La refondation, c’est simple : on prend les mêmes et on recommence

C’est dimanche. Crise énergétique, Conseil de défense, Refondation – partons en balade avec Macron ! Attention, il n’est pas impossible qu’un peu d’ironie se cache dans ces lignes.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 9
François Bayrou By: Jacques Paquier - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La refondation, c’est simple : on prend les mêmes et on recommence

Publié le 4 septembre 2022
- A +

Je ne sais si nous aurons froid cet hiver par manque de gaz et d’électricité – la faute au covid et à la guerre russe en Ukraineet c’est tout (sic), d’après nos dirigeants. Mais nous sommes d’ores et déjà saisis d’un tournis épouvantable par le seul fait de suivre les oscillations frénétiques du discours gouvernemental sur la question, entre rassurance pas très sereine sur les approvisionnements en énergie, alarmisme hyperbolique d’Emmanuel Macron et prétexte inespéré pour obtenir une baisse des émissions de CO2. Petit condensé des déclarations récentes :

« Nous vivons la fin de l’abondance – mais il n’y aura pas de coupures de gaz pour les particuliers – mais si tout va vraiment très mal, il y en aura peut-être pour les entreprises – qui pourraient bien subir des rationnements si elles ne se rationnent pas toutes seules – et de toute façon, un peu de « sobriété » ne peut pas faire de mal, neutralité carbone en 2050 oblige – mais tout va plutôt pas mal puisque les stocks gaziers français remonteront certainement à 100 % au début de l’hiver – mais enfin l’heure est quand même grave – mais l’économie française est solide – mais le chômage partiel sera réactivé et le télétravail encouragé – et puis des petits délestages électriques affectant particuliers et entreprises ne sont pas à écarter totalement si les hypothèses les moins favorables ont le mauvais goût de converger. »

On s’y perd, on s’y embrouille. Pas étonnant qu’il ait fallu recourir au dispositif ultra-secret et si finement expert du Conseil de défense sur l’énergie pour démêler tant de fils enchevêtrés. Toutes ces hypothèses, toutes ces incertitudes, toutes ces délicates considérations géopolitiques… Mais gardons le cœur joyeux, chers lecteurs, car « l’État agit » pour faire baisser le prix de l’énergie, pour assurer nos approvisionnements stratégiques et pour nous emmener en chantant sur le chemin de la sobriété heureuse. Du trois en un, pour ainsi dire. Quel génie !

Mais pourquoi s’étonner de tant de talent au sommet ? Le gouvernement n’a-t-il pas piloté la pandémie de covid de main de maître ? Restrictions, confinements, Conseil de défense, chômage partiel, télétravail – tout ce qui a fait son succès dans la gestion de la crise précédente se retrouve intact dans la nouvelle. Manque une sorte de pass énergie en lieu et place du pass sanitaire mais ne faisons pas les difficiles, la menace du rationnement s’en rapproche.

Il est cependant curieux de voir Emmanuel Macron reprendre trait pour trait ses méthodes du premier quinquennat car on était sous l’impression qu’il souhaitait placer le second sous les auspices du renouveau. Peu après sa réélection, ne disait-il pas :

Le peuple français n’a pas prolongé le mandat qui s’achève […] Ce peuple nouveau, différent d’il y a cinq ans, a confié à un président nouveau un mandat nouveau. »

Un renouveau total, donc, car tout le monde, lui, les Français, son parti (qui se rebaptise ces jours-ci Renaissance), a changé en cinq ans. Du moins est-ce sa façon de présenter les choses car sous la posture et la magie des mots, on devine que la rhétorique du renouveau a surtout pour objectif d’éluder le débat sur le bilan du quinquennat passé, les entorses aux libertés individuelles et les 600 milliards de dette publique en plus. Tout oublier, recommencer à zéro, comme si de rien n’était.

Pour preuve de sa bonne foi, à moins que ce ne soit plus concrètement parce que la situation législative de la majorité présidentielle devenait de plus en plus tendue, il promettait alors de mettre en place un Conseil national de la Refondation directement inspiré du Conseil national de la Résistance (petit nom CNR) cher à tous nos collectivistes et autres ardents thuriféraires de notre État providence. Finies, les réformes et les circulaires qui viennent d’en haut. De la concertation, du débat, du bon sens au plus près des Français grâce à la présence conjointe des forces politiques, économiques, sociales et associatives du pays, ainsi que des élus des territoires et des citoyens tirés au sort.

Vous avez dit renouveau ? Vous avez dit nouvelle méthode ?

On se rappelle pourtant que chaque moment délicat du mandat précédent a été momentanément surmonté/contourné/étouffé par la création de diverses instances censées nous convaincre que les préoccupations des Français étaient la seule et unique boussole du gouvernement. On avait déjà le Conseil économique, social et environnemental (CESE), machin typiquement décoratif, mais ce fut en plus le Grand débat national, ce fut la Convention citoyenne pour le climat, ce fut le Collectif citoyen sur la vaccination, ce fut le Haut-Commissariat au Plan. À chaque nouvel obstacle politique, son amusement citoyen, sa dose théâtrale de renaissance.

Autrement dit, voici une instance de renouveau et de refondation qui ressemble furieusement à tous les conseils, comités et autres conventions citoyennes qui l’ont précédée. Et qui risque de déboucher sur la même inutilité – qui peut dire à quoi a servi le Collectif sur la vaccination mis sur la touche dès l’instauration du pass sanitaire ? D’autant que les participants pressentis aujourd’hui ne sont pas complètement aveugles sur sa teneur essentiellement politicienne. La méthode est non seulement la même qu’avant, mais elle est de plus complètement éventée.

Mais M. Macron semble n’être satisfait que lorsqu’il peut pousser ses idées printanières jusqu’au paradoxe le plus sublime, un peu à la façon du « en même temps, ni de droite ni de gauche » qui a fait sa renommée. Qui d’après vous va présider son tout beau tout nouveau Conseil de la Refondation qui n’est clairement ni tout beau ni tout nouveau (mais qui sera installé jeudi 8 septembre prochain) ? Chers lecteurs, préparez-vous, car le nom que vous allez lire confine à l’absurde : François Bayrou !

Oui, vous avez bien lu, François Bayrou qui grenouille dans la politique française depuis toujours, François Bayrou qui ne peut supporter l’idée de ne pas se trouver en toutes circonstances au plus proche des allées du pouvoir, François Bayrou qui persiste à penser qu’un grand destin national l’attend. Mettez-vous à sa place : et s’il était l’homme providentiel qui allait réussir à nous faire surmonter la crise actuelle qu’il considère comme « la plus grave que la France ait connue depuis la guerre » ?

Mais reprenons son très long CV. François Bayrou qui fut nommé Haut-Commissaire au plan à la rentrée 2020 dans les valises du gouvernement Castex, François Bayrou, enfin, qui s’y est montré d’une si grande discrétion que plus personne ne sait au juste ce qu’il y faisait et que les rares qui le savent ont toujours trouvé ses « notes d’ouverture » bien minces.

Mais du moins en déduit-on sans grand étonnement ce qu’Emmanuel Macron veut dire quand il se lance dans le lyrisme de la refondation et du renouveau. Au fond, c’est très simple : on reprend les mêmes méthodes éculées de conservation du pouvoir, on reprend les mêmes vieux baroudeurs de la politique et on recommence (toujours les même erreurs) ! Ça promet.

Voir les commentaires (12)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • Avec le cocomissaire au planplan, forcément, l’ histoire se répépète 😉

    • Avatar
      The Real Franky Bee
      4 septembre 2022 at 8 h 17 min

      Mais bon, pendant que Bayrou refonde ses privilèges et sa présence médiatique, la Russie vient de couper Nord Stream 1 à toute l’Europe.

      Et Poutine vient aussi de déclarer que l’économie de richesses virtuelles et du crédit facile (sous-entendu celle du monde occidental) allait se confronter à l’économie des actifs réels et tangibles. Malheureusement très vrai.
      Mais rassurez-vous, pendant que Bayrou et Macron « refondent », la France est protégée derrière son « bouclier inflation ». Autant qu’elle l’était derrière la ligne Maginot. Si, si, vous vous souvenez.

    • M. Bayrou est, en effet, un ancien bégayeur ! C’est une rechute ?

  • Avatar
    The Real Franky Bee
    4 septembre 2022 at 8 h 01 min

    La France est à deux doigts de la mise sous tutelle du FMI. Laissez-les s’agiter encore un peu, inventer des instances ridicules, payer des beaux salaires aux copains, et continuer d’appauvrir ce pays. La sanction arrive.

    Quand j’entends certaines personnes de ma famille, je ‘m’étouffe: « On a de la chance ici en France, avec les mesures gouvernementales, on a moins d’inflation qu’ailleurs ».

    Vu qu’ils ne comprennent pas que la crise actuelle n’est que le résultat de la politique de la planche à billets qui progresse de manière exponentielle depuis 2008, ils risquent de ne pas comprendre que ce qu’il va finir par arriver.

    Ce pays n’a aucun avenir.

    10
    • Totalement d’accord avec vous. Et si la tutelle du FMI ouvrait les yeux des Français sur les vérités économiques, ce serait un bien pour un mal.

    • Toujours cette même idée, l’ETAT nous protège… si on regarde lucidement ne serait ce que les 10 dernieres années, tout ce que fait L’ état c’est de ruiner notre économies et nos emplois, tout en organisant sciemment la pénurie énergétique.

      • Il n’y a pas que l’Etat français, il y a aussi l’UE qui nous protège. Et comment !

      • Mais qui peut refuser l’aide de l’état, ou tous ces comités pour « combattre » le covid ou l’inflation ou le prix de l’essence, ou la pauvreté, ou le chômage ? Les « populistes », bien évidemment ! 😀

    • Malheureusement Cher Franky, il n’y a pas que votre famille ! La France est totalement anesthésiée et les réveils vont être très douloureux. Le problème majeur de la France c’est que les français s’évertuent a donné le pouvoir à des nuls !!

  • Une question me taraude, qui de l’ue et des usa entrera le ou la première en guerre civile ?
    Pas de bouffe, par de e gaz pas de diesel ni d’essence, pas de voitures pour le peuple et a la fin pas d’argent ni d’emplois…. Combien de hlm chauffé au gaz…. Qui pourra payer , macron ? Il n’ a plus un rond, il fait même des emprunts indexés sur l’inflation ha ha ha.

  • J’ai une bonne nouvelle pour les admirateurs de Georges marchais : le communisme a triomphé en France !
    Préparez vous à reboucher vos piscines, à planquer vos grosses bagnoles et à vous faire rééduquer, le soviétisme est bien ressuscité et grâce à un ancien de la banque Rothschild !
    Il devient difficile de se repérer dans ce nouveau monde !

  • on ne résoudra pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture
8
Sauvegarder cet article
« Je déteste tous les Français »

Le 3 février dernier, un immigré malien de 32 ans, Sagou Gouno Kassogue, a attaqué au couteau et blessé grièvement des passagers de la Gare de Lyon. Finalement maîtrisé par l’action conjuguée des passants, des agents de sécurité et des membres de la police ferroviaire, l’homme en garde à vue a été mis en examen pour tentative d’assassinat aggravée et violence avec armes aggravée.

Les premiers éléments de l’enquête dévoilés par le préfet de police de Paris révèlent les discours conspirationnistes d’un in... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles