Un jeune créateur de start-ups : « Il faut dédramatiser la création d’entreprise »

Rencontre avec un jeune créateur de plusieurs entreprises, qui nous livre son parcours et ses impressions.

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Un jeune créateur de start-ups : « Il faut dédramatiser la création d’entreprise »

Publié le 18 juillet 2013
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Rencontre avec un jeune créateur de plusieurs entreprises, qui nous livre son parcours et ses impressions. En particulier, il appelle ceux tentés par cette aventure à ne pas perdre de temps, et ne pas avoir peur de l’échec.

Entretien réalisé par PLG.

Présentez votre parcours en quelques mots.

Je m’appelle Gabriel Jarrosson, et je suis un jeune créateur de startup passé par l’ISEP (Institut Supérieur d’Électronique de Paris). Passionné par le monde de l’entreprise, j’ai décidé de créer ma première entreprise à 21 ans. Actuellement, j’en dirige et codirige trois.

Quelles sont leurs activités ?

La première est une agence de conseil en communication « social medias », qui consiste à accompagner les particuliers et les professionnels dans leur communication sur les réseaux sociaux. Elle a deux activités principales : d’une part du community management, et d’autre part une activité de conseil plus orientée stratégie.

La deuxième est un site de rencontre où nous sommes six associés. Son originalité consiste à reposer sur un algorithme poussé qui analyse non seulement votre photo de profil, mais une photo supplémentaire de votre choix qui représente selon vous la personne « idéale ». L’algorithme s’occupe de rechercher parmi les profils du site existant celui ou celle qui correspond le plus à votre photo de la personne idéale.

Enfin la troisième, qui occupe la majeure partie de mon temps, et que j’ai créée seul, est un site d’e-commerce spécialisé dans le référencement de domaines viticoles.

Comment vous est venue cette dernière idée ?

Sans être œnologue, je suis un grand amateur de vin. Dès mon adolescence, mon père m’a fait partager ses connaissances et j’y ai rapidement pris goût. Par la suite, j’ai remarqué que de très nombreux petits domaines souffraient d’un manque de visibilité. Certains créent un site Internet, souvent très cher, comme support de vente, mais sans que cela n’améliore véritablement leur visibilité, dans la mesure où pour tomber sur leur site internet il faut déjà connaître ledit domaine.

Quel est votre business model dans les grandes lignes ?

Le site est en ligne dans sa version finale depuis début juillet ; nous avons pour l’instant une trentaine de références de vins répartis entre six domaines, et nous sommes en négociation avec 55 domaines supplémentaires, qui devraient être ajoutés au site dans les toutes prochaines semaines.

Nous proposons à chaque domaine deux types de contrat différents : soit un abonnement payant accompagné d’une redevance faible sur les ventes, soit un abonnement gratuit avec une redevance supérieure. À cela s’ajoute la possibilité de changer de contrat en cours d’année. Je précise que les marges que nous pratiquons sont bien inférieures à celles des grandes surfaces. Les prix sont fixés librement par les domaines, et même si nous leur conseillons parfois de baisser leurs prix pour être plus attractifs, il n’est pas question pour nous de pratiquer comme d’autres des ventes à perte promotionnelles.

Comment les clients feront la différence entre les bons et les mauvais domaines ?

Un système de notation a été mis en place. À mesure que le nombre de domaines et de clients augmentera, je compte sur la loi des grands nombres pour faire le tri entre les bonnes références et les autres, exactement comme les autres types de sites de référencement connus.

Dans une future maquette du site, j’aimerais intégrer une fonctionnalité intéressante : en fonction de votre profil (âge, sexe, profession, etc.) le site vous fournira des références personnalisées qui semblent les plus adaptées. Pour cela, il suffira d’analyser les habitudes de consommation en fonction du profil.

Pourquoi avoir décidé de devenir entrepreneur ? Votre jeune âge (23 ans) est-il un avantage ou un inconvénient ?

L’entrepreneuriat m’a toujours attiré. C’est un travail passionnant, complet, grâce auquel j’ai appris énormément de choses en peu de temps. Il s’agit certes d’une prise de risque, dans la mesure où, sauf exception, vous ne touchez pas de salaire pendant la première année voire plus. Mais même si des échecs sont possibles, et j’en ai moi-même affronté, on peut toujours se relever et repartir.

Quant à mon âge, je le vois plutôt comme un avantage. Pourquoi ? Parce que je sors de l’école, mes connaissances techniques sont fraîches, et je n’ai pas encore de vie de famille prenante qui m’empêche de m’investir totalement dans mes entreprises.

Il existe, en France comme ailleurs, ceux que j’appelle les «wantrepreneurs ». Ce sont des personnes qui ont des idées, qui aimeraient bien créer leur entreprise pour les réaliser, mais qui n’ont jamais le temps, ou l’audace nécessaire pour se lancer. Généralement, ces personnes attendent d’avoir 45 ou 50 ans, un carnet d’adresses de clients conséquents, pour quitter leur entreprise et lancer leur propre activité. Donc, à moins de 25 ans, c’était maintenant ou jamais.

Avez-vous déjà eu envie de partir pour entreprendre à l’étranger ?

Honnêtement, l’idée m’a déjà traversé l’esprit. Mais je me suis beaucoup investi ces dernières années à créer un début de réseau avec des entrepreneurs français, et si j’étais parti, il aurait fallu tout recommencer de zéro ce qui m’aurait pris plus de temps que de me lancer ici.

Cela étant, si mon entreprise se développe rapidement, ce que j’espère, je serai de toute façon amené à ouvrir des filiales/succursales dans d’autres pays. Je pense notamment à la Chine, qui est un marché absolument incontournable pour le vin.

Est-il facile d’entreprendre en France ?

Il est difficile de répondre précisément cette question, dans la mesure où je manque d’éléments de comparaison. En revanche il est clair que, alors que je ne me verse pour l’instant aucun salaire, je ressens déjà le poids des charges. Typiquement, je souhaitais embaucher un stagiaire en CDI, mais cela revenait quasiment à multiplier le coût salarial par trois. Comme c’est tout à fait impossible pour le moment, je verrai avec lui s’il est possible qu’il crée une auto-entreprise, mais je comprendrais tout à fait qu’il refuse, s’il obtient un poste plus sûr ailleurs.

Envisagez-vous de quitter la sécurité sociale, comme sont en train de le faire de plus en plus d’indépendants ?

La question est un peu précoce me concernant. J’attends d’abord de stabiliser l’entreprise, d’en finir avec les démarches administratives. Mais pourquoi ne pas à l’avenir prendre une assurance-maladie privée si c’est possible ? Ce n’est pas une question taboue.

Pour finir, que diriez-vous aux personnes qui sont tentées par l’aventure entrepreneuriale ?

Mon message principal serait de leur dire : « n’ayez pas peur ! ». Entreprendre est moins difficile qu’on ne le pense. En effet, on se trompe, on recommence, on se trompe encore, et on finit par trouver la bonne méthode, celle qui permettra de décoller. Je veux à tout prix dédramatiser la création d’entreprise, qui est bien plus accessible qu’on ne le pense. À ce titre, je pense que d’une manière générale dans les écoles françaises, et en particulier dans les écoles d’ingénieurs, il faudrait davantage de cours sur la création d’entreprise, afin d’expliquer à ces étudiants la bonne marche à suivre.

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  • Et vous vivez comment sans salaire? Parce que se lancer, oui, mais il faut bien vivre à coté. Alors si les parents sont derrière je veux bien mais quand ils ne peuvent pas assurer le gît et le couvert…? Ça demande beaucoup d’investissements personnels et quand on travail déjà, c’est difficile de faire les deux à la fois.

  • Pas convaincant.

    Du ressassé, du réchauffé, de l’eau tiède et peu abondante.

    Il faut avoir peur de l’échec, comme de la maladie, comme l’embardée.

    Jusqu’à preuve du contraire, l’échec démontre seulement…l’échec.

    C’est de la réussite dont il ne faut pas avoir peur.

  • Par expérience personnelle, le problème n’est pas de créer une entreprise, le problème est de la faire survivre. La complexité administrative, la fiscalité et du code du travail dévorent une part inacceptable des ressources au niveau du dirigeant et par le recours aux inévitables « conseillers » (expert comptable, avocat, …).
    Sans compter avec les lois ineptes qui protègent toutes le client indélicat à commencer par le plus mauvais de tous : l’Etat et ses satellites.

  • Peux-t-on avoir l’adresse internet du site de vente de vin mentionné ?

  • Donc pour résumer, 3 entreprises web non rentables (et qui risquent de ne jamais l’être tant ces concepts sont déjà usés jusqu’à la corde) : besoin d’embaucher des stagiaires gratuits et de ne pas se payer de salaire. Je veux bien qu’on mette en avant entrepreneuriat, mais qu’on interview au moins des jeunes qui ont réussi à passer cette première étape ! Et oui, pour finir, toujours dire merci aux parents qui soutiennent forcément derrière (maigre consolation vu l’état dans lequel cette génération a pu mettre le pays).

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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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