Paternalisme de l’État : Macron n’a rien changé

Comme pour ses prédécesseurs, Emmanuel Macron n’envisage la place de la société civile que comme subordonnée à l’État tour à tour dirigiste, stratège ou encore organisateur de la vie quotidienne.

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Paternalisme de l’État : Macron n’a rien changé

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 9 janvier 2018
- A +

Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

Dans un excellent papier publié dans L’Opinion le 26 décembre, Jean-Marc Daniel dressait un intéressant parallèle entre la politique de Kennedy et celle d’Emmanuel Macron, montrant les proximités entre le discours du président français et la doctrine des démocrates américains.

Dans son analyse, l’économiste reprend la célèbre citation du seul président catholique des États-Unis :

Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.

que le Président a d’ailleurs reprise à sa façon dans ses vœux. C’est par cette même phrase que Milton Friedman ouvre son livre majeur Capitalisme et liberté : dans un passage acéré, le Prix Nobel d’économie en critique vertement la philosophie « paternaliste » et holistique («  organismic  ») qui implique que « le gouvernement est le patron, le citoyen son sujet », « une vision en contradiction avec la foi que l’homme libre a en sa propre responsabilité pour forger son propre destin1 ».

Friedman contre la pensée dominante

Le texte de Friedman est catégorique : il s’accommode probablement imparfaitement avec le nécessaire pragmatisme du quotidien ; mais il a le mérite de proposer une référence à l’aune de laquelle évaluer les politiques et débats publics ; une référence totalement absente du paysage français.

Sur l’ensemble de l’échiquier politique national, la même vision prévaut : l’État domine la société et l’économie, qu’il régule de façon nécessairement efficace et pertinente. Plus encore, il lui appartient de les façonner pour les améliorer : le rôle du politique est de changer le monde, non par la libre adhésion des individus, mais grâce à et par l’État.

Les majorités successives divergent, non sur le modèle de société mais sur le degré de coercition qu’elles estiment acceptables et la coloration politique qu’elles lui donnent : à des interventionnistes militants succèdent des interventionnistes plus discrets ; à des étatistes conservateurs succèdent des étatistes progressistes. Quelles que soient les ambitions, la société reste subordonnée aux objectifs que l’État lui assigne. Despotisme éclairé ou rétrograde, mais despotisme quand même.

L’omnipotence de l’État

Hégémonie technocratique. Cette omnipotence se marque dans la vie quotidienne et dans le fonctionnement des institutions. Elle se matérialise par deux statistiques : la dépense publique, qui atteint 57 % du PIB, et les prélèvements obligatoires, à 47,6 % du PIB. On ne martèle pas assez ces chiffres, inquiétants pour notre économie mais surtout effrayants pour notre liberté.

L’élection d’Emmanuel Macron et de la majorité En Marche n’a pas changé structurellement ce logiciel. Leur action est plus nuancée, leur objectif plus réformiste, leur ambition plus progressiste.

Leurs opposants défendent des projets dramatiquement plus intrusifs, répressifs, parfois xénophobes et souvent asphyxiants. Mais les instruments restent les mêmes et la hiérarchie entre l’État et la société ne change pas : l’État commande, la société exécute.

Baisser la dépense publique

La France a une histoire centralisatrice. Elle a également une conception du pouvoir étatique hégémonique plus récente, consacrée depuis le milieu du XXe siècle par le triomphe de la technocratie. Elle ne deviendra jamais une société avec un État minimal (pas plus que les États-Unis d’ailleurs).

Pour autant, elle a des marges de manœuvre immenses pour progresser sur la voie d’une société plus libre, notamment en baissant la dépense publique. C’est une piste à explorer en 2018 pour le gouvernement, qui n’a encore rien fait en la matière.

Sur le web

  1.  Traduction imparfaite de l’auteur de ces lignes.
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  • Comment Macron, pur produit de l’énarchie comme ses collaborateurs fonctionnaires ou ministres pourrait-il comprendre et admettre que l’Etat ne peut pas tout et surtout qu’il est la cause de nos déboires?
    La France a besoin de plus de liberté et de moins de dépenses publiques, donc de moins de taxes.
    Que fait Macron ? Le contraire.
    Moins de liberté, plus d’infantilisation, plus de taxes et pas moins de dépenses!
    L’Etat tel qu’il est en France est depuis bien trop longtemps un batard de Louis XIV, colberto-marxisant, liberticide, égalitariste, cupide, manquant cruellement de courage,

    • @montesquieu
      Bonsoir et bonne année,
      « Comment Macron, pur produit de l’énarchie comme ses collaborateurs fonctionnaires ou ministres pourrait-il comprendre et admettre que l’Etat ne peut pas tout et surtout qu’il est la cause de nos déboires? »
      Macron ne peut pas le comprendre, ni même ses collaborateurs, ni même ceux qui l’ont précédé : ils sortent de l’ENA. Comment pourraient-ils penser à se couper les vivres ?
      « L’Etat tel qu’il est en France est depuis bien trop longtemps un bâtard de Louis XIV, colberto-marxisant, liberticide, égalitariste, cupide, manquant cruellement de courage, »
      Il n’est pas question de courage : il est question de suivre l’idée socialiste, et son programme.
      Cela vous chagrine parce que justement ces personnes sont intelligentes, cultivées, assez pour appliquer leur idéologie, leur(s) plan(s) malgré l’ineptie de ceux-ci, en tordant la réalité, en mentant, en truquant, et en promettant de s’occuper de quelque chose (comme la sécurité par exemple, ou la santé), d’une partie de la population (comme les pauvres ou les chômeurs) et de n’en avoir rien à faire. Le chômage a progressé de 300% en 37 ans, du coup les pauvres aussi, et la sécurité est aux oubliettes la plupart du temps pour le Peuple.
      Bref vous avez raison, nous sommes revenus 230 ans en arrière. LA différence, c’est que nous avons des récoltes de blé, du pain, de quoi manger en somme, et qu’on nous lave le cerveau à coups de « Liberté », « Egalité » « solidarité » alors que chacune de ces trois valeur, la dernière n’en est pas une, disparaît de plus en plus. On nous noie sous les termes « Démocratie » et « République » mais il n’y a aucune des deux en France.

  • Il semblerait que, malheureusement, la France se dirige vers encore moins de liberté avec la bénédiction bienveillante de la majorité des media!

  • Et voilà ! Encore un article qui commençait bien, sur le paternalisme de l’Etat. Je croyais avoir droit, par la suite, à des exemples de ce despotisme éclairé : les 11 vaccins obligatoires après les 5 fruits et légumes quotidiens, le paquet de clopes à 10 € et toutes ces taxes « comportementales », le 80 km/h sur les routes et la sécurité routière qui nous prend pour des criminels demeurés, l’interdiction des drogues et l’hypocrisie sur la prostitution…
    Non, non, rien de tout cela : encore et toujours le pognon, la dépense publique et les prélèvements publics !
    Lassant !

    • Pour faire la preuve que nous ne sommes pas des demeurés, c’est parfois difficile. Il est donc parfaitement justifié de se rabattre sur les sujets incontestables où les chiffres permettent de démontrer par a+b que l’Etat n’est pas crédible quand il prétend exercer cette espèce d’autorité parentale pour le bien de ses administrés.

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