Les républicains… ou les nouveaux publicains ?

Nicolas Sarkozy ne sera crédible que lorsqu’il aura persuadé les Français que son parti cessera d’être publicain.

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Meeting de Nicolas Sarkozy à Lyon (Crédits UMP Photos, licence Creative Commons)

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Les républicains… ou les nouveaux publicains ?

Publié le 23 juin 2015
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Par Jacques Garello.

Meeting de Nicolas Sarkozy à Lyon (Crédits UMP Photos, licence Creative Commons)
Meeting de Nicolas Sarkozy à Lyon (Crédits UMP Photos, licence Creative Commons)

 

Ils se battent pour s’attribuer le monopole de la République, de ses valeurs. Tous se veulent Républicains. Je pense qu’en réalité tous ne sont que des publicains.

Dans l’empire romain, les publicains sont les collecteurs d’impôts : ancêtres des fermiers généraux de la royauté française, ils versent à l’État une somme définie par contrat et se chargent ensuite de récupérer la somme auprès des contribuables. Tout excédent est à leur avantage : voilà une belle entreprise.

L’exploitation du peuple par les prélèvements obligatoires, impôts, taxes, cotisations et contributions diverses, n’est donc pas nouvelle, mais c’est l’exercice dans lequel a excellé notre classe politique, avec un art consommé depuis Georges Pompidou.

Durant son court mandat, feu le président a maintenu à 38 % le taux des dépenses des administrations publiques (APU) par rapport au PIB. La France avait fait un bond publicain spectaculaire depuis 1870 (la dépense publique représentant alors  +10 % du PIB). Giscard fut un publicain efficace : en sept ans il a atteint 42 %. À la veille de son échec, en 1981, il avait eu la maladresse d’avouer : « Ne dites pas aux Français que je suis socialiste, ils me croient libéral ! » Cet aveu était légitime puisqu’au moment de son élection, il avait décrété : « au-delà de 40 % on est dans un pays socialiste ». Il est en effet arrivé à 42,5 % et à partir de 1974 le budget sera sans cesse en déficit (« relance » de Pierre Fourcade en juillet). Évidemment, il appartenait aux publicains de gauche et à François Mitterrand d’accélérer la bonne tendance et, grâce aux nationalisations, aux dévaluations et autres mesures de bon aloi, la dépense publique augmente de 27 % en 1982, on embauche 170.000 nouveaux fonctionnaires et le déficit budgétaire se situe enfin à un taux plus convenable, que nous connaissons maintenant : 3,5 % du PIB. Le court intermède de droite avec le gouvernement Balladur (1993-1995) n’a pas entamé cet acquis (peut-être cet inné) et c’est en 1993 que l’on franchit le seuil des 50 % ; de plus, le jeune ministre du Budget a eu le mérite d’accroître la dette publique de 3% en deux ans. Paradoxalement, les dépenses se stabilisent à la fin du gouvernement Jospin, mais elles repartent à la hausse. Crise oblige, ou crise excuse ; le Président Sarkozy, adepte de la relance, propulse les dépenses à 56,8 % et, couronnant le tout et sans un sanglot, Hollande nous mène aux 57,7 % qui nous propulsent en tête de tous les pays européens.

Nous avons donc maintenant de nouveaux Républicains. Quel sera le progrès ? Rien, dans les discours du chef des Républicains, ne laisse pour l’instant présager un effondrement des dépenses publiques. Nicolas Sarkozy ne sera crédible que lorsqu’il aura persuadé les Français que son parti cessera d’être publicain.

Pour rompre avec les Publicains, il faut en effet rompre avec l’État Providence, car les dépenses publiques ne sont pas affectées à des « biens communs », à des investissements collectifs, mais au paiement de millions de fonctionnaires et pensionnés de l’État. Cette rupture est-elle souhaitée au sein des Républicains de droite ? Ceux de gauche veulent nous faire croire qu’ils vont changer la tendance de l’expansion de l’État. Ils ne sont pas crédibles et continuent à multiplier promesses, subventions, créations d’emplois publics. Et ceux de droite ? S’ils veulent nous servir la énième version de la sociale démocratie, avatar du socialisme, ils n’enflammeront pas les foules et n’entreprendront aucune des vraies réformes dont le pays a besoin.

D’ailleurs « Res Publica », est-ce un programme libéral ? C’est parce qu’on a pris la mauvaise habitude de voir dans tout problème une chose « publique » que les dérives dirigistes et totalitaires nous ont emportés. Le tout public (santé, retraite, éducation, logement) est à l’opposé du principe libéral de base : la subsidiarité. Au lieu de se contenter de n’intervenir que lorsque les citoyens, le secteur privé et marchand, ne peuvent régler les problèmes de la vie en société, l’État s’arroge le monopole et consent, de temps en temps, à laisser des miettes de liberté à ses esclaves contribuables. Payez et vous aurez en échange de beaux services publics.

Je dois dire enfin, et je m’en suis déjà expliqué, que les valeurs de la République sont comme la tunique de Nessus. Aujourd’hui, au nom de l’égalité on devient égalitariste ; au nom de la fraternité, on est condamné à la solidarité forcée ; au nom de la liberté on tolère voire encourage toutes les mœurs contraires au droit naturel et à la dignité de l’être humain.

On voit tout le chemin qui reste à faire à nos Républicains, de l’opposition et du gouvernement, pour ouvrir le chemin d’une France libre, vivant dans la prospérité et l’harmonie. Prenons patience : d’ici 2017 ils seront tous libéraux. Nous les inciterons à l’être en tout cas : que les Français sachent la vérité et apprennent à distinguer les Républicains des Publicains.

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  • Res Publica est LE programme libéral : toute personne, morale ou physique (individu, entreprise, administration, association …) se doit d’être considérée par la société uniquement par sa face publique : chacun décidant en ce qui le concerne ce qui est du domaine public et du domaine privé.

    Nul n’ayant le droit de décider pour autrui de sa propriété, de ses opinions, de ses faits … sauf pour ce qui est librement admis et convenu comme étant public.

    Toute philosophie qui décide pour autrui de ce qui est public et privé, tout système politique qui définit un maître (que ce maitre soit le souverain, l’élite ou le peuple : toute monarchie, oligarchie ou démocratie) ne peut être libérale si elle n’est pas soumise au choix de chaque individu à définir ce qui est du domaine du privé et du domaine du public, du contrat social librement consenti.

    En cela, la démocratie est le système le moins libéral, parce qu’il définit la dictature la plus difficile à combattre.

  • « En cela, la démocratie est le système le moins libéral, parce qu’il définit la dictature la plus difficile à combattre. »

    A contrario on pourrait dire qu’étant donné que personne n’a « opéré » de système plus libéral que la démocratie c’est bien le système le plus libéral…

    • Les USA au XIX° n’étaient pas une démocratie, idem pour la France et l’Angleterre à certaines périodes du XIX°

      • Les USA pas démocratiques au 19eme ? vous parlez de la guerre de sécession je suppose?
        Soit, mais a moins que l’on puisse dire que ces pays ont été plus libéral à ces moments de moindre démocratie alors ipso facto ils l’ont été plus alors qu’ils étaient plus démocratique…

        • Non d’avant le 19° amendement en 1920.

          Mais comprenez moi bien : je ne dis pas qu’une démocratie n’est pas libérale, je dis que la démocratie n’est en aucune façon un gage de libéralisme. C’est l’égalité de Droit, la ‘res publica’, qui est le meilleur garant du libéralisme et celui-ci n’a rien à voir avec la façon dont les magistrats sont désignés.

          Quand une démocratie devient socialiste (la dictature de la majorité ou d’une minorité), elle est bien plus difficile à combattre qu’un simple monarque.

          L’Amérique du XIX° était une oligarchie, la France d’Orléans et l’Angleterre des monarchies.

          • Il y a confusion les USA étaient une démocraties imparfaites mais une démocratie néanmoins puisque par la voie des urnes et de ses institutions cette nations a passé cet amendement devenant de ce fait une démocratie moins imparfaite. Entendu que la démocratie parfaite n’existe pas, il y a gradation.
            L’Angleterre toute monarchie qu’elle soit est une démocratie et depuis un bon moment.

            Vous dites à raison que la démocratie n’est pas un gage de libéralisme mais aucun autre mode de gouvernement testé jusqu’à ce jours garantie plus l’égalité de Droit que vous citez.

            Par contre pour reprendre une image maritime quand on navigue à 25 noeuds les 5 derniers noeuds on demandé autant d’énergie que les 20 précédents, c’est pareil pour la démocratie, trouver plus libéral demandera plus d’effort, d’imagination que pour tout les autres modes de gouvernement précédent.

            • Les USA ont évolué d’une oligarchie déclarée à une oligarchie cachée sous une façade de démocratie en même temps que l’Etat fédéral grossissait.

              Je suis assez d’accord avec Tocqueville : l’important, dans une démocratie, n’est pas la façon de désigner le pouvoir, mais que les gens y croient.

              La démocratie est avant tout un ressenti sociologique. Et c’est là toute sa duplicité : des régimes purement oligarchiques ou monarchiques sont alors qualifiés de démocraties si ils sont libéraux et sociaux. La ‘démocratie’ étant déterminée à l’aulne de l’égalité de condition et de l’égalité de droit, de l’égalité et de la liberté.

              C’est ce sophisme qui empoisonne la vie politique Française et aussi de nombreux pays qui tombent ainsi dans la sociale démocratie molle, dans l’illusion du bonheur pour tous, dans la route de la servitude.

              La dictature d’un groupe, d’une idéologie, d’une coalition de privilégiés est la pire des tyrannies, parce que la plus insidieuse et la plus légitime.

              La démocratie est toujours imparfaite, donc en réalité, elle n’existe pas : arrêtez d’y croire et elle disparait. Le pouvoir est par nature oligarchique et hiérarchique : exercé par quelques uns. Le mode de désignation n’y change pas grand chose : le pouvoir et son mode de désignation sont des devoirs, pas des droits et l’important est la liberté et l’égalité apportés, pas le mode de désignation de l’Etat.

              • Même si je suis d’accord sur les grandes lignes de vos commentaires sur cet article je tique sur les bases de logique:

                – « La démocratie est toujours imparfaite, donc en réalité, elle n’existe pas » donc ce qui est imparfait n’existe pas., j’ai tout à coup un doute sur mon existence…

                – la dictature d’un groupe (dans une démocratie) est la pire car la plus légitime. Donc ce qui est le plus légitime est le pire.

                – « L’important est la liberté et l’égalité apportés, pas le mode de désignation de l’Etat ». Oui, trois fois oui mais a t’on trouvé mieux que nos bien imparfaites démocraties en terme de liberté et d’égalité. Et j’espère sincèrement que nous en trouverons de meilleurs modes de gouvernement.

                – « Quand une démocratie devient socialiste (la dictature de la majorité ou d’une minorité) ».
                Selon cette définition la démocratie ne devient pas socialiste, elle ne peut être QUE socialiste puisque on a pas encore inventé de délibération autrement qu’à la majorité. Vous avez un exemple de démocratie avant qu’elle ne deviennent « socialiste » ?

                • La démocratie est une utopie : cessez d’y croire (ce qui arrivent à un grand nombre de Français) et elle disparait – essayez avec votre existence, vous verrez que cela n’est pas le cas, vous ne disparaitrez pas, au pire, vous serez bon pour une visite chez le psy.

                  Il faut différencier le juste (ou le légitime) et le bon. Le légitime qui se prétend bon et qui ne l’est pas est largement plus compliqué à combattre que le mauvais qui ne se prétend pas légitime.

                  Si vous regardez l’indice de ‘démocratie’ la majorité des pays de tête sont des régimes parlementaires (républiques ou monarchies) ou fédéraux. Ce qui contredit votre thèse.

                  https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratie

                  Pour le dernier point : http://www.contrepoints.org/2012/08/03/92581-rome-du-liberalisme-au-socialisme
                  L’auteur soutient la thèse que toute démocratie devient socialiste, mais quelques pays ont réussit à faire machine arrière.

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