Être libéral est un style de vie, fait de symboles et d’éléments culturels. Notre chroniqueur Olivier Palettu vous en fournit les clefs pour vivre votre libéralisme au quotidien.
Remis au goût du jour par Édouard Balladur, un maître en matière de style français, le mocassin à pampilles (ou à glands), fit florès dans les années 1980 quand, au milieu du mitterrandisme triomphant, les libéraux espéraient renverser la vapeur et se montraient volontiers plus Thatcher que Bérégovoy. Si certaines illusions furent dissipées, le mocassin à pampilles fait de la résistance, y compris contre la mode des sneakers. H16 revendique en porter et on les trouve de nouveau aux pieds de la jeunesse libérale.
Curieuse histoire que ce soulier, inventé aux États-Unis à la demande de l’acteur Paul Lukas (1894-1971). Né à Budapest dans l’Empire austro-hongrois, il a fui les tourments de l’Europe centrale pour s’installer à Hollywood et connaître la fortune américaine. Oscar du meilleur acteur en 1943 pour son rôle dans Quand le jour viendra, face à Humphrey Bogart (Casablanca) et Gary Cooper (Pour qui sonne le glas), l’acteur n’est guère plus connu aujourd’hui, mais a au moins eu le mérite de laisser ces délicieux souliers à la postérité. C’est lui qui demanda à son bottier, Alden, de placer des pampilles sur ses slippers. Confortables, sorte de chaussons qui peuvent se porter en extérieur, les slippers agrémentés de pampilles offrent un style très Ivy league qui a le doux parfum des Démocrates américains. Il n’y a qu’à regarder Joe Biden aujourd’hui, toujours élégamment vêtu comme un éternel étudiant de Harvard, à l’époque où les étudiants de cette université étaient maîtres de style.
Alden inventa donc ce type de mocassin, qui fut ensuite repris par Brook Brothers. Fondée à New York en 1818, c’est une institution en matière de style et de goût américain. Abraham Lincoln et Andy Warhol s’habillaient chez eux, Ralph Lauren y a débuté, avant de fonder sa propre marque. Les modèles proposés aujourd’hui sur leur site sont en revanche d’une grande pauvreté.

Le mocassin à glands a donc traversé l’Atlantique, porté par les vents du reaganisme triomphant. Comme l’a bien démontré le professeur Philippe Nemo dans l’ouvrage que tout libéral se doit d’avoir lu, Esthétique de la liberté, la liberté conduit au beau et le socialisme à la laideur. Ce que Serge Schweitzer a résumé dans cet aphorisme célèbre : « Le résultat de l’ordre capitaliste, c’est Venise ; le résultat de l’ordre structuraliste, c’est Sarcelles. »
Le mocassin à pampilles étant beau, il est donc nécessairement libéral.
Pour un style français et plus balladurien que reaganien, vous pouvez le porter avec des chaussettes rouges de chez Gamarelli, ce qui rendra par la même occasion hommage à l’école libérale italienne, trop peu connue en France alors que riche et dense. Le mocassin à pampilles est en plus particulièrement adapté pour courir sus aux keynésiens assoiffés d’impôts et de taxes.
Superflu et léger donc indispensable.
Il y a méprise. Le gland, dans le mocassin à gland, n’est pas SUR la chaussure, mais DANS la chaussure.
Merci pour cette lecture aussi décontractante que le mocassin à pampilles.
Une lecture légère qui fait du bien, à titre personnel je suis cependant plutôt adepte des derby, ou quand il faut être habillé, des richelieu. Ce qui ne change rien à mes idées.