Pour ceux qui me lisent, la baisse des actions n’est pas totalement une surprise.
Dans cet article, j’expliquais une règle immuable : c’est lorsque les hypothèses implicites du marché divergent des vôtres que vous pouvez réaliser des performances exceptionnelles. Et les miennes se résumaient en un mot : récession. J’estimais et estime toujours que les marchés d’actions et de taux doivent intégrer la perspective d’une récession. De ce fait les premiers devaient baisser de 30 % et les seconds se détendre nettement.
Les actions ont pris une direction baissière depuis le début de l’année et en particulier au mois d’avril. Avril est pourtant statistiquement le second meilleur mois de l’année après juillet en termes de progression et après décembre en termes d’occurrence en prenant le S&P 500 comme référence. La baisse est de 14 % cette année. Mais lorsque l’on analyse l’indice plus en détails, on constate qu’une nouvelle fois une poignée de valeurs freine la baisse. En réalité, la moitié des composants de l’indice a déjà baissé de plus de 20 %. Pire encore concernant le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques n’a baissé « que » de 23 %, la baisse moyenne de ses composants est déjà de 45 %.
La part des actions au-dessus de leur moyenne à 200 jours, souvent prise comme référence, n’est plus que de 35 %, quasiment au plus bas depuis deux ans.
Le moral des investisseurs est en berne. Il y a désormais plus de bear (baissiers) que de bull (haussiers). C’est la cinquième fois en 10 ans. C’est un fait relativement rare sans doute parce que le métier d’investisseurs est par nature d’être optimiste pour l’avenir.
Les valorisations se sont détendues. Le Price Earning du S&P 500, c’est-à-dire le rapport entre les bénéfices et les cours, est désormais sous les 20 après avoir touché 28.
Augmenter la part du risque ?
Ce sombre panorama devrait pousser tout investisseur ayant à l’esprit qu’il faut acheter au son du canon à s’interroger s’il ne faut pas commencer à augmenter la part de risque dans son portefeuille.
Je ne le crois pas pour de multiples raisons.
Bien sûr, un rebond technique de court terme, même violent, est toujours possible. Mais là n’est pas mon sujet. Je m’intéresse pour le compte de mes clients aux perspectives de 3 mois à 18 mois minimum. Selon moi, nous demeurons dans la zone la plus défavorable aux marchés d’actions, c’est-à-dire lorsque les fondamentaux se dégradent et que les investisseurs le découvrent petit à petit.
Lorsqu’ils en auront pris pleinement conscience :
- les valorisations seront inférieures à leur moyenne historique ;
- les bénéfices 2022 auront été révisés. Ils sont actuellement attendus en hausse de +16 % pour le S&P500. Si la récession se déroule comme je l’attends, ils ne devraient pas progresser par rapport à 2021 ;
- les matières premières énergétiques et industrielles, malgré des fondamentaux à long terme attractifs, auront ployé sous le poids d’une baisse de la demande ;
- le chômage américain remontera vers les 5,0 %, alors qu’il n’est que de 3,6 % ;
- la Fed annoncera qu’elle a gagné son combat contre l’inflation. Elle mettra un terme à son cycle de remontée des taux et à la contraction de son bilan ;
- le dollar se stabilisera et entamera un mouvement baissier ;
- le pic inflationniste étant derrière nous, les taux d’intérêt à long terme commenceront à rebaisser vers les 2,0 %.
Nous en sommes bien loin. Nous sommes loin de la phase où les fondamentaux seront extrêmement dégradés et où les investisseurs en auront pleinement conscience. Si le canon commence à tonner, nous ne l’entendons que trop peu. Je ne suis donc pas prêt de déclamer que la baisse est derrière nous et qu’il est temps de racheter des actions malgré leur baisse. Notre stratégie d’investissement demeure de protéger les portefeuilles.
Protéger un portefeuille n’est pas simple. Habituellement, acheter de l’or et des emprunts d’État suffit. Dans le contexte actuel ce n’est pas le cas. Il est nécessaire de compléter son arsenal de protection.
Pour en savoir plus, je vous invite gracieusement à notre webinaire « Est-il temps de racheter les actions ? »
D’accord pour attendre encore quelques mois. Mais avec tous les critères que vous mettez à une reprise, si on attend qu’ils soient tous réunis, on sera à la veille de la prochaine crise. Il faudrait aussi voir où dans le monde la reprise sera vraisemblablement la plus vigoureuse, parce que ce ne sera à priori pas chez nous…