Émeutes : responsabiliser pour réparer

La récente crise politique et sociale en France suscitée par les violentes émeutes révèle les failles de la centralisation française. Et si la solution résidait dans le rétablissement de la responsabilité individuelle ?

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Émeutes : responsabiliser pour réparer

Publié le 6 juillet 2023
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La séquence politique des violentes émeutes suscitées par la mort de Nahel révèle toutes les failles de l’extrême centralisation et de l’hyperprésidentialisation de notre beau pays. Le tableau est presque caricatural : alors que certains quartiers s’embrasent, 250 maires se sont précipités au palais de l’Élysée pour échanger avec le président monarque.

À l’issue de la rencontre, le maire de Trappes Ali Rabeh a exprimé sa frustration au micro d’Europe 1 : « Je suis arrivé avec peu d’espoir, je ressors un peu désespéré, je ne le cache pas ».

Mais cette déception était-elle seulement évitable ? Cette scène de maires déboussolés reçus par le chef de l’État pour une séance de câlinothérapie, devrait suffire à provoquer un électrochoc sur la nécessité d’instaurer enfin un paradigme de responsabilité et des institutions libérales.

À nouveau, comme à chaque crise, l’État central incarne le rôle du sauveur sur lequel repose tous les espoirs : à coups de grandes annonces, de grands débats, de grands plans, l’État va « mettre les moyens » tandis que les citoyens, remplis d’espérance, attendront sagement les retombées positives… en vain.

Comment s’étonner, dés lors, de l’érosion des vertus civiques en France ?

Le président de la République avait pourtant eu une intuition inespérée, en pointant du doigt la responsabilité des parents. Mais comme souvent, il lui manque le courage ou la cohérence d’aller au bout de la logique suggérée : la déresponsabilisation généralisée est à l’origine de bien des maux du pays.

En effet, nous nous confrontons aujourd’hui aux conséquences inévitables d’un État social obèse et d’une technocratie débordante. Lorsque la place de l’État augmente, l’autonomie, la souveraineté et la responsabilité de l’individu décroissent nécessairement. C’est ainsi que s’alimente le cercle vicieux de la dépendance. « L’État, c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde », disait Bastiat.

Seul le déni peut expliquer la persévérance avec laquelle nous nous entêtons à maintenir un système qui a si formidablement échoué par le passé. Nous serions pourtant bien inspirés de suivre Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »

Les politiques volontaristes qui consistent à arroser ces territoires d’argent public sont pernicieuses. Pour aider les banlieues et leurs habitants, il faut les sortir de la tutelle de l’État. Le meilleur service que nous puissions rendre à nos compatriotes des « quartiers sensibles » serait de mener une véritable politique de responsabilisation des acteurs locaux.

Et si, plutôt que de faire payer la collectivité – et donc rendre le coût réel des dégradations indolore pour les populations locales concernées -, on proposait de faire peser sur ces quartiers le coût des dégradations commises par leurs habitants ? Ne serait-ce pas plus utile, pour responsabiliser les entourages des émeutiers, que de distribuer des flyers pour rappeler aux parents leurs obligations, comme le propose Éric Dupond-Moretti ?

Une chose est certaine, ces violences témoignent de l’existence d’une jeunesse désemparée en manque de repères. S’ils devaient faire sans l’État, et donc affronter seuls le défi de la reconstruction des dégâts provoqués par les émeutes, peut-être que les grands-frères, les parents, et tous ceux qui le peuvent auraient une incitation réelle à prendre leurs responsabilités : quel que soit le prétexte, on ne laisse pas un gamin de 15 ans brûler des voitures et piller des magasins.

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  • Après « pollueur-payeur », voici venu le temps du « pilleur-payeur » !

    • Non pas encore « pilleur-payeur » mais pilleur -pas payeur puisque c’est l’Etat à travers toutes les institutions et organismes comme les compagnies d’assurance qui vont payer l’ardoise c’est à dire les contribuables. C’est inadmissible. Je m’oppose avec la plus grande virulence à ce que je paie pour ces casseurs -pilleurs. Ils sont les seuls causeurs donc ils parlent jusqu’au dernier centime, sinon l’exemple sera mauvais pour l’ensemble de la société. Que vont penser et faire tous ces touristes étrangers lors de leurs visites jusque là pacifiques ?

      • J’ai souhaité écrire « ils paient » et non ils parlent. Merci de votre correction

      • « Je m’oppose avec la plus grande virulence »

        Vous paierez quand même

        « l’exemple sera mauvais pour l’ensemble de la société. »

        Bien au contraire, dans un paradis socialiste comme la france, tout est collectivisé et contrôlé par le Saint Etat

    • Pas du tout ! C’est en pillant qu’ils se paient.

  • hmmm

    carence educative et carence policière..
    l’état est « responsable » pas si fou qu’il paye..
    plus exactement que les personnes lésées..

    si le maintien de l’ordre et les écoles étaient locale..la responsabilité serait locale..

    lee émeutiers ne paieront pas…

  • Les Pôôôvres. On ne va pas les faire payer. Les riches n’ont qu’à payer. Comme dit Mélenchon, « les riches s’ensauvagent » (En restant dans leurs ghettos de riches) au lieu de vivre au milieu de ces gentils pauvres qui brûlent mes voitures des autres et pillent les magasins de ces sal**ds de commerçants exploiteurs. Heureusement, Mme Borne va analyser cette situation toute nouvelle pour la France. Et trouver LA solution en faisant payer ceux qui n’ont rien vandalisé.
    Faire payer les pauvres ! Vous ne doutez de rien mon pauvre Monsieur !

  • On ne reprend pas une éducation ratée. Ni même on ne réussira à faire payer des individus qu’on subventionne ! Un espoir illusoire donc qu’inciter aujourd’hui une famille à élever traditionnellement une progéniture dans ses responsabilités ! Et si cela devait plus tard se faire, peu d’entre nous, et notamment les politiques qui seraient à l’origine de ce renouveau, en verraient les résultats. C’est peut-être pour ça qu’on ne fait rien ?

  • Article 311-4 du Code pénal. Dans cet article, il est prévu 10 ans de réclusion si 3 des 12 conditions sont remplies par les pillards: en groupe + visages dissimulés + destruction dégradation de biens.
    Je n’ai trouvé aucune mention de « pillage » dans le Code Pénal sauf celui qui se ferait lors d’un assaut militaire sur une ville.
    Évidemment, le montant « amende » est élevé, trop pour des pillards sans revenus qui n’en paieront aucune. Quant à la prison… bon, nous sommes d’accord : 10 ans prévus, ils feront 6 mois (avec sursi), ne paieront aucune amende, et ne rembourseront aucun dégât, ni même leurs parents vu qu’ils sont aussi sans revenus.
    Il paraît que la police a procédé à 3000 interpellations… il manque au moins 3000 places de prison donc.

    Les solutions du p.r :
    – encore des milliards d’euros pour les quartiers (échec programmé encore, et encore) ;
    – fermer voire contrôler les réseaux sociaux (donc emm…der les millions d’autres personnes qui n’y sont pour rien et les fliquer).

    • Hé oui, et les mougeons français feront attention de bien revoter socialiste à toute les élection pour les 40 prochains années. Tout comme les 40 précédentes

  • Les commentaires sont fermés.

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