Et si tous les besoins humains étaient pris en charge par l’État ?

Le collectif « Nos services publics » appelle à une extension des services de l’État et de l’État providence. Pour Philbert Carbon, cet accroissement de l’intervention étatique est inefficace et dangereuse. Il lui oppose la solution par le marché, qui permet de répondre aux besoins humains de manière beaucoup plus satisfaisante.

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Et si tous les besoins humains étaient pris en charge par l’État ?

Publié le 10 novembre 2023
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Un article de Philbert Carbon.

Le Rapport sur l’état des services publics, publié par « Nos services publics », un collectif de fonctionnaires « ouvert à toutes et à tous, engagé·e·s (sic) pour retrouver le sens qui fonde le service public et ses missions au quotidien » propose que l’État assouvisse tous les besoins humains !

Ce Rapport sur l’état des services publics part d’un constat, celui d’une dégradation des services publics. L’IREF a dénoncé cette dégradation à de multiples reprises au cours des dernières années : de la justice à La Poste, en passant par la SNCFPôle emploi ou la délivrance des papiers d’identité, les exemples de l’inefficacité des services publics sont, malheureusement, légion.

Pour le collectif de fonctionnaires, s’ils « craquent », c’est parce que les moyens qui leur sont alloués sont insuffisants pour répondre à l’évolution des besoins des Français. Cet écart entre ce qu’on pourrait appeler l’offre et la demande n’arrête pas de croître et « renforce les inégalités, crée un espace croissant de désocialisation de la réponse aux besoins et accentue la rupture avec la population et avec les agents des services publics » (sic).

Le rapport passe en revue cinq domaines :

  1. La santé
  2. L’éducation
  3. Les transports
  4. La justice et la sécurité
  5. Le fonctionnement et le financement des services publics

 

Il délivre surtout cinq messages-clés qui, en quelque sorte, résument la philosophie de « Nos Services publics.

 

Cinq messages-clés

Le premier message-clé est que les besoins sociaux – c’est-à-dire un ensemble de dynamiques démographiques (comme le vieillissement de la population), de progrès sociaux (dont l’attention croissante aux violences faites aux femmes), d’évolutions techniques (par exemple le développement du numérique) ou de transformations de l’environnement (le dérèglement climatique) – sont en forte évolution et modifient les attentes de la population. Les services publics doivent, par conséquent, avoir comme objectif prioritaire de prendre en charge ces besoins.

Deuxième message-clé : les moyens publics n’augmentent pas à la hauteur des besoins. Le rapport s’inquiète donc de la réduction prévue du déficit et de la poursuite de la baisse des impôts. Ces mesures vont, en effet, dégrader la capacité des services publics à s’adapter pour répondre aux besoins de la population.

Troisième message : le secteur privé prend de plus en plus de place dans la prise en charge des besoins au détriment des services publics. C’est le cas de l’école, par exemple.

Le quatrième message est que l’accès aux services publics est de plus en plus inégalitaire, du fait de la dégradation de leur qualité.

Le cinquième message est que « la capacité des services publics à prendre soin, à adapter leurs exigences à celles de la société et à penser les citoyens, leur place et leurs relations avec le service public », a été négligée. Pour « Nos Services publics », on n’a pensé qu’à une seule chose au cours des dernières décennies : diminuer les dépenses publiques.

 

Privatisation et mise en concurrence

Avouons que nous avons manqué de nous étrangler à la lecture de ce rapport.

Car, derrière les constats, pointe une idée on ne peut plus claire : étendre le domaine de la sphère publique jusqu’à satisfaire tous les besoins de la population.

Les besoins humains sont infinis. Ils ne sont bornés que par les capacités, notamment financières, des hommes. La grande force de l’économie capitaliste, du marché et des entrepreneurs est de chercher à satisfaire ces besoins pour le plus grand nombre, et au moindre coût. Si c’est l’État qui pourvoit à tous les besoins humains, il ne peut être que totalitaire. Il suffit de regarder le bilan des pays communistes pour comprendre où les idées de « Nos Services publics » vont nous conduire.

De plus, le rapport fourmille de contrevérités.

Non, les gouvernants ne pensent pas qu’à réduire les dépenses publiques. Elles n’arrêtent pas de croître et ont atteint, en 2022, plus de 58 % du PIB français.

Non, la fiscalité ne baisse pas, elle augmente de manière plus ou moins larvée.

Non, les déficits publics ne se réduisent pas, ils se creusent continûment. Tout comme la dette.

Non, les services publics ne sont pas de plus en plus rendus par le privé. Pour reprendre l’exemple de l’école libre, comme le dit le rapport, ses capacités d’accueil progressent peu… parce que l’État n’autorise que rarement l’ouverture de nouvelles classes.

Non, les inégalités ne progressent pas en France. Elles reculent… parce que la proportion de riches diminue.

Bref, nous nous demandons bien dans quel pays habitent les membres du collectif « Nos Services publics ». Sûrement pas en France ! Enfin si, mais dans une France « insoumise ». En effet, Jean-Luc Mélenchon ne promet-il pas, s’il accède au pouvoir, de « gouverner par les besoins », c’est-à-dire, comme l’a écrit très justement Le Point, d’ouvrir en grand le « carnet de chèques de la puissance publique ».

Le principal problème de notre pays est que l’État se mêle de tout, tout le temps. Il s’occupe de la teneur en sel de la baguette de pain, de l’éducation sexuelle à l’école, de la délivrance des tickets de caisse dans les magasins, du déroulement des 1000 premiers jours des enfants, de l’apprentissage du vélo, etc.

C’est parce que l’État est obèse que notre économie et notre société vont mal. L’IREF préconise une cure d’amaigrissement :

 

Que l’État se concentre donc sur ses missions régaliennes pour lesquelles il fait preuve d’une grande inefficacité, et qu’il laisse la société civile s’organiser.

Remettons en cause l’État-providence au lieu de le renforcer.

Comme l’écrivait, en 1929, José Ortega y Gasset :

« Voilà le plus grand danger qui menace aujourd’hui la civilisation : l’étatisation de la vie, l’interventionnisme de l’État, l’absorption de toute spontanéité sociale par l’État […] ; aucune semence nouvelle ne pourra fructifier. La société devra vivre pour l’État ; l’homme, pour la machine gouvernementale ».

Voilà ce que nous prépare « Nos Services publics ».

Sur le web.

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  • Moi, je suis d’accord avec ce rapport : il doit prendre en compte mon besoin de ne pas travailler. Mon besoin de rêver : posséder et conduire une Aston Martine. Et comme j’adore le homard et les grands crus , mon besoin de me régaler dans un restaurant gastronomique 1 fois par semaine (comme un ministre de l’Ecologie récent qui s’est fait viré -le pauvre- pour s’être gavé en famille au restaurant au frais de l’État). J’ai aussi besoin de vivre dans une belle villa avec piscine chauffée et ayant un grand terrain entretenu par un jardinier. Comme je n’aime pas faire le ménage, j’ai besoin d’un « technicien de surface » comme on dit maintenant et un cuisinier.
    C’est pourquoi je vais voter LFI, le seul parti pouvant assouvir mes besoins : Castro, Maduro, Staline, etc n’avaient ils pas tous ces besoins assouvis par l’État ? Heureusement que Karl Marx a inventé le socialisme. Sinon,quelles perspectives aurions nous, à part essayer de finir comme Elon Musk ?

  • L’article est à charge, et évidemment les auteurs du rapport sont à l’extrême gauche.
    Cependant, les points abordés ne sont pas faux. Il y a inadequation entre service publics et besoins. Cette inadéquation provient de la rigidité de l’état et du fonctionnariat cependant.
    Les nouveaux besoins ne sont pas pris en compte. En effet, il doit bien avoir des familles pour lesquelles le réchauffement climatique est plus important que nourrir leurs enfants. Une étude sur le sujet serait intéressante: Supprimer les APL pour construire des centrales nucléaires par exemple ?
    L’inégalité d’accès est criante, c’est vrai. Mais à quoi est elle due? Les services publics ne peuvent pas être les mêmes partout. Une petite évaluation, des licenciements dans les unités sous performantes pourraient ils égaliser tout cela?
    Oui ,la capacité des services publics a négligé à prendre soin des français. Et c’est normal, ce n’est pas le but de ces services. C’est d’avoir un travail planqué bien payé et bien voter.

  • Concernant ma santé justement – ainsi que mon éducation, on peut apprendre de nouvelles choses à tout âge – il me plairait assez que des fonctionnaires très engagées assouvissent tous mes besoins lors des longues soirées d’hiver qui se pointent.
    Je vote donc pour cette très séduisante initiative.

  • si l’etat prend en charge vos besoins, il va aussi, très vite, les définir… chauffe ta maison à 16°C. pas besoin de 5G..vélo plutôt que voiture.. viande une fois par semaine..

  • J adore ce rapport car c est un concentré de ce que disent les amoureux de l Etat . Je leur fait remarquer qu heureusement que nos ministres, soucieux de laisser leur place aux plus modestes, se sacrifient pour mettre leurs enfants dans le privé et vont se soigner ds des cliniques privées .

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