Le jeu des statistiques officielles de l’inflation : l’exemple édifiant de l’Allemagne

Pour les statistiques officielles de l’inflation, la réalité est bien différente des intentions affichées.

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Le jeu des statistiques officielles de l’inflation : l’exemple édifiant de l’Allemagne

Publié le 15 septembre 2023
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L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) se compose de 12 sous-indices, qui sont pondérés en fonction de leur part dans les dépenses totales des ménages.

Si, par exemple, les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées (sous-indice 1) représentent 15 % des dépenses, il convient de leur attribuer une pondération de 15 % dans l’indice global. De cette manière, chaque catégorie de dépenses se verrait attribuer l’importance qu’elle a pour un ménage moyen. C’est ce que prétendent les statistiques officielles.

Mais ici aussi, comme souvent, la réalité est bien différente des intentions affichées.

 

Loyer et factures d’énergie : seulement un quart de vos dépenses ?

En Allemagne, le sous-indice traditionnellement le plus important couvre le logement, l’eau, l’électricité, le gaz et les autres combustibles (sous-indice 4). Il a toujours représenté plus de 21 % de l’indice global depuis le milieu des années 1990.

Entre 2020 et 2022, son poids est passé à un peu plus de 25 %. Les statistiques officielles supposent donc que les ménages allemands consacrent en moyenne environ un quart de leurs dépenses totales à des biens de cette catégorie. Pour certains critiques, c’est trop peu. De nombreux ménages dépensent beaucoup plus pour ce type de biens. Dans les grandes zones urbaines, les ménages consacrent souvent plus d’un tiers de leur revenu au loyer seul. C’est également le cas pour les ménages en France, par exemple en région parisienne. En France, le sous-indice 4 a un poids ridiculement faible depuis un certain temps. Depuis le milieu des années 1990, il n’a jamais dépassé 17,4 %.

Un changement inattendu est intervenu en Allemagne en 2023.

L’Office fédéral de la statistique n’a pas augmenté le poids du sous-indice 4, mais l’a ramené de 25,2 % l’année précédente à 16,5 %. L’Allemagne a donc commencé à suivre l’approche française. Aucune justification valable n’a encore été fournie. Sur le site web de l’Office fédéral de la statistique, on ne trouve que des phrases creuses : « La pandémie de coronavirus, qui sévit depuis 2020, avec ses restrictions de la vie publique et les conséquences qui en découlent, rend nécessaire de modifier le procédé habituel de mise à jour des pondérations pour chaque bien de consommation pour la troisième année consécutive également. »1

Comment justifier un ajustement aussi invraisemblable ?

En fait, l’ajustement signifie qu’à partir de maintenant, les statistiques officielles supposeront que le ménage allemand moyen ne dépense que 16,5 % de ses dépenses totales pour le logement, l’eau, l’électricité, le gaz et d’autres combustibles. Il appartient à chacun de se demander si cette hypothèse est réaliste.

Il est clair que le sous-indice 4 affiche depuis un certain temps des taux d’inflation supérieurs à la moyenne.

Entre 1996 et 2022, il a augmenté de 84 % au total, alors que l’IPCH dans son ensemble n’a augmenté que de 59 %. Seul le sous-indice 2 pour les boissons alcoolisées, le tabac et les stupéfiants a augmenté encore plus fortement au cours de cette période, soit de 115 %.

Durant la phase inflationniste de l’année dernière, ce sont les prix du sous-indice 4 qui ont le plus augmenté. Le taux d’inflation s’est élevé à 13,9 %, soit plus de 5 points de pourcentage au-dessus de l’inflation moyenne officielle. La décision de l’Office fédéral de la statistique de réduire le poids de ce sous-indice a un effet pratique : l’inflation officiellement mesurée sera plus faible.

Mais elle ne mesure pas la réalité.

Cet article vous a plu ? Retrouvez son auteur dans un entretien long format accordé à Contrepoints Podcast, au micro de Pierre Schweitzer. Il y est question des banques centrales et des nombreuses controverses qui les entourent depuis leur création. Pensez également à vous abonner au podcast sur votre plateforme préférée ou encore sur Youtube pour ne pas manquer les prochains entretiens.

 

  1. traduit avec DeepL parce que l’intelligence artificielle est vraiment douée pour traduire le langage bureaucratique
Voir les commentaires (6)

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Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • Merci pour ce bon décorticage de tous les enfumages statistiques. Encore un très bon article.
    Je pense aussi qu’il serait utile de rappeler à chaque fois :
    L’inflation est la création monétaire
    La hausse des prix (appelée à tort inflation) est sa conséquence
    L’inflation est une volonté politique

  • Attention, cet article semble très complotiste ! L’inflation n’est pas réelle et est totalement sous contrôle selon nos gouvernements 😉

  • si il ya une façon objective de mesurer l’inflation…
    eh bien vous la donnez..

    donc le problème est inverse ils est l’utilisation politique de l’inflation pour agir sur des « trucs ».. souvent spolier qui via les leviers monétaires.. ou autres bidules trucs et machins indexés à cette grandeur ..

  • oups là ! pour un ménage affecté en région parisienne, c’est 50% pour le logement seul..

  • Les commentaires sont fermés.

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