Les flics : des fonctionnaires comme les autres

La police française n’a rien à envier au reste de la fonction publique : les policiers sont bien des fonctionnaires comme les autres… et ce sont les Français qui, à la fin, payent la facture.

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Les flics : des fonctionnaires comme les autres

Publié le 28 juillet 2023
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Suite à la mise en détention provisoire d’un de leurs collègues pour des soupçons de violences policières lors des émeutes, les policiers du sud-est de la France multiplient les absences en signe de protestation. Les Français vont-ils enfin se rendre compte que les policiers ne sont pas différents du reste de la fonction publique ?

En France, un bon indicateur d’une profession en pleine déliquescence est le taux de syndicalisation. Air France, SNCF, Éducation nationale, SNCM, RATP, aiguilleurs du ciel… Vous nommez le secteur ou l’entreprise syndiquée, et directement il vous vient à l’esprit un service client fantaisiste, des grèves au pire moment pour défendre ses privilèges, et des entreprises en faillites récurrentes.

En France, la police est la profession la plus syndiquée. Inférieur à 8 % dans le privé, le taux de syndicalisation est de 18,4 % dans le public, il serait de 20 % à la SNCF, et il atteint près de 90 % dans la police.

Ce fort taux de syndicalisme permet à la police de défendre efficacement tous ses privilèges. Comme les cheminots, les policiers partent à la retraite à 54 ans. Le salaire d’un policier en début de carrière est d’environ 2100 euros, supérieur de 13 % au salaire médian. L’absentéisme y est par ailleurs élevé. En 2017, le Sénat relevait un taux d’absentéisme de 7,9 %.

Le Sénat note par ailleurs :

« La suppression du jour de carence s’est accompagnée d’une hausse, entre 2013 et 2014, de + 148 % du nombre de congés maladie limités à une seule journée ; en 2015, cette augmentation est de 12,5 % par rapport à l’année 2014. »

Les syndicats de police affirment souvent très fortement que les policiers sont surmenés, et évoquent jusqu’à 20 millions d’heures supplémentaires à rattraper. La Cour des comptes, elle, note une « durée annuelle du temps de travail des fonctionnaires de police [qui] apparaît très hétérogène et opaque » et que « aucune donnée statistique nationale sur la durée moyenne réelle de travail des policiers par type d’unités ou de régimes horaires n’est à ce jour disponible. »

Selon les calculs de la Cour des comptes :

« Les durées effectivement travaillées par les gradés et gardiens de la paix sont encore inférieures à ces durées moyennes théoriques [1542 à 1671 heures] en raison des coefficients multiplicateurs, variant de 100 % à plus de 300 %, qui sont appliqués pour établir la durée des repos compensateurs octroyés pour la réalisation de services supplémentaires. »

Le système mis en place par le ministère de l’Intérieur, en cogestion avec les syndicats, favorise la multiplication des heures supplémentaires, et donc les droits aux repos, eux-mêmes multipliés.

Comme pour le reste de la fonction publique, les syndicats de policiers ne cessent de se plaindre du manque de moyens.

Pourtant, comme pour le reste de la fonction publique, ils ne cessent de progresser : le budget a augmenté de 30 % depuis 2015, et les effectifs atteignent un niveau record. De 145 000 en 2010, ils ont progressé de 4 % pour atteindre 151 000. La police trouve aussi les moyens d’engager des dépenses somptuaires comme le tout nouveau commissariat de Mérignac à plus de neuf millions d’euros.

L’augmentation des moyens de la police n’est pas que financier, il est aussi légal. La France multiplie les lois sécuritaires depuis 35 ans, et avec elles les pouvoirs de la police au détriment des libertés. Il y a trois semaines encore, le Parlement donnait le droit à la police d’activer votre téléphone portable pour vous écouter.

Tous ces privilèges et ces pouvoirs viennent récompenser le bilan extrêmement médiocre de la police.

L’insécurité est une des cinq premières préoccupations des Français, et pour cause, tous les indicateurs de la délinquance sont en forte hausse : homicide +8 %, violences +15 %, violences sexuelles +11 %, escroqueries +8 %, cambriolages +11 %…

Non seulement la délinquance n’est pas prévenue, mais elle n’est pas non plus élucidée.

D’après le ministère de l’Intérieur :

« Entre 2017 et 2021, le taux d’élucidation varie plus ou moins fortement selon la catégorie d’infraction. Alors qu’il est stable à un an pour la plupart des indicateurs, il est en baisse pour les violences sexuelles (- 6 points entre 2017 et 2021), et en nette baisse pour les escroqueries et abus de confiance (-12 points entre 2017 et 2021). »

Moins de 8 % des cambriolages sont élucidés : on comprend que ce soit un business très rentable.

D’autres faits, plus anecdotiques, comme les refus de plainte, les insultes (« bâtard »), le tutoiement ou les mensonges montrent bien que les policiers ont autant de considération pour leurs usagers que le conducteur SNCF en grève un 24 décembre. Quelle différence entre la CGT qui coupe le courant dans un EPHAD, et un policier qui couvre d’injures une femme battue qui tente de déposer plainte ?

La police en France est un État dans l’État.

Loin de l’image de victime qu’elle cultive, elle possède tous les travers de la fonction publique française : syndicalisme archaïque, absentéisme, gestion opaque, finances hors de contrôle et absence de résultat.

La droite française, d’habitude sensible à ces problèmes, devient soudainement aveugle face à l’uniforme. Elle applaudit même les arrêts maladie de complaisance : la boucle de l’assistanat est bouclée.

La gauche, si prompte à dénoncer les syndicats de police, ne manque jamais d’excuses pour les violences de la CGT. Enfin, voir la police de Marseille, ancien siège de la tristement célèbre BAC nord et plus connue pour ses règlements de compte à la Kalachnikov que pour ses calanques, se mettre en arrêt maladie et en « code 562 », c’est pour les Français, ajouter l’injure à l’insulte.

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  • fonction régalienne néanmoins….
    pas comme « les autres »..
    la question à deux balles est faut il le statut de fonctionnaire pour assurer une mission de service public.

  • Certainement pas comme « les autres ». Pas de droit de grève, pas de possibilité de faire une carrière semblable dans le privé, pas de possibilité de s’exprimer à visage découvert, pas de protection pour la famille et la vie privée, et maintenant pas de soutien de l’Etat face aux « usagers » souvent violents.
    Mais le plus gros problème est que les policiers travaillent dans des nouveaux « Ateliers Nationaux » à paver des routes que la « Justice » dépave consciencieusement. Quand on voit le nombre de délinquants impliqués dans des affaires ayant déjà eu plus d’une douzaine de fois affaire à la police, il faut vraiment être hors sol pour s’inquiéter de la performance de cette police plutôt que de celle de la justice.

    14
    • Je ne comprends pas cet article à charge.
      Il est notoire maintenant que les délinquants sont mieux défendus que les FDO et que la justice ne les soutient que très rarement, on en a des preuves tous les jours.
      Par contre lorsque surviennent les problèmes ou lorsque certains ont besoin d’eux, ils les encensent mais ils oublient bien vite qu’ils sont en première ligne quand il y a un conflit..
      Je ne suis pas d’accord sur le fait qu’ils sont des fonctionnaires comme les autres car contrairement à nos donneurs d’ordre, qui eux sont de vrais fonctionnaires, la plupart ne sont pas derrière un bureau à pondre des directives toutes plus stupides les unes que les autres.
      Par ailleurs les FDO dans leur globalité n’attendent sans doute qu’une chose : qu’un gouvernement un jour prenne ses responsabilités et leur donne le feu vert pour faire le nettoyage, sans doute l’ordre reviendrait plus vite en france.

      16
  • Cher auteur, votre article relève du militantisme et non pas d’article de fond. Vous oubliez que tous les fonctionnaires ont passé une barrière sélective , y compris la magistrature, (concours d’entrée). Leur statut peut paraitre enviable par certains côtés, mais il manque des infirmières, des professeurs etc … et les démissions se multiplient…. que faut -il penser ? Alors oui, les policiers sont des fonctionnaires presque comme les autres, (en droit et statut). Mais pouvez-vous citer parmi les fonctionnaires quelle est la catégorie la plus agressée ? Les postiers sont-ils attaqués à coup de mortiers ? Je vous rappelle que le rôle des syndicats privés et publics défendent les intérêts de leurs adhérents . Le « taux de déliquescence », comme vous dites, reste à définir, mais n’est surement pas corrélé à la syndicalisation. Dans d’autres pays le taux de syndicalisation est plus élevé, ces pays sont-ils en état de déliquescence ? Comme MichelO l’a très bien précisé, les « avantages », enfin les spécificités du métier de policier sont évidentes… pour le commun des mortels. J’attends avec impatience des articles plus consistants. Et ne jamais oublier, que la police reste « sous les ordres » des procureurs de la république et agit sous réquisition…..

    12
    • Je partage pleinement l’avis de Nanard sur ce sujet . Crier Haro sur le baudet est un peu facile c’est oublier le dévouement de ces hommes lors des manifestations , les agressions dont ils font l’objet , les blessés de leurs rangs . Mais il faut admettre qu’ils mettent en rage avec leurs radars et leurs PV , comme si le bon sens et la sérénité ne leur appartenaient pas .
      Néanmoins je n’oublie pas qu’ils savent porter secours , voire simplement aider , parfois au péril de leur vie . Donc , NON , ils ne sont pas comme les autres des planqués , NON ils ne sont pas davantage au dessus des lois mais OUI ils devraient bénéficier des mêmes conditions de mise en examen que les autres , ce qui n’est apparemment pas le cas dans cette affaire de Marseille.

      11
  • Très intéressant, on peut comprendre d’après cet article, pourquoi Sarkozy a sabré dans les effectifs de la police si certains résultats sont aussi mauvais,

    • Tous ces délinquants arrêtés pour la quinzième fois, imaginez qu’ils aient passé en prison le temps qu’ils auraient dû, ils auraient été arrêtés moins de 3 fois sur la même période. Rendez vous compte, une division par 5 de l’efficacité de la police !

  • C’est avec les réactions à ce genre d’article qu’on voit qui sont les vrais libéraux. C’est pareil pour les articles de Michel Gay sur le nucléaire qui vint dans le sens des droitars de base quitte à être complètement illiberal. La police est à privatiser et si des employés de mettent en pause toute la journée, licenciement point barre. Il faut vraiment que certains droitars arrêtent d’être socialistes.

    -6
    • je précise que je ne répondrai pas aux laches anonymes ou utilisant un pseudo.

      -2
      • Les idées valent totalement indépendamment de la personne qui les exprime. En revanche, pour les insultes, leur source permet d’en relativiser certaines.

  • Merci pour cet article qui change des habitudes de la rédaction et qui développe un sujet dont on n’entend jamais parler : la gauche défend toujours les syndicats et la presse de droite a une fascination religieuse pour la police.
    En pratique quand vous allez porter plainte, vous êtes aussi bien (mal) accueillis qu’à n’importe quel guichet administratif par des gens payés quoi qu’il arrive et que vous dérangez. Si vous insistez pour « faire valoir vos droits », il arrive qu’on vous le fasse payer, en retournant l’enquête contre vous où de manière plus musclée.
    Il y a peut être des super-héros, des vocations, des gens dévoués et formidables, mais on y retrouve toutes les nuances de l’humanité, avec tous les travers des services publics.
    Et la blague des concours et de leur difficulté, et leur efficacité pour mieux repérer les talents que l’emploi privé, je n’y crois plus depuis longtemps (et c’est pas faute d’avoir des tas de diplômes reconnus par le Léviathan).

    • Je ne sais pas qui se cache derrière le nom d’Evarixe mais ce que je sais c’est que vous n’avez jamais eu affaire a la police ou la gendarmerie venue vous aider voire vous secourir.
      Certes dans ce corps il y a de toute mais c’est comme dans le privé , il y a des bons , des ignorants , des abruptes et des cons .
      Quant à la blague des concours , évitez s’i vous plaît ce type de commentaire blessant car je ne crois pas qu’un concours sanctionne autre chose qu’une masse de travail . L’intelligence c’est autre chose . Vous pouvez avoir une mémoire de bête à concours et être aussi stupide qu’une porte.
      Pour info , je m’appelle Patrice Guérin et de concours je peux vous en parler aussi longtemps que de la bêtise humaine .

  • pas content -> démission, comme cela devrait être pour tout fonctionnaire..

  • Non, les policiers ne sont pas des fonctionnaires comme les autres ! C’est honteux d’écrire ça ! Leur vie est devenue un risque permanent et je ne pense pas que ce soit le cas de nombre de fonctionnaires assis devant leur bureau. Ils sont confrontés à des gens en infraction et des voyous, parfois armés en plus. Ils assurent notreprotection et méritent notre reconnaissance.

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