La France de plus en plus attractive pour les investisseurs étrangers malgré une économie maussade

Malgré ses difficultés structurelles, la France continue d’être le pays le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers, soulignant ainsi les forces et les faiblesses de son économie.

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La France de plus en plus attractive pour les investisseurs étrangers malgré une économie maussade

Publié le 18 mai 2023
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En dépit d’un contexte social et politique troublé, la France demeure pour la quatrième année consécutive le pays d’Europe le plus attractif pour les investissements étrangers.

Sur près de 6000 projets annoncés l’an dernier en Europe, près de 1300 concernaient la France, 3 % de plus qu’en 2021. Dans les détails, quatre projets sur dix sont industriels, avec en comparaison peu de projets dans le secteur tertiaire. Pour ceux qui suivent les statistiques de l’économie française (endettement public, croissance faible, poids des charges et coût du travail, problèmes de productivité et de déficit du commerce extérieur), cette première marche au podium parait surprenante : elle est au contraire parfaitement compréhensible et logique, et donne une parfaite illustration des forces et faiblesses de notre économie.

Commençons d’abord par l’évident : en termes de PIB, la France est solidement installée au deuxième rang (loin derrière l’Allemagne) désormais devant et non plus au coude-à-coude avec l’Angleterre pour des raisons de change et quelques revers londoniens consécutifs au Brexit.

Ainsi, dans le classement EY, une autre place que la première ou la seconde eût été incongrue… Nous sommes premiers devant l’Allemagne car, nonobstant l’effort – raté- de convergence, nos deux économies sont structurellement différentes. L’économie allemande est tournée vers l’export, d’où un gouffre entre son excédent commercial et notre déficit de plus de 200 milliards, et n’est pas faite pour recevoir des investissements extérieurs. Les industries américaines ou asiatiques ne cherchent même pas à concurrencer les acteurs locaux sur le territoire germanique. Le pays est structurellement excédentaire en capitaux grâce à un euro calqué sur son ancien mark fort. La France doit au contraire faire appel à des capitaux extérieurs pour servir un important marché intérieur de consommateurs, solvabilisés par la politique salariale des grandes entreprises et surtout par les revenus de transferts gérés par l’État. Vu de l’extérieur de l’Europe, il parait normal pour une grande entreprise de s’implanter d’abord en France, ce qui est magnifié par une politique de communication tous azimuts de l’État français (sommet Choose France) à l’égard des grands investisseurs et corporations internationales (mieux traités que les petites entreprises locales).

Les multinationales sont surreprésentées dans ces projets (alors même que nombre d’entrepreneurs français essaiment, eux, de par le monde) parce que pour elles, ce qui compte, ce sont les infrastructures, les aides publiques, les sites, et non pas tant les charges sociales. D’ailleurs, et ceci est la conséquence de cela, ces investissements directs étrangers amènent moins d’emplois en France (33 par projet) que dans le reste des principaux pays d’accueil des investissements étrangers en Europe (58 en Allemagne, 59 au Royaume-Uni).

Forte de son capital humain de qualité et d’un approvisionnement substantiel en électricité nucléaire, la France occupe la pole position en ce qui concerne les localisations d’usines (547) et les investissements en recherche et développement, en dépit du fait que son secteur secondaire et ses dépenses nationales en R&D restent largement à la traîne par rapport à celles de ses homologues allemands.

Ce paradoxe saisissant est illustré par l’observation que les projets d’investissements menés en France génèrent en moyenne beaucoup moins d’emplois par rapport au Royaume-Uni et à l’Allemagne. Il convient également de souligner que 65 % des projets constituent des extensions d’infrastructures existantes sur le sol français.

Cette réalité est exacerbée par un climat social tumultueux, alimenté par des syndicats qui semblent réticents à favoriser une culture de compromis, et par une fiscalité du travail élevée. En conséquence, la France peine à exploiter son potentiel latent, malgré les réformes prudentes mises en œuvre depuis 2017.

Une percée en termes de compétitivité, qui passerait par une réduction généralisée des charges sociales (conjointement à une rigueur publique accrue), pourrait ouvrir la voie à un futur plus prometteur pour l’économie tricolore, au-delà de son attractivité actuelle.

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  • « Ce paradoxe saisissant est illustré par l’observation que les projets d’investissements menés en France génèrent en moyenne beaucoup moins d’emplois par rapport au Royaume-Uni et à l’Allemagne »
    Ces projets étant comme dit l’auteur, des extensions de structures déjà existantes en France, et que créer des emplois en proportion coûte très cher à cause des charges sociales démentielles, on comprend assez vite qu’il n’y a pas de paradoxe, juste une adaptation pragmatique aux conditions d’exercice de l’activité! Et que dire des projets uniquement élaborés comme pompes à subventions?

    • Si les pouvoirs publics ne déversaient pas des centaines de millions, il n’y aurait aucun investissement étranger en France. Rien ne les attire. La haine des riches et du profit, les 35 heures et le droit à la paresse, les taxes de toutes sortes et les perspectives de nationalisation, le climat social et sa violence, etc, etc.

  • Donc en résumé, les investisseurs étrangers profitent du vide laissé par la chasse aux sorcières qui décourage les Français d’investir et des multiples subventions généreusement distribuées grâce aux impôts des Français. Au final, ils récupèrent chez eux les profits et les aides, et Macron parade auprès de ses arrosés d’argent public.

  • Les gouvernements successifs de la France, de façon accélérée du temps de M. Hollande et Macron, ont fait des efforts admirables pour désindustrialiser la France, la dépouillant de ses meilleures entreprises françaises. M. Macron, qui ne manque pas de cynisme, se propose de réindustrialiser la France au moyen de milliards d’euros issus des impôts et taxes sous lesquels ont croulé et croulent de plus en plus les contribuables français … en déroulant un épais tapis rouge aux entreprises étrangères. Ces entreprises étrangères ne feront qu’une bouchée des dernières entreprises françaises restées vaille que vaille en France. Ainsi, le « grand remplacement » en matière économique et financière de la France se fera sous les applaudissements des gogos français. Ce « grand remplacement » économique et financier se fera en parallèle (en même temps, dirait M. Macron) que le « grand remplacement sociétal » issu de l’immigration massive et incontrôlée. La France ne sera alors plus « La France ». Le pavoisement des mairies et bâtiments publics avec le drapeau UE (je récuse le terme d' »européen ») est l’un des derniers clous plantés dans le cercueil de ce pays déjà en situation de « mort cérébrale ».

  • Est-ce que le rachat de nos fleurons par des entreprises étrangères est compté comme investissements étrangers… ?

  • Bonjour,
    Est-ce que Contrepoints a décidé de ne pas publier mon post, ci-dessous ? Liberté de pensée et liberté d’expression dans des termes respectueux seraient-elles des termes creux ?

    • Leur robot est pénible, mais à partir du moment où le gouvernement peut supprimer ce site d’un trait de plume pour avoir laissé passer certains posts, c’est un mal nécessaire de devoir attendre qu’un humain ait vérifié que vous ne lui faites pas courir ce risque. Payez-vous un dictionnaire de synonymes, évitez certains mots, et surtout ne visez pas les lampistes. Liberté de pensée et liberté d’expression sont dans le viseur du gouvernement, et de nul autre.

      • « mais à partir du moment où le gouvernement peut supprimer ce site d’un trait de plume  »
        Il me semble que vous accordez bien facilement au gouvernement un pouvoir (ou un courage?) qu’il n’a pas vraiment! Un autre site qui est dans le viseur du gvt ( Témoign*** Fis***) résiste bien aux assauts visant à le faire disparaître! Mais peut-être est-ce un savant calcul politique qui lui sauve la mise jusqu’à présent? Je vous pose la question!

        • Pour le courage, vous avez peut-être raison, mais depuis que j’ai dû me procurer un VPN pour consulter certains sites, j’admets que le risque existe et ne peut raisonnablement pas être ignoré. La rédaction peut sans doute vous donner les raisons de la présence de ce robot mieux que moi, espérons qu’elle le fera.

    • C’est quoi votre pb Delor, je ne comprends pas.

      • Essayez de mettre certains mots, comme « ldlot » ou « assassln » (sous leur forme correctement orthographiée) dans un c0mmentalre, et vous comprendrez.

        • Delor et michelO vous parlez de quoi? Lassants vos écrits !!!! On se croirait sur Twitter… beurk! Continuée comme ça et vous êtes sûrs de faire baisser le lectorat Contrepoints… on veut des articles de faits, de données, d’arguments et d’analyses crédibles et d’échanges et de débats sensés. C’est tout

          -1
          • Désolé d’être obscur, mais justement la m0dérati0n robotique de ce site ne permet pas d’expliquer ou de débattre de ces sujets. Les c0mmentalres contenant certains termes pourtant anodins sont bl0qués jusqu’à validation, ce qui prend plusieurs heures et même la journée les jours fériés. Donc vous vous cassez la nénette pendant une heure à faire une intervention argumentée, pleine de références, du genre que vous réclamez, et comme vous y avez inclus la phrase « Quand le sage désigne la lune, l’ldlot regarde le doigt. » sans penser à traflquer les mots, elle reste en attente jusqu’à midi le prochain jour ouvrable, où l’article aura quitté la une. C’est effectivement un problème majeur de ce site, et seule mon ignorance d’alternatives fait que j’y reste à c0mmenter.

  • Les commentaires sont fermés.

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