Vive le logement social !

D’une part, le parc public n’est pas la solution, d’autre part le parc public n’est pas social.

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Vive le logement social !

Publié le 21 juin 2011
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Ne vous y trompez pas : je ne suis pas un fervent adepte des HLM. Je ne partage donc pas le point de vue des autorités publiques responsables du logement qui depuis soixante ans ne cessent de répéter qu’il nous faut davantage de HLM pour résoudre « la crise ».

Car crise il y a. Les estimations sur les Français mal logés vont de 1 000 000 (ministère) à 3 000 000 (Fondation Abbé Pierre). Pendant ce temps, 800 000 logements (dont 400 000 dans les HLM) sont vacants. Le prix de l’immobilier augmente, et les loyers aussi, au point qu’une grande campagne en faveur de leur blocage est en cours. Cette crise n’est pas nouvelle : on la retrouve chaque année, et chaque année la conclusion est la même : construire davantage de logements sociaux, c’est-à-dire agrandir le parc public.

Mais il y a une double tromperie dans l’affaire :

  1. Le parc public n’est pas la solution.
  2. Le parc public n’est pas social.

 

J’en tire une double conclusion : arrêtons avec le parc public et venons enfin au vrai logement social, celui du parc privé dont on doit libérer les entraves pour qu’enfin soit résolue la crise du logement.

Le parc public n’est pas la solution, il est même à l’origine de la crise du logement.

Pour quelles raisons ?

Chaque année des milliards d’euros sont engloutis dans l’aide à la pierre et dans l’aide à la personne. L’une consiste à financer la construction de HLM ou équivalents, pour un montant de 25 milliards d’euros. De ce fait, les producteurs de logements dits sociaux ne regardent pas à la dépense, puisqu’une grande partie des coûts est couverte par l’argent de l’État ou des communautés territoriales, c’est-à-dire des contribuables. On construit cher, on construit mal. Et ensuite on est dans l’impossibilité d’entretenir les bâtiments. Le financement des aides provient à son tour des impôts (51 impôts pèsent sur l’immobilier !) et des fonds de la Caisse des Dépôts et Consignations qui dérivent de l’argent des livrets A vers ce placement réellement peu rentable, alors qu’il pourrait être orienté vers la construction privée qui, elle, manque d’investissements. Donc, avec ce qui sert au parc public, on pourrait développer plus vite le parc privé.

L’aide à la personne représente des allocations logement, des exemptions fiscales et des taux bonifiés qui permettent aux locataires de ne pas payer le vrai prix du logement, ce qui ruine le parc public et fausse le marché locatif privé.

Mais le parc public anti-économique n’en est pas pour autant social.

Est-il réservé aux ménages les plus pauvres ? Ainsi, dans les HLM se trouvent des ménages qui pourraient très bien se loger dans le parc privé, mais qui bénéficient de passe-droits aux frais de la collectivité. Des HLM de luxe leur sont réservées, et c’est une concurrence déloyale à l’égard du parc privé. Ces HLM ne sont pas celles des pauvres, qui vivent dans des cités délabrées, dans de véritables ghettos ; la mixité sociale recherchée à travers le logement social n’a existé que dans les discours politiques. En fait, il y a exclusion et ségrégation. Les HLM sont à deux vitesses. Les ménages à faibles revenus trouvent à se loger dans le parc privé qui en accueille davantage que le parc public au point que la moyenne et la médiane des revenus des locataires dans le privé sont inférieures à celles du public ! Et trois primo-occupants sur quatre sont amenés à aller dans le privé, puisque les places dans les HLM sont rares !

Donc arrêtons avec le parc public, gouffre financier, privilège pour les uns et enfer pour les autres. Abrogeons la loi « Solidarité et Renouvellement Urbains » (SRU) qu’il vaut mieux appeler par le nom de son auteur : Gayssot, comme le ministre communiste du gouvernement Jospin. SRU oblige les communes à avoir 20 % de logements dits sociaux, et pénalise tous ceux qui refusent les cages à lapin, les barres, les tours et les zones de non-droit.

Venons en au vrai logement social, c’est-à-dire celui que peut offrir un libre marché de l’immobilier locatif. Ce marché est aujourd’hui bloqué par la pénurie foncière due au zonage et aux plans d’urbanisme, par la complexité et l’arbitraire des permis de construire, par les restrictions de crédit, par la multiplication des normes. Il est entravé aussi par la concurrence déloyale du parc public, qui supporte moins d’impôts, moins de réglementations. La libération du marché conduirait à restaurer une vraie rentabilité, à susciter des investissements massifs.

Il n’y a aucune raison pour que la concurrence et l’innovation ne produisent pas les effets bénéfiques ici comme ailleurs. Le logement n’est pas un bien public, mais un bien marchand.

Ces idées que j’ai développées dans le tout récent rapport de l’IREF présenté à la presse parisienne avant-hier, doivent être rappelées aujourd’hui, parce que le logement sera l’un des thèmes de la campagne prochaine, et que les Français, ici comme ailleurs, ont du mal à imaginer que l’État ne s’occupe pas de tout ce qui est  social. C’est d’ailleurs aussi le thème de l’Université d’été que l’on évoque dans cette lettre : si vous voulez davantage de social, ayez moins d’État !

Le marché est seul en mesure de fournir à la communauté les biens et services dont elle a besoin, et de le faire au meilleur compte pour tous, et notamment pour les plus modestes des Français.

Article repris depuis la Nouvelle Lettre avec l’aimable autorisation de Jacques Garello.

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  • En complément, un article chiffré, qui date un peu, mais reste tout à fait actuel

    http://www.objectifliberte.fr/2008/12/le-logement-social-.html

  • « Quant aux ménages à faibles revenus, ils trouvent à se loger dans le parc privé, qui en accueille plus que le parc public, au point que la moyenne et la médiane des revenus des locataires dans le privé sont inférieures à celles du public !  »

    C’est une donnée extraordinaire. J’ai du mal à y croire.

    • Oh ? un naïf qui croit que, en France, le logement social c’est pour les pauvres, et que les pauvres sont dans le logement social…

      Tiens, je recommande http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/Briant.pdf . C’est un doc de l’INSEE et la brave dame qui pond le truc est une socialiste bon teint, ce qui explique qu’elle préfère gloser en long en large et en travers sur des évidences et des conneries plutôt que sur les deux ou trois chiffres importants, mais ils y sont quand même.
      * il y a à peu près autant de pauvres en logement social qu’en logement privé (tableau 8 : respectivement 28 et 25 %), mais les plus pauvres d’entre eux sont dans le logement privé (tableau 16 : respectivement 1115 € contre 983 €)
      * sur les 7,9 millions de « ménages à faibles ressources » (tableau 6), si 28 % sont dans le logement social, ça en fait environ 2 millions dans le logement social, sur les 4 millions de logements de ce type. Ca fait donc 2 Millions de HLM occupés par des « autres ménages » avec un revenu de … 2369 € (encore le tableau 16)… mais mais mais 2 millions, cela ne serait-il pas aussi, comme par hasard, le nombre de « ménages à faibles ressources » dans le logement privé (25 % de 7,9) ? Oh ben ça alors…

      cherchez l’erreur…

  • « qui dérivent des fonds de la Caisse des Dépôts et Consignations qui dérivent de l’argent des livrets A vers ce placement réellement peu rentable »

    Appeler « placement » des « prêts » me parait être une erreur économique grossière.

    Pensez-vous vraiment que les fonds CDC devraient financer le marché privé sans obligation de plafonnement des loyers ou contrepartie sociale? Ca me parait tout à fait déplacé! J’aurais pensé que dans votre approche idéologique l’existance même de la CDC soit jugée pertrubatrice du marché…

    • Un prêt c’est bien un placement. exemple typique : les obligations de l’état grec. Bon d’accord, c’est un exemple pourri

  • « Chaque année des milliards d’euros sont engloutis dans « l’aide à la pierre » et dans l’« aide à la personne ». L’une consiste à financer la construction d’HLM ou équivalents, pour un montant de 25 milliards d’euros »

    Vous sous-entendez que l’aide à la pierre s’élève à 25 milliards d’euros… quelle grossière erreur!

  • Le logement social devrait être réservé aux seules personnes en-dessous du seuil de pauvreté.

    En Angleterre, le logement social est vraiment réservé aux plus modestes, et les SDF sont ultraprioritaires pour l’attribution de logements sociaux (en conséquence, peu de clochards dans les rues de Londres).

    C’est loin d’être le cas en France, et c’est scandaleux.

    • Si tu vas par là, soit plus simple : c’est l’aide sociale pour le logement, quelqu’en soit la forme, qui « devrait être réservé aux seules personnes en-dessous du seuil de pauvreté ». Et il n’y a aucune raison de parquer ces personnes (à ce moment précis de leur vie) dans un « logement social » (qui aura bien du mal à ne pas dégénérer en ghetto) spécialement créé pour elles (à moins que le but soit de justement les empêcher d’en sortir ?). Donc l’aide sociale pour le logement ne doit pas prendre la forme d’un logement, mais d’une allocation-logement ou éventuellement d’une aide sociale pour les démarches.

      Une fois dit comme ça, c’est simple : sur le marché locatif il y a une offre publique et une offre privé, à prestations identiques leurs prix doivent être les mêmes, et que le meilleur gagne (j’avoue que j’ai un favori, mais pas besoin d’interdire l’autre concurrent pour qu’il le montre…)

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