État Islamique : l’homme qui dérange

Steve Maman sauve des vies quotidiennement. Pourtant, la bureaucratie lui met des bâtons dans les roues.

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Yezidi girl carries an assault rifle to protect her family against ISIS credits Adam Rifkin via Flickr ( (CC BY 2.0)

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État Islamique : l’homme qui dérange

Publié le 8 septembre 2015
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Par Nathalie Elgrably-Levy, depuis le Canada.

Yezidi girl carries an assault rifle to protect her family against ISIS credits Adam Rifkin via Flickr ( (CC BY 2.0)
Yezidi girl carries an assault rifle to protect her family against ISIS credits Adam Rifkin via Flickr ( (CC BY 2.0)

Le 24 juin 2014, l’État islamique (EI) proclamait l’instauration du califat sur les territoires irakiens et syriens sous son contrôle.

Voilà donc plus d’un an que les fous d’Allah procèdent à une purification ethnique sur fond de barbarie démesurée et de cruauté infinie. Déjà presque 15 mois que des terroristes sanguinaires détruisent, ravagent, kidnappent, massacrent, égorgent, violent, brûlent vif, décapitent et ne laissent sur leur passage que ruines et désolation.

Où sont les pétitions ?

L’esclavage sexuel fait partie du fonds de commerce de l’EI. Ses leaders ont même élaboré une «théologie du viol» dans laquelle cet acte odieux est jugé «spirituellement bénéfique». Néanmoins, les sociétés occidentales restent impassibles. On lit rarement des textes d’indignation. On ne voit aucun collectif d’«intellectuels» signer des pétitions enflammées pour réclamer la libération des femmes qui sont sauvagement violées 30 fois par jour. Nous sommes tous des spectateurs indifférents, insouciants. Nous laissons l’inqualifiable se produire, comme si le sort des esclaves sexuelles ne nous concernait pas.

Plus déplorables encore sont les efforts déployés pour saboter, inconsciemment ou volontairement, les initiatives de l’une des rares personnes à refuser l’inaction face aux crimes de l’EI. L’homme d’affaires montréalais Steve Maman est cette personne.

Après avoir engagé son propre argent pour libérer des esclaves sexuelles des griffes de l’EI, M. Maman a fondé le 25 juin dernier l’organisme CYCI afin de collecter les fonds nécessaires pour racheter les femmes et les jeunes filles ­retenues captives. Mais au lieu d’être épaulé par ses concitoyens, il fait maintenant l’objet d’une croisade visant à le discréditer, à délégitimer son organisation et à le faire passer pour un escroc. Notre société reste amorphe devant les atrocités de l’EI, mais vilipende le seul courageux qui tente une action. Avons-nous donc perdu la raison ?

On reproche à CYCI d’avoir omis de remplir tous les formulaires exigés par Revenu Canada, d’avoir enfreint certaines résolutions de l’ONU et possiblement, mais non sciemment, des lois fédérales en ce qui concerne le financement d’activités terroristes. Ces criti­ques sont certainement fondées. Peut-être que CYCI a agi avec précipitation. Après tout, CYCI n’existe que depuis deux mois et opère grâce à une poignée de bénévoles.

Traitement injustifié

Mais ces manquements, aussi réels soient-ils, ne justifient pas le traitement au vitriol dont Steve Maman fait l’objet. Au contraire, ce sont autant de raisons pour lui prodiguer les conseils légaux et le soutien administratif qui lui font défaut. Pourtant, personne ne bronche. Notamment, les avocats et autres «experts» qui se plaisent à sermonner M. Maman ne lui offrent aucun soutien pour corriger la situation et l’aider à poursuivre sa cause. Ils préfèrent le salir et miner sa mission, même si d’innocentes jeunes filles yézidis s’en trouvent sacrifiées.

Il faut dire que M. Maman dérange. Par son initiative, il donne mauvaise conscience à ceux qui se vautrent dans l’indifférence. Il ébranle la quiétude de ceux qui discourent sans jamais agir. Et il rappelle que la solidarité n’est pas qu’un slogan. Surtout, son action isolée met en lumière notre inaction collective.

Albert Einstein aurait dit : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.» Par notre léthargie collective, nous collaborons avec les monstres de l’EI. Torpiller la mission de Steve Maman ne changera rien à cette triste réalité !


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  • Bien vu ! Très bon article.

  • Il est vrai que Steve Maman aide à financer le terrorisme, mais sauver les femmes de cette minorité persécutée n’en reste pas moins noble, bravo à cet homme. Nous n’en avons pas fait assez pour ces Yézidis, il aurait fallu en accueillir beaucoup plus.

    • On est typiquement dans le genre de dilemme moral que nous pose ce genre d’organisation:

      – Soit on les rachète et on nuit à notre objectif de long terme car cela aide le califa à maintenir ses finances à flot et on finance donc ses crimes futurs.

      – Soit on ne le fait pas et on les abandonnes à leur sort en attendant qu’elles soient les victimes collatérales d’une de nos bombes.

      Je n’aime pas cela, mais j’ai absolument aucune réponse.

      Le principal problème c’est que l’on a aucun moyen de pression sur IS. On ne peut pas les menacer de leur faire la guerre plus violemment sans accepter d’énormes pertes de notre coté et encore plus de coté des civils qui vivent sous IS.

      L’inverse, leur échanger les vies des yézidis contre moins de bombes serait accepter une certaine légitimité qui ouvrirait la porte à toutes les compromissions. Il y à en effet un gouffre bien plus grand entre le « on ne discute pas avec IS car on n’a d’autre objectif que son annihilation totale » et le premier accord qu’on pourrait avoir avec eux qu’entre ce premier accord et la reconnaissance d’un état.

      • L’IS ne durera plus très longtemps de toute façon, il faut juste attendre que l’armée irakienne soit prête, actuellement entraînée par les Américains elle a reçu ses premiers avions F16. Quand ils seront expulsés d’Irak ils perdront une grosse source de financement et recrutement, restant coincés en Syrie.
        La perte d’aura due à la défaite réduira fortement son attrait pour les jeunes musulmans étrangers.

        Ils ne prendront pas Damas en Syrie, l’Iran et la Russie ne l’accepteront sans doute pas. A partir de là ils ne pourraient plus s’étendre.

        Ce sera long mais ils sont condamnés.

        • « il faut juste attendre que l’armée irakienne soit prête »

          Vous parlez de l’armé qui a fuie de nombreuses foi devant IS ? De celle ou il y avait 50 000 soldats fantômes ? C’est quoi qui a changer récemment ?

          « elle a reçu ses premiers avions F16 »

          Le commandement irakien peut actuellement demander des bombardements à des centaines d’avions de l’armée américaine, qu’est ce que cela changera que l’Irak ai des F16 ?

          « Quand ils seront expulsés d’Irak ils perdront une grosse source de financement et recrutement »

          On peut aussi se dire que quand une armée constituée de chiites entrera dans des villes sunnites en tirant sur tout ce qui bouge dans un esprit « now the retaliation begin » cela augmentera le nombres de combattants… Vous avez du rater les exactions du hezbollah irakien…

          Je ne pense pas que l’on règlera le problème sans régler les problème politiques, ethniques et communautaires sous-jacent. Les sunnites sont une minorité en Irak, les chiites veulent se venger des années Saddam et maintenant d’IS sur eux. On arriverait mieux à retourner les sunnites contre IS si on leur donnerait une garantie qu’ils ne seront pas indistinctement persécutés en représailles. Les sunnites sont une majorité en Syrie. Évidemment si la Syrie devient démocratique il se passera l’inverse de ce qu’il s’est passé en Irak et la majorité sunnite élira un président avec des intentions revanchardes. Pour éviter un massacre des minorités syriennes sans pour autant avoir à soumettre violemment la majorité du pays il serait bon de couper ce pays en deux ou en trois (il y a les kurdes aussi, qui en Irak et en Syrie on fait le preuve de la viabilité de leur indépendance depuis le début de cette guerre).

          Bref, il faudrait mieux chercher une solution à long terme qu’une solution à court terme.

        • Mais ils sont aux portes de Damas. Que peut faire la Russie? L’Iran?
          L’Iran peut envoyer quelques forces en plus de ce quelle doit avoir sur place. Mais cela changera-t-il la donne?

          On est comme dans la situation de 1936.

          • « Mais cela changera-t-il la donne? »

            Cela envenimera considérablement la situation. Pour un arabe sunnite être occupé par des perses chiites c’est une honte bien plus grande que par des troupes occidentales. Il serait bon de prendre en compte les réalités ethno-religieuses avant de proposer n’importe quoi.

            • Oui, cela posera de nouveaux problèmes. Cela ne vaudrait que pour arrêter une avancée de IS en terre alaouite.

              « Les sunnites sont une majorité en Syrie. » : il se trouve que 80% (?) de la population est encore sous le contrôle de Damas. Dont des sunnites. Tous ou presque tenteront de fuir. Surtout les jeunes.

              Une des clefs du problème est détenue par le jeu trouble de la Turquie qui laisse passer les combattants et achète le pétrole à l’IS. Et accessoirement, qui démolit les bases et positions syriennes kurdes.

              L’IS ne peut perdre, financée par les pétromonarchie, la Turquie, alimentée en combattant par le monde et l’Europe. Autant financer l’arrêt de leur progression avec le moins de dégâts possible, et de préférence financer les camps de réfugiés pour adoucir la vie déplorable qu’ont ces gens.

              • C’est vrai que je ne comprend pas pourquoi les occidentaux n’ont pas condamné les actions pro ISIS d’Erdogan, sa position est aujourd’hui faible en Turquie ! Il soutient qu’officieusement ISIS (par intérêt personnel) notamment car il ne peut pas se permettre de passer pour un islamiste radicale en Turquie alors montrons au monde qui il est vraiment et l’on portera alors un vrai coup à l’Etat Islamique

      • Ce que vous dites est vrai, mais l’une branche de votre dilemme est une barbarie certaine présente, et l’autre un renforcement plausible futur des barbares. D’après moi, il y a urgence d’empêcher la barbarie certaine, et puis on voit comment tempérer les conséquences du renforcement des barbares.

        Et si l’on rapporte ces barbaries à nos proches, nous ne nous poserions pas tant de questions. C’est un argument aussi.

      • Un article du Figaro avançait le chiffre de 1500 à 2000 € par otage libéré. Je comprends tout à fait votre réserve, mais à ce rythme-là, je lui souhaite d’en libérer le plus possible.

        A comparer avec les 58 millions d’euros versés par l’Etat français aux ravisseurs pour libérer les otages entre 2008 et juillet 2014 par exemple.

    • Il finance le terrosime en rachetant des esclaves pour les libérer. Nous on le finance en faisant le plein… Il y a quand même une manière plus noble dans les deux.

      • oui,
        sans compter les tucs qui en plsu de racheter le pétrole, attaquent diw fois plus les kurdes que l’EI…
        un jour il faudra juger erdogan pour crime contre l’humanité dans cette affaire.

  • « Avons-nous donc perdu la raison ? »

    Oui, à ce qu’il paraît.

    « Par notre léthargie collective, nous collaborons avec les monstres de l’EI. »

    On préfère bombarder le palais du chef d’état syrien, au lieu de laisser les syriens régler leurs comptes eux-mêmes. Les turcs se « trompent », pouf pouf pouf, de cibles et bombardent des bases syriennes au prétexte que ce sont des kurdes. On aide les terroristes en les finançant, les pays du moyen-orient en premier, en leur fournissant des armes, France USA …
    Mais on persiste à envoyer quelques bombes par ci par là alors que c’est inutile, puisque EI est aux portes de Damas.

    Qui s’est indigné quand les Yésidis ont été massacrés ? Qui ? Qui ? Qui ?

    Le pire semble encore à venir.

    • « les syriens régler leurs comptes eux-mêmes »

      Si les syriens auraient réglé leurs comptes eux mêmes sans les différentes milices chiites étrangères Assad ne serait plus la depuis longtemps. La Syrie n’est politiquement qu’une extension de l’Iran qui veut à la foi couper la continuité territoriale des zones sunnites et avoir une continuité territoriale jusqu’à Israël.

  • Il me semble que certains doutent de la véracité de ces exploits ? (Je ne sais pas si leurs doutes sont justifiés). L’auteur de l’article en sait plus à propos de ses doutes ?

  • Au dela des apparences de lutte « entre le pouvoir et les humbles citoyens » que dépeint cet article et de nombreux autres, j’aimerais bien savoir une fois pour toutes si toute cette opération n’est pas tout simplement manoeuvres d’un ancien dealer de voitures pour subtiliser de l’argent (580000$) à d’innocents donateurs. Oui le public raffole de ces histoires de quasi-prophètes riches qui se convertissent aux bonnes oeuvres mais l’humain étant ce qu’il est, les riches font souvent ce qu’il faut pour rester riches. J’ai travaillé en premier plan dans l’industrie dite « humanitaire » et peux vous assurer que le niveau de corruption y est équivalent au pays qui entoure ces opérations. J’irais toujours travailler sur place avec mes propres mains bien avant d’y donner mes dollars honnêtement gagnés.

  • merci pou cet article

    Comment puis-je faire pour aider M. Maman et donc toutes ces femmes dont le masculin par sa violence nie la réalité et donc sa propre existence?

    je suis de tout cœur avec lui

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