Les politiciens, pourvoyeurs de croyances

Le politicien professionnel n’ayant souvent pas vraiment d’idées se fait fort d’enfourcher telle ou telle lubie pour grignoter quelques voix.

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Les politiciens, pourvoyeurs de croyances

Publié le 29 mai 2013
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Le politicien professionnel n’ayant souvent pas vraiment d’idées se fait fort d’enfourcher telle ou telle lubie pour grignoter quelques voix.

Par Philippe P.

Je dois vous dire que je ne suis pas féru des sites administratifs pas plus que je ne suis un fervent lecteur du journal officiel. Il m’est bien sûr arrivé de tomber sur un de ces sites mais pour une recherche bien particulière. Sinon, qu’il soit de droite ou de gauche, ce que raconte BFM me suffit sans que je n’aie besoin de consulter gouvernement.fr.

Un ami m’a pourtant envoyé le lien suivant et j’ai été assez étonné. Je connais comme tout un chacun les incitations financières destinées à nous faire rouler en véhicule électrique. Je conçois donc que cette technologie encore balbutiante n’est pas suffisamment au point pour être adoptée par tous sans un gros coup de pouce des pouvoirs publics. Il en va de même des éoliennes mais aussi des panneaux solaires dont les propriétaires en ce printemps plus que pluvieux doivent se lamenter.

Le propre d’une idéologie est toujours d’aveugler celui qui en est atteint. C’est une forme de paranoïa, elle tend à s’étendre à tous les secteurs et à cliver le monde en deux parties, ceux qui sont avec nous et ceux qui sont contre nous. La paranoïa à mon sens ne se soigne pas, elle se maintient ou croît sans cesse jusqu’à l’inévitable dont les faits divers sont remplis. S’agissant de politique, il en va de même. On connait tous l’histoire de ces vieux militants communistes qui, cent millions de mort plus tard et une faillite de l’URSS avérée, vous expliquent que ce n’est pas le système qui est en cause mais la manière dont on l’a appliqué et voient en chacun de ceux qui voudraient leur opposer des faits objectifs un fasciste en puissance.

L’écologie en tant que système politique et non science me semble relever de la même nature que le militantisme communiste. Il ne s’agit donc pas tant de pointer du doigt les dégâts que l’on pourrait commettre à l’égard de la nature et du cadre de vie, ce qui est louable en soi, mais d’ériger un homme nouveau, un homme dressé par le système, coupable ontologiquement et soumis à une nouvelle forme de dictature non plus rouge mais verte. C’est une nouvelle religion comme a pu l’être le communisme avec ses saints, ses dogmes, son clergé, son paradis et son enfer et par dessus tout cela, Gaïa la déesse mère pour laquelle on est prêt à perpétrer n’importe quel sacrifice. Voici un siècle qu’ils ont combattu l’Église et ses excès mais qu’ils perpétuent ce qu’ils semblaient détester en créant le même genre de systèmes inhumains. Certains semblent avoir un besoin viscéral d’appartenance à un groupe proposant des idées simplistes sur tous les domaines.

Le politicien professionnel n’ayant souvent pas vraiment d’idées si ce n’est d’amasser le plus de voix se fait ensuite fort d’enfourcher telle ou telle lubie pourvu que cela lui fasse grignoter quelques voix le moment venu. Si l’écologie semble avoir le vent en poupe alors les uns feront un Grenelle de l’environnement pour bien montrer leur adhésion à cette prise de conscience tandis que les suivants mettront en place d’autres projets pour toujours montrer patte blanche et fédérer quelques personnes de plus.

C’est ainsi que ce lien nous apprend que l’incitation financière à l’achat de véhicules électriques sera encore augmentée mais que d’autres pistes sont aussi explorées. C’est ainsi que le gouvernement souhaiterait aussi que les sociétés d’autoroute puissent proposer un péage préférentiel aux possesseurs de véhicules électriques. Cela me semble aberrant dans la mesure où il me semble que lesdits véhicules ne possèdent pas une autonomie excédant cent cinquante kilomètres (et encore je suis large) et qu’il faut plus de six heures pour en recharger les batteries. Imaginez le temps de parcours sur un Paris-Marseille ?

On est en droit de se demander dans quel cerveau malade a pu germer une telle idée ou sinon quel est le piètre niveau intellectuel de nos élus capables de proposer de telles mesures. On a parfois l’impression d’assister à des jeux d’enfants, ceux que l’on a tous pratiqués et dans lesquels on commence par « on n’a qu’à dire qu’il y aurait ça et que l’on ferait ça ». Voilà, avec un « onnakadir », on peut effectivement tout envisager, tout proposer. À la limite, que cela reste dans le cadre d’un brainstorming un peu fumeux au cours duqule on recense toutes les propositions, même les plus farfelues, pourquoi pas. L’état d’enfant qui s’émerveille et ne se censure pas peut avoir du bon. Mais qu’aucune censure liée au réel ne vienne ensuite interférer pour ne retenir que le possible me semble fou.

Cela me rappelle voici quelques années, quand le phénomène lié à Second Life battait son plein. Des idiots incapables de réaliser qu’une seconde vie restait impossible puisqu’à part donner corps à une vie fantasmatique numériquement transposée en 3D, il était impossible d’être soi et un autre, imaginaient que ce méta-univers pourrait devenir un véritable enjeu de civilisation.

J’étais allé voir et m’étais rendu compte que j’avais en grande partie raison et qu’à part quelques possibilités graphiques étonnantes permettant pourquoi pas à un artiste, architecte, etc, de faire de la 3D à moindre coût, le reste n’était qu’une resucée de la vraie vie, une sorte de site de rencontre en 3D avec des petits avatars qui s’aimaient et se détestaient ensuite, s’entendaient pour mieux se déchirer ensuite et que le monde réel avait encore de beaux jours devant lui. J’avais à l’époque discuté avec un builder (on appelle ainsi ceux qui réalisent des bâtiments sur SL) qui avait réalisé un monde assez splendide mais peu réaliste et qui avait convenu que c’était vraiment sympa de s’affranchir des limites de la physique. Lui au moins était réaliste et convenait que sa « seconde vie » était possible à condition qu’il s’affranchisse d’une part de réel : il était en pleine science-fiction et le savait.

Parfois et depuis des années, j’ai l’impression que les élus sont un peu isolés dans une sorte de Second Life, chacun à sa manière, Second Life Mairie, Second Life Conseil Général, Second Life Élysée, à la manière des épisodes mettant en scène les Sims. Mais tandis qu’il me semble que les Sims sont une simulation qui veut (en fonction des capacités de l’intelligence artificielle) proposer une simulation de vraie vie, nos élus sont figés dans un monde parallèle privé de repères, une sorte de Second Life éternel à l’image de ces Nolife qui nous font sourire ou frémir.

On  n’est plus dans la simulation qui serait un système artificiel permettant de coller de plus en plus au réel pour l’appréhender, comme un simulateur de vol, mais dans un monde parallèle. Maurras en son temps parlait de pays légal et de pays réel mais le problème reste pertinent depuis. Les élites ont changé ou adapté d’autres formes de communication, sont issues d’un sérail différent qu’elles ne l’étaient voici un siècle mais rien ne change. On croit encore aux solutions idéales quitte à distordre la réalité pour y adapter les fantasmes.

Voici bien des années, j’avais suivi un cours de sociologie clinique du travail. La matière bien qu’un peu fumeuse proposait aussi des pistes intéressantes pour réfléchir au management, à la souffrance au travail et à d’autres problèmes liés à l’activité en général. Hélas pour moi, cette année, le titulaire de la chaire n’avait pas assuré le cours mais l’avait confié à un allocataire de recherche normalien. Je ne me souviens plus exactement du statut de ce jeune type mais toujours est-il qu’il venait d’être diplômé de normale-sup et qu’il devait donner des cours. Durant deux heures, je l’avais entendu gloser sur la notion d’entreprise démocratique entonnant les vieilles lunes soixante-huitardes ayant fait long feu depuis longtemps mais réactualisées par ses soins.

Et il parlait, parlait et moi je souriais. À la fin de son exposé, il m’avait demandé ce que j’en pensais et parce que ce type devait avoir à peu près le même âge que moi, je lui avais juste répondu que moi aussi, étant petit, j’adorais construire des tas de trucs avec mes legos et que plus on m’en donnait, plus mes bâtiments étaient importants, indépendamment du fait que je ne suis pas sûr aujourd’hui qu’un seul ait pu être réellement construit sur terre.

Il n’avait pas digéré mon commentaire et avait tenté de me répondre techniquement. Je lui avais juste dit qu’il pouvait utilement diriger n’importe quel service de n’importe quelle entreprise durant deux ans puis revenir nous parler de l’entreprise démocratique. J’avais été, quelques années avant, moi aussi farci de théories de management données par des profs agrégés n’ayant jamais rien dirigé d’autre que des thèses pour ne même pas vouloir argumenter.

Il ne s’agissait pas d’opposer la pensée aux faits mais simplement de comprendre que l’étude de la physique ne vous fera pas monter un mur droit tout autant que l’ignorance des lois de la physique ne vous permettra pas de monter le même mur droit même si vous êtes un manuel avéré.

La croyance est un leurre. Comme s’il suffisait d’y croire pour qu’une technologie balbutiante, qui sera peut-être finalement une fausse piste si des sources d’énergies alternatives ou d’autres techniques même pas encore imaginées étaient trouvées, devienne efficace.

Allez les p’tits gars, on y croit, on croise les doigts, et on y va, on achète tous une Renault Zoe !


Sur le web.

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  • La Zoe a été conçue en tenant compte d’un pétrole à 200€.
    Rappelez-vous, c’était en 2006, et on nous annonçait le peak oil pour 2010. Un peak comme le bout d’une falaise, avec effondrement brutal du système (hausse des prix et rupture de stock simultané…).
    La Renault Zoe est un trés bon véhicule, mais que d’efforts narcissiques quand on voit l’efficacité d’une simple Peugeot 208 e-hdi…

  • « La paranoïa à mon sens ne se soigne pas, elle se maintient ou croît sans cesse jusqu’à l’inévitable  » EXCELLENT
    J’ai eu dernièrement une discussion « sévère » autour de Robespierre le psychopathe et je soutenais que la paranoïa ne se soigne pas parce que ce n’est pas une maladie mais un défaut du raisonnement, d’ailleurs c’est para – parallèle et noïa – esprit. – Une confirmation qui tombe bien, merci

  • Excellent article. L’immense problème avec les fausses croyances de ceux qui nous gouvernent est qu’elles coûtent des milliards et des milliards alors que de vrais problèmes réels pourraient en bénéficier.
    Pour les voitures électriques, c’est un vieux truc puisque Ford y avait déjà pensé au début du XXème siècle mais s’était assez vite rendu compte que cela ne marchait pas.

  • Une entreprise de voitures électriques (pas tout à fait) vient de déposer le bilan (une de plus).

    http://www.ecnmag.com/news/2013/05/trailblazing-israeli-electric-car-company-close

  • Excellent article.
    Dommage qu’ils tiennent absolument à appliquer dans le réel leur délire « second life »

  • Proposer le péage gratuit a des voitures qui matériellement ne peuvent pas passer que quelques minutes sur autoroute, c’est un astuce pour dire on subventionne, nous sommes gentils, nous incitons etc… tout en gardant l’argent pour les petits copains avec des subventions que seuls eux peuvent bénéficier. Ne prenez pas les énarques pour des fous, ce sont ceux qui les écoutent au pied de la lettre les plus fous !

  • J’ai écrit ça sur mon blog il y a deux jours à propos des voitures électriques :
    http://jacqueshenry.wordpress.com/2013/05/27/montebourg-sevit-encore-ca-frise-le-ridicule/
    C’est un peu comme la taxe carbone alors que des évidences montrent qu’on s’achemine vers un nouvel âge glaciaire, voir à ce sujet :
    http://jacqueshenry.wordpress.com/2013/05/27/le-politiquement-correct-et-l-hysteriquement-correct/

  • Votre passage traitant de Second Life est stéréotypé, approximatif, globalisant et méprisant. C’est fort dommage vu la qualité du reste de l’article.

    De toute évidence, vous n’êtes pas resté assez longtemps pour constatez que les utilisateurs de Second Life sont des français tout à fait ordinaires, différenciés et pas plus névrosés que le commun de vos patients.

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