant appel pour réaliser son programme a des guignols de gauche en leur commandant rapports sur rapports, on avait l’impression qu’il allait appliquer le programme de la gauche, et nommant de purs socialistes à des postes clé !
    – puis les premières difficultes, les syndicats ont grogné, et on a vu Sarkozy passer son temps à reculer, en fonction des sondages journaliers qu’il s’offrait.
    – crise 2008, il a été capable de mobiliser l’Europe, y compris les anglais, fallait le faire, ce sera son bâton de maréchal.
    – puis ce ne furent qu’une série de reculades, sans combat, sauf pour la loi Hadopi, ce qui lui a permis de se mettre toute la jeunesse branchée à dos, et tout ça pour continuer à entretenir les parasites du monde du spectacle, qui de toute façon votent presque toujours à gauche.
    – après les français ont eu droit à une pluie permanente d’impôts et taxes diverses. Mais jamais à une réflexion réelle sur la réduction des déficits et la relance de l’économie. Il n’avait plus le temps, il était déjà en campagne.

    Il n’a jamais eu de vision réelle de l’avenir du pays, il n’a ensuite pensé qu’a sa ré-election. Et il n’a toujours aucune vision, car pendant sa petite traversé du désert, il n’a fait que jouer au macchiavel pour dynamiter la droite.

    Et malgré tout ça, les français ont mis au pouvoir son équivalent de gauche, un homme qui n’a jamais eu de vision pour son pays, qui n’en aura jamais, qui n’a qu’une seule ambition, le pouvoir pour le pouvoir. Car lui aussi, il aime beaucoup l’argent.

    Sont bizarres, les français, quand ils restent au pays.

  • Moi, je vois les choses comme cela:
    Sarkozy va défaire ce qui a été fait sous Hollande qui avait défait ce que Sarkozy avait défait sous Chirac qui lui même avait défait que c’avait fait Mitterrand.

    Exemple: je met les 35 heures, que j’assoupli après en défiscalisant les heures sup qui sont plus tard refiscalisés et l’on s’apercoit récemment que ce n’est pas forcément une bonne chose; donc on va au choix soit re-défiscaliser, soit repasser à 39 heures.

    Au total, on arrive à la situation suivante: ON COULE !

    • Moi je pense que s’il est élu, alors ce sera la preuve qu’il peut se permettre tout et n’importe quoi, et que c’est ce qu’il fera.

  • Si le projet politique de Sarko se résume à ce catalogue de mesurettes, c’est consternant. J’attends d’un candidat à la Présidence qu’il propose un projet, une ambition, une vision de long terme pour le pays.

    • C’est juste un socialiste comme un autre des reps , le seul que je regarde encore ou que j’écoute de temps a autre c’est Fillon mais ca reste un socialiste quand meme

    • Mais il s’en fout des Français, de la politique, ce qu’il veut, c’est sa revanche électorale! c’est un petit complexé pur sucre! C’est tout!

  • Il a fait « adosser » le régime ultra privilégié de la RATP sur la caisse du régime général. Que personne ne s’avise de me dire en face que cet homme est libéral !

    • un problème, une mauvaise solution , n’est ce pas la seule chose que l’on peut attendre d’un politique que la politique a corrompu car c’est le seul moyen d’être au TOP ?

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