Divorce à la grecque

Crise de la dette grecque : entre Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis, les ministres des Finances allemand et grec, le désaccord est total.

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Divorce à la grecque

Publié le 8 février 2015
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Par Stéphane Montabert

imgscan contrepoints 2307 GrèceEn s’asseyant à la même table que son homologue allemand Wolfgang Schäuble, le ministre grec des finances Yanis Varoufakis pensait peut-être qu’il parviendrait à infléchir la position de l’inflexible Allemagne. Il n’en a rien été. Jeudi, au lendemain de la décision de la BCE de couper une partie des vivres aux banques grecques, les positions semblaient irréconciliables. Elles le sont.

L’évolution dramatique de la situation entre la Grèce et ses créanciers ne vient pas d’une évolution de la situation sur le terrain ou d’une modification des positions tenues par les uns et les autres, mais simplement du cheminement progressif de cette compréhension au sein des élites européennes. Il est loin le temps où M. Tsipras se faisait accueillir entre deux éclats de rire et le cadeau d’une cravate.

Par la voix du chef néerlandais de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, le raidissement est donc soudain :

« La Grèce doit se plier à une extension du programme de sauvetage le 16 février au plus tard pour garder le soutien financier de la zone euro. »

Voilà un langage extrêmement clair qui tranche avec les circonvolutions diplomatiques habituelles. L’objectif de la tournée européenne du nouveau chef de gouvernement et de son ministre des finances était de convaincre les Européens de renégocier la dette de 300 milliards d’euros et de laisser Athènes en finir avec la rigueur qui bride la croissance. C’est un échec.

Que se passe-t-il lorsqu’une force irrésistible rencontre un objet inamovible, lorsque les engagements financiers affrontent la démocratie ? Nous avons encore une fois un aperçu de ce vieux paradoxe. D’un côté, l’inflexible Union Européenne, de l’autre Alexis Tsipras et son équipe. La renégociation de la dette grecque était le point central de la campagne électorale de ces derniers ; les élites européennes pensaient peut-être qu’il serait possible de l’amadouer – ce ne serait pas la première fois qu’un politicien revient sur ses promesses – mais ils déchantent et s’en irritent progressivement.

L’étrange force de caractère qui semble animer le nouveau gouvernement grec tient à une raison bien simple : la Grèce est en faillite. Elle l’est depuis des années, depuis le début de la crise financière. Tout ce temps perdu, tous ces plans successifs n’ont jamais été qu’une façon de maintenir les apparences. Les « plans d’aide » se succèdent en Grèce avec leur lot d’exigences absurdes destinées à sauver non pas la Grèce, mais ses créanciers.

En bon marxiste M. Tsipras envisageait peut-être une décote de 50% de la dette grecque, histoire de la rendre supportable tout en recommençant à emprunter, mais il réalise sans doute que cette perspective était finalement très naïve. Et si ses propositions iconoclastes de dette perpétuelle (on ne paye que les intérêts, pas le principal) ou d’obligations indexées sur la croissance avaient le mérite de la créativité, elles avaient le défaut de devoir être volontairement acceptées par les créanciers. Or, il se heurte à un mur.

Car en face, la situation est tout aussi inextricable. 90% de « l’aide » versée à la Grèce servait avant tout à servir la Troïka, non par méchanceté mais pour de simples raisons de survie. Un vrai défaut – avec colère et claquements de portes – aurait des conséquences inimaginables sur le reste de la zone euro comme l’illustre la structure de la dette grecque ci-dessous :

Dette grecque
Dette grecque, exposition directe et indirecte de la France et de l’Allemagne.

 

 

En 2010, l’effacement de 100 milliards d’euros (!) de dette grecque par les dirigeants de l’Union Européenne avait été d’autant plus facile qu’il s’agissait de l’argent des autres. Grands seigneurs, ils avaient décidé de faire payer les banques. En avalant l’amère pilule, elles eurent au moins la satisfaction d’échanger leurs dettes grecques pourries contre des papiers de meilleure qualité, de la dette française ou allemande. Ces deux pays se substituèrent aux banques pour le solde. Comme cela ne suffisait pas, la manœuvre se poursuivit sur plusieurs plans : intervention du FMI, assemblages financiers complexes comme le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) où des « effets de levier » permettaient, avec des garanties d’États solvables, de lever des sommes encore plus importantes sur les marchés financiers… Tout cela pour prêter à nouveau à la Grèce, et en fin de compte se rembourser soi-même.

Aussi, lorsque Wolfgang Schäuble joue aux père-la-rigueur, il n’a pas plus le choix que M. Tsipras. Il ne peut rien lâcher simplement parce qu’il n’en a pas les moyens.

Le FMI se définit comme un créancier « super-prioritaire ». Lorsqu’il prête, il doit recevoir en premier le moindre centime à récupérer. Il ne prête qu’avec cette garantie et n’a jamais été pris en défaut de toute son existence – un record qui risque bien de tomber. La BCE ne peut pas accepter un effacement de dettes, ses statuts le lui interdisent. Les « fonds privés » et autres « divers » sont sans doute des acteurs plus malléables, comme les banques grecques, mais les saigner à blanc les enverra probablement à la banqueroute à leur tour, avec des effets bien négatifs sur une économie hellénique moribonde. Dernier clou dans le cercueil, le montant serait bien trop faible pour changer quoi que ce soit.

Restent les autres pays de la zone euro…

La conclusion, limpide, est de la trame dont on fait les tragédies : la dette grecque est totalement ingérable. La répudier entièrement enverra dans les profondeurs les comptes de nombreux autres pays européens. Pour la France, par exemple, l’addition se monterait non seulement aux 11 milliards d’euros d’exposition directe mais aussi à hauteur des 31 milliards d’euros fournis au travers des « garanties » apportées dans le cadre du FESF. Elle devrait également provisionner des pertes en tant qu’actionnaire au FMI… Pour l’Allemagne, les sommes en jeu sont encore pire.

Si d’autres pays de la zone euro semblent mieux lotis, il ne faut pas oublier qu’ils sont dans une situation financière des plus fragiles. Notons par exemple que certains pays aidés par le FESF car en difficulté, comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, ont eux-mêmes contribué à la formation du FESF en apportant des « garanties » ! Des pays surendettés créent un fonds destiné à les sauver en levant des emprunts sur les marchés ? Ce château de cartes financier ridicule va s’effondrer et c’est mérité, au nom de tout ce qu’il reste de logique en ce bas-monde.

Qu’est-ce qui nous attend ? La politique du poing sur la table, un contrôle des capitaux en Grèce, des faillites bancaires, des taux d’intérêt qui s’envolent, des notes qui s’enfoncent… Et un camp qui cède, forcément, dans le bruit et les fracas.

En ouverture de l’année 2015, je supposais que la zone euro ne finirait pas l’année sous sa forme actuelle. Désormais, on peut même se demander si elle tiendra jusqu’au printemps.


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  • Nos amis allemands ont bien raison de ne pas céder, non seulement les sommes en jeu sont élevées pour nous tous en Europe mais en plus le peuple grec a prouvé au monde qu’il ne méritait le moindre cadeau vu qu’ils refusent les moindres sacrifices et n’ont pas su profiter de leur allègement de dette de 100 milliards d’euros il y a quelques années et ont sérieusement traîné des pieds pour réformer.
    Tsipras et ses marxistes auront mené la Grèce au fond du trou au moment même où elle recommençait très lentement à se remettre.

    • bonjour SweepingWave ,allez tenez ! Voyez comme je suis magnanime , la dette de 31 milliards = cadeau ! Enfin presque ! En revanche je demande au ministre Grec concerné ,un mouillage gratuit à vie pour un voilier de 7-8 m ,si possible dans les Cyclades . Beaucoup pour moi et mes petits enfants , pipi de chat pour le Ministre Grec ,partant ça ne lui coûte rien puisque là bas personne ne semble payer quoi que ce soit !

    • Il ne faut pas exagérer non plus les réformes ont été terribles en Grèce. Les aides ont été mises en place pour rembourser les créanciers pas pour aider les Grecs. A un moment si les créanciers sont assez débiles de prêter à un pays aussi risqué tant pis pour eux. La France et Sarkozy ont prêté uniquement parce que BNP et consorts sont venues pleurer.

      • Pourtant les universitaires grecs ont toujours droits à des congés payés exceptionnels tous les 3 ans!

      • C’est leur faute d’avoir voté pour des pourris, les électeurs sont pas des innocents hein, si on permet le droit de vote à l’âge adulte c’est qu’ils sont jugés responsables de leur vote.

        • Oui, d’accord, mais en tant que Français c’est se moquer de la paille dans l’oeil du voisin sans voir la poutre dans le sien.

          Sans compter que la démocratie c’est bien mais en général les gouvernements sont rarement élus à plus de 40% du corps électoral. Les généralisations sont donc dans ce contexte difficile.

      • Exact, on est la encore plus loin que de juste parier sur le mauvais cheval …

  • Je me demande si la BNS va pouvoir tenir le nouveau taux plancher EUR/CHF de 1.05-1.1 ?

  • Heureusement que l’Allemagne est là pour tenir la tête haute face aux cigales !! A quand Merkel présidente de l’Europe ? avec de vrais pouvoirs cela va de soi ..

    • La France n’a pas très envie de payer non plus, malgré un ahurissant enthousiasme médiatique…
      Mais oui heureusement que l’Allemagne a assumé un peu le rôle de la fourmi dans cette histoire, depuis le début.

    • « A quand Merkel présidente de l’Europe ?  »

      Surtout pas !!

      Le fédéralisme est bien mieux !

      Ceux qui sont vertueux gagnent et ceux qui font des bêtises paient .. et finissent par tirer les conséquences de leur idiotie (normallement).

      Et puis si on en a marre de vivre dans un pays dirigé par des clowns élus par des débilles profonds, on peut toujours quitter l’état pour celui d’à côté.

      Quant à Merkel, elle est pas trop mauvaise, elle a su tout de même un peu être exigente avec les grecs là où un type comme Hollande aurait fait un cheque en blanc au nom de la « solidarité », mais enfin, ce merdier Grec, elle y a participé aussi. Elle a voulu « sauver » ses banques allemandes indirectement, et c’était l’erreur. Il fallait déclarer la Grece en faillite, mettre les banques en faillite et à l’heure qu’il est les grecs arrêteraient pleurer et auraient procédé aux réformes, faute d’argent, la BCE ne ferait pas de contorsions idiotes, et les autres états, France en tête, commenceraient à flipper serieusement, au lieu de cacher derriere la tragédie Grecque, car elle est exactement dans la meme situation financiere .

  • La dette publique grecque a fortement grimpé en raison d’investissements erronés, trop d’armée, jeux olympiques, administration fiscale défaillante…

    Mais ce n’est pas Syriza qui est à l’origine de la mauvaise gestion, ce sont les partis dominants depuis plus de 30 ans, laminés maintenant, qui sont à l’origine de la gabegie.

    Par ailleurs, la dette privée grecque était modérée en 2010 au regard de pays comme l’Espagne, l’Irlande, la GB, le Portugal ou les USA.

    • Ben voyons, Syriza souhaite à nouveau asperger les Grecs d’argent public sans le moindre effort à fournir et ils ne sont pas responsables ? Ce sont les mêmes, mais en pire car ils tentent de faire croire que tous les efforts et sacrifices nécessaires peuvent être stoppés et sont inutiles, promettant de l’argent qu’ils n’ont pas.

      • Le mur de la réalité commence déjà à les frapper. Ils peuvent gesticuler tant qu’ils veulent, sans argent des autres, ils font faillite.

        • L’argent des autres pour rouler sa dette ne sert à rien, quand on est insolvable on n’emprunte plus et on fait défaut. La Grèce ne payera jamais sa dette, c’est aussi simple que ça. Tant pis pour les créanciers, il fallait être plus prudent… Qui a vendu des armes à la Grèce qui ne pouvait se les payer ? La France et l’Allemagne.

          Qui s’est complètement trompé sur l’économie grecque, l’UE, les banques et les agences de notation. Je suis allé en Grèce en 1993, tout comme maintenant, un nombre invraisemblable de maisons pas terminées mais habitées quand même pour pas payer d’impôt, payer tout en liquide, même des sommes de l’ordre de euros, carte de crédit pas acceptée.

          La Grèce n’a plus qu’à sortir et ses créanciers peuvent empocher les pertes.

    • Trop fort, dans cinq minutes, vous allez nous expliquer que Syriza n’était pas au courant de la situation … Syriza a vendu du rêve aux grecs, comme les gouvernements précédents.

  • Tsipras est dans une situation catastrophique :

    – il ne tient pas ses promesses, il passera pour un traître et un salaud auprès de ses électeurs.
    – il tient ses promesses et la Grèce sera en défaut de paiement pour de bon dans les jours prochains.

    • Il n’y a là que des choses très saines, certainement pas de catastrophe. La catastrophe serait que ça dure assez pour que le défaut de paiement soit transformé en restructuration partielle et la responsabilité de Tsipras évacuée sur les « ultra-libéraux » étrangers et autres boucs émissaires.

    • Honnêtement j’aimerais bien qu’il tienne ses promesses, juste pour en voir les effets et fermer une bonne fois pour toute la bouche aux socialistes du front de gauche et du fn.

      • Ironie du sort le désormais tout proche passage en passif de ces 40 mds de créance (créance qui ‘iam fetet’ depuis longtemps) pourrait bien permettre à notre dette de passer la barre fatidique des 100% de PIB … Eviv Bulgroz !

      • Oui mais la Grèce n’a pas vocations à se rendre utile pour vos démonstrations! Elle aurait comme d’autres chats à fouetter!

        J’ai du mal à comprendre pourquoi on dramatise ainsi le problème.

        Il semble logique que l’on se prépare à une négociation difficile!

        La Grèce, la troïka, l’Union Européenne et la zone € en particulier, ont tout à perdre dans l’échec de cette négociation qui n’arriverait pas à un « arrangement », même provisoire (comme « toutes les victoires » de la prétendue « résolution définitive du problème », dont se vantait qu’elles soient dues à son seul génie (avec un petit rôle pour « Angela »!), ce menteur professionnel de N.Sarkozy, à la conférence de presse (à usage franco-français!) suivant chaque « sommet » européen successif, il n’y a pas si longtemps).

        Les Grecs ne veulent pas « faire défaut », ce qui les obligerait à ne plus pouvoir emprunter ou bien à des taux démentiels.

        Les autres aimeraient ne pas devoir renoncer à leurs créances: quoi de plus normal!

        Pour rembourser, la Grèce doit restructurer son état, stopper la corruption, diminuer le train de vie administratif et politique, combler les « niches fiscales », obtenir sérieusement le fruit de la ponction fiscale, sans que la population ne meure de faim et sans que ses moyens de productions ne soient tous rachetés par l’étranger ou délocalisés. Si nécessaire, une tutelle européenne pourrait les y aider.

        Je suis bien conscient de dire cela à des Français rêvant de dicter leurs lois au monde et pas du tout prêts à sacrifier une once de souveraineté à l’Union Européenne, sorte de « Grand Machin » (Ch. D.G), « bouc émissaire » traditionnel, aux décisions de laquelle ils font semblant de ne jamais avoir activement collaboré?!?

        Et c’est évidemment au dernier moment, celui des « efforts », qu’ils se rendent compte que dès 1997, ils ont signé leur accord pour ces critères (ceux du pacte de stabilité) tout simples de « saine gestion » nationale dont ils seront les premiers bénéficiaires, si ils désirent supprimer les gaspillages nationaux. Maintenant, leurs dirigeants espèrent échanger un nouveau délai avant les sanctions contre leur accord pour la solution européenne dans le problème grec: cela n’a pas été dit ni forcément confirmé, mais on voit bien (l’accueil de M. Sapin au messager d’Athènes) que ni en 2015, ni en 2016, le déficit budgétaire français ne sera à 3 % et payer une pénalité, c’est encore plus d’argent perdu! Comme si la France, à la géographie bénie des dieux, n’avait pas tous les atouts pour être un pays prospère!!!

        La troïka mais aussi tous les pays et même les privés qui détiennent de la dette grecque voudraient retrouver leur mise mais pour cela, ils devront sans doute attendre plus longtemps ou accepter des taux d’intérêt moins élevés qu’entre 5 et 11 %, ou encore ces deux solutions, à la fois!

        Comme il y va de la stabilité de l’ € sur les marchés, l’intérêt des investisseurs est bien de défendre la devise d’une baisse spéculative « psychologique » et « joueuse », sans commune mesure avec la dimension de la Grèce dans le PIB de la zone €.

        Donc, négociation, il y aura, avec, forcément, des intérêts de conclure, des deux côtés, et donc, des concessions des deux côtés. C’est bien ça, une négociation! Et l’alternative est la guerre, dans ce cas, inimaginable!

        Avant toute négociation, les protagonistes montrent leurs muscles! C’est de bonne guerre!

        Même si on peut déjà apercevoir que les Grecs envoient leur ministre des finances « assommer » le camp d’en face de ses exigences de gauche affirmées et confirmées, quand A. Tsipras, premier ministre, se charge du rôle rassurant en disant qu’il est ouvert au dialogue, et donc aux concessions!

        Je trouve d’ailleurs, que c’est bien jouer! Sur ce point, la phrase de Barak Obama est frappée au coin du bon sens: la Grèce ne peut pas donner l’argent qu’elle n’a pas!

        Je ne peux m’empêcher de penser au « Haka », guerrier, des rugbymen néo-zélandais qui ne les empêche pas du tout de respecter les règles et le fair-play pendant le match!

        Ne paniquons pas, observons, sans trop essayer de prévoir: ces manipulateurs d’argent et de monnaies se sont donné tant de pouvoirs exorbitants!

    • Il y a fort à parier que le scénario final sera les deux

      Le défaut de paiement de la Grèce risque d’être sérieusement factice et de ne rien régler du tout, sauf plonger la Grèce dans le chaos total. Au bout d’un mois sans aucune infrastructure, Tsipras passera de toute façon pour un traitre, il aura beau hurler que c’est la faute des turbo-libéraux et de l’Europe, ca ne changera rien.

  • Realpolitik, les états n’ont pas d’amis, que des intérêts !

    Aujourd’hui qui est au plus mal : la Grèce ? ou les pays prêteurs du FESF ?

    Pour la Grèce, faire défaut l’obligera à vivre au comptant, mais exempte son économie de tous les prélèvements destinés aux remboursements. Sur cette position l’essentiel pour elle sera de garder sa cohésion interne, sociale en premier lieu. A ces conditions elle sera en position de force pour renégocier. En revanche, faute de cohésion interne, la Grèce a évidemment intérêt à respecter ses engagements envers la BCE, le FMI…

    Si une Grèce divisée ne changera pas grand chose pour les prêteurs, une Grèce unie obligera les pays prêteurs à faire face à leurs responsabilités et leurs obligations. Leur intérêt propre n’étant pas de faire défaut ils devront payer à la place de la Grèce, ou plus probablement renégocier leur dettes alourdies. Ils seront sûrement aidés par une création monétaire BCE plus ou moins avouée.
    Vae victis.

    La Grèce était déjà en faillite en 2010, un défaut eut été la procédure normale en sanctionnant les prêteurs imprudents. Le refinancement de la dette grecque par les états a été imprudent, et a tranféré ces mauvaises dettes au contribuable européen, et spécialement français. Quel est le politicien français qui alors s’est vanté de ce sauvetage ?

    • Realpolitik? Évidemment! Et la France ne fut jamais une exception!

      Qui est au plus mal? Les Grecs, évidemment, mais TOUS LES AUTRES aussi, bien sûr! Puisqu’ils risquent non seulement de ne pas retrouver leur mise mais aussi de subir un coup de Trafalgar sur leur devise commune, peu mérité au-delà de 3%, le PIB de la Grèce ne représente que 3% et des poussières du PIB commun!

      Mais l’Union Européenne est évidemment devenue interdépendante entre pays membres! Et ceci ne va pas sans solidarité entre partenaires! C’est bien cette collaboration internationale qui a rendu toute guerre remplaçable par une entente commune. Je signale que depuis le tout début, la France a soussigné toutes les décisions communes et il serait donc hypocrite et très malvenu que maintenant, l’Union Européenne devienne l’origine de toutes les vilenies décidées par votre président, à Bruxelles, et appliquées à Paris avec la majorité à l’assemblée nationale! Même si c’est un argument trop souvent entendu: » comme une décision de « Bruxelles », violant la souveraineté de la France, à son corps défendant ». Personne d’autre que les députés Français n’a voté le traité contre la majorité exprimée par référendum, selon le désir de N. Sarkozy!

      Et ne pensez pas que le citoyen français ait assumé la dette grecque plus qu’un autre, sans compter que celle-ci lui a rapporté, jusqu’à présent, bien plus que la dette française, sous forme d’intérêt, juste rémunération du risque que le capital ne lui soit pas remboursé: ce sont les règles du jeu! « Le politicien français qui s’est (plusieurs fois, lors des conférence de presse, d’après « sommet ») vanté de ce sauvetage » n’est autre que N. Sarkozy qui s’en attribuait tout le mérite (avec une petite aide d’Angela », tout de même), fier d’avoir (à plusieurs reprises!) « définitivement résolu le problème grec! ». (Mais c’était en conférence de presse, en Français, et destiné seulement à un usage national au service de son image personnelle!)

  • par contre les francais vont payer les 30ans de gabegie de l umps ,l etat vas racler tous les sous qui trainent ,et vos taxes sur les maisons proprietes et economis vous allez etre tondus comme des moutons et pire ils vont meme vous grattez,a peau au sang …merci umps !!!

  • Brillant état des lieux.
    Le pire, hélas, est que tout cela a été prévu de longue date. Seulement il y a eu des gens aveugles au pouvoir d’un côté, et des gens avides (de pouvoir, d’argent…) de l’autre. La solution pour les grecs consisteraient à dresser des échafauds et à y faire passer tous leurs dirigeants politiques. Sans exception aucune. Et ensuite, ils pourraient commencer les négociations.

  • Fin de la partie por l’euro et la Grèce…A qui le tour?

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