La maladie d’Alzheimer porte le nom de celui qui l’a découverte en 1906, à l’occasion d’une autopsie sur une patiente atteinte de démence, Auguste Deter.
Lésions caractéristiques de la maladie
Alois Alzheimer (1864-1915), médecin, neurologue et neuropathologiste, a alors découvert les deux lésions caractéristiques cérébrales de cette maladie :
Les plaques amyloïdes
Elles résultent de l’accumulation de la protéine bêta-amyloïde à l’extérieur du neurone et se propagent dans un mouvement centripète1 à partir de l’isocortex avant d’atteindre l’hippocampe2, puis d’autres régions du cerveau.
Les dégénérescences neurofibrillaires
Elles résultent de l’accumulation de la protéine tau, modifiée chimiquement, à l’intérieur du neurone et elles se développent dans l’hippocampe, situé dans le lobe temporal, avant d’atteindre par un mouvement centrifuge3 les autres régions du cerveau.
Ces deux lésions par excès ne sont pas les seules à caractériser la maladie. Il y a aussi d’autres lésions par manque :
- atrophie du cerveau,
- perte de neurones,
- perte de synapses (les liaisons entre neurones),
- neuro-inflammation,
- baisse des facteurs de croissance (molécules synthétisées par les cellules, nécessaires à la croissance des tissus).
Les trois stades de la maladie
Il y a trois stades de la maladie que décrit ainsi France Alzheimer :
Stade léger
Environ 25 % de l’hippocampe diminue en volume, et le lien entre mémoire à court terme et à long terme se fait plus difficilement. Le déficit cognitif est subtil : le patient a des oublis bénins de noms ou d’événements récents qui s’intensifient avec le temps.
Stade modéré
D’autres zones du cerveau sont touchées, ce qui engendre des troubles du comportement, des gestes, du langage et de la reconnaissance. La personne atteinte d’Alzheimer a besoin d’une aide pour certaines activités (se déplacer, gérer son budget, faire à manger…).
Stade sévère
Les lésions progressent, et la récupération des informations est quasiment impossible : les événements et informations passés disparaissent de la mémoire. La défaillance des cellules cérébrales est importante. Le patient, atteint de démence, a perdu son autonomie pour presque tous les actes de sa vie quotidienne.
Les traitements actuels
À l’heure actuelle, commercialisés en France, il n’existe que quatre médicaments dont l’efficacité est modeste et temporaire :
Trois anticholinestérasiques
Ils évitent une action excessive de l’acétylcholine, molécule permettant la transmission de l’information entre certains neurones, et jouant un rôle dans la mémorisation : le donépézil, la galantamine et la rivagstigmine.
Un antiglutamate
Un glutamate est un neurotransmetteur, c’est-à -dire une molécule qui permet la transmission des informations d’un neurone à l’autre et qui jouerait un rôle dans la mémorisation et l’apprentissage : la mémantine.
Les traitements en cours de développement par la recherche
Il existe trois traitements qui ciblent les plaques amyloïdes. Il s’agit de prévenir ou réduire l’accumulation de bêta-amyloïde. Ce sont des anticorps spécifiques :
L’aducanumab du laboratoire BiogenÂ
Sa mise sur le marché américain a été autorisée le 7 juin 2021. C’est un traitement tellement controversé que le laboratoire a renoncé à en demander l’approbation en Europe.
Le lecanemab du même laboratoire et de son partenaire le laboratoire EISAI
Sa mise sur le marché américain a été autorisée temporairement le 6 janvier 2023, et la demande d’approbation en Europe est en cours.
Le donanemab du laboratoire Eli Lily
Son efficacité en phase 3 a été confirmée le 3 mai 2023 par une étude.
L’étude clinique de phase 3 validant le donanemab
Il s’agit d’une étude randomisée4 qui a été publiée en ligne le 17 juillet 2023 sur le site du Journal of the American Medical Association.
Elle a été réalisée dans 277 centres de recherche et hôpitaux, et dans huit pays.
Le nombre de participants, âgés de 60 à 85 ans, atteints de la maladie à un stade léger (leur niveau de lésions tau était de faible à moyen), était de 1736 (parmi lesquels 996 femmes) : 860 ont reçu le donanemab par intraveineuse toutes les quatre semaines pendant 72 semaines, et 876 le placebo au même rythme.
Les résultats sont encourageants puisque 47 % des participants ayant reçu le médicament ne présentent pas d’évolution du déclin cognitif à un an, comparé à 29 % de ceux ayant reçu le placebo.
Mais surtout, chez ceux qui ont reçu le médicament, on observe un ralentissement moyen du déclin cognitif de 35 % et :
- leur niveau de protéine tau anormale dans le sang a été réduit,
- leur neuro-inflammation dans le sang a baissé,
- leurs plaques amyloïdes cérébrales ont été réduites.
Cependant, il faut noter que certains participants ont développé des effets secondaires :
- migraines,
- réactions liées à la perfusion,
- hémorragies et oedèmes cérébraux, que l’on appelle ARIA5, en plus grand nombre dans le groupe des traités que dans le groupe placebo…
Conclusion
La maladie d’Alzheimer touche près de 900 000 personnes en France.
À près de 97 % il s’agit de personnes ayant plus de 65 ans. L’âge n’est cependant pas le seul facteur de risque non modifiable. La Society Alzheimer du Canada ajoute le sexe (les femmes y sont plus sujettes que les hommes), et la génétique (2 à 5 % des cas).
Les facteurs de risque modifiables sont, par exemple, l’hypertension artérielle, le tabac, le diabète, l’obésité, le manque d’activité physique, une alimentation malsaine, une consommation excessive d’alcool, un niveau d’engagement cognitif faible, la dépression, une lésion cérébrale traumatique, la perte des facultés auditives, l’isolement social.
Comme cette étude sur le donanemab le montre, cette nouvelle avancée dans la recherche sur la maladie permet d’espérer qu’au cours des prochaines années un traitement des personnes qui en sont atteintes, du moins celles qui en sont encore au stade léger, sera disponible.
Cela suppose toutefois que le diagnostic de la maladie soit posé le plus tôt possible (voir les neuf signes sur le site de la Fondation Vaincre Alzheimer), qu’il faille surtout être vigilant sur les restrictions, les contraintes et les effets secondaires de ce traitement qui peuvent être graves.
Ce sont des défis que la recherche scientifique est à même de relever. L’histoire de la médecine des dernières décennies le prouve.
—
- Centripète : qui tend à se rapprocher du centre. ↩
- Siège de la mémoire et de l’apprentissage. ↩
- Centrifuge : qui tend à s’éloigner du centre. ↩
- Cette méthode, adoptée généralement par les laboratoires pharmaceutiques, n’est pas la seule méthode scientifique et peut poser des questions éthiques. ↩
- ARIA : amyloid-related imaging abnormalities. ↩
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