SVB : la Banque centrale américaine contrainte à l’antinomie

Dilemme : comment lutter à la fois contre le risque de panique bancaire liée à SVB et le risque inflationniste ? La Banque centrale américaine a trouvé : il suffit de desserrer « l’étau », et de monter les taux. En bref, être antinomique.

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SVB : la Banque centrale américaine contrainte à l’antinomie

Publié le 16 mars 2023
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La fin du monde est évitée. Les déposants peuvent dormir tranquille et les banques peuvent prêter tranquille. La Banque centrale américaine (Fed) ne laissera pas tomber SVB. Il n’y aura pas de deuxième acte à la saga Lehman survenue en 2008.

La Fed sera aussi accommodante que nécessaire, afin que l’édifice ne s’écroule pas. Un genre de quoi qu’il en coûte à l’américaine. Les mesures annoncées (ce week-end en urgence) garantissent aux intéressés que toutes les liquidités nécessaires leur seront fournies en cas d’assèchement des marchés. Il s’agit d’un genre de garrot posé au bras de la finance de marché, afin de stopper l’hémorragie.

Sortie du contexte, cette annonce n’est pas choquante. Elle est même bienvenue. La Banque centrale applique son minimax traditionnel afin de sauver le monde : minimiser les risques d’une panique maximale.

Mais si on recontextualise cette annonce, alors on est troublé. En effet, jusqu’alors le credo monétaire était plutôt le durcissement des conditions financières afin de lutter contre l’inflation galopante. La feuille de route du banquier central était claire :  une politique monétaire restrictive quoi qu’il en coûte, c’est-à-dire même si la récession économique est le prix à payer.

Nous avons donc deux politiques qui semblent incompatibles et qui sont pourtant proposées par la Fed. D’un côté, il faut une politique monétaire plus restrictive afin de lutter contre l’inflation. D’un autre côté, il faut une politique monétaire plus accommodante afin de lutter contre la panique bancaire. La Fed propose les deux.

La Fed aurait donc choisi d’être antinomique pour lutter à la fois contre la panique bancaire et contre la panique inflationniste.

Certes, l’antinomie ne choque pas la finance, qui n’en est pas à une absurdité près. En effet, l’investisseur est tout à fait capable de valider des paralogismes foireux, son préféré étant :

« La Fed monte ses taux, donc les actions vont baisser. Mais si les actions baissent, alors la Fed baissera ses taux »

Conclusion : les marchés d’actions ne peuvent pas baisser.

Mais la Fed n’est pas aussi débile, quand même. C’est pourquoi il faut peut-être nuancer la lecture à priori antinomique de la stratégie adoptée par les autorités monétaires.

 

Lance à incendie et contre-feu

Pour éteindre un feu, deux techniques qui paraissent contradictoires peuvent être mises en œuvre : la lance d’incendie et le contre-feu.

La lance d’incendie signifie qu’on éteint le feu en l’assommant de liquidités : c’est le cas du sauvetage de la banque SVB en garantissant autant de liquidités que nécessaire aux intéressés.

Le contre-feu signifie qu’on éteint le feu en lui confisquant les moyens de consumer ce qui l’entoure, et pour cela on rase tout : c’est le cas de la lutte contre l’inflation en montant les taux autant que nécessaire afin d’inhiber la pulsion d’achat du consommateur obtus, quitte à provoquer une récession économique.

Dans le cas de la lance d’incendie, on évite la récession économique. Dans le cas du contre-feu, on provoque la récession économique. Tout l’inverse.

Pourquoi pas.

Qu’il s’agisse des pompiers ou de la Fed, on peut donc très bien imaginer deux techniques différentes afin de lutter contre le feu. Deux techniques qui seraient appliquées en même temps mais pas au même endroit évidemment. La Fed intervient différemment, localement, d’un côté en vidant l’une des poches de l’homo economicus (lutte contre l’inflation), d’un autre côté en remplissant l’autre poche (garantie des liquidités nécessaires). Ça tient la route, d’ailleurs il existe un célèbre argument : les bombes de Boris Vian…

Ce qui est important ce n’est pas la portée de la bombe, c’est « l’endroit où s’qu’elle tombe », La Java des bombes atomiques.

Est-ce à dire que la Fed ne serait donc pas si antinomique que cela ?

Quand on doute, le réflexe peut être de se tourner du côté des marchés, non pour y trouver quelque élément de réponse rationnelle mais pour y sonder le ressenti. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le ressenti est aussi ambigu que la Fed.

Ce lundi, les marchés financiers ont clairement signifié à la Fed que sa décision du week-end était peut-être bienvenue mais insuffisante : c’est le fameux mouvement de fuite vers la qualité typique des phases de crises de confiance : on vend les actifs risqués pour se réfugier sur les actifs réputés non risqués (les emprunts d’États).

Et ce mardi, tout l’inverse. Sans qu’aucune nouvelle majeure ne tisonne la réflexion du marché. Souvent finance varie.

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