Le rebond de l’euro ne convainc pas les créanciers européens

Les taux d’intérêt plus élevés attirent-ils vraiment les investisseurs étrangers vers les obligations européennes ?

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Le rebond de l’euro ne convainc pas les créanciers européens

Publié le 22 avril 2023
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Le rebond de l’euro par rapport au dollar semble rassurer sur les politiques des dirigeants, mais les créanciers semblent retenir leur enthousiasme pour les obligations européennes.

Le graphique ci-dessous montre la valeur du dollar contre l’euro.

Après un engouffrement des capitaux vers le dollar au début de l’année 2022, la situation retourne vers une norme, avec l’euro au-dessus de la parité. Le rapport du dollar à l’euro revient autour des niveaux de 2019.

La directrice de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, intervient sur les plateaux de télé américains cette semaine :

« Tout d’abord, il y a bien une reprise. C’est ce qui est clair, je pense, à présent, alors que ça ne l’était pas encore il y a 6 mois, quand nous pensions tous que nous allions vers une récession, même de l’ordre technique. Si vous regardez les différentes prévisions, elles sont toutes positives. »

La force de l’euro fait partie des points positifs pour les élus.

Les Échos donne des chiffres sur la remontée de l’euro :

« Au plus haut depuis douze mois, l’euro, au-dessus de 1,10 dollar, s’approche du niveau qu’il avait au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. Une monnaie forte aide la Banque centrale européenne à lutter contre l’inflation, supérieure de deux points dans la zone euro à celle des États-Unis. »

Le journal continue :

« Le rebond de l’euro offre une aide bienvenue à la BCE dans son combat contre l’inflation. L’euro gagne 4,5 % par rapport au yen, 2,5 % contre le yuan et perd moins de 1 % face au franc suisse et à la livre sterling. Le taux de change global de la monnaie européenne est en hausse de 2 % en 2023. »

Les hausses de taux attirent des fonds vers des placements en euros, en particulier les obligations des sociétés et gouvernements.

Les investissements dans les titres en euros reviennent à une demande pour la devise, et ainsi une hausse du niveau de change.

Les Échos :

« La hausse des taux dans la zone euro va accentuer les achats de dette européenne par les investisseurs étrangers cette année. En 2022, les banques centrales avaient entamé un retour massif vers les obligations d’Etat de la zone euro. »

Comme l’explique Bloomberg, des taux d’intérêts plus élevés ont déclenché un engouement pour les obligations au début de l’année 2023 :

« Les investisseurs ont tenté de placer 530 milliards d’euros sur les trois premières semaines de l’année, pour des émissions de créances de seulement 168 milliards d’euros sur le marché primaire, d’après les données de Bloomberg. »

Cependant, le marché des obligations en Europe baisse en volume depuis le début de l’année.

 

Méfiance des marchés sur les obligations européennes

En janvier, les entreprises et gouvernements ont émis 229 milliards d’euros d’obligations. En février, ils ont émis 113 milliards, puis environ 50 milliards en mars, selon Bloomberg.

En somme, la manne des taux d’intérêts plus élevés pour attirer les investisseurs dans les actifs en euros a peut-être atteint ses limites.

Par contre, les émissions de dette aux États-Unis vont de l’avant. Vous verrez ci-dessous que les émissions de dette, uniquement de la part des entreprises, atteignent 150 milliards de dollars par mois en janvier et février et dépassent toujours les 100 milliards en mars.

L’attrait pour les obligations américaines, au-dessus de la dette européenne, indique peut-être un retour vers la parité pour l’euro.

Une méfiance vis-à-vis des émissions de dette en euros signale peut-être aussi de l’inquiétude sur l’état des banques et autres groupes, comme les assurances (ma co-rédactrice Simone Wapler a montré leur point de faiblesse par rapport aux hausses de taux).

 

Déformations de marché au profit des gouvernements

Le système vient d’absorber une chute d’envergure dans la valeur des actifs en portefeuille. Je vous ai montré la semaine dernière le graphique ci-dessous, d’un indice de la valeur des obligations d’entreprises en euros.

Déjà, la presse demande davantage de régulations autour des banques au nom de la sécurité des dépôts.

Une tribune de Boursorama, pour la rubrique Le Cercle des Économistes, proclame :

« Pour éviter le risque macro-économique de la hausse des taux d’intérêt sur le secteur bancaire, la garantie des dépôts (à hauteur d’une limite de 250 000 dollars) a été étendue à tous les dépôts quel que soit leur montant. C’est ainsi que, de crise en crise, le système bancaire est devenu peu ou prou un service extérieur de l’État […] Pour éviter ce gâchis, il convient de reconnaître que la garantie des dépôts, qui représente une subvention implicite aux actionnaires, encourage l’endettement et la prise de risque. Par conséquent, la régulation bancaire doit concerner tous les établissements financiers ayant des dépôts car ils présentent tous directement ou indirectement un risque systémique, quelle que soit leur taille. »

Les sauvetages des banques stimulent en effet davantage de prise de risque.

Ils éliminent aussi les vertus de la concurrence puisque le contribuable protège les dépôts dans tous les cas.

La régulation ne résout pas le problème. Elle met les décisions entre les mains des élus à l’origine du problème.

Vous aurez vu la nouvelle : la France approche des 3000 milliards d’euros de dette. Les dirigeants ne veulent pas de crise ni de panique. Ils souhaitent un maximum d’épargnes dans les banques, ou politiques d’assurance-vie ou livrets A, et ainsi un maximum d’acheteurs pour les émissions de dette de la part des gouvernements.

Ni l’endettement des gouvernements ni la création d’argent pour les sauvetages et mesures de relance ne vont prendre fin dans l’immédiat. Sans la demande de la part des investisseurs pour les obligations européennes, la monnaie pourrait repartir à la baisse.

 

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  • L’Euro? C’est comme un ballon crevé que l’on regonfle, il ne rebondira jamais bien haut ni très longtemps!
    Nos créanciers européens ont bien raison de se méfier ( les extra européens aussi d’ailleurs à moins qu’ils aient l’intention de profiter d’un effet d’aubaine pour se payer sur la bête en nature?)

  • Les commentaires sont fermés.

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