Une enquête internationale menée dans 34 pays par l’institut de sondage Ipsos Mori, pour mon livre In Defense of Capitalism sur les perceptions populaires de l’économie de marché et du capitalisme, a révélé que la Suède faisait partie du groupe de pays où le soutien à l’économie de marché est le plus fort.
On a présenté aux Suédois six affirmations sur une « bonne économie » : trois qui soutenaient une forte influence de l’État, et trois qui soutenaient une économie de marché libre.
Une analyse des réponses aux affirmations en faveur de l’État et du marché révèle que celles en faveur d’un renforcement du rôle du gouvernement recueillent 21 % d’approbation, contre 26 % pour celles en faveur d’une réduction du rôle du gouvernement. En divisant la moyenne des déclarations positives par la moyenne des déclarations négatives, on obtient un coefficient de 1,21. Un coefficient supérieur à 1,0 signifie que les attitudes pro-liberté économique dominent, un coefficient inférieur à 1,0 signifie que les opinions anti-liberté économique dominent.
Dans seulement six des 34 pays où l’enquête a été menée, le soutien à l’économie de marché était encore plus important qu’en Suède. Le soutien a quelque peu diminué lorsque le mot « capitalisme » a été utilisé, mais même dans ce cas, le soutien au capitalisme était significativement plus élevé en Suède que dans tous les autres pays européens, à l’exception des anciens pays socialistes que sont la Pologne et la République tchèque. Dans notre enquête, seuls neuf pays affichent des tendances davantage pro-capitalistes que la Suède, contre 24 pays où les attitudes à l’égard du capitalisme sont négatives. Les attitudes les plus positives à l’égard du capitalisme sont celles des Polonais, des Américains et des Sud-Coréens.
Aujourd’hui, de nombreuses personnes associent – à tort – la Suède au terme « socialisme démocratique ». Mais la période socialiste en Suède n’a pas duré très longtemps, environ de 1970 à 1990. La période précédente, de 1870 à 1970, était caractérisée par la décentralisation et un gouvernement limité, et pendant ces années, le système économique de la Suède était l’un des moins réglementés d’Europe, comme l’a montré le célèbre économiste suédois Assar Lindbeck.
La Suède pionnière
Le livre d’Adam Smith, La richesse des nations, publié en 1776, est devenu célèbre dans le monde entier. Mais onze ans plus tôt (1765), l’économiste finno-suédois Anders Chydenius avait publié une brochure, Den nationella vinsten (The National Gain), qui présentait des idées très similaires à celles contenues dans le livre de Smith. Le livre suédois est très mince (36 pages), et n’est pas comparable à l’œuvre monumentale de Smith, mais les thèses centrales sont identiques.
Chydenius explique que les hommes politiques n’ont pas les connaissances nécessaires pour reconnaître les entreprises ayant les meilleures chances de réussite. Selon lui, lorsque les décisions gouvernementales favorisent une entreprise particulière, elles attirent des personnes qui, autrement, s’engageraient dans des activités plus productives ailleurs. Il souligne que les régions de Suède aux politiques économiques davantage axées sur l’économie de marché étaient également plus prospères à l’époque. Comme Smith, Anders Chydenius prône le libre-échange, et s’oppose à une réglementation gouvernementale excessive.
Dans un récent article intitulé « L’évolution du modèle de marché suédois », les économistes Nima Sanandaji, Victor Ström, Mouna Esmaeilzadeh et Saeid Esmaeilzadeh montrent que « la Suède a été historiquement pionnière dans de nombreux aspects d’une économie de marché moderne ».
Un exemple : la Suède a accueilli la première entreprise publique au monde, qui a financé la mine de cuivre de Falun, laquelle a fourni les deux tiers de la production mondiale de cuivre au XVIIe siècle. Cette mine est à l’origine de la première entreprise publique au monde. La première action connue de la mine de Falun a été attribuée en 1288. Les sociétés par actions sont la pierre angulaire de l’économie de marché capitaliste moderne, « et il est pertinent, dans le cadre de l’évolution du modèle de marché suédois, de souligner que la plus ancienne société par actions connue au monde a ses racines dans le pays », expliquent les quatre auteurs.
La première banque à émettre des billets de crédit, et la première banque centrale ont également été créées en Suède. Il s’agit là encore d’un exemple de la manière dont le modèle de marché suédois a influencé le développement de l’économie mondiale. La Suède a également été le premier pays à permettre aux femmes d’exercer une profession et de posséder une entreprise.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Après les aberrations socialistes des années 1970 et 1980, la Suède a repris le chemin du capitalisme.
Dans le dernier indice de liberté économique de la Heritage Foundation, la Suède figure parmi les dix économies les plus orientées vers le marché dans le monde.
En 10e position dans l’indice 2023, la Suède devance largement les États-Unis (25e). Ce qui est particulièrement remarquable, c’est l’augmentation du score de la Suède. Elle a gagné 16 points au total au cours des 28 dernières années, passant de 61,4 points en 1995 à 77,5 points en 2023.
Seule une poignée de pays, dont le Viêt Nam et la Pologne, ont connu une augmentation un peu plus importante de la liberté économique. En comparaison, les États-Unis ont perdu six points au cours de la même période et, avec un score de 70,6 points, ils sont désormais loin derrière la Suède.
Rainer Zitelmann est l’auteur du livre In Defense of Capitalism
hmmm… on oublie toujours la monnaie…qui place tote économie libre à la merci d’un gouvernement..
et , je ne sais pas pour la suède, mais sur contrepoint, le ratio en faveur de l’intervention de l’etat est élevé, via le levier énergétique..
par ailleurs je n’y connais rien en économie…MAIS…. l’intervention de l’état est déjà énorme via le levier du
monopole sur LA monnaie…Bizarrement c’est un sujet rarement abordé… mais si un état décide de ne pas intervenir dans l’économie sauf par le bias de la création de monnaie….il peut ruiner une économie ..et vite fait…
si on est libéral…il me semble qu’on ne voit pas pourquoi un état aurait le monopole de la monnaie… les organismes pseudo indépendants gérant la monnaie sont une vaste blague???
une monnaie unique a t elle des avantages dans des échanges, bien entendu..MAIS…;la pluralité et la CONCuRRENCE des monnaies en a aussi!!!!
Est-ce fait exprès de ne pas mentionner Louis de Geer et les Wallons de Suède ?