Hollande milite pour un « gouvernement de la zone euro »

Le président français plaide pour une « Europe à deux vitesses ».

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François Hollande - Crédits photo Philippe Grangeaud - Parti Socialiste via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0

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Hollande milite pour un « gouvernement de la zone euro »

Publié le 20 juillet 2015
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Par Vincenzo Scarpetta
Un article d’Open Europe

François Hollande - Crédits photo Philippe Grangeaud - Parti Socialiste via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0
François Hollande – Crédits photo Philippe Grangeaud – Parti Socialiste via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0

 

La crise grecque a relancé le débat sur l’avenir de la zone euro. Le président français François Hollande appelle à un gouvernement de la zone euro, avec un budget dédié ainsi qu’un parlement spécifique. Dans le même temps, Magdalena Andersson, la ministre des Finances de Suède craint que son pays, en dehors de la zone euro, devienne un membre de seconde classe de l’UE. L’UE peut-elle relever le défi de concilier des intérêts contradictoires ?

Hollande plaide pour un gouvernement de la zone euro

Inévitablement, la crise grecque a relancé le débat sur l’avenir de l’intégration de la zone euro. Quoi qu’il advienne à la Grèce – une sortie de l’euro n’est pas totalement écartée – il est clair que nous allons certainement assister, au moins au niveau du discours et des intentions, à une nouvelle poussée de liens plus étroits entre les pays partageant la monnaie commune.

François Hollande a publié une tribune dans Le Journal du Dimanche, dans laquelle il rend hommage à l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors (qui a eu 90 ans aujourd’hui), et en a profité pour avancer les arguments suivants :

« L’Europe a laissé ses institutions s’affaiblir et les 28 gouvernements peinent à s’accorder pour aller de l’avant. Les Parlements restent trop loin des décisions. Et les peuples se détournent à force d’être contournés. (…) Ce qui nous menace, ce n’est pas l’excès d’Europe mais son insuffisance. »

Il poursuit :

« Avec Jacques Delors, l’Europe s’est élargie, mais il nous avait mis en garde en proposant un approfondissement avec des intégrations différenciées. Écoutons-le. Les circonstances nous conduisent à accélérer. La zone euro a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce. (…) L’esprit européen a prévalu. Mais nous ne pouvons en rester là. J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique. »

Hollande conclut :

« Partager une monnaie, c’est bien plus que vouloir une convergence. C’est un choix que 19 pays ont fait parce que c’était leur intérêt. Nul gouvernement d’ailleurs depuis quinze ans n’a pris la responsabilité d’en sortir. Ce choix appelle une organisation renforcée et avec les pays qui en décideront, une avant-garde. La France y est prête. »

François Hollande a tout simplement réitéré une conception française classique de l’intégration européenne : une « Europe à deux vitesses » avec le bloc de la monnaie unique au centre. Les idées lancées par le président français – un gouvernement de la zone euro avec un budget dédié, et même un parlement spécifique – nécessiteraient certainement une révision du traité de l’UE, quelque chose que la France s’est efforcée d’éviter au cours des dernières années.

Dans un entretien publié par Der Spiegel en fin de semaine, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a également ressassé l’idée d’un ministre des Finances unique pour la zone euro, en déclarant :

« Je suis également en faveur d’un ministre des Finances de la zone euro, mais pour en installer un, les traités européens doivent d’abord être modifiés. »

On ne sait pas combien de pays de la zone euro sont effectivement préparés pour un tel grand bond en avant – surtout compte tenu de la façon dont les récentes négociations grecques ont exacerbé la fracture Nord/Sud.

Mais le fait que le président français et le ministre allemand des Finances parlent ouvertement de leurs grands desseins pour la zone euro – juste une semaine après que la monnaie unique ait vécu son test le plus décisif – est effectivement un événement important. Encore plus si l’on compare leurs déclarations avec les propositions largement décevantes énoncées dans le Rapport des cinq Présidents sur l’avenir de l’intégration de la zone euro publié à la fin du mois dernier.

Quid des membres de l’UE en dehors de la zone euro ?

De toute évidence, les changements évoqués par Hollande et Schäuble pourraient avoir des conséquences profondes sur l’ensemble de l’Union européenne.

Fait intéressant, dans une tribune récente pour Dagens Nyheter intitulée « La Suède ne doit pas devenir un membre de seconde classe de l’Union européenne », la ministre suédoise des Finances Magdalena Andersson prévient :

« Pour les pays en dehors de l’euro, il y a un risque que [l’intégration renforcée de la zone euro] conduise à un affaiblissement de leur position dans l’UE et réduise leur influence sur la formulation des politiques. En fin de compte, cela peut aussi affecter la conception du marché unique de l’UE, qui est si importante pour la Suède. »

Cela résume l’un des défis majeurs que doit relever l’Union européenne : comment concilier une union économique et politique recentrée sur la zone euro avec une plus large adhésion au marché unique.

Il s’agit d’une question qui a souvent été considérée comme hypothétique. Cependant, nous pourrions bientôt entrer dans une période dans laquelle cette question nécessiterait d’être résolue. Le récent différend sur l’utilisation du fonds de sauvetage FESF – soutenu par les 28 États-membres de l’UE – en vue de fournir un plan d’aides à la Grèce est une parfaite illustration de ce qui peut arriver.


Sur le web. Traduction : Contrepoints.

 

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  • La France était déjà à 2 vitesses. Si il n’y a aucune relance économique, le pays est foutu et l’Europe aussi. Quel avenir pour les européens ?

    • Sombre.
      Je vous propose le scénario suivant : les pays africains ayant une capacité militaire : l’Egypte (attentats au Sinaï en ce moment) , le Tchad (départ du président actuel) et l’Algérie (succession de Boutef manquée) s’effondrent. La Turquie bascule (double-jeu et attentats en ce moment). Les européens sont directement confrontés à des mouvements de populations importants.
      Les russes, qui ont été trahis par les français (Mistral) , laisseront les européens se démerder mais n’accepteront pas de laisser le bazar s’installer à leurs portes.
      Parallèlement, montée de la pauvreté et des nationalismes en Europe, réactions violentes face aux migrations massives et accroissement des actes de terrorisme.
      En France, situation économique catastrophique, le parti ultranationaliste rafle la moitié des régions. Emigration de tous ceux qui le peuvent.
      Les Etats-Unis, tout à leurs préoccupations liées à la montée en puissance chinoise et aux problèmes asiatiques, ne peuvent réagir pour aider les européens.
      Qu’en dites-vous ?

  • « Kaliméro milite pour la paix dans le monde ». Enfin ça aurait autant de portée.

    • +1
      les annonces du présiflan ne mérite au mieux qu’un silence poli. Ou alors un petit sarcasme comme
      « Alors que l’intégration européenne, dans l’esprit allemand, passe par une simplification des circuits de décision, dans l’esprit de Hollande, c’est l’inverse: l’intégration européenne, c’est la création d’un parlement nouveau, supplémentaire, avec un gouvernement supplémentaire, et des procédures supplémentaires. »
      http://www.eric-verhaeghe.fr/hollande-et-sa-petite-blague-du-gouvernement-europeen/

      • Un énarque passe le plus clair de son temps à imaginer des solutions aux problèmes que lui-même a créé; évidemment seules les solutions purement bureaucratiques seront envisageables dans ces esprits tortueux. Rajouter des couches (de bureaucrates) est leur grande spécialité.

  • Il n’essaye même pas de respecter l’accord sur le déficit public et veut piloter le noyau dur de la zone euro…
    Comme le dit H16, ce type est un bouffon cynique.

    • @cocorico : «ce type est un bouffon»… tout court…on ne peut pas être cynique avec son égo ultra démesuré. Il se croit vraiment beau, intelligent et plein de qualités alors qu’il n’est au mieux que répugnant

  • En quoi des institutions spécifiques à la zone euro changeront-elles quoi que ce soit au problème de la Grèce qui, de fait, fera partie de cette zone? Méthode socialiste: les décisions prises conduisent à un échec, donc on accélère dans la même direction.

    • la logique socialiste est effectivement toujours la même : a cette vitesse on sort du virage ? et bien il suffit d’aller plus vite

      et puis quesqu’ils aiment construire des « machins » supplémentaires censés tout résoudre…

      • C’est une idée grotesque! Quand l’Allemagne propose de simplifier un système en rassemblant les finances dans un ministère unique, F.Hollande propose une usine à gaz (made in France).

        À mon avis, pour les Allemands, si on crée un club correspondant à ce noyau fort (« dur » convenant à la discipline qui devrait y régner: décisions prises à une large majorité (2/3), sans exception ni discussion après coup pour en assouplir les exigences, au gré des problèmes nationaux, esprit pragmatique), il y aurait un droit d’entrée qui serait évidemment, d’abord l’observance des exigences de convergence de 1997!).

        On voit bien que les multiples engagements de la France n’ont jamais été suivis d’effets et qu’aucune réforme de fond ne s’esquisse ni ne sera entreprise avant 2017, donc aucun effet à attendre avant 2018 ou 19, si on suppose imprudemment que les prochains feront mieux! En plus d’autres constatations: la France se fait régulièrement condamner par la Cour de justice européenne pour faute ou retard d’application des directives ou décisions contraires aux traités. L’absentéisme parlementaire européen français reste encore de constatation courante.

        F.Hollande n’a plus de crédibilité et ce qu’il propose est stupide; ses motivations bien décrites dans le lien de « @ P »sont illusoires; j’y en ajouterai une: la création de nouvelles places dans le fromage européen au bénéfices du recyclage de politiciens français pléthoriques, de préférence socialistes! On n’est jamais trop prévoyant!

        • La présence française dans les instances européennes, vous le soulignez bien, est une catastrophe.
          L’Europe va se scinder en deux, car les allemands et les pays respectant leurs engagements ne supporteront plus les jérémiades des pays latins. Et la cerise sur le gâteau hollandaise n’a rien arrangé.
          Quelle bande de bras cassés. Je pensais que nous avions atteint le fond avec le gouvernement précédent, mais ceux là ont réussi à faire encore pire !!!

          • Oui, ce qui est grave, c’est que F.Hollande n’a pas l’air de comprendre, c’est que la maitrise du déficit budgétaire (qui n’a pas de raison d’être) et la stabilisation de la dette avant sa réduction, c’est bien ce qui permet d’avoir les moyens de mener une ou plusieurs politiques. Actuellement, il n’a plus le sou, quel que soit le sujet! C’est un sérieux handicap!

  • C’est bien sotcialiste comme idée : cela va faire des méga fonctionnaires hyper bien payés en nombre importants. Est-ce la bonne voie pour l’efficacité ❓

    Allez, en route vers l’UERSS ❗

  • Encore une fois, l’UE est une extension du domaine socialiste, sont échec est programmé car basé sur une dépense publique croissante, et pour cause, et ce depuis sa création.

    L’UE n’est qu’un système redistributif.

    Les propositions de F. Hollande sont dans la logique mortifère de l’UE. Les conditions économiques étant plus difficile (nouveau paradigme), l’argent collecté des impôts ne suffisant plus, l’expansion à crédit ayant trouvé sa limite que la dette dénonce, l’étape suivante est fatalement liberticide voire coercitive.

    La peur de la Suède est justifiée, le collectivisme de cet état a été poussé au rang d’art, isolé de l’UE, la Suède qui ne produit rien d’autre qu’un égalitarisme des plus délétère, serait vouée à disparaitre. Son avenir étant l’annexion par l’UE ou un changement radical de son système économique. Ce que ses dirigeant n’envisagent pas, incapables qu’ils sont de se réformer.

    Vous posez la question révélatrice de l’état d’esprit des pro-UE : « L’UE peut-elle relever le défi de concilier des intérêts contradictoires ? ». La réponse, surtout sur les bases actuelles, est NON. D’où les élucubrations de F. Hollande, relayées par M. Valls (dont-il faudra se souvenir…).

  • « juste une semaine après que la monnaie unique ait vécu son test le plus décisif »…
    non, ce n’était pas le test le plus décisif, c’était juste s’acheter de façon coûteuse et inutile quelques semaines de répit.

  • Comme toujours le clown se positionne en essayant de se cacher derrière son petit doigt boudiné. Sa tentative de souder plus la zone euro vise surtout à essayer de faire payer les vertueux pour les flambeurs du style France. Comme l’épisode Grec lui fout les boules (ça pourrait bien nous arriver aussi) il essaie de mélanger le nord et le sud en espérant pouvoir continuer de claquer des milliards pour payer ses fonctionnaires et les sans-dents qui son censés représenter son électorat.
    Plus nul que ça tu meurs…
    PS la photo du gland en tête d’article n’est pas bonne : il a pris au moins 10 kg depuis.

  • En somme, ça a merdé donc il est important d’en rajouter une couche. Ca merdera encore plus mais seulement pour les sans dents. Pour les psychopathes embarques dans une délirante course au pouvoir dans son genre, plus de pouvoir plus centralisé est une consequence logique d’un ratage.

  • Les commentaires sont fermés.

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