Observatoire des inégalités : la domination masculine n’existe pas

Pour améliorer la condition des femmes, il est temps d’en finir avec les raisonnements simplistes, les mythes dévastateurs et les objectifs d’ingénierie sociale.

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Observatoire des inégalités : la domination masculine n’existe pas

Publié le 22 mars 2023
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Un article de l’Iref-Europe

 

Dans un article du 7 mars 2023, Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, s’interroge sur le rôle de la « domination masculine » dès l’école primaire. Plus diplômées que les garçons, les filles sont pourtant minoritaires dans les filières les plus sélectives, notamment à cause d’un niveau plus faible en mathématiques. Une inégalité qui persiste dans le monde professionnel. Faut-il en déduire que les femmes sont victimes d’une oppression systémique ?

Alors que les différences de niveau en mathématiques entre filles et garçons sont quasi inexistantes au CP, elles se creusent en primaire, avant d’aboutir à une différence très marquée dans le choix des filières au lycée : 55 % des garçons optent pour deux options scientifiques, contre 36 % des filles en classe de terminale. Parallèlement, la part des femmes âgées de 25 à 34 ans et diplômées de l’enseignement supérieur dépasse de presque 10 points celle des hommes au sein de l’UE (46 % vs. 35% en 2020, et 37 % vs. 29 % en 2010). Pourtant, elles ne sont que 20,2 % à occuper des postes de direction dans le peloton de tête des entreprises cotées en bourse en 2021. En réalité, ces choix professionnels sont peu surprenants pour les raisons que nous allons voir.

 

Plus les femmes ont le choix, moins elles se dirigent vers des filières scientifiques

Selon une étude intitulée « The Gender-Equality Paradox in Science, Technology, Engineering, and Mathematics Education » publiée en 2018, dans deux pays sur trois, les femmes réussissent aussi bien, voire mieux que les hommes dans les filières scientifiques ou « STEM » (science, technologie, ingénierie, mathématiques). Ces données se fondent sur les résultats d’un test PISA de 2015 incluant 67 pays dans le monde.

Le paradoxe est le suivant : on observe des disparités dans les choix professionnels des hommes et des femmes selon un écart fort ou faible entre le traitement des deux sexes, mais ces disparités ne sont pas celles auxquelles on s’attend a priori. Le Word Economic Forum calcule un indice global des écarts entre les genres – le Global Gender Gap Index (GGGI) – en comparant, pour les femmes et les hommes, la participation et les opportunités économiques, les niveaux d’éducation, de santé et de survie et l’émancipation politique. Sur la base de cet indice, on constate que les pays les plus inégalitaires ont une surreprésentation de femmes dans les filières scientifiques (Turquie, Algérie, Émirats arabes unis). À l’inverse, ce sont dans les pays les plus égalitaires comme la Finlande, la Suède ou le Danemark, qu’une écrasante majorité de femmes se dirigent vers des filières socialement plus connotées.

Source: Stoet et Géary, Psychological science (2018), page 587

Des choix qui s’expliquent par le fait que les filières scientifiques sont un filet de sécurité dans les environnements économiques incertains, tandis que des contextes économiques plus favorables donnent aux femmes la liberté de choisir des métiers qui leur plaisent davantage – souvent à temps partiel et/ou moins rémunérateurs. Rien à voir avec des « stéréotypes de genre véhiculés à la fois par les parents et les enseignants » comme l’affirme l’Observatoire. D’autant plus que le niveau de satisfaction globale dans la vie, mesuré notamment par les opportunités économiques, est plus élevé dans les pays égalitaires. Pour améliorer la représentation des femmes dans les filières scientifiques, il faudrait alors restreindre leurs opportunités professionnelles et leurs possibilités de faire des choix.

 

Pour en finir avec la recherche de l’égalité

Chercher à tout prix l’augmentation du nombre de femmes dans les filières scientifiques ou dans les postes de direction – qui requièrent, par définition, plus de temps et de sacrifices personnels – est une erreur. Premièrement, le mythe de la working woman finit tôt ou tard par se confronter à la réalité : aux États-Unis, 33 % des femmes âgées de 41 à 55 ans ayant « fait une belle carrière » n’ont pas d’enfant, bien qu’une majorité désire en avoir – avec toutes les conséquences que cela implique (procédures médicales longues et complexes, dépenses de dizaines de milliers de dollars, stress psychologique important). Deuxièmement, un tel objectif ne peut être atteint que par une politique de quotas – comme nous l’avons vu dans les classes de spécialités informatiques, les cycles d’ingénieur, ou encore les conseils d’administration – ce qui s’oppose, par définition, à toute idée de mérite personnel.

Pour améliorer la condition des femmes, il est temps d’en finir avec les raisonnements simplistes, les mythes dévastateurs et les objectifs d’ingénierie sociale. Les choix individuels devraient primer sur la lutte contre les inégalités.

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  • Si la domination masculine n’existe pas (plus) mais qu’on agit comme si elle existait, avec les quotas par exemple, alors nous pourrions parler désormais de domination féminine. Outre l’impact négatif sur les femmes dixit l’article, par voie de conséquence il y a aussi un impact négatif sur les hommes. Faire pire qu’avant bravo !

    • Ceux qui travaillent dans une grande entreprise le savent, beaucoup de promotions de femmes ne se font pas en fonction de leurs compétences mais en fonction de leur sexe.
      C’est pourquoi il y a beaucoup de femmes aux postes de management au dernier niveau et pratiquement aucune au niveau de la direction générale. Les CIO n’appliquent pas le wokisme à leur niveau : là où les enjeux sont cruciaux, la performance individuelle et la compétence fait la sélection.

      -1
      • Sauf dans les entreprises publiques ou quasi-publiques où tout le monde se tape que le propriétaire perde du pognon.

      • Ne vous en déplaise, dans les grandes entreprises beaucoup de promotions de femmes se font aussi au mérite.
        Comme beaucoup de promotions d’hommes se font sur la base de qui saura le mieux cirer les pompes – pour faire une remarque du même niveau que la vôtre.
        Tout sarcasme mis à part, les seuls critères à prendre en compte pour promouvoir une personne devraient être ses compétences, son implication et sa capacité à être promue. Que cette personne soit homme ou femme ne devrait pas entrer en ligne de compte. Et à titre personnel, en tant qu’homme je n’ai aucun problème à avoir une femme au-dessus de moi dans l’organigramme, si elle fait correctement son travail. Ce qui a toujours été le cas.

  • « Les choix individuels devraient primer sur la lutte contre les inégalités. »
    Votre dernière phrase résume parfaitement la philosophie qu’il faudrait suivre dans une société libre sans discriminations administratives.

  • Très bien cet article. Réaliste, documenté et lucide.
    On en assez d’aigreurs agitées par des frustrés de tout.
    Je connais des femmes qui sont d’excellentes dirigeantes parce qu’elles l’ont voulu et en avaient les capacités. C’est tout.
    Le pb: A poste vraiment égal, salaire égal ? A compétence et contribution égale, salaire égal oui. Et puis il n’est pas infamant d’être moins impliqué dans son job si on est davantage impliqué dans sa famille, et qu’on en connaît les règles et conséquences. Chacun sa contribution . Par contre , que les entreprises aident à gérer les charges mentales, oui.

  • Le pays qui est au top du top pour les femmes en mathématiques, c’est Iran. Ca fait rêver c’est sûr. On en revient toujours au même: dans l’espèce humaine, seules les femmes peuvent porter les enfants, et c’est les femmes qui sont l’ingrédient limitant dans la reproduction humaine. Il semble que malgré les anneries professées depuis des années, les femmes sont toujours au courant que la maternité demande un engagement physiologique bien différent de celui de l’homme (et la question de l’age en particulier).
    Moi qui pensait (non c’est une blague) que l’argent du ministère égalité hommes femmes irait à la recherche sur l’utérus artificiel et la transdifférentiation ovocytaire, car c’est en fait le seul moyen d’avoir l’égalité hommes femmes (et encore, à condition que la totalité des naissances se fassent ainsi!)…

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