Par Alexander William Salter.
Si la décomposition de l’inflation en ses éléments constitutifs est empiriquement délicate, son essence est simple. L’inflation est le résultat de trop d’argent pour trop peu de biens. Milton Friedman a popularisé cette règle empirique. La combinaison de son intelligibilité et de son pouvoir explicatif explique pourquoi elle est encore largement utilisée.
Mais tout le monde n’a pas reçu le mémo. Les politiciens, les bureaucrates, les journalistes et les universitaires de Very Online cherchent âprement d’autres causes. Considérons quelques mauvaises explications de l’inflation.
« Les sociétés avides ! »
C’est la préférée des progressistes au Congrès, notamment de la sénatrice Elizabeth Warren. Cette explication est la pire du lot.
Les entreprises sont toujours avides. Elles veulent que les profits soient aussi importants que possible. Pourtant, l’inflation est rarement aussi élevée qu’aujourd’hui. La dernière fois que nous avons vu le dollar se déprécier aussi rapidement, c’était il y a 40 ans. Vous ne pouvez pas expliquer un effet variable par une cause constante. La gravité ne fait pas trébucher et tomber quelqu’un. La cupidité ne cause pas l’inflation.
« Le pouvoir du marché ! »
En économie, le pouvoir du marché désigne la capacité des entreprises à pratiquer des prix supérieurs aux coûts marginaux. Les partisans de l’explication de l’inflation par le pouvoir du marché soulignent l’augmentation de la concentration dans plusieurs industries au cours des deux dernières années.
Pour les besoins de l’argumentation, supposons que la concentration industrielle ait augmenté. Cela n’explique toujours pas l’inflation.
Premièrement, le lien entre concentration et pouvoir du marché est faible. Parfois, la concentration est motivée par des facteurs économiques structurels – une réponse efficace à l’évolution des circonstances économiques. Lorsque cela se produit, il n’y a pas d’augmentation correspondante du pouvoir du marché.
Deuxièmement, l’argument du pouvoir du marché confond le niveau des prix et leur taux de croissance. L’inflation fait référence à ce dernier. Même si le pouvoir du marché permettait aux entreprises d’augmenter les prix, il s’agirait d’un événement ponctuel. L’inflation connaîtrait un pic temporaire, puis reviendrait à la tendance. Au lieu de cela, nous avons connu une longue période d’inflation supérieure à la tendance. Cela ne tient pas debout.
« Spirale salaire-prix ! »
Certaines mauvaises explications ne meurent jamais. Le point de vue de la spirale salaires-prix était un pilier des (pseudo-)théories keynésiennes de l’inflation du milieu à la fin du XXe siècle. C’était mauvais à l’époque et ça l’est encore aujourd’hui.
En principe, la hausse des prix incite les travailleurs à demander des salaires plus élevés, ce qui amène les entreprises à demander des prix encore plus élevés pour atteindre le seuil de rentabilité. C’est une boucle de rétroaction positive. Mais elle présente deux graves défauts : l’un est conceptuel, et l’autre est factuel.
D’un point de vue conceptuel, il n’est pas logique que les salaires dépassent la productivité des travailleurs. Les entreprises ne peuvent pas se permettre de payer les travailleurs plus que la valeur que ces derniers ajoutent à ses résultats. Si vous êtes propriétaire d’une sandwicherie et que vous pensez que l’embauche d’un travailleur potentiel ajouterait 15 dollars de revenus par heure, quel est le maximum que vous seriez prêt à lui verser pour travailler ? Vous perdrez de l’argent si vous le payez plus de 15 dollars de l’heure. Le montant de la production du travailleur, que les économistes appellent le produit marginal du travail, constitue la limite supérieure du salaire.
En fait, l’inflation a dépassé la croissance des salaires pendant des mois. L’IPC a augmenté de 8,6 % sur un an, alors que les salaires nominaux (en dollars) n’ont augmenté que de 5 %. Cela signifie que les travailleurs ont effectivement subi une baisse de salaire (c’est-à-dire après ajustement de leurs salaires pour l’inflation). Quelle spirale salaires-prix ? Au contraire, les entreprises font une bonne affaire !
« Le cost-push ! »
Je prends les questions pour 400 dollars, Alex !
Cette théorie de l’inflation dit que les entreprises transmettent (push = poussent) des coûts plus élevés aux consommateurs sous la forme de prix plus élevés. Mais ce n’est pas une explication. C’est juste répéter la chose à expliquer. Pourquoi les coûts augmentent-ils ? Vous êtes de retour au point de départ.
Améliorer le discours public
Espérons que ces explications minables disparaîtront bientôt de la conscience du public. Nous devons nous concentrer sur ce qui compte : l’abondance comparative de l’argent par rapport aux biens. Pour être clair, cela ne signifie pas que l’inflation est à 100 % liée à la masse monétaire. Je suis sûr que les problèmes persistants de la chaîne d’approvisionnement liés à la pandémie et à la guerre actuelle en Ukraine font partie du problème. En outre, nous devons être prudents lorsque nous évaluons les facteurs monétaires par rapport aux facteurs non monétaires.
Mes collègues du Sound Money Project ont fait du bon travail (ici, ici, ici, ici, et ici plus récemment) démontrant que l’argent compte beaucoup en ce moment. Ce n’est pas toute l’explication, mais c’est la plus grande partie. Armés de ces connaissances, et vaccinés contre certaines des explications stupides qui prévalent aujourd’hui, nous pouvons travailler à des solutions politiques pour reprendre le contrôle de la valeur du dollar.
Traduction Contrepoints
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Un article pratique en cas de besoin, merci.
l’inflation reposant sur la valeur des choses en argent est essentiellement « insignifiante ». Le monde change…les prix changent, bizarrement peu font la remarque qu’ils baissent souvent…que le pouvoir d’achat augmente.. avec le problème de sa confiscation par l’état..et ainsi les gens s’adpatent à l’évolution du monde cherchant à optimiser leur survie puis leur confort..
le prix des oranges ou des bananes…
le premier problème à discuter est l’acceptation qui semble quais générale d’une monnaie commune arbitraire obligatoire.. le second les dépenses contraintes par l’état..les taxes sur le carburant sont supposées NOUS servir…
On peut faire la remarque que, pour des raisons égalitaristes, l’état n sanctionne les gens qui font les choix pertinents par exemple avec des chèques divers et variés quand le fuel ou le gaz augmentent.. à quoi bon réfléchir.??? mais par ailleurs l’état se pose en champion de la pertinence..en incitant tel ou tel choix..
ce pays est étouffant..
l’état nous prend pour des idiots en subventionnant la stupidité .. incitant donc les gens à se comporter comme tel…
et si on ajoute la haine hypocrite des fossiles…le gouvernement ne déteste pas les fossiles, il déteste que vous fassiez les choix. de consommation
sinon ce qui se passe serait une heure circonstance pour tous les contempteurs des fossiles..
non on voit bien qu’ile st prêt à tout faire pour que vous continuiez à ne rien changer à votre mode de vie.. pour continuer à taxer..
Soyez plus concis dans vos propos ou on finit par se perdre…..😃😃😃
Il écrit toujours avant son café matinal, ça donne un style onirique.
L’inflation est effectivement due à la quantité d’argent émise, comparée à la quantité de marchandises et de services qu’elle peut acheter. Ce point représente la quasi-totalité de l’explication, même si certains facteurs de moindre importance entrent en jeu. C’est bien de le redire.
L’inflation se caractérise en effet par une croissance de la masse monétaire plus rapide que celle de la production (volume des biens et services). Nous sommes en plein dedans avec la planche à billets frénétique
des banques centrales pour éponger les dettes insolvables. Mais ce surplus de fausse monnaie ne se traduit en hausse des prix courants que lorsqu’il se mélange à la vraie. Tant qu’elle reste confinée dans le microcosme financier, les cours de bourse explosent. C’est lorsque les boursicoteurs inquiets décident de prendre leurs bénéfices que le torrent de fausse monnaie rejoint la vraie vie et fait monter les prix.
Ce que vous dites était vrai… avant l’Etat providence. Désormais la plus grosse part de la création monétaire se fait par la distribution « aux pauvres » (et aux entreprises qui financent les bons partis, etc.) d’argent que l’État n’a pas. Cette création monétaire directe « en circulation réelle » est devenue totalement maladive en 2020 et suivantes, avec « la covid ». D’où l’explosion de l’inflation hors de la sphère financière (et immobilière, autre lieu de forte « inflation camouflée » traditionnel). Et comme pour lutter contre l’inflation on va distribuer encore plus de fausse monnaie aux consommateurs directement, ben ça ne va pas s’arrêter cette « hausse transitoire des prix due à Poutine ».
Trop d’argent pour trop peu de biens.
Décomposons :
1. La monnaie en circulation augmente plus vite que la production de biens (QE). Punition : création de bulles boursières et immobilières.
2. La production est trop faible pour notre pouvoir d’achat. Punition : les prix des vélos chinois et des Rolex atteignent des records.
Bien avant Friedman Richard Cantillon avait déjà pointé du doigt le lien entre le rapport quantité de monnaie / quantité de biens et inflation.
Et comme pendant ces deux dernières années le monde occidental a distribué de l’argent en aides « anti-covid » pour inciter les gens à ne plus produire ou produire moins (la productivité en ligne est 20% intérieure en moyenne à la productivité « présentielle »), on a de l’inflation.
Comme nos clowns à roulette font mine de penser que « c’est la faute à Poutine » ils veulent lutter contre l’inflation en distribuant des chèques d’argent qu’ils n’ont pas… ben l’inflation est bien partie pour rester et s’amplifier !