Élisabeth Borne se veut rassurante devant le Sénat, mais ça ne marche pas

Dans son discours de politique générale, madame Borne s’est voulue rassurante. Seulement, la communication paternaliste du gouvernement est-elle à la hauteur des enjeux ?

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Élisabeth Borne se veut rassurante devant le Sénat, mais ça ne marche pas

Publié le 7 juillet 2022
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Moment historique pour certains, enfilement de platitudes pour les autres, le discours de politique générale de la nouvelle « Première ministre » Élisabeth Borne ce mercredi s’est voulu rassurant.

Rassurant pour les élus, tant madame Borne a laissé entendre que le gouvernement « jupitérien » allait lâcher un peu de lest et impliquer un peu plus les collectivités territoriales dans les décisions collectives en matière d’éducation, de santé ou de ruralité.

Rassurant pour les gouvernés, en reprenant à son compte toute la mythologie technocratique d’une élite bienveillante et clairvoyante pilotant un ordre social en crise mais entre de bonnes mains. Les investissements massifs ont participé à réduire l’inflation en France, le soutien au pouvoir d’achat par plus de dépenses publiques est sur les rails, l’État va nationaliser EDF et, cerise sur le gâteau, Pôle Emploi va devenir France Travail. Retenons aussi que la maladresse populiste de l’opposition mélenchoniste, incarnée par Mathilde Panot au perchoir, a aussi donné au discours de madame Borne une apparence de crédibilité bienvenue.

 

Tout est sous contrôle

Tout est sous contrôle, pas d’inquiétude. Prenons le cas du « bouclier tarifaire », prolongé pour protéger le pouvoir d’achat des ménages de l’explosion de l’inflation. Il repose sur deux actions : la première consiste à baisser la taxe sur l’électricité, la seconde à augmenter le volume d’électricité vendu à bas coût par EDF à ses concurrents via le plafonnement des prix à 4 %. Pour EDF, c’est une catastrophe à plusieurs milliards, qui le place en situation de fragilité face à ses concurrents et le conduit irrémédiablement au bord de la faille. C’est peut-être le chapitre final de l’histoire de deux décennies de gestion catastrophique d’une entreprise par un État stratège sans pilote.

Mais pas de problème : le gouvernement va nationaliser l’entreprise – pourtant déjà assez largement sous contrôle public – ce qui va « résoudre » le problème à court terme. On va « protéger » les ménages d’aujourd’hui en s’endettant et en rachetant une entreprise au bord du gouffre que les générations futures paieront.

Et tout est à l’avenant : quand on y regarde d’un peu plus près, le pilotage « stratégique » proposé par le gouvernement Borne tient plus de la navigation à vue. On se félicite de l’endettement massif au nom de l’investissement public par saupoudrage supposé stimuler une économie atone, on continue de parler de planification écologique ou de transition énergétique en faisant mine de croire que l’argent magique existe toujours, que la confiance envers le gouvernement est au beau fixe et que l’opposition stridente des extrêmes n’existe pas.

 

Le monde échappe aux technocrates

L’économiste Friedrich Hayek en son temps avait déjà averti de la prétention toute technocratique à l’omniscience et à l’ingénierie sociale généralisée. Nos élites, aussi intelligentes et éduquées soient-elles, seront toujours incapables de connaître véritablement un monde complexe dont les dynamiques socio-économiques nous échappent essentiellement.

Plus personne ne prétend maîtriser l’inflation, et surtout pas les banques centrales. Différer ses coûts par la dette n’est pas résoudre la crise, ce n’est que ralentir la catastrophe et transmettre le bébé aux générations suivantes. L’explosion des dépenses publiques ne stimule rien, et la pression fiscale qui en découle plombe une croissance qui se dirige de plus en plus vers la récession.

Malgré les épreuves économiques et politiques qui attendent son gouvernement, madame Borne s’est voulue rassurante. Seulement, la communication gouvernementale paternaliste – devrions-nous dire « maternaliste », comme on dit maintenant « Première ministre » ? – est-elle à la hauteur des enjeux ? Plutôt que de parler aux Français comme à des enfants, il est temps de leur tenir un langage de vérité. Plutôt que de ressusciter les vieilles recettes néokeynésiennes en vogue après-guerre, ne serait-il pas temps de tout remettre à plat pour éviter la banqueroute ?

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  • Soyons optimiste tout va bien se passer pas de problème hum hum…
    Vu le parcours de Madame BORNE en bonne technocrate elle fera tout pour appliquer le renforcement étatique , jacobin et appliquer les textes sans prendre en compte ou en faisant semblant les amendements que lui soumettrons les oppositions.
    Tiberle contra…

  • Bon puisque l etat est en fonds nationalisons Renault surtout avec les belles décisions sur le thermique, ça va urger. « Cé la fôte à l ultra libéralisme, protéjons les outil de produkssion, stop à la cass social !!! » Finalement Meluche est vraiment 1et ministre .

  • « transmettre le bébé aux générations suivantes. »

    Pas toujours, dans notre cas, vu la taille monstre des QE, c’est quasi immédiat, et ce sont les moins mobiles qui en feront les frais.

  • Quoiqu’on en pense, refuser de citer LFI et le RN dans son discours alors qu’elle a cité tous les autres est un déni démocratique!

    • Personnellement, je ne pense pas que la macronie a compris quoique ce soit aux dernières élections. Mépriser 18;3 millions de français c’est la démocratie vue par jupiter. Je n’ai jamais voter pour le FN ni pour RN mais je pense que si cela continue je vais bientôt envisager cette option.
      Macron a besoin d’inventer des coupables pour exister. Quand ce n’est pas le RN ce sont les anglais au SDF. Malheureusement sa stratégie débile est à bout de souffle. Elle ne perdurera pas pendant les 5 ans de son nouveau mandat. Quand à EB elle n’est qu’un bon soldat qui sera sacrifiée à la première occasion.
      Je pense que Stephen Marche a bien anticipé dans son livre : « The Next Civil War », ce qui va se passer en France dans les mois à venir.

      -1
  • « madame Borne s’est vouluE rassurante. » Le wokisme a encore frappé ! Se vouloir signifie : vouloir être tel ou tel.

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