États-Unis : changement de priorités des démocrates

Ils voulaient faire de l’avortement un enjeu électoral. Pourquoi changer pour les mariages de même sexe ?

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Joe Biden by Gage Skidmore (creative commons) (CC BY-SA 2.0)

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États-Unis : changement de priorités des démocrates

Publié le 27 juillet 2022
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Depuis l’officialisation de la fin de la protection fédérale de l’avortement par la Cour suprême, les Démocrates semblaient s’être donné le mot que le sujet serait une priorité pour les électeurs. Bien que l’économie soit au sommet, l’avortement et le crime sont au coude à coude.

Et les personnes concernées par l’avortement sont plus motivées que jamais pour voter, bien que le sujet divise certains Démocrates dans leurs primaires. C’est donc pourquoi le parti de Joe Biden vient tout juste de voter pour protéger… le mariage de même sexe.

En effet, la totalité des représentants Démocrates et 47 Républicains ont voté une loi qui annule officiellement le Defense of Mariage Act, où le gouvernement fédéral ne reconnaissait explicitement pas les mariages de même sexe et les protections et avantages qu’ils procureraient autrement.

Même si la loi pourrait avoir assez de soutien républicain au Sénat, le whip démocrate doute que le projet sera débattu à cause « d’autres priorités. »

 

Anticiper une future attaque ?

Bien qu’un observateur puisse trouver étrange ce changement de priorité, l’on peut néanmoins s’en réjouir.

Durant l’écriture de la décision annulant l’arrêté Roe vs Wade, Clarence Thomas, considéré comme étant le juge le plus conservateur de la cour, a avancé que ses collègues devraient aussi réviser l’arrêté Obergefell vs Hodges, qui reconnaissait le mariage de même sexe au niveau fédéral. Il a fait cavalier seul dans cette décision, quoique plusieurs conservateurs commencent déjà à applaudir à tout rompre cette idée.

C’est grâce à cette décision que mon mari a pu me permettre d’obtenir ma résidence aux États-Unis. Avant ça, mon seul espoir aurait été d’obtenir un visa de travail, dont le nombre moyen est à peine de 2,5 millions. Originaire du Canada, je pouvais y passer six mois avant de devoir sortir du pays pour régulariser mon statut. Mais vivre ainsi n’est pas une vie.

L’argument de reléguer cette décision aux États, comme l’affirmait la Cour suprême dans sa décision sur l’avortement et comme le plaide le sénateur Ted Cruz sur le mariage de même sexe, est une délégation locale de la tyrannie. En effet, c’est sous ce principe « vertueux » que les États du Sud ont formé la Confédération pour préserver l’esclavage, et pour voter toutes ces lois racistes instaurant un système d’apartheid après avoir perdu ladite guerre.

Cette idée est encore bien vivante. La gouverneure de New York a récemment prétendu qu’elle pouvait agir comme bon lui semble sur le port d’arme même si la Cour suprême a énoncé que ses lois sont anticonstitutionnelles.

 

Un simple moyen de contraception ?

Pour en revenir au vote des représentants, les Démocrates ont ainsi agi contre une future attaque de la Cour suprême. Ils ont longuement promis la même chose sur l’avortement depuis des lunes mais sont restés assis sur leurs lauriers.

Aussi avaient-ils des positions nettement plus modérées. Depuis environ Bill Clinton, le mantra sur l’avortement était que la procédure devait être « sécurisée, légale et exceptionnelle. » Bill Clinton voulait ainsi montrer que pro-vie ne signifiait pas pro-avortement. Lors de sa campagne ratée en 2008, Hillary a répété les mots de son mari, en insistant sur le caractère exceptionnel de cette intervention.

Mais le mot exceptionnel fut abandonné de la plateforme démocrate en 2012, et une seule candidate l’a utilisé en 2020. Elle avait même reçu le soutien de la présidente d’un réseau de planning familial, qui affirmait que ce point de vue permettrait davantage de soutien de ceux qui honniraient la procédure autrement.

Mais les Démocrates – du moins, les plus actifs sur les médias sociaux – qui pensent que Twitter représente fidèlement la population ont décidé d’embrasser l’idéologie woke. Ainsi, l’avortement n’est plus qu’un moyen de contraception comme les autres.

L’État de New York a promulgué une loi autorisant l’avortement tout au long de la grossesse, et a célébré son passage en grande pompe. Selon le CDC, l’État est celui qui produit le plus d’avortements tardifs (2,5 % du total), mais il est impossible de déterminer le stade de la grossesse auquel l’avortement est pratiqué.

De plus, quand un groupe d’enquêteurs conservateurs a révélé que des tissus de fœtus avortés étaient cultivés, la justice a… condamné les enquêteurs via la procureure californienne de l’époque, Kamala Harris ; et ce malgré une reconnaissance très tardive de la véracité des faits filmés.

Harris et Biden, ainsi que leur parti, soutiennent plusieurs mesures prouvant leur indifférence envers les fœtus ou du moins, ils ne s’en sont pas distancés.

Bref, il semble que les Démocrates préfèrent enfoncer des portes ouvertes en défendant le mariage de même sexe plutôt que de s’intéresser à l’avortement. Leur seule tentative de codifier la procédure a échoué. Le texte semblait ouvrir une libéralisation totale à l’instar de New York.

Il semble qu’aucun accord ne sera possible tant qu’ils continueront de banaliser l’avortement.

D’ailleurs, entre transformer les femmes en machine à bébés et permettre l’avortement à une heure de l’accouchement, ne peut-on pas trouver un compromis ?

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Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • L’esclavage sera de retour aux USA ou n’a jamais cessé, il revient à l’ordre du jour pareil pour les puritains, les wasp tec…

    -3
  • Un compromis, ce serait bien mais ce n’est pas dans la culture (mortifère) du wokisme…

  • Les commentaires sont fermés.

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