Moukhtar Abliazov : un nuage au-dessus de la relation franco-kazakhe

Le Kazakhstan est étroitement engagé avec la France qui est son septième exportateur.

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Screenshot 2022-11-28 at 17-00-45 (5) Kazakhstan qui est le président Kassym-Jomart Tokaïev • FRANCE 24 - YouTube

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Moukhtar Abliazov : un nuage au-dessus de la relation franco-kazakhe

Publié le 29 novembre 2022
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Par Gabriel Robin.

 

Il arrive parfois que la Cour nationale du droit d’asile ait à traiter des affaires géopolitiquement plus sensibles que le tout-venant. C’est notamment le cas du milliardaire Moukhtar Abliazov, recherché notamment par les justices britannique et kazakhe. La juridiction administrative traite des demandeurs d’asile qui ont vu leurs dossiers refusés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).

Alors que le président de la République du Kazakhstan s’apprête à rendre visite à Emmanuel Macron mardi 29 novembre, cette affaire sensible pourrait bien venir ternir des relations au beau fixe depuis déjà quelques années. Elle s’invitera sans nul doute à la rencontre officielle.

 

La réélection de Tokaïev

Le 20 novembre dernier, Kassym-Jomart Tokaïev était réélu à la tête de la République du Kazakhstan. Grande puissance d’Asie centrale, l’État kazhak a su s’émanciper astucieusement de la tutelle moscovite depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, marquant à plusieurs reprises son opposition à la politique du Kremlin. Le ministère des Affaires étrangères du Kazakhstan a ainsi, par la voix d’Aibek Smadiyarov, déclaré ne pas reconnaître les résultats des référendums organisé dans les territoires occupés :

« Notre président a à plusieurs reprises, en particulier dans son récent discours à la tribune de l’ONU, clairement affirmé l’importance d’une adhésion indéfectible au principe du droit international, qui est fondé sur la Charte de cette organisation universelle mondiale. La Charte fait référence à la responsabilité des États membres de l’ONU de maintenir la paix et de respecter l’intégrité territoriale des États ».

En outre, le Kazakhstan est étroitement engagé avec la France qui est son septième exportateur. De son côté, la France importe une grande quantité d’uranium kazakh ainsi que du pétrole brut, deux ressources énergétiques rendues d’autant plus indispensables depuis le début de l’année, la filière russe s’étant tarie. De grands groupes français opèrent d’ailleurs au Kazakhstan, comme Orano qui coopère avec Kazatomprom dans l’extraction d’uranium ou encore Total. Le Kazakhstan est aussi friand de produits français de pointe à l’image des locomotives Asltom ou des avions Airbus A400m. Tout va donc pour le mieux entre nos deux pays, l’Asie centrale jouant depuis la plus haute antiquité le rôle de route commerciale et de pont entre l’Extrême-Orient et la péninsule européenne dont la France occupe l’Occident atlantique.

 

Les liens avec la France

Dans ce contexte, l’affaire Abliazov complexifie une donne en apparence idéale.

Ancien ministre de l’Énergie du gouvernement Noursoultan Nazarbaïev, Moukhtar Abliazov a été condamné à 20 ans de prison au Kazakhstan en 2017 pour avoir accordé « frauduleusement des prêts sans garantie à des sociétés-écrans dont il était le réel bénéficiaire économique ». En fuite, il a été encore condamné à la prison à perpétuité en 2018 pour avoir ordonné l’assassinat de son associé Yerzhan Tatishev en 2004.

L’homme est aussi condamné au Royaume-Uni, la banque BTA ayant réussi à obtenir le gel de ses actifs devant la Haute Cour de justice britannique. Au total, Abliazov a été visé par sept actions en justice britanniques pour un montant total de 3,7 milliards d’euros. Son parcours criminel est d’ailleurs si édifiant que les magistrats de la Haute Cour de Londres ont déclaré qu’il était « difficile d’imaginer qu’une partie à un contentieux commercial puisse agir avec plus de cynisme, d’opportunisme et de fourberie à l’égard des décisions de justice que M. Abliazov ».

En 2015, Manuel Valls avait donné son feu vert à une procédure d’extradition de l’oligarque avant que le Conseil d’État n’annule le décret ; notons toutefois la constance de cette juridiction à protéger les criminels étrangers, qu’ils soient en col blanc ou en jogging. Plus comique encore, la Cour nationale du droit d’asile accordait l’asile politique à Abliazov en septembre 2020… soit tout juste un mois avant que la police française ne l’arrête et ne le mette en examen pour « abus de confiance aggravé et blanchiment aggravé » dans l’affaire BTA. En Ukraine, Moukhtar Abliazov est aussi connu comme le loup blanc, accusé de prêts fictifs, de détournements de fonds, d’absence de nantissement ou de « cascade de société offshore ».

Nouveau président de la CNDA et ancien directeur de cabinet du ministère de la Justice, Mathieu Hérondart a l’occasion d’en finir avec une affaire qui empoisonne les relations de la France avec le Kazhakstan et la Grande-Bretagne. Avons-nous vraiment besoin d’accorder l’asile à un personnage aussi gênant ? Il est permis d’en douter. Surtout au vu des enjeux que la visite du président Tokaïev comporte, parmi lesquels la perspective d’une augmentation de la livraison d’hydrocarbures, la construction de centrales nucléaires, la livraison de matériel militaire, et, last but not least, une éventuelle coopération militaire qui marquerait une nouvelle étape du partenariat stratégique unissant les deux pays.

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  • Pour une fois qu’un immigré obtient légalement le droit de rester en France, on ne va pas le renvoyer dans son pays alors qu’on garde tous les clandestins illégaux ! 😂😂😄🤣😂🤣😂🤣

  • Les commentaires sont fermés.

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